DECLARATION
APRES AVOIR CONDUIT LE PEUPLE DANS LA DESOLATION,
TALON VEUT PRECIPITER LE PAYS DANS LE CHAOS ET LA GUERRE.

Après les affres de la gouvernance sous Mathieu Kérékou2 et 3, après dix ans d’une gouvernance scabreuse par Boni Yayi, tout le monde s’accordait qu’il fallait des Assises nationales pour reconstruire les bases de la gouvernance du pays. Boni Yayi proposait la recolonisation et la continuité. Talon a promis un nouveau départ et la rupture d’avec le système de la mal gouvernance. Le peuple, dans un gigantesque élan de patriotisme, a rejeté la recolonisation et la continuité que voulait Boni Yayi. Talon a été élu.
En moins d’un an d’exercice, Talon a ruiné le peuple. Alors que 60% des personnes au Bénin vivent avec moins d’un dollar par jour, il a entrepris de saccager par des casses sauvages et sans alternatives, les activités de survie des petits vendeurs des rues et des marchés. Il a étendu et approfondi la faim partout dans le pays. Alors que le peuple a toujours montré son attachement aux libertés, il a défini des lignes rouges, réprimé les femmes des marchés de Cotonou, les étudiants à l’intérieur et en dehors des campus. Il va jusqu’à vouloir interdire les manifestions de la foi sur les voies publiques.

Pendant que le peuple veut la lumière sur les scandales économiques et les crimes politiques, le pouvoir de Talon décide de ne pas regarder dans le rétroviseur. Les auteurs des scandales qui ont ruiné le pays et le peuple (Icc-service, Ppea2, machines agricoles, Maria-gléta, mafia domaniale) qui ont pour noms Olivier Boco, Niéri, Dagnon, Saka Lafia, Dassigli, etc. sont logés au gouvernement et au palais de la République. Les crimes politiques et de sang (Affaire Dangnivo, Agbossou-Sohoudji, Djènontin, etc.) sont enterrés. L’affairisme et la prédation au sommet de l’Etat ont atteint des sommets jamais égalés. Le Président de la République fait main basse sur tous les secteurs de production. Dans une obsession de tout accaparer, des dizaines de sociétés-écran sont créées pour rafler les plus gros marchés d’Etat, de gré à gré ou par flagrant délit d’initié.
En décembre 2016 à Parakou, puis en mars 2017 à Cotonou, Talon reconnait que le peuple a faim. Un Président responsable aurait mis fin à sa politique de famine et de ruine. Mais Talon lui, continue de s’empiffrer et de légaliser sa dictature. Le jour même où il décidait de la transmission aux députés du dossier infâme de révision de la Constitution, Talon se remettait le PVI avec sa société Bénin Control.
C’est donc au cou d’un peuple humilié affamé que Talon pense mettre le corset et imposer une dictature des plus barbares. Le peuple perçoit bien que le projet de révision, contrairement au discours mensonger de Talon-Djogbénou, établit bel et bien une nouvelle Constitution qui légalise la gouvernance autocratique, prédatrice, affameuse et d’impunité de Talon. Aucun démocrate ne peut accepter la suppression des libertés fondamentales de réunion et de manifestation. Le peuple ne peut accepter la légalisation de l’arbitraire, de la torture et des assassinats par une police politique, le Conseil national du Renseignement, digne de la Gestapo nazi où les agents ne sont pas pénalement responsables des crimes commis sur les citoyens. Le peuple qui veut la probité au pouvoir ne peut accepter la constitutionnalisation de l’impunité des dirigeants pendant et après leur mandat. Le peuple ne peut accepter le renforcement des pouvoirs du Président de la République qui avec la police politique peut espionner tout citoyen, qui peut décider du sort du magistrat, qui seul peut négocier, signer et ratifier des conventions de financement extérieures qui engagent des générations sur des dizaines d’années. Le peuple ne peut accepter que l’on établisse une nouvelle Constitution (avec de nouvelles institutions et la suppression d’autres) en dehors de lui.
C’est pourquoi de partout, le projet infâme de révision de Talon est rejeté dans sa forme et dans son contenu. Un vaste Front pour le Sursaut Patriotique (FSP), le plus vaste rassemblement jamais vu dans notre pays depuis 1960 contre un projet de loi, est né et s’agrandit chaque jour. Des manifestations populaires inédites, sit-in couché devant le Parlement à Porto-Novo, une marche gigantesque contre le projet de loi, des interpellations et mises en garde des députés par les citoyens électeurs, des grèves des magistrats et des travailleurs, des conférences publiques, tout le pays s’est levé en colère, du nord au sud, de l’est à l’ouest pour dire : «Talon retire ton projet infâme ! Députés, rejetez le projet et renvoyez-le à son auteur dictateur !», telle est la clameur populaire.
Ce n’est pas seulement les basses couches, les travailleurs avec leurs responsables syndicaux qui se lèvent. Les professionnels de droit, constitutionnels ou non, des plus éminents aux moins connus, Maurice Ahanhanzo-Glèlè, (le père de l’actuelle Constitution) Philippe Noudjènoumè, Joël Aïvo, Dandji Gnamou, Victor Tokpanou, des magistrats, des avocats, des responsables d’organisations de la société civile (Gerddes Afrique), des personnalités, (Albert Tévoèdjrè, Nicéphore Soglo) sont révoltés et appellent Talon à retirer son projet. Son ministre de la défense, un des principaux artisans de son élection, Candide Azannaï, démissionne du gouvernement et son suppléant au parlement vote le retrait du projet.
Mais Talon s’entête. Il harcèle et intimide les députés qui émettent la moindre réserve. La recevabilité du projet est votée par la Commission des Lois. L’Assemblée se réunit cette semaine à partir du mardi 4 avril pour étudier et voter. Patrice Taon utilise deux armes : d’une part, l’argent qui circule ainsi que les promesses de nomination gratifiante ; d’autre part, la violence, oui la violence ! A l’encontre des étudiants sur les campus universitaires, à l’encontre des artisans, vendeurs et vendeuses des marchés des bords des voies publiques ; des menaces de toutes sortes. Alors, où Talon veut-il conduire le pays ? Manifestement au chaos et à la guerre. Car le peuple n’acceptera pas la constitutionnalisation de la politique autocratique, de famine, de rapine et de gangstérisme d’Etat que porte le projet de Talon. Talon avec son entêtement contre le peuple entier se révèle alors un grand fauteur de trouble, un danger pour le peuple et la patrie. Il ajoute à la politique de famine, le dessein funeste de précipiter notre pays dans le chaos et à la guerre.
Face à cette situation, j’appelle le peuple à ne pas courber l’échine et à continuer de s’opposer à la camisole de force que Talon veut mettre au peuple. Le fauteur de trouble, c’est Talon. Et je ne veux pas de guerre pour mon pays ! Le devoir patriotique, démocratique appelle tous les fils et filles du Bénin. Ceux qui, de façon honnête, ont aidé Talon à monter au pouvoir ont en particulier le devoir moral d’aider le peuple à s’en débarrasser.
Enfants du Bénin, Debout !

Cotonou, le 03 avril 2017
Philippe NOUDJENOUME
1er Secrétaire du PCB