EDITORIAL

Au peuple d’agir

Talon après avoir renié la parole donnée de ne faire qu’un
seul mandat, par sa tournée auprès de ses grands électeurs
dans 60 communes, a fini la campagne électorale pour sa
perpétuation au pouvoir. Il nommera ses accompagnateurs, il se
fera proclamer élu par la Cour Constitutionnelle comme il est
devenu la mode dans la sous-région.
Tous ceux qui sèment des illusions électoralistes, tous ceux-là qui
propagent que l’on peut défaire la dictature autocratique par les
urnes se révèlent plus nettement comme des candidats à
l’accompagnement de Talon.
Le peuple affamé et opprimé peut se convaincre que c’est à lui
d’agir directement pour renverser l’autocratie qui l’affame et
l’opprime. Et il ira d’autant plus vigoureusement, plus hardiment
en consentant tous les sacrifices nécessaires, qu’il se concainc
que ce n’est pas pour revenir au passé, mais pour aller de
l’avant : se donner, après le renversement de Patrice Talon, un
gouvernement patriotique et de probité.
Le peuple agira, car il en a l’expérience. A tous les patriotes de
redoubler d’efforts et d’ardeur pour l’y aider.
La Rédaction


TOURNEE DU CHEF DE L’ETAT : PATRICE TALON CHERCHE
A COUVRIR SES FORFAITS
u 12 novembre au 12 décembre 2020, le Chef de l’Etat a
organisé une tournée marathon dans les chefs-lieux de
60 communes sur les 77 que compte le Bénin. Initiée
pour une reddition des comptes après près de 5 ans d’une
gestion contre le peuple, la tournée a vite révélé sa véritable
nature, celle d’une campagne électorale auprès de ses grands
électeurs. Les comptes rendus de la presse gouvernementale
sont sans équivoque à ce sujet. On y lit, "Liesse populaire",
"Accueil triomphal", "Apothéose" ; aucun mot n’est trop fort
pour le salut du Grand Réformateur, de l’Homme providentiel,
de l’initiateur du « Béninois nouveau », oui, le Béninois nouveau
serait en oeuvre avec Patrice Talon.
Mais quel bilan faire pour les travailleurs et les peuples du
Bénin de cette tournée ?
1)- Selon sa déclaration, « ce qui fait gagner une réélection par
un Président en fonction, ce ne sont pas les résultats de sa
gestion, mais la manière dont il tient les grands électeurs » ;
Talon n’est allé qu’à la rencontre des grands électeurs. Le peuple
est tenu soigneusement à l’écart de cette kermesse. Partout,
l’auditoire était trié sur le volet et comprenait les maires et élus
locaux, les députés de la commune, les hauts-bourgeois, Dg et
des intellectuels chantres de la Rupture, bref, les affidés du
despote auxquels sont ajoutés des dignitaires de la localité. Ces
partisans locaux du dictateur, afin de continuer de mériter ses
faveurs, se démènent pour démarcher et louer des groupes
culturels, des fois à coup d’intimidation, pour faire le décor et
signifier au despote l’accueil triomphal de leur commune. Les
discours ainsi que ceux chargés de les présenter étaient triés et
ne devraient que chanter les grandes réalisations depuis quatre
ans et de conclure : Talon dix ans. Les masses populaires, les
paysans, les artisans, les ouvriers, ceux-là qui ont faim n’étaient
ni désirés, ni invités. Alors devant ses grands électeurs, Talon
peut, sans contradicteurs, discourir pour couvrir ses forfaits.
2)- Talon a basé sa campagne sur son bilan économique en
opposition à celui de ses prédécesseurs, notamment celui de
Boni Yayi. Les éléments nodaux sont que « l’argent sale circulait »
et que les sacrifices imposés au peuple sont nécessaires et
donnent des fruits… Autant de mensonges pour couvrir les plus
grands crimes économiques jamais commis dans notre pays et ce
que nous en savons aujourd’hui (de par l’opacité érigée en mode
de gestion) ne peut représenter que la face émergée de l’iceberg.
L’homme d’affaire devenu Président et son clan ont mis le pays
en coupe réglée, mis main basse sur tous les secteurs
stratégiques (SODECO, PVI, ATRAL, etc.) du pays ceci depuis les
premiers jours de son pouvoir. Le pillage du Trésor est légalisé au
profit des affaires du clan. Les gros marchés d’Etat sont attribués
en Conseil des ministres, souvent de gré à gré, au profit des
hommes et associés du pouvoir. Il organise la chasse
systématique à tous ses concurrents, opérateurs économiques.
Il ruine les petits producteurs. Les taxes et impôts multiples qui
saignent le peuple, ainsi que les emprunts obligataires et auprès
d’autres institutions de financement faits en son nom, servent
ainsi à remplir les poches de Talon et de ses hommes.
Alors, répondant au peuple qui crie à la faim, Talon dissimule
cette réalité, le pillage légalisé des ressources du pays par lui et
son clan pour dire : c’est « l’argent sale qui circulait » ; "c’est cet
argent autrefois volé et distribué que j’investis maintenant dans
les infrastructures ». Et pourquoi l’argent investi maintenant
"proprement" dans les infrastructures ne circule pas jusqu’aux
masses? Pourquoi le SMIC n’est pas relevé ? Pourquoi les centres
de santé publics locaux sont fermés les soirs, causant des morts
et des morts parmi les populations désormais privées de l’accès
à un centre de santé public de proximité ? Il n’y a qu’une seule
explication : le bas peuple doit être ruiné, les salariés soumis à
des pratiques esclavagistes afin de remplir les caisses des
monopoles aux mains du clan au pouvoir et de ses associés
impérialistes.
3)- Le but final de cette tournée à vocation ouvertement
électoral est sans ambiguïté : c’est pour sa reconduction à la
prochaine élection présidentielle de 2021. Talon, candidat et
ensuite Président élu et investi a promis, dit, répété qu’il ferait
un seul mandat. Pour couvrir le parjure qu’il s’apprête à
commettre devant le peuple, il cherche un alibi : c’est le peuple
qui réclame son retour. Alors, partout au cours de la tournée, des
banderoles confectionnées doivent porter : Talon dix ans !, et les
discours d’accueil doivent tous se terminer par : La dynamique
doit continuer ! Comme déjà connu sous d’autres cieux pour les
dictateurs.
Ensuite, il faut présenter la prochaine élection présidentielle
exclusive et gagnée d’avance par lui, comme une élection
ouverte et inclusive. Or tout lui est soumis : les députés et maires
qui doivent parrainer les candidats, la CENA et la Cour
Constitutionnelle qui organisent et proclament les résultats.
Alors, Talon a passé le temps à répéter qu’il fera tout pour se
donner des accompagnateurs : libérer le récépissé au parti "Les
Démocrates", leur trouver (parmi ses députés et maires
nommés) des parrains ainsi qu’aux FCBE et à d’autres qu’il aura
choisis. A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, dit-on.
Talon veut montrer qu’il va vaincre avec péril dans une élection
‘’inclusive’ afin de se faire proclamer élu avec gloire. En
nommant des accompagnateurs, on pourrait proclamer des taux
de participation conséquents et un score glorieux (supérieur aux
65 % de 2015). Après avoir nommé ses députés et ses maires,
Talon va se nommer lui-même, comme ces empereurs qui se
mettent la couronne sur la tête.
En conclusion, Talon est allé en campagne électorale de
justification de ces 5 années de gouvernance calamiteuse et
ruineuse. Sa tournée ressemble à celles de tous les dictateurs :
T
D
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présenter les forfaits et crimes comme des actes nécessaires
pour le bonheur du peuple.
Mais les peuples savent répondre en leur temps aux dictateurs
autocrates. Le peuple béninois saura le faire pour aller de l’avant.
Il en a l’expérience.
Rémy
CONFEDERATION SYNDICALE DES TRAVAILLEURS DU BENIN (CSTB)
03 B.P. 932 Cotonou
Tél. : (00229) 67-08-61-14 (00229) 67-40-68-00 (00229) 64-58-00-86
Email : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. / SiteWeb : WWW.CSTB.bj
DIRECTION NATIONALE DE CAMPAGNE
COMMUNIQUE AUX TRAVAILLEURS SUR LE REPORT DES
ELECTIONS PROFESSIONNELLES AU MOIS DE JANVIER
2021
amarades travailleurs! Le Comité Electoral National(CEN)
chargé de l'organisation de la troisième édition des
élections professionnelles nationales, s'est réuni le mardi
15 décembre 2020 sous la présidence de madame le Ministre du
Travail et de la Fonction Publique. De cette réunion ordinaire il
ressort ce qui suit :
1- Beaucoup de services publics dont six (06) ministères,
vingt-sept (27) mairies et plusieurs entreprises privées n’ont
toujours pas envoyé leurs listes électorales à la plate-forme du
ministère en charge du travail à la date du 15 décembre 2020 ;
2- Les services et entreprises publics et privés peuvent
toujours continuer à envoyer leurs listes à l’adresse suivante :
www.travail.gouv.bj. ;
3- Les Commissions Electorales Départementales (CED) qui
devraient faciliter la collecte et l’envoi des listes électorales ne
sont toujours pas officiellement installées alors que la première
date des élections était fixée au 10 décembre 2020.
4- Le gouvernement est en train de négocier avec un
opérateur technologique de l’Estonie pour remplacer le premier
opérateur de la présidence qui a jeté l’éponge ;
5- Les élections professionnelles, initialement annoncée pour
les 10 et 23 décembre 2020, sont de nouveau reportées pour
le courant du mois de janvier 2021, avant la fin du mois, sans
précision de date.
Camarade travailleurs, la CSTB vous dit bravo ! Car, nos multiples
alertes et dénonciations du recours frauduleux au vote
électronique et de l’intrusion injustifiable de la CENA, ont
contraint le premier opérateur technologique à jeter l’éponge.
Le gouvernement, bénéficiant d’un soutien à peine voilé des
confédérations syndicales qui craignent la sanction des
travailleurs avec un vote transparent, continue de préparer la
fraude en recherchant un autre opérateur technologique, au lieu
de revenir aux règles de départ et d'organiser des élections
transparentes et crédibles.
Dans tous les cas, si les travailleurs du Bénin ont, en 2001 et en
2006 , pu vaincre la fraude et pu résister contre la corruption
pour élire à chaque fois la CSTB comme confédération la plus
représentative, ce ne sera pas en 2020 que les travailleurs ,
confrontés aux multiples problèmes dont ceux des remises en
cause successives des libertés fondamentales notamment
syndicales, vont hésiter, dans leur combat contre la fraude et la
corruption, seuls moyens sur lesquels comptent le pouvoir et ses
complices pour écarter la CSTB.
La direction nationale de campagne invite tous les membres des
comités communaux, départementaux de campagne et tous les
représentants de la CSTB au sein des CED, à poursuivre le travail
pour le recueil des listes auprès des entreprises, services, et
établissements et leur acheminement diligent vers le CEN car,
l’établissement des listes électorales reste un point important du
processus électoral.
Camarades travailleurs, continuez et intensifiez la mobilisation.
Installez des comités de campagne partout afin que les messages
de la CSTB continuent d’être relayés partout.
Bravo pour la campagne que vous faites déjà par vos propres
initiatives pour plébisciter la CSTB comme confédération
syndicale qui relaie vos voix ! C'est un combat que tous les
travailleurs doivent se mobiliser pour gagner indépendamment
de leurs affiliations syndicales.
A bas la corruption !
La fraude ne passera pas !
NB: Nous rappelons aux travailleurs que la CSTB participe bel et
bien aux élections et que son dossier fait partie des 08 dossiers
reçus et validés par la CENA. Cela n'arrête pas la lutte contre la
fraude. Les travailleurs doivent continuer de rejeter le vote
électronique pour faire gagner la CSTB.
Fait à Cotonou, le 16 décembre 2020
Le Directeur National de Campagne
Julien ADJINDA
APRES LE RENVERSEMENT DE PATRICE TALON, RETOUR
AU PASSE OU ALLER DE L’AVANT ?
a question du départ de Patrice Talon du pouvoir soit par
renversement révolutionnaire ou par les urnes et son
remplacement par un autre pouvoir se pose et fait débat au
sein de ce qu’il est convenu d’appeler l’Opposition béninoise
notamment en cette veille des élections présidentielles.
Il ne fait aucun doute qu’il faut en finir avec le pouvoir dit de la
Rupture. Et seuls les gens appartenant à la petite minorité du
clan du Président peuvent penser le contraire. En effet, le
pouvoir dit de la Rupture depuis bientôt cinq ans d’exercice s’est
illustré par la négativité dans tous les domaines, politique,
diplomatique, économique et social.
Au plan politique, destruction des libertés démocratiques et
instauration d’un pouvoir despotique de type monarchique avec
comme seul repère le Chef et consacré par une Constitution
Au plan économique et social : Opacité dans la gestion du bien
public ; transformation progressive de tout le patrimoine
national en une propriété quasi privée où tous les secteurs
productifs sont accaparés par Talon et son groupe ; privatisations
sauvages des entreprises publiques servant à garnir, par rachat
ou offre publique d’achat (OPA), le portefeuille privé de Talon et
Compagnies (SODECO, SDI, DFA (coton), Port sec d’Allada, Benin
Control (PVI), main basse sur le domaine de
l’Etat..) ;endettement sauvage du pays par des fournées
d’emprunts obligataires dont on ne mesure jamais les usages,
etc.
Conséquence au plan social, ruine et appauvrissement dans une
accélération effrénée du peuple accablé par les impôts et taxes
diverses, renchérissement galopant de la vie ; notre peuple a
faim ; emprisonnement et mise en exil des opposants etc.
Telle est la réalité existante que des discours d’autosatisfaction
sur les soi-disant réalisations ne peuvent cacher. Il faut faire
partir le régime de la Rupture ; mais la simple question qui se
pose est la suivante : par quoi le remplacer ?
A ce propos, l’on dit souvent que lorsque l’on chute, il ne faut pas
considérer là où on a chuté mais là où on a trébuché pour savoir
quels écueils éviter. Comment se présente la situation du Bénin
et qui a donné naissance à ce régime de terreur dit de la rupture ?
1°- Contexte historique
C
L
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Le 1er Août 1960, le Dahomey (aujourd’hui appelé Bénin) accéda
comme d’autres colonies d’Afrique à un statut formel
d’indépendance. Autrement dit, le Bénin se voyait ainsi octroyé
un drapeau, un hymne et un siège aux Nations Unies. Cette
situation est intervenue après des décennies de combats (et
même de guerres) de notre peuple, des peuples d’Afrique et du
monde contre le colonialisme, en particulier français.
Bien vite et de façon syncrétique, notre peuple s’est rendu
compte de la supercherie de cette indépendance octroyée,
notamment à travers ses conditions d’existence qui, loin de
s’améliorer, se dégradaient. Les combats des travailleurs et de
l’ensemble du peuple contre cette situation (avec des grèves, des
soulèvements divers) ont donné lieu à de multiples
récupérations militaires marquées par des coups d’Etat. Pas
moins de quatre coups d’Etat en douze années d’existence.
Notre pays était alors appelé « Enfant malade de l’Afrique ».
En 1972, des militaires putschistes tablant sur les exigences
populaires sont intervenus et ont opéré le coup d’Etat du 26
Octobre 1972. Avec l’aide de Responsables civils, les militaires
putschistes avec en tête le Commandant Mathieu Kérékou,
instaurèrent une dictature despotique sous appellation
marxiste-léniniste (?!). Toute liberté était bâillonnée et la faim
généralisée. Notre peuple a poursuivi ses combats contre cette
situation inacceptable. Pendant près de deux décennies, avec
l’aide et les éclairages du Parti Communiste du Dahomey (PCD),
actuellement appelé Parti Communiste du Bénin (PCB) fondé en
décembre 1977, avec des sacrifices énormes de sang et de
larmes illustrés par des morts, des emprisonnements et des exils
etc., les travailleurs et l’ensemble du peuple béninois ont résisté
puis pris l’offensive. Les années 1975, 1979, 1985, en constituent
des jalons. Et le 11 décembre 1989 par un soulèvement
généralisé notamment à Cotonou, Porto-Novo et d’autres villes,
ils renversèrent le pouvoir despotique honni.
La Conférence Nationale organisée en février 1990, directement
dictée par le Président français, François Mitterrand, à Kérékou,
n’a été qu’une Vaste Opération de reprise en main par la France
coloniale et ses hommes de main béninois, de la situation au
Bénin et de son maintien dans le giron français. Avec cela, l’on a
pensé avoir « vaincu la fatalité » selon l’expression célèbre du
Rapporteur Général, Albert Tévoédjrè. La Constitution qui en est
issue a été datée du 11 décembre 1990 dans l’objectif à peine
voilée d’effacer dans la mémoire collective, comme exploit du
peuple, le 11 décembre 1989, le jour où le peuple béninois a
renversé un despote.
2°- La Constitution béninoise, qu’est-ce que c’est ?
a) Du point de vue des textes.
Cette Constitution, tout en consacrant les libertés
démocratiques générales (de réunion, d’association, de
manifestation, de grève, de presse etc., une trentaine d’articles
y sont consacrés) conquises dans le sang et les larmes au cours
de la décennie 1979-1989 et particulièrement le 11 décembre
1989, a en particulier constitutionnalisé deux éléments
essentiels : l’impunité avec son corollaire le règne de la
corruption, l’antipatriotisme et ceci au nom de la « paix » et de
la « tolérance ». Le Criminel en Chef, Mathieu Kérérou a été ainsi
gratifié d’une loi portant immunité personnelle pour les morts,
assassinats (Michel AÏKPE, Luc TOGBADJA, AKPOKPO GLELE
Rémy, etc.), et crimes économiques commis sous son régime et
du coup sont aussi absous tous ses acolytes criminels dans le
genre ZINZINDOHOUE Clément SOGLOHOUN Jérôme,
AZONHIHO D. Martin, TAWES Pascal, HOUNSOU-GUEDE Patrice
et autres. De l’autre côté, la Constitution a consacré la
soumission complète du Bénin à la France coloniale, l’esclavage
linguistique avec le français comme langue officielle, et surtout
elle a constitutionnalisé l’intervention étrangère (donc française)
dans nos affaires intérieures en l’article 66.
b) Du point de vue de la pratique politique faite de cette
Constitution.
Pendant trente ans, le régime dit du Renouveau démocratique a
révélé au peuple et au monde toute sa substance. Au plan
économique, le renforcement de la mainmise des monopoles
français sur tous les secteurs stratégiques béninois (Port,
Aéroport, Cimenteries, Brasseries etc.) en plus du maintien de
l’esclavage monétaire du CFA et du contrôle de toute la politique
économique du pays ; au plan éducationnel, le maintien d’un
système colonial complétement inadéquat aux besoins de
développement du Bénin, un système asséchant l’esprit et toute
faculté créatrice du Béninois. Mais c’est au plan politique que le
Renouveau démocratique a révélé le plus sa puanteur. Les deux
pouvoirs qui ont marqué le plus cette situation sont celui de
Mathieu Kérékou de 1996 à 2006 et celui de YAYI Boni de 2006 à
2016. Précisons que, tant dans son accession au pouvoir que
pendant huit ans, le pouvoir de YAYI Boni n’a été qu’un pouvoir
par procuration de Patrice Talon. Pendant donc cette période,
soit 20 ans en effet, la soumission à la France coloniale a atteint
son paroxysme, la corruption généralisée, les concours
frauduleux ont pignon sur rue, les élections étaient plus que
jamais soumises au plus offrant, celles de 2015 avec les
législatives et les communales notamment ont été les
illustrations patentes.
Tant dans les textes que dans la pratique politique qui en a été
faite, la Constitution de 1990 a révélé ce qu’elle fut et ne
permettait plus un bon vivre ensemble. C’est cela qui a conduit
dès 2015 à la demande par beaucoup d’acteurs politiques de la
nécessité d’une Assise Nationale pour redéfinir un nouveau vivre
ensemble. De façon particulière, le Parti Communiste, avec la
Convention Patriotique des Forces de Gauche a appelé aux
« Etats Généraux » pour une nouvelle Constitution et les ont
averti que « rien de bon ne pouvait sortir des élections
présidentielles de 2016 » et que se dessinait le scénario
« waxalla » c’est-à-dire le scénario « catastrophe ». Nous y voilà
aujourd’hui.
Le pouvoir de Patrice Talon est le produit de la politique du
Renouveau démocratique arrivé à son paroxysme. Ce sont les
dispositions de la Constitution du 11 décembre 1990 qui
permirent l’arrivée au pouvoir d’un Patrice Talon qui lui-même
n’hésite pas à reconnaître qu’il est un produit du système pour
en avoir été l’un des principaux animateurs et profiteurs depuis
au moins 1990. Non seulement il a poursuivi et accentué sa
politique dans la mise en oeuvre du Pacte colonial (entre autres
en privatisant la gestion et/ou en nommant à la tête de nos
entreprises-fleurons telles le Port, la SBEE et on en passe, des
Etrangers), mais encore, il a détruit par des lois, le reste des
libertés générales consacrées par cette Constitution, et enfin
s’est accaparé, par des textes, l’ensemble du patrimoine de l’Etat
et ceci dans une mer de conflits d’influences et ce, en affamant
le peuple. Enfin il a imposé une nouvelle Constitution, qui elle,
est d’essence autocratique et despotique, en fait une camisole
de fer passée au cou du peuple.
Nous assistons comme à un continuel recommencement.
3°- Pourquoi un retour en arrière est inacceptable.
Encore une fois, le Bénin fait face à sa situation, une sorte de
malédiction que certains attribuent à celle qu’aurait formulée
Béhanzin avant sa déportation.
Mais à l’analyse, la «malédiction » dont est victime le Bénin, c’est
celle qui frappe pratiquement tous les pays issus de la
colonisation française : c’est le maintien du Bénin dans les liens
de colonisation française (avec le pacte colonial) comme « Enclos
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français ». En effet, comment pouvez- vous vous développer lors
que le produit de votre travail est confisqué dans une banque
étrangère sous forme de zone CFA et que toute votre politique
économique est dictée de l’extérieur ? Comment pouvez-vous
vous développer sur la base de l’instruction et donc d’une école
fournissant des connaissances complétement étrangères à vos
réalités ? Comment voulez-vous vous développer lorsque toute
votre consommation est déterminée par l’extérieur et que vous
êtes obligés de consommer ce que vous ne produisez pas et de
produire ce que vous ne consommez pas ? Enfin comment peuton
se développer lorsque l’on vous enlève toutes cultures,
croyances, valeurs traditionnelles positives –incarnées par nos
Dignitaires, nos Rois déchus par la force militaire de la
colonisation et ce en faveur de l’invasion des cultures, langues,
croyances étrangères ? Telle est la malédiction qu’il faut lever.
Face à cette situation, certains et non des moindres de
l’Opposition prônent et ont pour seul programme politique la
Restauration en l’état de cette Constitution considérée comme
« la meilleure du monde », « l’identité », « l’âme » du Béninois.
La signification de cette demande, c’est l’aval donné à toute la
politique d’antipatriotisme, de corruption et de mafia des trente
années passées et qui a donné naissance au pouvoir actuel de
Talon Patrice. Il est curieux que les demandeurs de cette
situation soient ceux-là mêmes qui, entre temps, avaient mis sur
pied et/ou participé à des commissions de révision de cette
Constitution dans les années 2010-2011 ou ont même voté oui
pour les tentatives avortées de révision de cette Constitution par
Talon.
Ce serait un recul historique inacceptable.
4°- Une Union des Patriotes S’impose pour Sauver la
Patrie.
Il faut aller de l’avant !
Il s’impose l’urgence d’une Union des Forces patriotiques en vue
d’une Alternative qui sorte du système du Pacte colonial, réelle
et seule Fatalité qui colle tel un boulet aux pieds du peuple
béninois depuis 1960. En clair, il faut détruire l’Enclos édifié par
la France coloniale qui encercle le Bénin et empêche son
décollage politique, économique et social. En clair, il faut
remplacer le Pouvoir de Talon par un Gouvernement
Patriotique et de Probité.
Que vive le Peuple béninois souverain et indépendant ! Que
vivent nos héros nationaux, Béhanzin, Kpoyizoun, Saka Yérima,
Bio Guerra, Kaba ! Que soit lavée à jamais l’humiliation faite à
eux et à leurs descendances ! Que vive le Bénin !
Samson.
Déclaration de Patrice Talon au sujet de l’enseignement
et le défi de l’emploi au Bénin.
LE POUVOIR DE LA RUPTURE ENTRE DEMAGOGIE ET
ILLUSION.
e samedi 12 décembre 2020, Patrice Talon a clôturé sa
première série de tournée-campagne électorale à Cotonou
et plus précisément au Palais des Congrès. A cette occasion,
il a tenu des propos au sujet de l’enseignement et le défi de
l’emploi au Bénin. Le président Talon est en fait revenu sur les
conclusions qu’il a tirées sur l’école béninoise il y a quelques
jours à savoir qu’elle ne forme que des chômeurs. Ainsi, Patrice
Talon déclare ce 12 décembre 2020 ce qui suit: « Aujourd’hui
c’est vrai, nous formons à peine 30% de nos enfants dans les
métiers et encore…parce que dans les métiers, il y a les métiers
intellectuels comme la comptabilité et consorts qu’on compte
dans les métiers. Mais si on regarde les vrais métiers, les métiers
pratiques comme la mécanique, l’électronique, la plomberie, la
menuiserie, qui sont des choses que nous consommons au
quotidien mais qui sont pour la plupart importées. Si on forme les
gens dans ces domaines-là, nous allons résoudre le problème de
l’emploi plus vite que nous le pensons. Et notre programme, c’est
de créer des écoles techniques presque partout. C’est lancé. Nous
avons déjà une bonne partie des financements nécessaires pour
que d’ici deux ans ou trois ans, parce qu’on va commencer les
constructions, on commence là, les constructions déjà. Dans
toutes les communes, il y aura désormais des écoles techniques,
des lycées techniques, des collèges techniques. On continuera de
former un peu dans les matières essentielles comme de cultures
générales, excusez-moi mais on va également orienter nos
enfants à aller dans les métiers. Pour que à la sortie, qu’on sorte
avec au niveau BEPC, au niveau BAC, au niveau Master, au niveau
Doctorat ; sur 100 personnes qui vont désormais sortir de nos
écoles, quel que soit le niveau où ils sont sortis, au moins 70%
sont formés au métier, 70 minimum. » (Propos transcrits par
nous).
Voilà ce que propose Patrice Talon comme alternative au
problème de chômage. Mais à y voir de près, l’on ressent un
dirigeant totalement coincé et en perte de vitesse. En effet, bien
avant l’avènement du pouvoir de la rupture, tout le monde sait
et reconnaît que l’école actuelle chez nous ne forme que des
chômeurs parce que complètement coupée de nos réalités
nationales. Et en cela, le pouvoir Talon n’aura eu que le mérite
de reconnaître cet échec de notre école actuelle. Car, cela vient
juste confirmer officiellement les dénonciations et les combats
que les patriotes mènent depuis des années contre la ruine de
notre école.
Pour justement résoudre la question du chômage dans notre
pays, il faut a priori résoudre la question de la réorientation de
notre école. En quoi consiste alors cette réorientation ? Cette
réorientation de notre école doit être vue dans son fond comme
dans sa forme. Pour ce faire, il est nécessaire de situer les
éléments caractéristiques du mal dont souffre l’école sans
lesquels l’on ne saurait définir les fondamentaux de sa
réorientation. Théoriquement, il est admis et prouvé qu’une
société s’identifie à travers la nature de son école. Alors, la
question de chômage et de sous-emploi à laquelle est confrontée
aujourd’hui notre société doit son explication au type d’école
dont a hérité la génération actuelle. Autrement dit, le chômage
actuel est dû au fait que les programmes d’enseignement conçus
pour l’école n’ont jamais tenu compte de notre environnement
culturel, linguistique et de nos besoins socio-économiques. En
effet, l’école actuelle forme des hommes avec des programmes
dont le contenu est étranger à leur culture, à leurs savoir-faire, à
leur savoir-vivre et en pire dans une langue qui leur est étrangère
(le français). Autrement dit, cette école formate les hommes
dans leur esprit comme dans leur âme. Ce qui fait d’eux
comparativement aux hommes d’autres sociétés avec des
exceptions près, des gens chez qui le génie inventeur,
innovateur, créateur et de découverte est étouffé et brisé. Cette
école n’a pour objectif que de former les hommes uniquement à
la théorie et donc détachés de la pratique. Ces ‘’élites’’ produits
de notre école sont juste utiles pour l’animation et l’entretien de
l’administration néo coloniale garant des intérêts français au
mépris des intérêts de notre pays. Elle ne garantit aucun progrès
pour l’individu ni pour notre société. Elle ne peut qu’être à juste
titre une boîte à fabrication des chômeurs.
Parlant de l’environnement culturel, il est important d’insister
sur son influence dans l’éclosion du génie. Car, un peuple
n’assume la science que dans sa culture dont la langue est un
élément essentiel. Ceci dit, la manière d’assimiler la science ne
L
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se développe pas de la même manière chez les individus qu’au
niveau d’un peuple. Il peut arriver que des individus arrivent à
briller et à faire éclore leur génie dans une culture voire langue
étrangère. Mais quant à l’éclosion du génie d’un peuple, cela
passe inéluctablement par son appropriation des sciences et la
technologie à travers ses valeurs culturelles notamment sa ou
ses langue (s). Ainsi par exemple, l’Afrique peut avoir connu de
ses ressortissants qui ont brillé et même déclarés savants dans
une culture étrangère et demeurée cependant elle-même
pauvre. Les cas des gens comme Pouchkine en Russie, sans
oublier beaucoup d’autres inventeurs et brillants professeurs
Africains illustrent bien la chose. Cette démonstration atteste
justement comment l’aliénation des peuples Africains reste la
cause principale de son état arriéré. Ceci étant, la réorientation
de notre l’école doit tenir compte de ces principes
fondamentaux que sont la langue et la culture.
A suivre les propos du président Patrice Talon qui affirme être
dans une dynamique de réorientation de notre école, l’on se
rend compte qu’il ne prend pas en compte ces fondamentaux.
En effet, Talon refuse d’admettre l’instruction dans nos langues
et l’inculturation de la science et de la technologie dans nos
cultures qui sont les issues incontournables pour rompre avec les
contenus néocoloniaux des programmes d’enseignement. Il
entretient plutôt la diversion en occupant l’opinion par ce qu’il
appelle la formation en « métiers pratiques comme la
mécanique, l’électricité, la plomberie, la menuiserie ». Oui, nous
sommes d’accord qu’il faut construire des lycées, des écoles et
collèges techniques y enseigner les métiers pratiques. Mais sans
associer cette formation à l’industrie, il n’y aura pas de débouché
pour ces éléments formés ; cela reviendra à créer des corps
d’artisans. Et pour que cette formation aboutisse au progrès de
notre société, elle doit être ouverte au peuple à travers les
langues nationales en vue de permettre une inculturation rapide
de la technologie et des sciences à nos cultures. Procéder
autrement, n’apporte rien de nouveau par rapport à ce qui se
faisait jusque-là dans notre pays. Alors si c’est pour renforcer
l’existant c’est-à-dire la cohorte d’artisans qui ‘’jonchent’’ les
bords de nos rues, on n’a pas besoin d’envoyer des gens à se faire
former à coût de millions du contribuable. Car, l’existant actuel
peut assurer cela, étant donné qu’ils ont suffisamment
l’expérience de la pratique. Il leur faudra peut-être quelques
notions en pédagogie et ils feront le job.
En résumé, l’enseignement basé sur une langue étrangère à
l’apprenant (ici, le français), dès son enfance, ne peut que
produire cet effet pervers. Le fait d’acquérir la science dans la
langue maternelle participe à l’éclosion du génie des apprenants,
à construire leurs savoir, savoir-faire pratique et théorique. Et
c’est à ces principes progressistes que Patrice Talon tourne dos
en faisant de la diversion. Autrement dit Talon n’offre aucune
perspective sérieuse contre la ruine de notre école.
Zola R.
Il y a 20 ans, disparaissait le grand boxeur SOWETO
e 15 décembre 2000 s’éteignait un grand homme, Aristide
Sagbo alias Sowéto. Il était un boxeur qui a réellement
marqué son époque. Neuf (09) fois champion d’Afrique.
Depuis son décès, le noble art béninois est plongé dans un puits
sans fond et semble connaitre des désintéressements de la part
des autorités béninoises et surtout de la population qui adulait
et affectionnait la boxe béninoise quand Sowéto régnait en
maître. On aurait dit qu’il a aussi emporté dans sa tombe
l’engouement qu’il y avait autour de la boxe béninoise.
Aujourd’hui, le constat est douloureux. La mémoire de Sowéto
est complètement passée dans l’oubliette, les anciens boxeurs
abandonnés dans leur tristesse, les jeunes en manque de
compétition, des conflits d’intérêts entre les responsables et
certains promoteurs des belles initiatives etc... sont entre autre
les freins pour le décollage de ce sport et la découverte d’un
champion aussi performant que feu Aristide Sagbo alias Sowéto.
Wilfried T.
Atteinte à la liberté de croyance au CNHU-HKM
de Cotonou
a religion est une croyance individuelle et chaque être
humain a le droit d'avoir sa religion plus encore dans un
pays laïc. Dans l'administration publique il est mieux qu'on
respecte la religion de l'autre en évitant des actes qui pourraient
mettre mal à l'aise les usagers.
Le constat dans les administrations publiques au Bénin est tout à
fait le contraire. On constate de plus en plus la prolifération des
postes radio dans les bureaux et tout au long de la journée ce
sont des chaînes religieuses qui sont captées. Les usagers sont
ainsi contraints à l'écoute durant tout le temps que durera leur
passage dans cette administration, dans ce bureau.
Ce qui est encore plus écoeurant c'est le constat fait au CNHUHKM
de Cotonou ; on aurait dit que le CNHU-HKM est devenu
une église. De la caisse jusqu'aux salles de soins en passant par
les salles d’attente, le constat est le même. D'après nos
enquêtes, il y en a qui demande de prier lorsqu'on se tord de
douleur. C'est le cas de Monsieur x, stagiaire au CNHU, qui avait
des maux de ventre et qui après sa demande d'autorisation chez
son encadreur d’aller se faire soigner n’a eu de réponse que de
se mettre à genoux pour la prière. Une prière qui a durée à peu
près 15 minutes et nous savons très bien qu’en 15 minutes ces
maux de ventre peuvent s’aggraver ou aussi l'intéressé pourrait
en mourir. Comment comprendre que dans un centre de santé
on privilégie la prière aux soins médicaux.
Comme les postes téléviseurs sont interdits, les postes radio sont
allumés à longueur de journée et diffusent des émissions des
radios telles que la ‘’Radio Immaculée conception’’, la ‘’Radio du
christianisme Céleste’’ ou encore la radio ‘’La voix de l'islam’’.
Prenons le cas par exemple du service de Médecine Physique et
de Réadaptation (MPR) du CNHU-HKM de Cotonou. Un des
responsables ‘’oblige’’ les malades et le personnel sous son
contrôle surtout les stagiaires à une prière chrétienne matinal
avant que le travail commence. Le malade qui refuse de
s'exécuter est mal reçu et le stagiaire qui refuse de s’exécuter est
considéré comme un vaurien et sa note de stage va en souffrir.
Ainsi les malades et les stagiaires sont obligés de se plier au désir
de ce responsable.
De telles pratiques doivent cesser car si les chrétiens, les
musulmans, les animistes et autres devraient chacun exhiber
leur religion et chercher à l’inculquer aux autres, ça n’amènera
que des guerres de religion. Le pire c’est qu’il est capable de
déclencher un génocide alors que le Bénin est, sinon continue
L
L
LA FLAMME N°380 18 décembre 2020
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Page 7
d'être un pays laïc et chacun est libre selon la constitution
béninoise de sa croyance religieuse.
Albert T.
Les facultés universitaires mort-nées à Ouidah
eu après son installation au pouvoir, le Président Talon a
fait un voyage à Paris. Devant François Hollande, il décrète
le Bénin « désert de compétence » et demande
l’assistance de la France pour la solution à ce problème ainsi qu’à
d’autres comme les renseignements, etc.
En guise de solution, au lieu de donner les moyens suffisants et
progressifs à l’université, il s’est agi de son démantèlement. Dans
le même temps, il a été question de démultiplier certaines
facultés du site de Calavi. La FASEG (FAculté des Sciences
Economiques et de Gestion) était alors désignée pour avoir un
site délocalisé à Ouidah. Dans le même ordre d’idée, la Faculté
des Lettres Arts et Sciences Humaines (FLASH) aussi devrait voir
une duplication à Kpomassè. Est-ce pour plaire à Pascal Irené
Koupaki ? En tout cas, rien n’a pu voir le jour à Kpomassè. Par
contre, en ce qui concerne Ouidah, ceux qui font un peu
attention dans leur déplacement auront vu et lu une plaque
portant l’inscription « Faculté des Sciences de l’Economie et de
Gestion» et implantée dans la cour de l’ancienne usine de la
MANUCIA. Ancienne usine de cigarette et d’allumette située non
loin du commissariat central de Ouidah. Depuis plusieurs années,
rien n’a été aménagé ou réaménagé à cet endroit pour accueillir
les étudiants.
Mais ce n’est pas la seule faculté censée s’installer à Ouidah.
Dans le domaine de la Mairie de Ouidah, il y a derrière le nouveau
bâtiment de l’Hôtel de ville, une vielle bâtisse coloniale.
Regardez bien dans les environs, vous verrez une plaque qui
porte l’inscription « Université d’Abomey Calavi, Haute Ecole de
Tourisme, de l’Hôtellerie et de la Culture ». Là également, on ne
voit rien sortir de terre au profit des étudiants. Et ce n’est pas
fini.
Ceux qui empruntent la route Cotonou-Comè, peuvent avoir
souvent vu, juste après la clôture de l’usine de montage des
tracteurs (à quelques 2 km du pont péage en direction de Ouidah
centre), une clôture inachevée avec à l’entrée une plaque
portant « Haut Institut de commerce régional » ou quelque
chose du genre. Là non plus, rien n’émerge au profit des
étudiants. Pire ici, c’est que, peu avant l’arrivée du Président à
Ouidah pendant sa campagne électorale, les lieux devenus de la
broussaille ont été désherbés, puis la plaque a disparu. Comme
ont disparu aussi les inscriptions qui signalent l’usine de montage
des tracteurs.
Les populations de Ouidah et environs veulent bien des
infrastructures bien équipées avec des enseignants qualifiés et
en nombre suffisant pour une bonne formation de leurs enfants.
Avec le constat vérifiable sur le terrain de ce qui est décrit plus
haut, chacun tirera les leçons si à cette allure, notre pays
progressera.
Savi, le 14 Décembre 2020
Basile C.Mongaji
(Correspondant de Ouidah)
Correspondance du Couffo
Un réseau de faux actes démantelé à la mairie de
Toviklin, le maire TOZO Rigobert doit prendre ses
responsabilités.
ur sa carte LEPI on lit « KOLI TINOUVI » et sur sa carte
médicale on lit « KOLI JUSTINE ». Pour constituer son
dossier médical, les médecins ont demandé un certificat
d’individualité. Les renseignements à la mairie de TOVIKLIN
révèlent qu’il faut payer 6500F et présenter trois témoins
portant le même nom de famille que le titulaire du certificat
d’individualité. Le mercredi 25 Novembre 2020, le sieur SEDJIDE
Marcel est allé à la mairie avec les 6500F accompagné des
témoins. Les agents du service de l’ETAT-CIVIL ont rempli le
formulaire en collant deux timbres de 200F chacun et l’ont remis
à Marcel d’aller dans le bureau du Secrétaire Général de la mairie
pour signature. Ce que le SG a signé son numéro
d’enregistrement. Une fois à l’hôpital, les agents ont constaté
que c’est un faux certificat d’individualité car ce dernier est sans
numéro d’enregistrement et ne porte pas l’empreinte de la
mairie.
C’est après cela que monsieur SEDJIDE Antonin est allé à la mairie
pour rencontrer le maire afin qu’il donne une solution à son
problème. Sur place le maire a appelé la dame qui est au guichet
et lui tend le papier. Elle reconnaît que c’est un certificat
d’individualité mais qu’elle n’a pas ce format et ce qu’elle vend
est de couleur jaune en plus elle n’a vendu aucun à la date du 25
novembre 2020. Après la dame le maire appelle le SG monsieur
Eustache ADJALLA qui reconnais avoir reçu ce certificat hier et l’a
signé car cela portait le parafe du chef service état-civil. Le maire
appelle Mr AKPO le chef service Etat-civil qui a déclaré n’avoir
pas parafé un tel certificat et qu’il vient d’être informé de
l’affaire. Le maire appelle monsieur SOGLO ATUI, qui déclare
qu’au moment où les demandeurs venaient la dame du guichet
n’était pas présente et il a dû utiliser ce que lui il a à son niveau.
A la fin des auditions, le maire demande à tous de partir sans
donner satisfaction à la demande de Mr SEDJIDE Antonin de lui
faire établir un autre certificat d’individualité afin que qu’il puisse
faire libérer son malade du lit de l’hôpital.
A sa grande surprise, Mr Antonin SEDJIDE reçois un appel
téléphonique de la police qui l’invita à se présenter au
commissariat de police de Tovoklin le mercredi 02 décembre
2020 avec l’originale du certificat. Alors il s’est rendu au
commissariat où on lui a demandé de déposer une déclaration.
Il a décrit les faits. Il a été informé que le maire a fait une plainte
pour faux et usage de faux et détournement de deniers publics
contre Soglo ATUI. Depuis lors les parents de SOGLO défilent
pour demander à Antonin de laisser tomber sinon leur enfant va
perdre son boulot alors que ce dernier n’a pas porté plainte.
L’ODHP COUFFO invite le maire TOZO Rigobert à prendre ses
responsabilités dans ce dossier :
1- en identifiant tous ceux qui sont impliqués dans ce réseau
de faux papier car un papier retiré de la vente ne peut être ni
parafé, ni signé par un chef service sous aucun prétexte.
2- en disant à la population de Toviklin surtout aux parents et
amis de SOGLO ATUI que c’est lui le plaignant.
Elle profite de cet écrit pour informer les populations que
antonin SEDJIDE n’a pas porté plainte contre quelqu’un. Seul le
maire TOZO Rigobert peut aider à faire la lumière sur les
faussaires.
Elie VIGAN
Correspondant de la Flamme dans le Couffo
P S
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Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Page 8
Soutien aux peuples d’Afrique dans la lutte contre le
Franc CFA
Allocution du député du Parti Communiste Français, Jean-
Paul LECOQ le 10 Décembre 2020
Monsieur le Ministre, Madame la Présidente,
c’est à regret que je me tiens ici pour défendre cette
motion de rejet préalable du projet de loi autorisant la
ratification de l’accord de coopération entre la France et les États
membres de l’Union monétaire ouest-africaine – vous avez fait un
lapsus, monsieur le ministre délégué, en parlant de l’Union
économique et monétaire, qui ne recouvre pas exactement la même
réalité. J’aurais en effet aimé croire qu’une réforme du franc CFA –
initialement appelé, ne l’oublions pas, franc des colonies françaises
d’Afrique – serait l’occasion d’un débat approfondi entre tous les pays
concernés et d’un véritable changement en profondeur de nos
relations économiques et politiques avec les pays de l’Afrique de
l’Ouest francophone.
Pourtant, rien ne s’est passé ainsi. Sur le fond, cette réforme n’a pas
été faite pour changer quoi que ce soit ; sur la forme, la méthode
confirme la condescendance de la France vis-à-vis de ces pays – si l’on
ne change rien, pas besoin de concertation.
Personne n’était au courant de l’annonce de la réforme, en décembre
2019, par Emmanuel Macron à Abidjan. Seul son acolyte ultralibéral
Alassane Ouattara en avait connaissance, lui qui avait été installé par
les chars français en 2011 et qui est le champion toutes catégories de
la multinationale Afrique à forte composante française, lui qui vient
d’ailleurs de s’arroger un troisième mandat inconstitutionnel, au prix
d’une répression implacable de ses opposants.
Quant aux autres partenaires de l’UMOA qui gère le franc CFA, à
savoir le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le
Togo et le Sénégal, ils n’étaient même pas informés ; pas plus que ne
l’était le gouverneur de la BCEAO, qui pilote cette monnaie.
Lorsque Emmanuel Macron a expliqué le sens de la réforme en
décembre dernier, à Abidjan, il a dit : « j’ai souhaité pouvoir mettre à
plat l’ensemble des sujets pour écrire une page nouvelle […] de notre
histoire commune ». L’idée ne lui a donc pas été soufflée par les États
membres de l’UMOA, comme on veut nous le faire croire, ce matin
encore ; c’est encore et toujours Jupiter qui a décidé seul.
Or un changement de monnaie, si l’on respecte un tant soit peu les
peuples concernés, aurait dû faire l’objet d’un chantier démocratique,
transparent et ouvert, quitte à être long. Prenons notre exemple : en
1992, lorsque la Communauté européenne a choisi de devenir l’Union
européenne et de passer à l’euro, il y a eu, en France, un référendum
sur les enjeux du passage à la monnaie unique, sept ans plus tard, avec
un calendrier précis. Peu importe ce que l’on pense du résultat, force
est de constater qu’au moins sur la méthode, les choses étaient plus
démocratiques.
Ici, que nous propose-t-on ? Uniquement, la ratification d’un accord
de coopération, sans même le calendrier de mise en place de l’eco.
L’ordre dans lequel s’effectuent les ratifications est en soi suspect :
pourquoi la France est-elle le premier pays à ratifier cet accord, alors
qu’en toute logique elle aurait dû attendre que les pays directement
concernés l’aient fait d’abord ? Notre parlement aurait ainsi pu tenir
compte des débats démocratiques suscités par cette réforme chez les
peuples en question. C’est un non-sens complet d’avoir procédé
autrement, non-sens qui justifierait à lui seul que l’on rejette ce texte
– ce que vous avez encore la possibilité de faire.
N’oublions pas en effet que l’on parle ici de monnaie, c’est-à-dire
d’une institution politique et économique absolument fondamentale,
puisque c’est elle qui permet à une zone de déterminer et de piloter
son économie en se fixant des objectifs de développement.
Cette réforme du franc CFA va-t-elle permettre à l’UMOA de piloter
ses taux de change afin de favoriser ses exportations où ses
importations ? Va-t-elle laisser aux pays de la zone le choix de
s’adosser à une monnaie plutôt qu’à une autre ? Va-t-elle leur
permettre de piloter l’inflation, les taux d’intérêt, le poids de la dette
? Non. Rien ne changera, et le cordon ombilical qui relie le franc CFA
à la zone euro va perdurer, au travers de l’arrimage à l’euro, de la
liberté des transactions et de la convertibilité illimitée entre les deux
monnaies, ce triple lien permettant à toute multinationale qui fait du
commerce dans la zone monétaire du franc CFA de voir ses
investissements sécurisés sur le long terme, de convertir en euros ses
profits réalisés en francs CFA, puis de rapatrier ensuite ces capitaux
vers la zone euro.
La parité fixe euro-franc CFA ne pose certes aucun problème à ceux
qui travaillent en euros, mais c’est beaucoup plus compliqué dans
tous les secteurs où la monnaie de référence est le dollar : l’euro – et
donc, avec lui, le franc CFA – varie tous les jours face au dollar, et
lorsque les taux de change sont trop volatiles, des secteurs entiers de
l’économie peuvent perdre leur compétitivité du jour au lendemain –
nous en avons fait l’expérience avant le passage à l’euro. L’Agence
française de développement – AFD – avait d’ailleurs tiré la sonnette
d’alarme il y a quelques années, en indiquant que la parité fixe avait
été l’un des principaux facteurs de l’effondrement du secteur du
coton au Burkina Faso. Retenons les leçons de l’histoire !
Il pourrait donc être dans l’intérêt de certains pays de s’arrimer à
d’autres monnaies que l’euro, mais le système favorise le lien entre
zone euro et zone CFA, entravant de ce fait le commerce entre les
membres de l’UMOA ou de la CEDEAO. Cela explique que, cinquante
ans après les indépendances, l’Europe soit encore le premier
partenaire commercial de la plupart de ces pays, alors que le
commerce intracontinental représente moins de 15 % de leurs
échanges – le sujet doit vous parler, monsieur le ministre délégué ! Ce
chiffre signe l’échec véritable du franc CFA et justifierait à lui seul que
cette monnaie soit remisée au placard de l’histoire.
Il n’y a, au sein de l’UMOA, aucun mécanisme de solidarité, aucun
marché unique, aucune union politique ; aucun intérêt économique
non plus à adopter une monnaie unique dont rien ne dit qu’elle
bénéficiera à chacun de ses membres.
Comparons à nouveau avec la zone euro : malgré une très forte
intégration économique et un commerce intense entre les États
membres, nous savons tous que son fonctionnement n’est pas
évident. Mais là, il s’agit d’une union monétaire sans autre forme
d’union. Lorsque l’on ne maîtrise pas sa politique monétaire et que
l’on ne peut pas laisser filer l’inflation pour diminuer la dette, le seul
outil pour se désendetter, en cas de crise, est la diminution des
dépenses publiques – cela nous parle ici aussi. Comme dans l’Union
européenne, le programme est l’austérité à perpétuité. Le rôle du
franc CFA dans la situation économique et sociale catastrophique des
États membres de l’UMOA est à étudier avec sérieux, même s’il n’en
est évidemment pas l’unique facteur, nous en sommes d’accord.
Regardons la situation d’un point de vue historique : dans les années
1980, le Fonds monétaire international – FMI – et la Banque mondiale
ont saigné les pays d’Afrique de l’Ouest. Les fameux plans
d’ajustement structurel ont, avec la complicité du club de Paris,
détruit ces États en pleine construction, les ont rendus dépendants
des cours des matières premières, les ont obligés à tout privatiser et
à réduire le plus possible les dépenses publiques. Ils avaient promis
un renouveau économique qui n’est jamais arrivé.
Évidemment, ces cures d’austérité n’ont jamais fonctionné et
l’endettement des pays est resté très élevé. Le franc CFA a empêché
ces pays d’utiliser l’inflation pour se désendetter. Ceux-ci ont donc
continué à diminuer leurs dépenses publiques pour les porter à des
niveaux totalement inacceptables pour leur population. Voilà l’origine
de leur crise ! En effet, cette politique a produit des systèmes
éducatifs totalement dégradés, des systèmes de santé inefficaces et
des salaires si faibles dans la fonction publique qu’ils ne peuvent
empêcher la corruption.
Face à ces situations, l’aide publique au développement – APD – ne
suffit pas à remonter la pente : la pauvreté et les inégalités explosent,
le chômage devient de masse, des millions de jeunes sont touchés par
le désespoir et l’exil contraint se développe. Le pire, c’est que même
avec l’APD, la zone CFA est encore perdante. Tous les pays de l’UMOA
«
LA FLAMME N°380 18 décembre 2020
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Page 9
figurent dans la liste prioritaire de l’AFD ; une partie importante de
notre APD est donc dédiée au déploiement de programmes, dont
certains consistent à construire des infrastructures. Or qui est favorisé
lorsqu’il s’agit de gagner des marchés dans une monnaie arrimée à
l’euro ? Nos multinationales, bien sûr ! Le métro d’Abidjan offre un
exemple funeste de ce genre de projets, que le sénateur communiste
Pierre Laurent a récemment dénoncés. Le chantier a été confié, à la
suite d’immenses pressions du pouvoir français et sans appel d’offres,
à un consortium d’entreprises françaises, à un prix astronomique. La
transformation du franc CFA en eco ne changera en rien ce système.
Les trois choses qui vont changer sont le nom, la possibilité pour la
BCEAO de déposer ses réserves de change ailleurs qu’au Trésor
français et l’absence de Français dans la gouvernance de la zone
monétaire – et encore. L’étude d’impact du projet de loi affirme que
la fin de l’obligation de réserve de change au Trésor français ne
modifiera absolument pas la tutelle monétaire. En revanche, cette
disposition allégera le coût supporté par la France, qui n’aura plus à
rémunérer les avoirs déposés sur le compte dédié ; voilà qui en dit
long sur l’état d’esprit de ses auteurs !
Quant à l’absence de Français dans la gouvernance de la zone
monétaire, la lecture attentive de l’article 4 de l’accord commande de
la nuancer. En effet, il dispose qu’une personnalité indépendante et
qualifiée sera nommée par le conseil des ministres de l’UMOA, en
concertation avec la France, pour siéger au comité de politique
monétaire de la BCEAO – je ne reprendrai pas ici l’interpellation de
Mme Roselyne Bachelot cette semaine.
La France sort donc par la porte pour mieux revenir par la fenêtre.
L’objectif de la France vis-à-vis de l’UMOA est clair : faire taire les
critiques populaires sur le franc CFA par une réforme plus que
minimaliste.
Le nom de la nouvelle monnaie est une tartufferie comme j’en ai
rarement vu. Eco est le nom du projet de monnaie unique de la
CEDEAO, communauté économique qui englobe tous les États de
l’UMOA, ainsi que le Cap-Vert, la Gambie, le Ghana, la Guinée, le
Liberia, le Nigeria et la Sierra Leone. La CEDEAO, ou ECOWAS en
anglais, avait choisi le diminutif de son acronyme anglais pour nom de
sa future monnaie. Nous avons affaire à une OPA hostile sur l’eco de
la CEDEAO. L’objectif de la France vis-à-vis de la CEDEAO est clair :
couper l’herbe sous le pied du projet monétaire de cette zone et
imposer son eco comme un fait accompli, afin d’étendre l’influence
de sa monnaie à tous les États membres de la CEDEAO. Le rapport de
notre commission énonce clairement cet objectif, puisqu’on y lit à la
page 22 : « Le fait que le changement de monnaie solde un héritage
controversé est susceptible de générer une dynamique politique […].
Il peut permettre à d’autres pays, aujourd’hui extérieurs à l’UMOA, de
rejoindre l’eco ».
Les pays concernés n’ont pas du tout apprécié cette visée de la
France. Le Nigeria, poids lourd de la CEDEAO, a évoqué l’implosion de
la zone si la réforme du franc CFA était mise en oeuvre. Plusieurs États
ont officiellement condamné cette initiative. Vouloir imposer l’eco à
l’ensemble de la CEDEAO est une stratégie très dangereuse. L’exécutif
français prend le risque d’une crise diplomatique dans cette zone déjà
en proie à de fortes tensions.
L’objectif absolu s’agissant de la CEDEAO devrait plutôt être le
renforcement des États, de leurs services publics et de leur économie
: ces politiques seules seraient susceptibles d’offrir aux populations
des perspectives de vie et de travail sur place
Ces politiques seules seraient à même de lutter efficacement contre
le terrorisme, qui ronge toute cette zone. Avec cette stratégie du
chaos, la France affaiblit la CEDEAO. Or celle-ci est l’appui de l’Union
africaine dans la politique de convergence économique et financière,
et de développement d’une union douanière visant à créer des
intérêts économiques communs dans la région et, surtout, à mettre
en place une devise commune. Affaiblir la CEDEAO, c’est affaiblir le
relais de l’Union africaine pour l’intégration régionale ; c’est affaiblir
le multilatéralisme africain. Serait-ce là votre objectif ? Je ne peux pas
y croire : vous parlez si souvent de multilatéralisme !
Voulons-nous être complices de cette stratégie de classe ? Que l’on
me comprenne bien : je ne penche pas pour le très libéral projet eco
de la CEDEAO, mais je constate que le Gouvernement français s’est
invité dans ce débat pour en perturber le cours. Cette monnaie,
assumez-le, correspond aux intérêts des classes supérieures
africaines tournées vers l’extérieur et des multinationales qui
travaillent en euro ; pour les peuples et pour les PME africaines, elle
peut être un véritable boulet. Votre majorité défend les intérêts des
classes aisées et des multinationales en toutes circonstances et en
tout lieu.
Nous, députés communistes, nous opposons à cette réforme
précisément parce que nous défendons, en toutes circonstances et en
tout lieu, les plus précaires et les peuples. Pour cela, il faut un
véritable renouvellement. L’exécutif français ne doit pas imposer sa
volonté en faisant pression sur des dirigeants africains. Il est insultant
de dicter à des pays indépendants leur politique monétaire et
économique. Cette politique ne fait qu’alimenter le sentiment antifrançais.
Avec cette réforme, nous sommes à mille lieues de ce qu’il
faudrait faire pour réparer et construire des relations respectueuses
de coopération d’égal à égal entre nos pays et nos peuples.
Il faut se poser la question de l’intérêt d’une telle réforme pour les
peuples. À l’occasion de ce travail, nous n’avons rien trouvé qui aille
dans ce sens : cette réforme n’est pas faite pour eux – eux qui pâtiront
de ses mauvais côtés. Cette hypocrisie n’a que trop duré : il faut
rejeter ce texte et repartir à zéro. Cette motion de rejet préalable vous
en offre la possibilité : soutenez-la pour entamer un processus
véritablement démocratique ! »
Talon a reconnu publique à Djidja qu’ils sont tous
au gouvernement des voleurs et ils sont tous libre
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