EDITORIAL:
Patriotisme et Démocratie en post-colonie française d’Afrique qu’en est-il?
C’est la question essentielle à laquelle on donne des axes de réflexion dans ce numéro.
Il est très facile pour l’intellectuel des ex-colonies de la France de disserter sur la démocratie vue sous l’angle des libertés politiques telles que vécues (ou lues) en France ou dans les pays capitalistes développés sans ancrage sur les réalités nationales, sans souci de savoir si un minimum s’observe dans son propre pays. Ainsi, vous dira-t-on de ne pas tenter une telle comparaison parce que les autres auraient connu des siècles d’exercice de souveraineté internationale. Mais alors, cela devrait-il autoriser que ce que eux ont rejeté des siècles durant, soit imposé aux autres aujourd’hui où tout le monde a à la bouche l’exigence de la souveraineté des peuples, de la jouissance des droits humains, de justice équitable, d’égalité entre l’homme et la femme, de rejet de l’impunité, de la corruption, de la domination sous toutes les formes, etc ? C’est comme demander que chacun réinvente la roue.
La question essentielle est celle de savoir quel type de démocratie nous avons dans les postcolonies françaises d’Afrique comme le Bénin. Avons-nous la même démocratie au Bénin que celle existante en France où le moindre des droits du citoyen français est de parler sa langue dans l’administration et être jugé dans la langue qu’il comprend ? Sans poser et résoudre ces genres de questions peut-on on parler de démocratie au Bénin ?
Autant de questions qui sont abordées dans le présent numéro de la Flamme.
La Rédaction
PATRIOTISME ET DEMOCRATIE COLONIALE EN PAYS FRANCOPHONE.
I- Position de la question.
La stratégie, c’est la disposition des forces en vue d’atteindre un objectif : que ce soit politique, économique militaire et tout simplement professionnel.
Nous avons convenu que l’impérialisme français, sous pression des luttes des peuples à la fin des années 60, a changé de stratégie, c’est-à-dire a changé de disposition de ses forces par les octrois des indépendances formelles aux colonies. Cela est une analyse juste sur laquelle nous ne saurions revenir.
L’impérialisme français a changé de stratégie et a changé le statut à ses colonies devenues « néo-colonies ». Au lieu de gouverneurs coloniaux blancs, on préfère pour moins de voyance, installer des gouverneurs noirs (natifs des terroirs coloniaux), étroitement surveillés par la puissance coloniale et poursuivant exactement les besognes du colonisateur.
Au vu de cette analyse, le mouvement révolutionnaire anti-impérialiste africain francophone a dès 1960, défini comme objectif stratégique des luttes des peuples, la réalisation de la RNDP ou RNDPA (Révolution Nationale Démocratique Populaire Anti-Impérialiste). Il a défini la contradiction principale comme celle opposant l’impérialisme international, français en particulier et ses suppôts aux peuples de nos pays. Et dans les dispositions stratégiques des forces de classes pour réaliser cette révolution, il a défini que face à l’impérialisme français, cible principale de nos luttes, il faut une alliance des classes, composée de la classe ouvrière, de la paysannerie (en tant que couche), de la petite bourgeoisie et la bourgeoisie nationale. Nous pouvons aujourd’hui dire que la paysannerie se décompose tous les jours en classes contradictoires que sont : la classe ouvrière, la petite bourgeoisie et la bourgeoisie nationale et qu’en tant qu’expression politique, elle exprime les vues de la bourgeoisie nationale patriotique, telle que l’on observe avec le programme politique des Intellectuels traditionnels organisés dans l’INIREF.
II- Le contenu réel de la définition de la stratégie et de l’objectif stratégique.
Nous disons et affirmons que le Bénin, comme tous les pays africains issus de la colonisation française sont des « Enclos coloniaux », des « Bantoustans coloniaux » de la France. Le terme de « néo-colonie » semble faible au regard de cette réalité. Car comment distinguer la néo-colonie française qu’est le Bénin de la néo-colonie qu’est le Ghana ? Ou faut-il appeler le Ghana pays « dépendant » ? De toutes les façons en feuilletant l’histoire universelle, on n’a jamais vu dans cette Histoire, le maintien d’une colonie sous des apparences trompeuses comme on l’a vu avec des ex-colonies françaises d’Afrique. Nous disons bien que l’impérialisme français a eu le génie malfaisant de poursuivre le maintien de son empire colonial sous une nouvelle forme et une forme à peine modifiée depuis 1960. Pour l’approfondissement du débat, la lecture des ouvrages tels : Lénine « Impérialisme stade suprême du colonialisme » et Nkrumah « Néocolonialisme, stade suprême de l’impérialisme » est nécessaire.
A- Le Bénin est un « Enclos colonial français ».
Le Bénin demeure une colonie française badigeonnée sous appellation trompeuse de pays indépendant simplement doté d’un drapeau, un hymne et un siège à l’ONU.
Le Bénin ne dispose en fait d’aucun des attributs de souveraineté d’un Etat : la monnaie, la défense, la langue, la diplomatie, les leviers économiques stratégiques.
1°-Ainsi la monnaie, est maintenue aux mains de la France avec son appellation coloniale Franc des Colonies Françaises d’Afrique ;
2°-Pour la défense et la sécurité : Les troupes françaises, sous des accords coloniaux de défense, stationnent dans les colonies et surveillent étroitement, prêtes à intervenir aux moindres secousses populaires ; les écoles de formation militaires sont aux mains d’officiers français (ou formés dans les écoles militaires françaises, sans oublier l’armement de nos armées. La police et les services de renseignements sont aux mains des Officiers de renseignement français etc. Toutes les administrations centrales stratégiques militaires sont étroitement sous surveillance des représentants physiques du Gouvernement Français (Etat-major général de l’Armée, Services centraux de renseignements)
3°-la langue française est proclamée langue officielle dans les Constitutions des Colonies dès 1960 alors qu’une telle disposition à cette date n’existait pas dans la Constitution française de 1958 et n’y a été insérée qu’en 1992 ;
4°-la diplomatie des nouveaux Etats se trouvait conservée aux mains de la France dans les instances internationales ;
5°- les richesses minières stratégiques du sous-sol sont déclarées propriétés éminente de la France ; les entreprises et les produits français ont droit de priorité et de monopole dans les Colonies proclamées indépendantes. Tous les secteurs stratégiques sont aux mains de la France ou de pays alliés à la France : Bolloré, Bouighes, Satom, Lafarge, Castels,etc. plastronnent avec des prestations à des coûts exorbitants ; le Port, l’aéroport, les stations de recherche agronomiques (CIRAD et l’IRD), les industries cimentières, les brasseries, même des chaines de télévisions telles CANAL+ amassent tous les jours les sous et conditionnent par propagande directe toute la couche intellectuelle du Bénin. Toutes les Régies financières sont étroitement sous surveillance de représentants physiques des Français blancs (Impôts Douane, Trésor etc.)
Tout cela a été l’objet d’un Traité secret, imposé aux Etats et aujourd’hui connu, sous le nom de Pacte colonial. ».
L’école par exemple au secondaire, est étroitement quadrillée par des organismes publics (organes de la francophonie) ou privés français (ONG : Aide-Action ; Plan Bénin etc.) qui formatent notre jeunesse à la sauce coloniale française.
Non, nous n’avons pas un Etat indépendant, nous avons un « Enclos français » une « Prison française ». Oui, la comparaison soutenable est celle d’une Prison et le peuple béninois un Peuple prisonnier à domicile. Il suffit de savoir cela pour comprendre que les Gouvernements de nos pays francophones sont des Appareils d’Administration de Prison, le Chef de l’Etat étant le Régisseur de Prison, assisté des « Gardiens-Chefs » que sont les ministres, le tout descendant au plan local par les « Chefs-Bâtiments » etc.
B- La Démocratie dans nos pays est une Démocratie de prisonnier.
Lors que les Impérialistes français parlent de « démocratie » dans un pays comme le Bénin et à leur suite, les fretins idéologues béninois, politologues ou « politiques- constitutionnalistes » à leur solde, ils ne parlent que de la démocratie compatible avec les intérêts de domination française au Bénin et de conservation du Bénin comme « Enclos français ». Quand RFI, France 24 et autres TV5, parlent bien d’un régime démocratique en Afrique, il faut toujours entendre « Régime sauvegardant les intérêts coloniaux de la France ». D’ailleurs certains parmi les plus lucides des Dirigeants français, n’hésitent pas à dire que « l’Afrique n’est pas mure pour la démocratie » (Jacques Chirac). Ecoutez-les s’exprimer au Bénin, ces éléments de la FrançAfrique, avec l’assurance et la suffisance qui n’ont d’égal que les diplômes et soutiens français dont ils bénéficient et qu’ils cachent difficilement. Ils parlent de libertés démocratiques, de droits de l’homme et tutti quanti, tous en occultant que l’un des premiers droits de l’homme-citoyen, c’est de s’exprimer dans l’administration de son pays en sa langue (mairie, administration centrale), c’est de s’instruire dans sa langue maternelle, c’est d’être jugé au tribunal dans la langue qu’il comprend et dans les termes qu’il comprend. La première raison de l’institution par le Roi François 1er de France de la langue française comme langue du peuple français en 1539 par la prise de l’Ordonnance de Villiers-Cotterêts, c’est de devoir juger le citoyen français en langue populaire « françoise » au lieu du latin.1. Une démocratie seulement pour à peine 10% de la population lettrée réellement en français ! Voilà la réalité et on en est fier. Actuellement déjà les prononcés des décisions de justice au Rwanda se font en langue kinyarwanda. Pour la faune des éléments de la FrançAfrique et leurs idéologues, c’est la démocratie française en occultant complètement que nous sommes dans un « Enclos français » et qu’il faut, avant de résoudre la question de démocratie interne, c’est-à-dire de l’organisation interne des organes de gouvernement du pays, il faut assurer la souveraineté du peuple sur son propre destin et la pleine souveraineté du Bénin comme Etat Indépendant. En France, nul ne peut imaginer que la langue de l’administration et de la justice soit le mandarin, ou l’anglais ou que le maire, pour qu’il soit élu, doive savoir parler et écrire l’allemand. Ces idéologues coloniaux qui paradent dans des grands hôtels de la place pour colloque, ne parlent jamais des questions existentielles de l’Etat béninois, telles que la récupération de notre souveraineté monétaire, telle que le pourquoi des pays comme la Lituanie ou l’Estonie (environ 1 à 2 millions d’habitants) parlent leurs langues dans l’administration, la justice, instruisent leurs enfants dans leurs langues et non le Bénin avec ces 12 millions d’habitants. Ils ne disent rien de la mainmise des entreprises françaises et étrangères sur nos entreprises et le chômage qui en résulte. Les exemples de ces « démocrates », agents impérialistes sont à trouver dans des personnes telles que « les constitutionnalistes » à l’exemple des DOSSOU Robert, de HOLO Théodore, etc. Quiconque parle de démocratie sans l’associer en même temps avec la dénonciation du caractère « Enclos français » qu’est le Bénin, n’est qu’un agent de l’étranger et particulièrement de la France. C’est un idéologue de la démocratie de prisonnier. La démocratie de prisonnier, c’est celle exercée dans les strictes limites définies et imposées par l’impérialisme français et autres et qui soit compatible avec le maintien de la domination impérialiste française en particulier. Elle est strictement encadrée non seulement par la Constitution qui permet l’intervention étrangère dans nos affaires (art. 66) ; mais par de multiples lois aussi coloniales les unes que les autres : lois sur l’OHADA par exemple.
Vous êtes libres de vous organiser à l’interne, pourvu que cela ne casse pas le carcan de l’enclos colonial français qu’est le Bénin. La démocratie de prisonnier c’est la complète négation de la souveraineté de nos pays.
Seule, une telle approche permet de comprendre les lignes directrices de la conduite des différents gouvernements français (la politique de deux poids deux mesures, la politique de la démocratie à géométrie variable) dans nos affaires depuis 60 ans.
Ainsi la France soutient des gouvernements autocratiques tels que ceux des dynasties des EYADEMA au TOGO, BONGO au Gabon, de Sassou NGUESSO au Congo, de BIYA au Cameroun sans que cela ne gêne nullement ses proclamations démocratiques.
Mais dès lors que la politique d’un pays tend à remettre en cause les intérêts hégémoniques français, on crie à la dictature, on mobilise la « communauté internationale » et on intervient militairement soit par assassinat (Olympio, Sankara etc), putsch ou intervention militaire comme en en Guinée de Sékou Touré, en Libye ou en Côte d’Ivoire.
Au regard de cela, il y a lieu d’affirmer à l’étape actuelle de la lutte de nos peuples, le primat du patriotisme sur la démocratie coloniale, la démocratie de prisonnier.
L’affirmation du primat du patriotisme sur la fausse démocratie à l’étape actuelle est facile à accepter en paroles, mais pas toujours aisée à appliquer. Et cela se comprend aisément. On est en face d’un appareil d’Etat concret et non celui direct de la France. Cet appareil pose de graves actes de violations permanentes des libertés et nécessite nos réactions immédiates. Se faisant quotidiennement, il est facile d’ignorer, derrière cet appareil répressif en face de soi, le commanditaire de cet appareil, le vrai auteur et bénéficiaire de ces actes et la cause finale de vos malheurs. Et des fois, on entend des hommes et femmes de nos pays appeler « au secours contre nos dictateurs » cette même France, responsable de nos conditions. On est soumis au coercitif et on ignore le rémanent.
Telles sont quelques leçons que nous donne le bilan des 60 ans de luttes des organisations et mouvements révolutionnaires et anti-impérialistes d’Afrique francophones.
Samson
Lancement des travaux de Bitumage de la route Sinendé-Guéssou-sud :
CRI D’ALARME D’UN PATRIOTE
Correspondance de I. B. (Commune de Sinendé, département du Borgou)
Ce vendredi 28 février 2020, nous avons assisté à la cérémonie de lancement de la route qui quitte Guéssou-sud jusqu’à chez nous ici à Sinendé en passant par Fo Boué. Pour ce lancement, une forte délégation du gouvernent de TALON et ses associés conduite par BIO TCHANE Abdoulaye, a fait le déplacement. Selon les informations qu’ils ont donné au cours de ce lancement, cette voie va durer 36 mois soit 03 ans ; ce qui n’est pas encore un problème. Ce qui m’a étonné, c’est qu’il a été dit que cette voie d’environ 60 km, va nous coûter environ 60 milliards. Cela veut dire que chaque kilomètre de bitume coutera 1 milliard donc 1000 millions. J’ai eu les maux de tête toute la nuit en pensant à cela. Le lendemain, je me suis rapproché d’un ami plus informé que moi dans ce domaine pour me voir rassurer. Mais hélas ! Pour lui aussi, cela sortait de l’entendement. C’est lui qui m’informa que la Route Ndali-Nikki-Chicandou-Frontière Nigéria longue de près de 80 km, réalisé il y a quelques années, aurait couté moins de 27 milliards, tous frais compris. Lorsqu’on sait tous que la plupart de nos routes se réalisent sur la base de prêts que nous payons sur des décennies, je m’inquiète vraiment. Si j’ai tort dans mon raisonnement, veuillez m’éclairer d’avantage. 60 milliards pour 60 kilomètres de routes ? Ça peut crever l’œil !
I.B depuis SINENDE
SITUATION INTERNATIONALE
LES ELECTIONS PRESIDENTIELLES AU TOGO, CAS D’ELECTION DANS UN « ENCLOS FRANÇAIS » EN POST-COLONIE FRANÇAISE D’AFRIQUE.
Le 22 Février 2020, la CENI (Commission Electorale Indépendante) a proclamé les résultats de l’élection présidentielle au Togo. Faure Gnassingbé qui est à son quatrième mandat est proclamé réélu au premier tour avec un score de plus de 72% ; arrive en second Agbéyomé Kodjo de la Plate-forme Mgr Kpodzro avec 19% ; Jean-Pierre Fabre de l’ANC occupe la troisième place avec 4%. Les quatre derniers se partagent le reste des 4 ou 5% des suffrages.
Cela a été sanctifié, comme de bien entendu, par la Cour Constitutionnelle qui modifie légèrement les chiffres proclamés.
Comme de bien entendu, la France par la voix d’un conseiller de l’Elysée « a pris note comme d’autres du score annoncé, qui vient d’être confirmé par la Cour Constitutionnelle togolaise » et validé les élections.
Naturellement le grand perdant Agbéyomè KODJO représentant principal de l’opposition, avec son parrain Mgr KPODZRO crient au scandale et appellent au « secours la France, la CEDEAO, le Vatican, les Etats-Unis etc.
On note que chacun appelle au secours un arbitre extérieur (France, UE, USA, Vatican, CEDEAO, etc.) pour lui décerner le pouvoir. Pendant ce temps, les affidés du pouvoir jubilent. «Vous voyez, le Président Faure Gnassingbé vient de commencer son premier mandat. S’il a la chance de faire un deuxième mandat, il va se retirer. Avec les nouvelles réformes constitutionnelles, le compteur est remis à zéro. Donc, après ce mandat, il va seulement faire un autre, puis il va partir », dixit Charles Kondi Agba, délégué du Mouvement des sages du RPT/UNIR. Autrement dit, rendez-vous en 2030, pour un autre scénario d’élection truquée sur le dos d’un peuple qu’on martyrise et pille impunément.
Ainsi va la démocratie togolaise, une démocratie coloniale de fraude et de mascarade, digne d’un « Enclos français » d’Arfrique.
Tel est le scénario tragique qui se déroule dans le pays frère, le Togo. On appelle au secours la France qui pendant cinquante ans a nourri et couvert la dynastie des EYADEMA et qui empêtrée au Sahel, ne peut que maintenir les choses en l’état au Togo. On appelle au secours les Etats-Unis qui savent qu’ils ne peuvent pas intervenir sans risque dans un « Enclos » qui appartient à la France selon le deal « planétaire ».
La démocratie togolaise en ce moment, celle compatible avec la préservation des intérêts stratégiques français au Togo, est la dictature des EYADEMA, la « démocratie militaire » de la fraude et des mascarades électorales.
La mouvance de RPT/UNIR, comme l’Opposition, sont tous de même nature de classe et nagent tous dans une même Eau, un même « Enclos français » appelé Togo.
Le peuple togolais, le brave peuple togolais qui en 1958 a arraché dans le sang son indépendance reste toujours le grand perdant. Mais jusqu’à quand ? Seul, l’avenir le dira.
Aské
Cliquer ici pour télécharger tout le journal