Editorial : Le Parti communiste et ses militants en symbiose avec le peuple

Dans son intervention au meeting d’information du Front pour le Sursaut Patriotique (FSP) tenu le 06 avril 2017 à la Bourse du Travail de Cotonou, le PCB déclarait « Le peuple a rejeté la consécration de la politique de famine, de gangstérisme d’Etat, d’impunité dans la Constitution. Mais la politique de famine, de gangstérisme d’Etat, d’impunité demeure. Maintenant, il s’agit (pour le peuple) de se lever contre cette politique ».
L’orientation est donc claire : une bataille est gagnée, et il faut renforcer le combat pour gagner la guerre que Talon, par sa gouvernance autocratique, prédatrice, affameuse, a déclarée au peuple. « Il urge que les violateurs des libertés comme Toboula soient châtiés ; que les auteurs des crimes économiques comme Maria-gléta, machines agricoles, Icc-services, etc. soient poursuivis et punis ; que les lois scélérates contre les travailleurs et le peuple soient abrogées »

Ce faisant, les communistes demeurent attachés au peuple. Ils se sont montrés valeureux, braves, pour mobiliser et conduire, à côté d’autres citoyens, les manifestations contre le projet ignoble de révision de la Constitution. Maintenant, le peuple dit : "A bas le pouvoir autocratique, pilleur, de famine et d’impunité de Patrice Talon. En avant pour les Etats généraux du peuple !"
Les communistes seront à la hauteur de cette tâche qui conduira à un gouvernement patriotique et de probité.
La Rédaction

ENCORE A PROPOS DU PROJET DE REVISION DE LA CONSTITUTION :
LE PIEGE QUE LE PEUPLE A EVITE.

Les luttes contre le projet Talon de révision de la Constitution ont connu un dénouement : le rejet par le Parlement de son examen. Le projet était décrié aussi bien dans sa forme que dans son fond par toutes les personnalités non au pouvoir ; les pressions populaires étaient très fortes ; les manifestations de rue, variées et déterminées (des observateurs ont pu indiquer qu’aucun texte de loi n’avait mobilisé tant de personnes contre lui depuis 1960) ; les dénonciations de la veulerie de la corruption des députés étaient répandues et avec le coup de grâce donné par Rosine Soglo du sein même de l’hémicycle, il n’y avait pas d’alternative satisfaisante pour le peuple que ce rejet.
Pendant que le peuple se réjouit de ce rejet, le pouvoir de Talon estime que le peuple aurait raté une occasion. Parmi les éléments que le peuple aurait ratés, les zélateurs du pouvoir citent le financement des partis politiques, la promotion de la femme, la reconnaissance des chefferies traditionnelles, le mandat unique, bref tout ce que les députés payés ont caractérisé d’avancées. Evidemment, ces députés ne parlent pas des monstruosités du texte. Avant de revenir sur ces monstruosités, examinons ces dites avancées dont parlent abondamment le pouvoir et les députés aux ordres, Gbadamassi, Nago et autres Dakpè Sossou.

A- Les fausses avancées
1- Le financement des partis. Il est faux de dire que le projet de révision voulait le financement des partis. Talon, partant du faux diagnostic des problèmes du pays, estime qu’il y a trop de partis politiques au Bénin et se fixe comme objectif la réduction du nombre de partis. Lui et son équipe ont fait la propagande pour la limitation par la loi du nombre de partis. Mais devant le tollé contre cette violation de la liberté d’association, Talon et ses alliés sont allés chercher un mécanisme saugrenu, attentatoire au droit des citoyens de désigner leur député. Ce mécanisme récompense les partis qui auront obtenu 10 % du suffrage au niveau national et des députés dans au moins un cinquième des circonscriptions. C’est plus le remboursement des frais de campagne, basée sur les performances électorales que le financement des partis politiques. Lorsqu’on sait que rien n’est réellement fait contre la fraude électorale, ce mécanisme récompensera les partis acheteurs des consciences et fraudeurs. On peut dire que le peuple ne perd rien au rejet de ce dispositif, au contraire.
Un véritable financement des partis politiques doit viser le financement de l’animation de la vie politique. Permettre l’accès des partis à l’information publique et un accès aux médias. Par exemple, publier les audits, les contrats, les décisions (et non en faire des secrets d’Etat) pour que les partis aient la possibilité de les apprécier. Ensuite financer par exemple (indirectement) 5 minutes d’intervention par mois sur les médias audio-visuel publics, une demi-page par mois sur la presse écrite ; l’accès aux salles publiques de conférence une fois par trimestre ; examiner ces mêmes possibilités (à l’aide de contrat avec la presse privée) pour l’accès des partis aux média privés et communautaires. Si ces facilités sont connues de l’opinion publique, celle-ci ferait des pressions sur les partis politiques pour qu’ils se prononcent régulièrement sur l’actualité politique.
2- La promotion de la femme. La faiblesse de la participation de la femme dans les instances de décision publiques est un problème dont la solution réside dans l’élargissement des possibilités d’accès de la femme à l’instruction, au progrès social (qui libère les femmes des lourdes charges domestiques) et enfin dans des décisions politiques. Talon ne peut parler de promotion de la femme lorsqu’il supprime l’exonération des frais scolaires pour les filles du second cycle ; lorsqu’il détruit les activités de survie des milliers de femmes par des casses sauvages. Ou alors, pour lui, la promotion de la femme se limite à la petite couche minoritaire des courtisanes au sein des femmes intellectuelles. Et même, à ce niveau, la mesure est si mesquine, avec des détails inutiles qu’elle verse davantage dans la démagogie ainsi qu’on le voit dans beaucoup d’autres pays.
3- La reconnaissance des chefferies traditionnelles. Tout observateur sait comment Talon a annoncé, le 04 mars 2017, cette mesure comme un marchandage avec un groupe de Rois du nord. Or, ce que les Rois et dignitaires du pays demandent (et qu’ils ont remis à la commission Djogbénou), c’est a) la création, au sein du Parlement, d’une Chambre des dignitaires ayant pour mission l’examen de la conformité des lois votées par les députés avec nos valeurs traditionnelles positives ; b) une juridiction traditionnelle de la base jusqu’au sommet et enfin c) la reconnaissance des langues nationales comme langues d’administration et d’instruction dans leur terroir. Les préoccupations sont très précises et non une reconnaissance vague pour une aumône, source de dépendance humiliante des dignitaires. Il s’agit de prendre en compte dans la Constitution les réalités vivantes des populations, leurs langues, leurs us et coutumes positifs avec leurs dépositaires bien connus.
4- Le mandat unique a montré, en moins d’un an d’exercice du pouvoir par Talon, tout ce qu’il comporte comme illusion et danger : une gouvernance autocratique, de pillage et d’impunité au profit du Président. On peut constater que le mandat unique, dans les conditions d’absence de contrôle direct du peuple sur ces gouvernants, est une dictature du Président pendant la durée de son mandat. Il n’y a là aucune avancée, mais plutôt un danger.
Au total, ce que le pouvoir et ses zélateurs clament comme des avancées ne sont que des mesures mesquines et de ruse qui sont loin de masquer les graves attaques aux libertés, à la souveraineté et aux attributions des autres institutions de la République au profit de la puissance du Chef de l’Etat.

B- Les monstruosités et traquenards du projet
Ils ont été abondamment relevés par tous les constitutionnalistes dont notamment Philippe Noudjènoumè, et dénoncés dans les protestations et manifestations populaires. Ils ont noms : limitation des libertés de réunion et de manifestation, la légalisation de l’espionnage d’Etat et des crimes politiques contre les citoyens avec le fameux Conseil national du Renseignement aux mains du Chef de l’Etat,, la réduction de l’indépendance de la justice, la réduction des prérogatives de l’Assemblée qui ne peut prendre des lois sur l’Administration sans l’avis du Président de la République, qui ne doit plus ratifier les conventions de financements extérieurs ; la légalisation de l’impunité des dirigeants (Président de la République, ministres et députés) qui ne peuvent être mis, ni sous mandat d’arrêt ni sous mandat de dépôt pendant et après leur fonction, la suppression du CES, la modification des attributions et des durées des mandats des autres institutions.
Dans un pays gangréné par la corruption et l’impunité des crimes politiques et économiques, un tel projet est une insulte et une provocation contre le peuple. Mais les députés Adrien Houngbédji, Marhurin Nago, Bruno Amoussou, Kolawolé Idji, Gbadammassi et Dakpè Sossou sont d’accord avec de telles monstruosités puisque cela leur assure la pérennité des marchés d’affaires, des dessous de tables par Talon, et l’impunité.
Mais le peuple, lui, a perçu le traquenard. Il a bien compris, sur la base de ses préoccupations et aspirations, que Talon voulait consacrer dans la Constitution sa gouvernance autocratique, de pillage, de famine, d’impunité. Il a fait échec à l’autocrate qui fulmine de rage et d’amertume.
Le peuple sait maintenant qu’il faut s’attaquer à la gouvernance de Talon et la renverser pour un gouvernement patriotique et de probité.
Abel

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