DECLARATION
A PROPOS DU RECENT INCIDENT DIPLOMATIQUE INTERVENU A PARIS LE 03 OCTOBRE 2017.

Le 1er Octobre 2017, le Ministère des affaires étrangères publie un communiqué où il est dit : « A l’invitation de son excellence monsieur Emmanuel Macron, Président de la République française, Monsieur Patrice Talon, Président de la République, chef de l’Etat, chef de gouvernement effectuera du 02 au 09 octobre 2017, une visite de travail en France… Cette visite de travail sera l’occasion pour les deux chefs d’Etat de faire un point de la coopération bilatérale et d’explorer ses nouvelles orientations dans le cadre de la mise en œuvre du Programme d’action du gouvernement… » Des informations font état de ce que la rencontre avec le président français aurait lieu le 03 octobre 2017.
Mais au jour indiqué, aucune rencontre du genre n’eut lieu. Et on apprend des journaux français dont notamment la ‘’Lettre du Continent’’ que la présidence française n’aurait pas donné « son feu vert pour un entretien à cette date, Emmanuel Macron étant en déplacement… ».
Il faut dire, en dehors de tout tapage, en dehors de toute fioriture diplomatique, qu’il s’agit là d’une grande humiliation non seulement pour la personne du Chef de l’Etat, mais d’abord et surtout pour notre pays, le pays de la Fierté nationale, le pays de la Dignité nationale, qu’il représente.
Que s’est-il en fait passé ?

Le Président Patrice Talon a essayé de dédramatiser les choses dans son speech public et on peut le comprendre. Il dit ceci : « Le calendrier du Président Macron n’a pas pu coïncider avec mes heures de disponibilités ». C’est une formule diplomatique. Mais il faut avouer que cette formule n’a aucune rationalité au regard de l’annonce de notre Ministère des affaires étrangères et surtout des pratiques diplomatiques en la matière.
Que s’est-il passé réellement ? Avant toute explication sérieuse de la part du Chef de l’Etat et de ses services en charge de la Diplomatie de notre pays, deux observations s’imposent :
La première : Nous prétendons, nous affirmons même que ce qui s’est passé ce 03 Octobre 2017 est un coup monté par la présidence française - et Macron en particulier-, (en fait par la FrançAfrique) pour humilier le Chef de l’Etat et surtout humilier le Bénin, notre patrie qu’il représente aujourd’hui.
Car l’on ne peut croire que le Ministère béninois des affaires étrangères puisse affabuler à ce point en annonçant un programme qui n’a pas été validé quelque part par un service compétent de l’Elysée. Il y a eu une manipulation quelque part, un coup dans lequel le Chef de l’Etat et ses services diplomatiques sont tombés.
Et cela est inacceptable pour tout patriote béninois qui doit s’indigner et condamner de tels agissements contre notre pays, celui de Béhanzin, Bio Guerra, Kaba. Car en effet le Président Macron peut-il manquer dans son programme « chargé » ne serait-ce que 45 minutes à accorder à Poutine, Trump ou même Buhari qui le lui demande alors qu’il est déjà sur le territoire français ?
Cela dit, y a-t-il des raisons en ce moment-ci pour expliquer ce comportement de la présidence « françafricaine » de Macron entouré de néo-colons « franco-béninois » que l’on connaît bien ? Certainement.
Outre les conditions d’accès de Patrice Talon au pouvoir (il n’est pas le premier choix de la France), d’autres actes sont là qui sont de nature à ne pas plaire aux impérialistes français (réclamation des biens culturels béninois …) ; le dernier en date et non le moindre (encore fumant) est l’arrêt de la Cour suprême béninoise déboutant définitivement le groupe Bolloré dans le projet de boucle ferroviaire.
Alors, l’on doit poser cette question au Président de la République : «Sincèrement qu’est-ce que vous êtes allés chercher en ce moment-ci dans cette galère ? » Et c’est là qu’intervient notre deuxième observation.
Deuxième Observation : Oui en effet, « qu’avez-vous à aller quémander un entretien en ce moment-ci avec Macron ? Qu’est-ce que cela apporte à notre pays ? Depuis qu’il a été élu, officiellement, une telle rencontre n’a pas eu lieu. En quoi cela a été préjudiciable à notre pays ? »
Ce qui n’est pas la même chose si le Président de la République s’absente des forums africains et mondiaux. Ou bien parce que les autres le font en courant à l’Elysée pour aller expliquer la moindre décision interne contre leurs peuples ? A l’instar d’un Ouattara qui, en moins de trois mois, s’y est rendu officiellement deux fois ?
C’est là que réside le problème du Président Patrice Talon. Il agit en membre d’un club (en l’occurrence la FrançAfrique) qui conditionne ses actions et politiques et il semble gêné de ne pas faire exactement comme les autres du club : aller faire tous les matins les salamalecs au sultan français de l’Elysée. Déjà il proclame partout son allégeance au franc colonial CFA ; il clame partout qu’il est le meilleur « ami de la France » ; il remplit nos administrations des « compétences » de Français à salaires mirobolants ; il donne des marchés de gré à gré à de nombreuses sociétés françaises, etc. Mais cela n’a pas l’air de suffire au sultan français et aux intérêts impérialistes qu’il représente. Il en faut plus.
Le problème principal de Patrice Talon, c’est de tourner dos au peuple qui l’a élu et aller rechercher d’appui contre le peuple, en dehors du peuple. C’est d’affamer ce peuple, de chercher à s’empiffrer des richesses de ce pays au détriment de ses concitoyens. C’est surtout de vouloir mettre dans les fers, par des mesures autocratiques, ce peuple qui lui a tant donné. C’est de ne pas vouloir écouter les hommes et femmes de ce pays qui demandent à cor et à cri une « Assise Nationale » pour nous entendre entre fils de ce pays contre tous les exploiteurs étrangers, dominateurs extérieurs qui le poussent à plonger notre patrie dans le chaos.
Telles sont les leçons qu’inspirent et l’outrage et l’humiliation infligés à notre pays par Macron.
Si Patrice Talon s’obstine à poursuivre dans la voie qui est actuellement la sienne - celle qui est contraire aux intérêts majeurs de notre patrie-, qu’il sache que le peuple qui, déjà le combat, le combattra davantage de toutes ses forces.
En tous cas, notre peuple ne tolérera plus qu’il lui fasse subir à l’avenir, l’affront du genre de celui du 03 Octobre 2017 en France.
Cotonou, le 12 Octobre 2017.
Philippe NOUDJENOUME
Premier Secrétaire du Parti Communiste du Bénin
Président de la Convention Patriotique des Forces de Gauche.

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