EDITORIAL

Rompre avec les pratiques du passé pour un avenir
meilleur


En finir avec le pouvoir de dictature autocratique de Talon,
l’immense majorité du peuple en convient. L’appauvrissement
extrême sous les multiples taxes qui accablent le peuple
depuis quatre ans, le chômage accru de la jeunesse, constituent les
manifestations concrètes de l’échec de l’autocratie. D’où la certitude
de la fin de ce pouvoir monstrueux. Les protestations populaires,
mêmes timides et isolées, qui commencent par s’observer ici et là en
sont des signes annonciateurs. Les regroupements des acteurs
politiques et leurs appels au combat également.
Mais, renverser la dictature autocratique pour revenir à la case
départ ? Bien sûr, le cours de la vie ne ramène jamais exactement au
point de départ, et le renversement de la dictature autocratique
changera des hommes et des choses. Mais, après soixante ans de
stagnation (donc de recul) dont dix-sept ans d’une dictature
autocratique et trente ans de Renouveau démocratique, de vol et
d’impunité, le renversement de la nouvelle dictature, celle de Patrice
Talon, sera-t-il un tournant décisif pour l’envol et l’ascension de notre
peuple vers son émancipation et son développement ?
C’est ce qui est souhaité par le peuple. C’est ce que disent aussi tous
les dirigeants politiques. La révolution philosophique et culturelle de
contenu humaniste en cours dans le monde et patriotique en Afrique
dominée et humiliée, en renforce les possibilités. Mais alors, il y a
nécessité de soumettre le passé au peigne de la critique, d’examiner
et de relever ce qui n’a pas marché. Le silence sur les tares du passé,
suivi souvent de phrases générales et oiseuses de bonnes intentions
en guise de programme, servent plutôt à cacher le programme réel
de maintien du pays et du peuple dans le système passé.
C’est pourquoi la critique, précise, claire est nécessaire pour
raffermir la détermination du peuple au combat et pour rompre avec
les pratiques de fraude, d’aliénation et de corruption du passé. Cette
critique, théorique et pratique est nécessaire au peuple pour se bâtir
un avenir meilleur.
La Rédaction

 

LA NECESSAIRE CRITIQUE DU PASSE POUR AFFRONTER
LE PRESENT ET BATIR L’AVENIR
ans son discours de lancement du mouvement "S’engager
pour le Bénin" le samedi 03 octobre2020, Valentin Djènontin
Agossou, vice-président dudit mouvement, commence
l’analyse de la situation actuelle du pays par les mots qui
suivent : « Chers Compatriotes, Depuis 2016, nous vivons un échec,
notre échec, l’échec de la classe politique. Notre échec à assurer
pleinement les aspirations de nos compatriotes pour une alternance
politique crédible, pour préparer au sein des formations politiques
une relève, ce qui malheureusement a conduit à l’arrivée au pouvoir
d’un homme qui n’y a pas sa place.
La soumission de la classe politique à l’argent a conduit au délitement
progressif de la démocratie.
Nos compromissions et notre facilité à livrer des combattants au front
ont accordé une avance à l’adversaire.
Nos hésitations à nous organiser et à nous mobiliser ont conduit à
l’installation d’un pouvoir autoritaire et prédateur de l’économie, de
l’unité nationale et de la paix sociale. »
Il y a là une autocritique de la part de quelqu’un qui a participé à
l’exercice du pouvoir, un ancien ministre et un ancien député, un
ancien chef d’un parti politique regroupant des anciens ministres et
députés. « Nous vivons un échec, notre échec, l’échec de la classe
politique ». Une autocritique nette qui souligne la responsabilité des
pouvoirs passés dans ce qui a facilité l’installation d’une nouvelle
dictature autocratique dans le pays. Il énumère des fautes des
dirigeants qui ont conduit à cet échec. « Notre échec à assurer
pleinement les aspirations de nos compatriotes pour une alternance
crédible… la soumission de la classe politique à l’argent a conduit au
délitement progressif de la démocratie » (sic). L’incapacité de la
haute-bourgeoisie (au pouvoir ou non) à assurer pleinement les
aspirations du peuple d’une part, la soumission de ces dirigeants (au
sommet ou en lutte pour le pouvoir) à l’argent d’autre part, voilà ce
que pointe du doigt Valentin Djènontin.
La question de savoir pourquoi sommes-nous tombés au Bénin sous
une nouvelle autocratie, cette question a été éludée par tous les
acteurs dirigeants du Renouveau Démocratique instauré en 1990.
Tous ces dirigeants, qui ont exercé le pouvoir exécutif, législatif,
judiciaire, etc, et avaient la charge de consolider les acquis
démocratiques obtenus au bout de lourds sacrifices par le peuple
combattant, se sont refusé à examiner ouvertement, franchement la
question. Ils se comportent comme si une catastrophe est arrivée par
hasard, sans explication des conditions qui ont permis, favorisé son
avènement. Et ceci en contradiction totale avec toute la logique des
sciences sociales, bien résumée par l’adage populaire de chez nous :
« Lorsqu’on est tombé, il ne faut pas en chercher la cause là où on
s’est écroulé, mais là où on a trébuché. »
Valentin Djènontin a eu le courage d’aborder la question et de
reconnaître qu’ils ont échoué. Son autocritique reste au niveau de la
gestion de l’Etat et n’aborde pas la nature de cet Etat que les pouvoirs
hauts-bourgeois ont eu la charge de gérer depuis 1990. Cet Etat reste
un Etat néocolonial, un « Enclos français », soumis aux diktats des
puissances étrangères et principalement de l’impérialisme français
qui maintient son genou sur le cou du peuple béninois demeuré sous
tutelle linguistique, monétaire, économique. La gestion des hautsbourgeois reste dans ce cadre et par conséquent, fondamentalement
incapable de satisfaire les aspirations profondes d’émancipation du
peuple et de développement du pays.
Malgré cette limite, l’autocritique amorcée par Djènontin est un
pamphlet contre l’hypocrisie et les mensonges de la « classe
politique » à propos de sa gestion passée. Pour exemples, les
élections ont toujours été frauduleuses ; la vassalisation des
institutions dites de contre-pouvoir comme la CENA ou la Cour
Constitutionnelle a commencé depuis longtemps, et le peuple et la
jeunesse se souviennent encore des proclamations à domicile des
résultats des élections, du nombre des inscrits qui varie entre deux
tours, de l’âge de 39 ans qui équivaut à 40 ans ou encore des
séquestrations des conseillers lors des élections des maires ainsi que
des télécommandes à l’Assemblée nationale.
Reconnaître ouvertement ses responsabilités dans ce qui nous est
arrivé ne dédouane aucunement le dictateur autocrate Talon. Au
contraire ! Surtout que Talon est intimement lié comme acteur
important, comme l’une des télécommandes agissantes de ce
système au profit de ses affaires de type mafieux. Reconnaître ses
responsabilités permet au moins de se faire prendre au sérieux et de
montrer (ne serait-ce qu’en paroles),sa volonté de prévenir à l’avenir
ces genres de fautes et de crimes contre la jeunesse et le pays.
Le courage de Djènontin est-il-dû à la sincérité de sa foi chrétienne ?
Peut-être, mais alors pourquoi donc, la question élémentaire de
savoir pourquoi sommes-nous tombés si bas est toujours éludée par
la haute bourgeoisie qui se trouve aujourd’hui non au pouvoir et dans
l’opposition ?
Est-ce pour ne pas donner raison aux communistes ? Ceux-ci ont dit,
expliqué, développé que la Conférence nationale était un marché de
dupes, qu’elle a instauré un régime d’impunité des crimes politiques
et économiques. Les pilleurs bien connus de l’économie, les
E
D
LA FLAMME N°370 09 octobre 2020
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Page 3
tortionnaires attitrés du peuple ont été portés aux nues, à
commencer par leur Chef Mathieu Kérékou à qui a été octroyée une
immunité péronnelle contre tous les crimes commis pendant dix-sept
ans. Le Chef tortionnaire a été blanchi, et on le présente comme le
père de la démocratie. C’est ce que l’on enseigne à l’Ecole aux
enfants : la démocratie au Bénin a été obtenue à la Conférence
nationale, grâce à la magnanimité de Mathieu Kérékou et la
clairvoyance de Mgr Isidore de Souza.
Mais, et le peuple dans tout ça ? Et les combats, les grèves des
étudiants, des élèves, les manifestations des paysans, les grèves des
salariés, les actions d’organisation, de mobilisation du Parti
Communiste du Dahomey (PCD), seul parti déclaré contre la dictature
de Kérékou-PRPB ? Non, cela ne compte pas pour ceux-là qui ne
cherchent qu’à jouir du pouvoir pour eux et pour le compte des
puissances étrangères.
Les puissances étrangères, notamment l’impérialisme français qui a
commandité la Conférence nationale pour sauver son système de
pillage au Bénin, avaient besoin de décourager à jamais une
insurrection populaire. Il faut falsifier l’histoire afin de nier les luttes
populaires, de nier les capacités du peuple à se défendre et à vaincre.
Il leur fallait nier que ce sont les combats populaires qui ont permis
les libertés. Et ceci dans le but de détruire moralement,
psychologiquement et pratiquement l’esprit spontané de révolte de
la jeunesse et ceci dès l’adolescence. Ainsi, la liberté d’association, a
été confisquée dès 1992 à la jeunesse scolaire avec le règlement
intérieur de Lamouret-Hountondji qui interdit toute réunion
autonome et libre des élèves dans les lycées et collèges. Les
mensonges, les calomnies contre les combattants, les falsifications
de l’histoire peuvent mieux prendre racine et formater la jeune
génération à la soumission, à la facilité et à l’inaction.
La falsification de l’histoire a tellement pris corps et Kérékou
tellement porté aux nues que Valentin Djènontin, un ancien ministre
de la Justice peut écrire : « Même au temps de la révolution, le Bénin
n’est jamais tombé aussi bas; jamais un chef d’Etat n’a ordonné des
tirs à bout portant sur des citoyens ». Non, c’est faux, au temps de la
pseudo-révolution, au temps de la dictature autocratique de
Kérékou-PRPB, le pays était tombé aussi bas. Quand le peuple
accusait en 1985 de détournement son ministre, Soulé Dankoro,
arrêté avec une valise d’argent de plus de 500 millions de francs cfa
à l’aéroport de Cotonou, Kérékou l’a nargué le peuple en demandant
publiquement : qui a perdu de l’argent ? C’est dire le degré de
corruption déjà atteint et qui a conduit à la banqueroute des banques
et entreprises d’Etat. Kérékou a ordonné de tirer à bout portant sur
des citoyens, et publiquement, et plusieurs fois : en 1975 contre les
manifestants à Cotonou et Abomey ; en 1979 et en 1985 lors de la
grève des étudiants et élèves. L’élève Atchaka Parfait a été ainsi tué
par balles à la sortie du CEG Gbégamey. Ne parlons pas des tortures,
des assassinats de détenus. Ne parlons pas des crimes de masse dans
la fameuse "lutte contre la sorcellerie et la féodalité". L’impunité des
crimes par la Conférence nationale a permis la perpétuation des
crimes de sang impunis (des affaires Coovi à celle de Dangnivo et
dame Sohoudji) et l’amplification des crimes économiques, qui sont
allés s’accélérant, passant comme l’a reconnu l’autre, du pillage par
la cuillère, à celui à la louche et aujourd’hui, c’est le pays tout entier
et ses ressources qui sont accaparés et mis sur la table à manger de
l’autocratie.
La négation des luttes passées et de leurs acteurs et dirigeants, pire,
la calomnie contre eux et la répression des jeunes combattants par
tous les pouvoirs depuis 1990, a laissé la jeunesse sans repère et sans
modèle. La soumission des hauts bourgeois à l’argent, a corrompu et
démoralisé la jeunesse. Le combat pour les libertés, le combat pour
la patrie, les sacrifices pour les libertés et la patrie ne servent à rien,
c’est cela que les pouvoirs de la haute bourgeoisie, exécutant les
plans des puissances impérialistes, ont enseigné en théorie et en
pratique à la jeunesse.
Le passé doit être connu, enseigné pour mieux éclairer les luttes du
présent et préparer un avenir meilleur. Les hauts bourgeois et leurs
maitres impérialistes ne veulent pas de cela. Lorsqu’on nie le passé
et les luttes du peuple, alors naturellement reviendront les
« compromissions et la facilité à livrer des combattants au front» de
même que les « hésitations à nous organiser et à nous mobiliser
contre l’installation d’un pouvoir autoritaire et prédateur de
l’économie, de l’unité nationale et de la paix sociale. »
C’est ce que recherchent l’impérialisme et la haute bourgeoisie
apatride. Les aspirations profondes des peuples sont méprisées et
combattues et continuent de l’être. Ecoutez tous les mouvements,
coalitions, montés par tous ceux-là qui avaient dirigé le pays. Le
programme, c’est restaurer la démocratie. Oui, mais quelle
démocratie ? Celle de la démocratie d’enclos français, restreinte à ce
qui est compatible avec la domination française où nos langues sont
ignorées et plus de la moitié de la population est exclue de l’éligibilité
en tant que conseiller et maire ? Celle où l’on n’a pas la souveraineté
linguistique, économique et monétaire ? Une démocratie et une
Constitution sans droits économiques reconnus aux travailleurs et au
peuple ? Où le peuple n’a aucun droit de contrôle sur la gestion, et
où un ancien ministre des finances accusé de malversations peut dire
en défi « qui a perdu de l’argent ? ».
Le peuple et la jeunesse vivent des moments difficiles, d’autant plus
difficiles qu’on leur a arraché les parcelles de libertés conquises de
haute lutte. Ils vivent la précarité accrue, la faim aggravée, des
drames conduisant à des suicides individuels. Mais les armées de la
jeunesse et du peuple vaincues sont à bonne école. Elles se
relèveront inévitablement pour renverser la nouvelle autocratie.
Et dans le combat, tirant les leçons du passé, elles s’organiseront en
sorte que la fatalité soit enfin véritablement vaincue et une autre
gouvernance instaurée : véritablement démocratique, patriotique et
de probité.
Rémy
Affaire Carlos Adohouannon : La fausse rigueur de la
gouvernance Talon mise à nue.
L’ex régisseur de la Direction Générale des Impôts, le sieur Carlos
Adohouannon recherché par la justice béninoise pour son implication
dans la disparition de 4 milliards de francs cfa à la Direction des
Impôts a été arrêté le vendredi 11 septembre 2020 au Sénégal à
l’Aéroport de Dakar. Après sa présentation à la Cour d’Appel de
Dakar le 14 septembre 2020, il est extradé à Cotonou et la CRIET est
en charge du dossier. Depuis ce moment, on assiste à un
rebondissement de cette affaire qui alimente la une de l’actualité
nationale, les réseaux sociaux et certains journaux de la place. Le
montant des fonds disparus varie considérablement. Les
informations actuelles provenant des cadres de l’administration des
impôts cités dans ce scandale par Carlos ADOHOUANNON et
interrogés indiquent que les fonds disparus dépassent 4 milliards. On
parle parle de 13 milliards disparus, même de 40 milliards disparus
des caveaux et coffre-fort à la Direction Générale des Impôts.
Comment des sommes de tels montants peuvent-elles être détenues
en liquidité dans les caveaux à la Direction générale des Impôts ?
Comment de telles sommes peuvent être soustraites sans complicité
avec les hauts dirigeants ? Voilà les questions que se pose tout le
monde.
Dans les normes de l’orthodoxie financière, il est connu que les
agents et les autres cadres gestionnaires de l’administration ne
doivent pas détenir en caisse des liquidités dépassant un montant
LA FLAMME N°370 09 octobre 2020
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Page 4
donné. L’Inspection Générale des Finances, tous les ans, réalise des
missions dans les services de gestion des fonds publics. Si ces
missions s’effectuent, la présence de ces milliards en liquidité à la
Direction Générale des Impôts a-t-elle échappé au contrôle de
l’Inspection Générale des Finances(IGF)? Les rapports de mission de
l’IGF sont déposés au cabinet du ministre chargé des Finances. Le
ministre Romuald Wadagni n’est-il pas au courant de la présence des
milliards en liquidité dans les caves de la Direction générale des
Impôts ?
Dans tous les cas, la disparition de ces fonds constitue en soi un acte
de grande envergure de manifestation de mauvaise gestion du
pouvoir de la rupture. C’est une preuve palpable de mal gouvernance
financière qui touche la gestion du Ministère de l’Economie et des
Finances et donc toutes les instances étatiques (les institutions, les
ministères etc). La Direction Générale des Impôts, elle qui traque sur
indication politique les opérateurs économiques, procède à des
redressements fiscaux, pourchasse les petits artisans pour non
payement d’impôts se trouve au cœur d’un scandale de plusieurs
milliards.
Or, dès l’installation du pouvoir de la rupture pour camoufler la
mauvaise gestion des entreprises et administrations publiques et la
disparition des milliards des contribuables béninois, des individus
étaient mobilisés et financés pour chanter partout qu’avec Patrice
Talon c’est l’art de la rigueur dans la gestion des fonds publics. La
rigueur de Patrice Talon est devenue l’art de piller et de faire
disparaitre les fonds publics dans les caisses de l’Etat. Personne ne
sait comment les fonds publics sont gérés et dépensés. Pour couvrir
constitutionnellement les pratiques de l’opacité, une Assemblée
Nationale monocolore a été installée et a adopté une constitution à
cet effet. Les principes élémentaires en ce qui concerne les
engagements au nom du peuple pour des financements extérieurs
sont piétinés. L’Assemblée Nationale est dépouillée de ses
prérogatives de ratifier les accords et conventions de financement.
Le pouvoir de Talon en est arrivé à la théorisation et à la légalisation
des actes de l’opacité à travers sa nouvelle constitution. L’article 145
alinéa2 de cette constitution en dit long et dispose : « Les
conventions de financement soumises à ratification sont ratifiées par
le Président de la République qui en rend compte à l’Assemblée
Nationale dans un délai de quatre-vingt-dix jours ». Depuis novembre
2019 que la constitution de dictature autocratique est en œuvre, quel
compte rendu a été officiellement fait à l’Assemblée des députés
nommés ?
Avec le pouvoir de la rupture, on découvre que les milliards des
contribuables béninois s’évaporent dans les caisses publiques au plus
haut niveau. Les fonds publics ont toujours enrichi des individus au
niveau de la classe dirigeante. Ces problèmes de pillage de biens
publics ne datent pas d’aujourd’hui. Leur source remonte à
l’installation de l’Etat néocolonial. Ces pratiques de pillage
s’amplifient de pouvoir en pouvoir. Avec le pouvoir de Talon, le
pillage est légalisé dans la constitution autocratique.
Dans cette affaire de Carlos Adohouannon, les complices
nommément cités sont le Directeur de la Gestion des Ressources
(DGR) et le Directeur des Grandes Entreprises. On parle également
d’une vingtaine de hauts cadres des Impôts et du Ministère de
l’Economie et des Finances. La détention en liquidité de milliards de
francs, en violation flagrante des normes, est donc bien connue des
autorités des Impôts, du Directeur Général. Sauf faute et
dissimulation graves de la part de ces dernières, cette détention est
également connue des autorités du cabinet du ministre des Finances
et de ce dernier lui aussi. Tout ce beau monde chargé de la gestion et
du contrôle de la gestion publique se complait dans cette illégalité
qui les arrange.
Le Renouveau Démocratique dans son déploiement est allé contre
les valeurs qui parlent du contrôle populaire de la gestion des biens
publics. Tous les instruments crées sous le Renouveau démocratique
chargés de lutter contre la corruption sont restés au sommet. Leur
échec est patant et les scandales sont allés s’amplifiant. Ceux de
PPea2, Maria-gléta, machines agricoles sont couverts par Patrice
Talon et les auteurs impunis.
Mais si les agents subalternes et cadres moyens des impôts, les
préposés, les agents d’assiette, les contrôleurs et les inspecteurs,
ceux-là qui tiennent les caisses et qui savent que l’on ne doit pas
détenir au-delà d’un certain montant en caisse, si ceux-là avaient le
droit au contrôle de la gestion du bien public, l’alerte aurait été
aussitôt donnée. Tout le monde aurait su que des milliards sont
détenus illégalement et des dispositions nécessaires prises pour
empêcher que les milliards soient pillés pour assouvir les appentis
personnels. Et les pilleurs y regarderaient par deux fois avant d’agir.
Abla Adan
A PROPOS DES 30 HEURES ET DE LA BIVALENCE:
NON A L’ESCLAVAGE DES ENSEIGNANTS !
e 30 Septembre 2020, soit deux jours après la rentrée, le
Ministre des Enseignements Secondaire, Technique et de la
Formation Professionnelle, Mahougnon KAKPO, a fait une
sortie médiatique à travers laquelle il confirme la décision d’attribuer
30 heures de cours hebdomadaires aux enseignants Aspirants ou
Pré-Insérés, avec la possibilité qu’ils fassent la bivalence ; c’est-à-dire
enseigner deux différentes matières au secondaire. Tout ceci après
la rentrée, ce qui dénote une incompétence notoire dans la gestion
de l’Ecole.
Trente heures de cours correspondent au bas mot à 60 heures de
travail (préparation, dispense de cours, correction des devoirs) pour
l’enseignant. Un véritable esclavage pour les enseignants dans une
Ecole demeurée coloniale et une machine à former des chômeurs en
masse.
Cette position du Ministre depuis lors, a suscitée des protestations
de toutes parts. Des réactions fusent de partout. Beaucoup d’acteurs
du système éducatif, à savoir les parents d’élèves, les enseignants,
des Conseillers pédagogiques, les syndicats et leurs centrales
syndicales, etc. lèvent la voix et condamnent cette décision ignoble
et déshumanisante. Comment peut-on chercher à exploiter les
enseignants et sacrifier l’avenir des apprenants jusqu’à ce point.
C’est inadmissible!
Mieux, les enseignants dans plusieurs collèges publics du Bénin,
démotivés, et plongés dans une psychose sans précédent,
s’organisent et engagent des luttes. Sur toute l’étendue du territoire
national, les enseignants aspirants protestent. A l’unanimité dans de
nombreux établissements scolaires, les enseignants Agents
Permanents de l’Etat, les Contractuels d’Etat se joignent aux
aspirants et boycottent les cours. Des sit-in sont également organisés
par endroit (Sit-in à la Direction Départementale de l’Enseignement
Secondaire du Zou par exemple).
Mêmes les centrales maisons de Talon sont obligées de réagir. Talon
se dépêche de les recevoir le jeudi 08 octobre 2020 afin de tenter de
calmer la fureur qui monte. A cette rencontre, au lieu de trancher et
de revenir immédiatement et sans autre forme de procès sur cette
décision esclavagiste pour les enseignants et destructrice de
l’instruction des élèves, Talon renvoie à des négociations avec ses
ministres pour trouver des solutions.
L
LA FLAMME N°370 09 octobre 2020
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Page 5
Quelle solution autre que la suppression pure et simple de cette
décision de même que la fin de la précarité de l’emploi dans
l’enseignement. Les enseignants ont raison!
Assez les sacrifices inutiles ! Non à l’esclavage des enseignants!
Courage, détermination et vigilance ! Seul le combat paie.
Simplice SODJO

 

À l'honneur de nos Héros

l y a 2 ans, le 27 octobre 2018, s'est tenu un symposium sur <<les
mouvements de résistance à la pénétration coloniale de 1890 à
1920 au Dahomey>>. C’était un événement d'une grande
importance. Car c'est la première fois que tous les représentants des
peuples résistants à la colonisation française au Dahomey, Bénin ont
commémoré ensemble leur histoire commune. Nous vous livrons ici
la déclaration faite à l'issue de cette rencontre. Déjà la résolution
prise dans cette déclaration a connu une application avec la
proposition de la reconnaissance de SAKA YERIMA comme héros
national.
La rédaction

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

I
LA FLAMME N°370 09 octobre 2020
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Page 6

COVID-19 : Les artistes délaissés
l y a à peu près 8 mois, le gouvernement a décidé de la fermeture
des bars et discothèques dans notre pays. Cette décision fait
partie des mesures prises pour limiter la propagation de la Covid19. Le gouvernement a ensuite donné des subventions aux secteurs
<<les plus touchés>> par cette mesure. Quelques artisans en ont
reçu, mais la grosse partie a été attribuée aux grands entrepreneurs
y compris les promoteurs d’hôtels et autres. La surprise est de
constater que l’un des secteurs les plus touchés par cette mesure
qu’est le secteur culturel n’est pas pris en compte. Trois mois plus
tard, les mesures ont été amoindries, les bars sont permis
d’ouverture mais en respectant les gestes barrières. Quant aux
discothèques, ils restent fermés. Ce qui contraint les acteurs culturels
(les promoteurs de discothèques, artistes, managers d'artiste) au
chômage.
Ainsi, depuis Mars 2020 jusqu'aujourd'hui, aucune mesure n’a été
prise par le gouvernement soit pour la reprise progressive des
activités culturelles, soit pour une subvention pour aider ces acteurs
culturels de notre pays. La galère s’est ainsi installée. Certains artistes
ont été même chassés de leur maison car ne pouvant honorer le
loyer. Les jours et les mois passaient mais ce gouvernement ne s’en
soucie guère. C'est ainsi que l'Association des Managers Culturels
actifs du Bénin (AMACAB) a organisé une séance d'échange pour
examiner la situation et définir les démarches à mener dans le cadre
de la reprise des activités culturelles.
Après la séance de l’AMACAB, les artistes ont décidé de donner de la
voix. Ainsi, depuis quelques jours on constate que des artistes crient
leur ras-le-bol sur les réseaux sociaux, c'est le cas de certains artistes
comme Vano baby qui a fait une vidéo sur Facebook où il fustige la
gestion de la covid-19 par le gouvernement. Il demande au Président
Patrice TALON de leur dire s’ils doivent « désormais manger des
cailloux », si leurs « enfants n’ont pas droit de commencer les cours
comme tous les autres ». Pour finir il « implore la clémence du
Président au cas où il aurait dit ce qu’il ne fallait pas » car « selon les
règles dans le pays actuellement, la police républicaine peut
débarquer à cause de sa vidéo de cris de cœur ». Apres Vano Baby,
c’est le tour de Mister Blaaz qui fait une publication sur sa page
Facebook et qu’il intitule « ON NE VA PAS S’EN PLAINDRE ». Ces
hommes et femmes qui mettent la joie dans le cœur des Béninois et
qui font la promotion de la culture béninoise à l'international sont
ainsi ignorés et abandonnés à eux-mêmes. Il faut souligner que
même avant Covid-19, les artistes avaient un combat en cours, ceci
pour une prise en charge des artistes béninois. Vivement que l’Etat
béninois prenne enfin ses responsabilités pour la valorisation de ce
secteur et ses acteurs.
Christine
Parti Communiste du Bénin
ODB-PCB ATHIEME
Bravo les populations d’Atchannou (Commune
d’Athiémé)

ar une insurrection locale persévérante du mercredi 29
septembre au samedi 02 octobre 2020, vous avez réussi à
vaincre la calamité que constitue la transhumance et les bœufs
dévastateurs enfin renvoyés de vos champs.
Depuis longtemps les populations de la commune d’Athiémé en
général et celles de l’arrondissement d’Atchannou en particulier
subissent une calamité bien connue : la transhumance qui dévaste
systématiquement les champs et les greniers, suite au passage des
bœufs.
Les populations se sont une fois de plus engagées dans le combat
mais cette fois ci de façon insurrectionnelle.
Qu’est- ce qui s’est passé au juste ? Quelle est la réaction des
autorités politico administratives et à quoi doit-on s’attendre ?
1) Les faits
Les champs systématiquement dévastés par les bœufs nuit et jour,
les paysans pourchassés par les bouviers pour avoir dit non au
malheur, les femmes surprises dans les champs qui sont menacées
de viol, les greniers saccagés : tels sont les actes cyniques que les
paysans subissent.
En conséquence, la famine s’est installée actuellement à cause des
effets pervers de l’inondation aggravée par la transhumance qui ne
laisse pousser aucune plante dans les champs.
En réaction à tout cela, les populations ont décidé de façon
autonome d’aller à l’affrontement avec les bouviers et leur patron
FALOUKOU résidant à Bohicon et qui télécommande la calamité qui
affecte les paysans. Ainsi :
Le mercredi 30 septembre, des actions d’ultimatum ont été lancées
à l’endroit des bouviers à travers le slogan : FALOUKOU et ses bœufs
dehors.
Le jeudi 01 octobre 2020 dans la soirée, un gigantesque mouvement
protestataire de femmes, d’hommes de tous les âges a commencé à
partir du village d’Allokoui. Les populations venues de toutes parts :
Akonana, Hounkpon, Allokoui, Houéglé, Séva, et Agbodranfo se sont
réunies en un gigantesque mouvement de protestation consistant à
dénoncer les auteurs que sont FALOUKOU et ses bouviers ainsi que
l’attitude timide des autorités : Bidons vides, gongs, tam-tam,
castagnettes avaient transformé la nuit en un vacarme.
L’action a fait descendre la police venue en catastrophe avec près
d’une vingtaine de policiers. C’est alors que le mouvement
protestataire s’est ravivé.
Quelques instants après, la police fut obligée de se retirer. La
manifestation s’est poursuivie jusqu’au matin.
Sans désemparée, elle a engagé une nouvelle forme : les femmes, au
nombre d’une cinquantaine, habillées en accoutrement coutumier
qui consiste à se couvrir de la tête aux pieds avec des feuilles sèches
de bananiers comme l’on le fait de tradition pour repousser un
malheur ou un mauvais esprit qui affecte le village, ont engagé une
marche de protestation sur l’arrondissement situé à peu près à douze
kilomètres. Elles y sont parvenues tout de même, après des heures
de marche, ovationnées sur tout leur parcours par les passants et
d’autres populations qui ont agrandi leur nombre.
Parvenus à l’arrondissement où le chef était absent, les manifestants
ont poursuivi l’animation longtemps avant de laisser leur message
qu’on peut résumer en ceci :
‘’ Nous ne voulons plus un seul bœuf dans nos champs, maintenant,
c’est la vie ou la mort, la lutte se poursuivra aussi longtemps que vous
laisserez les bœufs dévaster nos champs’’.
Retournées au point de départ dans le village d’Allokoui, tenaces,
endurantes et déterminées dans leur combat, elles ont repris
l’animation avec le grand groupe qui les attendait.
Une fois encore, la police revint. C’est pour annoncer que dans les
vingt-quatre heures, les bouviers et leurs bœufs vont déguerpir. Les
braves combattants prennent acte et disent : « ce n’est qu’une
suspension de vingt-quatre heures pour voir l’effet de la promesse. »
Et enfin, la population a commencé à se disperser.
Cependant, des groupes de vigilance et de contre riposte étaient
constitués ici et là dans les villages.
Le soir déjà, le déguerpissement des bouviers et leurs bœufs a
commencé, s’est poursuivi toute la nuit jusqu’au dégagement
complet des bœufs dévastateurs.
I
P
LA FLAMME N°370 09 octobre 2020
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Page 7
2) Les appréciations
- L’ODB-PCB Athiémé dit bravo à la population insurgée qui a
conduit son action jusqu’à faire capituler l’ennemi.
- Dans tous les cas, face à son destin, le peuple demeure son seul
maitre le plus fort contre tout ennemi.
- C’est une belle leçon pour toute la paysannerie du Bénin, pour
tout le peuple béninois dans le combat actuel pour se défaire
de la nouvelle autocratie sous Talon.
Fait à Athiémé, le 04 octobre 2020
L’ODB-PCB Athiémé
Le calvaire des riverains de la voie Missérété-SakétéPobè
e réaménagement et le bitumage de la voie Porto-NovoMissérété - Pobè qui a été lancé depuis à peu près quatre (04)
ans, n’est jusque-là réalisé que jusqu’au carrefour Missérété.
OFMAS a détruit les anciens bitumes et le chantier est comme
abandonné. Les voies de contournement ne sont pas praticables
surtout en saison des pluies et en saison sèche, c’est la poussière
qu’on respire. Le parti PRD de Me Adrien HOUNGBEDJI, un des
patrons de cette société, a même organisé une marche pour
« remercier le président TALON pour les programmes exécutés afin
de réhabiliter Porto-Novo et environ ». Cet axe Porto-Novo-PobèObèlè-Frontière du Nigeria, long de 79 Km qui représente une partie
des travaux qui s’étendent sur près de 122 km, lancé en juillet 2017
et qui devraient durer 30 mois (Juillet 2017 à Décembre 2019) après
lancement n’est exécuté qu’en partie et c’est la population qui en
souffre.
Dossou
LA FRANCE, LA DERNIERE ET LA PLUS MEURTRIERE
PUISSANCE COLONIALE DE LA PLANETE
ous commençons ici une Rubrique sur la France Coloniale
intitulée « La France la dernière et la plus meurtrière
puissance coloniale de la planète ». L’article ci-dessous « A
propos du référendum de l’indépendance de la Nouvelle Calédonie »
inaugure la série.
Hors des discours officiels sur la démocratie, la souveraineté des
peuples, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes que récitent
les représentants de la France dans les institutions internationales, la
France demeure à nos jours, la dernière puissance coloniale du
monde. Et personne n’en parle. La France vient s’asseoir avec toutes
les grandes puissances dans les Conseils mondiaux de l’ONU (Conseil
de Décolonisation) à Genève et partout ailleurs et pourtant.
En effet, on n’a jamais vu au monde une telle fausseté, une telle
hypocrisie qui passe partout comme vérité. La France officielle se
présente toujours, dans tous les discours officiels dans les grandes
tribunes internationales comme la « Patrie de la Démocratie et des
Libertés », la « Patrie des Droits de l’Homme » et des grands principes
de lumière qui éclairent l’humanité. La France affiche fièrement au
fronton de ses grandes fondations, la « Déclaration des Droits de
l’Homme et du Citoyen de 1789 », « La déclaration universelle des
Droits de l’homme » ! Et tutti quanti ! Si aux dires de Aimé Césaire »
l’Occident est comptable des plus grands crimes de l’humanité » avec
autant de cruautés, autant d’inhumanité, autant de charniers, la
France y a pris une bonne part. Depuis Colbert, en passant par
Napoléon 1er sans oublier les théoriciens du racisme tel les Victor
Hugo, Voltaire etc. Nous avons en France deux situations
contradictoires. D’une part, un fossé aussi grand entre les
proclamations officielles et les pratiques immondes qui jalonnent
l’histoire des dirigeants de ce pays. Mais d’autre part, une césure
aussi énorme entre les politiques aussi immondes des classes
dirigeantes et un peuple aussi généreux (ayant apporté autant à
l’humanité en matière de lutte et de leçons) que le peuple français.
Mais les choses bougent. Le dernier film documentaire intitulé
« Décolonisations : du sang et des larmes » et diffusé sur la chaine
publique France 2 le mardi 06 octobre 2020 en est un indicateur.
La France est de toutes les puissances mondiales, celle qui
officiellement possède des colonies. Pour montrer l’hypocrisie dans
laquelle nage le « Pays de la Liberté ! De l’Egalité et des Droits de
l’Homme », nous avons essayé d’établir une comparaison avec sa
grande Rivale en Afrique, le Royaume-Uni qui a libéré toutes ses
colonies y compris les confettis coloniaux éparpillés à travers la
planète et les océans, comme l’Etat de Vanuatu (avec seulement
Tuvalu : 26 km2 et 11.000 habitants). Cela fera l’objet d’un article
ultérieurement.
En tant que victime de cette politique qui n’a pas varié dans le temps,
nous parlerons un peu à nos lecteurs de La France demeurée
coloniale en dépit des bouleversements mondiaux.»
Par ses colonies, la France est présente aux quatre coins de la
planète. Avec une superficie aussi moyenne pour ne pas dire aussi
petite, elle est pourtant par ses possessions coloniales, la deuxième
Puissance Maritime du Monde avec 11 millions de km2 de ZEE. Elle
possède les Départements d’Outre-Mer DOM : Au nombre de
quatre : ce sont La Guyane(Cayenne), la Martinique (Fort de France)
la Guadeloupe (Pointe à Pitre) et l’Ile de la Réunion (St Denis)
Mayotte (Mamoudzou). Elle possède des Territoires d’Outre-Mer
que sont :
- Nouvelle Calédonie (Numéa)
- Polynésie française (Papeete)
- Wallis et Futuna (Mata-Utu)
- Les terres australes et antarctiques)
Des territoires à statut Intermédiaire ; St pierre et Miquelon
(Canada)
Comme vous le voyez la Nouvelle Calédonie en est une.
La Rédaction.
IA propos du referendum sur l’indépendance de la Nouvelle
Calédonie.
Le dimanche dernier 04 Octobre 2020 s’est déroulé en NouvelleCalédonie, un référendum sur l’indépendance de ce territoire. Les
résultats officiellement proclamés font état de 53, 26% de Non à
l’indépendance contre 46,74% de Oui. Mais ce référendum du 04
Octobre 2020 est le deuxième du genre organisé sur le même objet.
Il vient après celui organisé le 04 novembre 2018 qui a donné les
résultats que sont : 56, 40% de Non et de 43,60% de Oui. Et cela selon
les dispositions de la loi organique du 19 Mars 1999 relative à la
Nouvelle Calédonie qui prévoit jusqu’à trois votes en cas de « Non »
au referendum d’auto-détermination. Comme le notent les
observateurs, ce vote référendaire a révélé une progression des
partisans du Oui à l’indépendance par rapport au précédent.
Mais à y regarder de près en suivant l’histoire et le comportement
colonialiste d’un autre âge de la France, le peuple de la Nouvelle
Calédonie est soumis à des tortures ponctués par des actes
d’assassinat de patriotes depuis des décennies.
La Nouvelle Calédonie est aujourd’hui du point de vue statutaire un
Territoire d’Outre-Mer. Sa capitale est Numéa.
C’est un territoire formé d’un groupe d’îles de 18.575,5 km2 pour une
population de 271.407 habitants, éloignée de la France de 16.740 km
L
N
LA FLAMME N°370 09 octobre 2020
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Page 8
et située en Mer de Corail dans l’Océan pacifique Sud. Elle est proche
en son extrémité sud, de l’Australie à 1407 km et à 1477 km de la
Nouvelle Zélande. Disposant d’une Zone Economique Exclusive (ZEE)
étendue jusqu’à 350 mille marin au lieu de 200 normalement
reconnue par la Convention sur la Mer, la Nouvelle Calédonie en plus
de son importance stratégique maritime, possède d’énormes
ressources minières dont notamment le nickel, le magnésium, le fer,
le cobalt, le chrome, le manganèse. Avec un PIB de 778,537 milliards
de Francs CPP soit 6,524 milliards d’euros (Source fr.m.wikipedia.org
« Economie de la Nouvelle Calédonie ») soit un PIB proche de celui
du Togo et même du Bénin, la Nouvelle Calédonie revêt un enjeu
stratégique pour la France coloniale. Alors elle est prête à tout :
manipulation, menaces, fraudes, assassinat de patriotes etc. pour la
conserver comme colonie.
Ainsi le leader patriote, dirigeant historique du Parti Indépendantiste
Kanak (Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste (FLNKS) Jean
Marie TJIBAOU a été assassiné à Ouvéa le 04 Mai 1989. la France a
assassiné des dirigeants nationalistes africains tels Barthélémy
Boganda, Sylvanus Olympio, Thomas, Sankara, Félix Moumié, Ernest
Ouandié etc. pour asseoir ses « Enclos français » en Afrique. La France
a perpétré le massacre des indépendantistes kanak de la Grotte
d’Ouvéa.
Après les graves mouvements occasionnés par le soulèvement des
nationalistes kanak des années 80, on a abouti aux Accords signés en
1988 et approuvés par un référendum national le 6 novembre 1988,
accords qui prévoient un référendum lors de l’année 1998. Ensuite,
on a eu l’accord de Nouméa, signé en 1998, qui prévoit que le
référendum ait lieu entre 2014 et 2018, et puisse être suivi de deux
autres. Cet accord est inscrit dans les articles 76 et 77 de la
Constitution. L'État français devait organiser le scrutin au plus tard
en novembre 2018. Après un vote du Congrès le 19 mars 2018, la
date pour le référendum est fixée au 4 novembre 2018. En cas de
rejet de l’indépendance, un second, puis un éventuel troisième
référendum pourront être organisés selon des conditions précises. Si
à l’issue de ces votes, on a toujours le rejet de l’indépendance, un
nouvel accord pourra être négocié. Tel est le processus.
Avec une population totale de 271.407 habitants, nous avons en
Nouvelle Calédonie, deux principales communautés qui se font face.
La première, ce sont les autochtones, le peuple autochtone, appelé
Kanak d’origine mélanésienne constituant environ 39% de la
population. Cette communauté kanake constitue le noyau des
Indépendantistes. En face, nous avons la communauté d’origine
européenne, appelée « Caldoches »,constituée par la colonisation de
peuplement, les bannis communards (de la Commune de Paris) et
envoyés dans cette île lointaine pour 27,2% environ, constituée
d’éléments opposés à l’indépendance du territoire ; au centre un
groupe intermédiaire appelé Métis(8,6%) et les 8,7% se définissant
simplement « Calédoniens » tout cela en général se range du côté
de la communauté européenne dans le refus de l’indépendance de la
Nouvelle Calédonie ; puis enfin une petite communauté d’origine
asiatique liée à la main-d’œuvre importée.
La politique coloniale française a consisté essentiellement à
s’appuyer fortement sur la communauté européenne et métisse et à
geler l’électorat réservé exclusivement à ceux se trouvent sur le
territoire avant 1994. Ainsi Tous les scrutins ces 20 dernières années
donnent les listes non-indépendantistes majoritaires avec près de
60 % des voix et les listes indépendantistes avec 40 % des voix. Tout
simplement parce que sur les 169 000 électeurs, on a
92 000 électeurs non kanak et 77 000 électeurs kanak. Le rapport de
force est défavorable à ceux qui portent la revendication de
l'indépendance. »
Cliquer ici pour télécharger l'intégralité de La FLAMME N°370