Editorial

Pour la libération de l’Afrique, dénoncer toute immixtion
des impérialistes dans nos affaires intérieures

Le dernier coup d’Etat militaire en Guinée, exécuté par un
ancien légionnaire de l’armée française suscite des débats
à propos de cette immixtion de l’impérialisme notamment
français dans les affaires intérieures de nos pays confrontés à des
dirigeants autocrates et corrompus. « Quelles leçons pour les
peuples africains ? » On se doit de rappeler alors que « Le
système impérialiste, c’est des patrons grands bourgeois, leurs
gouvernements et services dans les métropoles et puis les pions
(agents), gouverneurs et apprentis gouverneurs locaux dans les
néo-colonies et pays dépendants. Quand un de leurs agents,
gouverneurs à peau noire, est contesté par le peuple et n’est plus
sûr, les patrons impérialistes s’empressent de le remplacer par
un autre pour éviter que le peuple lui-même ne mette en avant
ses propres dirigeants et ses propres intérêts. On a connu le cas
avec Bokassa, Ahidjo, Mobutu, etc. Par contre, quand un agent
continue d’exécuter les ordres, on le conserve contre vents et
marées (Ouattara, Biya, Eyadéma, Bongo, Sassou), etc. »
Dénoncer toute immixtion des puissances impérialistes dans nos
affaires intérieures est la seule voie si nous voulons que la
prochaine révolution qui s’annonce, si nous voulons que ce
puissant vent panafricaniste et anti-impérialiste qui souffle sur le
Continent aboutisse à une véritable libération de notre Afrique
bien-aimée.
La Rédaction

COUP D’ETAT MILITAIRE EN GUINEE : QUELLES LECONS
POUR LES PEUPLES AFRICAINS ?
e dimanche 5 septembre 2021, un groupe de militaires
dirigé par un ancien légionnaire français renverse le
pouvoir du Président guinéen Alpha Condé. Ce n’est pas la
première fois qu’un coup d’Etat survient en Afrique. Mais
contrairement à d’autres, celui-ci suscite d’intenses débats, à
cause du passé d’ancien responsable de la FEANF d’Alpha Condé,
de la nature autocratique de son pouvoir, du fait qu’il a
tripatouillé la Constitution pour faire un troisième mandat, de la
provenance de l’auteur du coup d’Etat, etc. Tout ceci est normal
et montre que l’Afrique est grosse d’une révolution. La
progression fulgurante de l’anti-impérialisme, la volonté de tout
faire pour que le prochain bouleversement révolutionnaire sur le
Continent ne soit pas récupéré par l’impérialisme comme dans
les années soixante et quatre-vingt-dix, autant de
préoccupations qui justifient les débats en cours et leur utilité.
En 2010, Alpha Condé se présente à l’élection
présidentielle. C’est d’ailleurs la troisième fois qu’il tente
l’opération. Au premier tour, il arrive deuxième avec un score de
18% alors que le premier a près de 44%. Comment faire pour
combler ce retard ? Qu’à cela ne tienne ! En France, Bernard
Kouchner avec lequel Alpha Condé a fréquenté le lycée Turgot
est ministre des affaires étrangères de Nicolas Sarkozy, et son
collègue Alliot Marie avec laquelle il a enseigné à l’université (en
France), ministre de la Justice. Les manœuvres vont commencer
pour installer Condé au pouvoir. Au lieu d’avoir lieu deux
semaines après, le deuxième tour aura lieu quatre mois après, le
temps d’acheter les responsables des institutions, d’aiguiser les
contradictions inter-ethniques, tandis que le Groupe Havas de
Vincent Bolloré s’occupait de sa campagne électorale. Alpha
Condé sera élu avec près de 53% des voix, une véritable
« remontada » comme on dirait en football. A peine arrivé au
pouvoir, Condé confie le port, les rails à Bolloré tandis qu’après
avoir quitté le gouvernement, Bernard Kouchner prendra ses
quartiers à Conakry. Tout le monde voyait qu’Alpha Condé venait
d’être installé par la France, une insulte à la mémoire de Sékou
Touré et au peuple guinéen.
Alpha Condé s’est toujours vanté d’avoir été Président de
la FEANF, la Fédération des Etudiants d’Afrique Noire en France.
Certes, cette association a produit de grands patriotes comme
Félix Moumié, Osende Afana, Fidèle Quenum etc. qui une fois
rentrés dans leur pays, ont continué la lutte sur le terrain au péril
de leur vie. Mais à un moment donné, cette organisation s’est
transformée en une instance de bavardage inutile, un endroit où
l’impérialisme français venait puiser ses espions et ses futurs
serviteurs comme les NDEMEZO au Gabon, les NGOUPANDE en
République Centrafricaine et autre DOSSOU Robert au Bénin. On
avait donc affaire à une organisation qui est devenue un frein à
l’avancement de la révolution en Afrique. Voilà pourquoi le
groupe dirigeant du Dahomey qui avait la direction de la FEANF
à un moment donné, a décidé de sa dissolution en
recommandant aux étudiants de s’organiser chacun dans son
pays, de travailler à la création d’une organisation des étudiants
sur le Continent même et surtout d’aller travailler chacun chez
lui, à l’émergence de partis révolutionnaires capables de
conduire les peuples à la révolution. C’est dire qu’il ne faut pas
s’émouvoir des agissements d’Alpha Condé parce qu’il a été
Président de la FEANF. Celle-ci était un mouvement étudiant où
il y avait de tout. Elle n’avait pas vocation à prendre le pouvoir.
En son sein, il y avait des révolutionnaires, des espions, des
contemplateurs, etc. Il ne faut pas oublier qu’en 1970, Sékou
Touré avait condamné Alpha Condé à mort pour collusion avec
l’étranger. Quand on sait que dans ses mémoires, Jacques
Foccart affirme que tout ce que dénonçait Sékou Touré n’est pas
faux, il y a lieu de se poser des questions sur le début des
accointances entre Alpha Condé et l’impérialisme français.
L
L
Information
Du 1er Septembre au 31 Octobre 2021, des membres de la rédaction seront en vacances, par conséquent
votre journal ‘’LA FLAMME’’ paraitra de façon régulière mais allégée. Merci pour votre fidélité
La Rédaction
LA FLAMME N°418 10 septembre 2021
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Une fois arrivé au pouvoir, Alpha Condé musèle la presse,
caporalise la justice, les institutions, pratique la politique de
diviser pour régner. Il oppose les ethnies les unes aux autres en
s’appuyant sur les siens, les malinkés. Il a déclaré d’ailleurs aux
dernières élections qu’un vrai Malinké ne peut voter que pour
lui. C’est d’ailleurs cette politique ethniciste qui l’a amené à aller
chercher un caporal-chef de la légion française originaire de sa
région, pour former et diriger un groupement militaire d’élite
dans son pays et pour sa protection.
Avec l’évolution de la situation internationale,
l’impossibilité pour la France de tenir son rang de grande
puissance en accordant des crédits à ses protégés, Alpha Condé
a commencé à lorgner du côté de la Chine, de la Russie et de la
Turquie. Naturellement, ces œillades ne sont pas du goût de
l’impérialisme français. Ce dernier a pu actionner alors son
légionnaire pour renverser Alpha Condé. Si c’est le cas, nous
devons le dénoncer fermement. Certes, Alpha Condé est un
autocrate ; certes, il a modifié la Constitution pour faire un
troisième mandat ; certes, le peuple guinéen est mécontent et
souhaitait son départ. Mais cela est une affaire qui concerne le
peuple guinéen et les autres peuples africains et non les
puissances impérialistes. Tolérer l’intervention des impérialistes
dans nos affaires intérieures, c’est leur permettre d’interchanger
leurs agents à la tête de nos pays.
Le système impérialiste, c’est des patrons grands
bourgeois, leurs gouvernements et services dans les métropoles
et puis les pions (agents), gouverneurs et apprentis gouverneurs
locaux dans les néo colonies et pays dépendants. Quand un de
leurs agents, gouverneurs à peau noire, est contesté par le
peuple et n’est plus sûr, les patrons impérialistes s’empressent
de le remplacer par un autre pour éviter que le peuple lui-même
ne mette en avant ses propres dirigeants et ses propres intérêts.
On a connu le cas avec Bokassa, Ahidjo, Mobutu, etc. Par contre,
quand un agent continue d’exécuter les ordres, on le conserve
contre vents et marées (Ouattara, Biya, Eyadéma, Bongo,
Sassou), etc.
Nous ne devons en aucun cas permettre aux impérialistes
de s’immiscer dans nos affaires intérieures. Ce rejet peut aller
jusqu’à l’affrontement physique contre les agresseurs et
envahisseurs étrangers. Au Parti Communiste du Bénin, en tout
cas, c’est notre ligne de conduite. En janvier 1977, notre peuple
était déjà confronté à la dictature autocratique de Mathieu
Kérékou. Néanmoins, lorsque l’agression du 16 janvier 1977,
commanditée par l’impérialisme français avec Foccart et dirigée
par Bob Denard a eu lieu, nous l’avons dénoncée fermement. Si
elle se prolongeait, il n’y a aucun doute que nous nous serions
mis aux côtés du pouvoir de Kérékou pour repousser
l’envahisseur étranger. Quand cette tâche patriotique aura été
réalisée, nous serions revenus à nos oppositions internes. Voilà
ce qui doit être notre ligne de conduite.
Si nous voulons que la prochaine révolution qui s’annonce,
si nous voulons que ce puissant vent panafricaniste et antiimpérialiste qui souffle sur le Continent aboutisse à une véritable
libération de notre Afrique bien-aimée, seule cette voie peut
nous y conduire.
La Rédaction
Mémoire des glorieuses luttes estudiantines de 1975 à
1979
‘’ Les Premières Pluies ’’ (Récit inédit)
(Partie II)
NOTE DE LA REDACTION
Pour cette période vacance, la Rédaction commence par livrer à
ses lecteurs, une partie du récit écrit par le Professeur Philippe
NOUDJENOUME, sur des évènements qui se sont produits à
l’Université National du Bénin dans les années 1975-1979. Ce
récit est encore inédit.
La Rédaction
‘’ Les Premières Pluies ’’
CHAPITRE I- LES NUAGES
a route asphaltée déroulait comme un boa géant ses
anneaux noirs brillants sous le soleil. Lorsque les dernières
maisons de Kouhounou s’effaçaient au tournant de la voie
nationale et côtière inter-Etats Cotonou-Lomé, la vue se perdait
dans un espace vide et marécageux du côté droit. Cette surface
qui s’étendait au loin jusqu’au lac Nokwe avait une végétation
particulière faite des palmiers rabougris sans grande vigueur le
long de la route ; ensuite des joncs pas plus hauts que quelques
50 centimètres formaient une épaisse couverture d’où
s’ébattaient quelques volatiles telles les poules d’eau, les hérons
et les canards sauvages. Des nymphéas à feuilles larges palmées
en patte d’oie, laissaient toute l’année, s’épanouir au cou de
leurs tiges, de jolies fleurs jaunes en forme de calices autour
desquelles s’affairaient des abeilles. De temps en temps, on
voyait surgir de cette surface polie et liquide, les grenouilles qui
se poursuivaient et se pourchassaient allègrement. Quelques
pièges à poissons faits en branches de palme découpaient dans
cette surface liquide, des aires protégées.
Mais cette zone boueuse qui s’étendait jusqu’à la surface
miroitante du lac Nokwe, était déjà occupée par les hommes
comme terrains d’habitation. On distinguait ensemble avec les
pièges à poissons, des piquets- bornes délimitant des « carrés »
déjà achetés et qui devraient être comblés un jour.
La ville de Cotonou, en s’étendant vers le nord, était contrainte
de gagner les marais du fait de la nature lagunaire du site ; c’est
là un obstacle naturel pour la capitale économique et en fait
politique du Bénin. On pourrait penser, arrivé à cet endroit, que
la végétation avait décidé de prendre une pause avant un effort
physique intense. Le regard en embrassant ce quasi-vide avait
l’impression de rêverie, de calme et de paix.
Cependant, on revenait vite à la réalité. A quelques mètres, des
coups de sifflet résonnaient. La voiture devait s’arrêter. Une
brigade de policiers, gendarmes et douaniers stationnait là et
rançonnait les passants. Le droit de péage s’élevait à deux cents
francs minimum que tout conducteur de taxi devait payer s’il
voulait éviter des pépins.
L
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Au carrefour de Godomègbadji, la route fédérale en direction du
Niger prenait naissance ; elle montait en pente douce et
conduisait vite à Godomey, petite bourgade, perchée sur le
rebord immédiat du plateau, au milieu d’une belle verdure de
cocotiers aux rames fournies et luxuriantes, avec de lourdes
grappes de coco perchées à leurs aisselles. Godomey, village
plutôt que ville, offrait l’aspect rustique d’agglomération de
campagne où des temples religieux ‘’vodoun’’, en bordure du
chemin, protégeaient comme à l’éternité, des maisons dont la
plupart étaient couvertes de chaume. Sans s’en apercevoir, le
motocycliste ou l’automobiliste passait les dernières maisons et
s’engageait sur la voie pavée dont les secousses vous rappelaient
que vous arrivez au pont de Godomey. Ce pont avait été édifié
sur un bras d’eau faisant partie du système lagunaire qui enserre
Cotonou et ses environs. Pendant la période des hautes eaux, un
fort courant coulait à une grande vitesse en direction du lac. Il
n’y avait pas longtemps, sans remonter à dix ans en arrière, les
crues emportaient le sol à cet endroit inondant la chaussée, et la
rendaient impraticable. Cette situation amena les autorités à
procéder à un bétonnage de ce tronçon sur une distance de trois
cent mètres environ. Cette œuvre fut réalisée évidemment grâce
à l’aide étrangère. Au sortir de cette voie pavée, vous aviez de
part et d’autre du chemin, la végétation de savane claire
arbustive, formée de palmiers, d’arbustes de toutes sortes et
d’herbes folles. Nous entamions le plateau consécutif à la région
basse, sablonneuse de la côte et qu’on appelle cordon littoral.
Là, commence le plateau d’Allada que n’entrecoupe que la
dépression de la Lama. Sol ferralitique assez riche en matières
nutritives, le plateau d’Allada qui s’étend jusqu’aux zones de
Tori, de Niaouli et Toffo, constituait le grenier de la province de
l’Atlantique et la région nourricière de Cotonou. On y trouvait
des cultures aussi exigeantes que le palmier à huile dont les
périmètres d’Etat de Kassato et de Hinvi apportaient une
contribution au budget national. Les caféiers de Niaouli, la
célèbre station d’expérimentation de recherche en agronomie
tropicale, étaient parmi les rares à figurer à la rubrique ‘’café’’ de
la production du pays. Nous n’oublions pas ici la grande
production de maïs, de haricot, de coton, produits qui faisaient
la fierté de la région et qui aujourd’hui connaissent un déclin
sous le régime des pseudos-révolutionnaires.
Sur ce plateau, à quelque 1,5 km d’Abomey-Calavi, du côté
gauche, allant vers cette agglomération, est construite
l’Université nationale du Bénin. De la route fédérale inter-Etats,
l’on apercevait des bâtiments que la brousse semblait avoir
jusque-là cachés à la vue. Lorsqu’on y accédait, on y trouvait que
le site de l’université ne manquait point d’attrait. Juché comme
un nid d’oiseau sur le rebord du plateau, le campus universitaire
donnait un beau panorama qui descendait en vallonnant
jusqu’au village Ganvié bâti sur pilotis sur le lac. De cette
hauteur, le regard baissait dans le lointain sur la surface
miroitante, des petites barques circulant à travers les « akadjas »,
hérissés dans l’eau.
On pouvait y voir des pêcheurs lançant dans un geste admirable
des filets sur des bancs de poissons. Là-bas au loin, le ciel et la
terre semblaient s’être donnés rendez-vous à un endroit que l’on
croyait proche mais que l’homme évidemment n’atteint jamais.
La voie menant sur le campus se fourchait en deux
embranchements dont l’un à gauche passait entre la résidence
des étudiants et le restaurant universitaire, contournait les
bâtiments du Complexe Polytechnique Universitaire jusqu’à la
limite du Centre National de la Production Universitaire au
niveau de la Faculté des Sciences Juridiques. La seconde voie
bitumée s’arrêtait à quelques mètres, pour se poursuivre sous
forme de voie latéritique, elle aussi circulaire, contournant
l’université dans un mouvement de jonction avec la première,
loin là-bas derrière dans la broussaille. L’ensemble constitué par
les bâtiments du campus d’Abomey-Calavi était une véritable
hérésie architecturale. Un melting-pot de style français et de
style canadien conférait à l’observateur une impression de
cacophonie qui choquait le regard. La première question qui
venait à l’esprit était de savoir pourquoi on avait jumelé sur un
espace aussi étroit, deux unités autonomes, l’université et le
complexe polytechnique universitaire, alors que la terre était ce
qui manquait le moins dans notre pays. A l’entrée, se trouvait le
rectorat, à sa gauche la bibliothèque, le restaurant universitaire
puis les résidences des étudiants. A sa droite, les bâtiments de la
faculté des lettres et des sciences formaient un tout inséparable.
Dans le fond, les sciences juridiques et économiques, de même
que les agronomes se partageaient quelques bâtiments sans
envergures assez loin des ambitions que ces départements
entendaient satisfaire. L’immeuble du CPU complétait par
derrière ce décor, véritable hangar métallique perçu de
l’extérieur, le bâtiment présente un agréable confort lorsque l’on
pénétrait à l’intérieur. On y dénombrait des salles spacieuses
avec tout ce qui était nécessaire aux bonnes conditions d’études,
de longs corridors reliaient des amphis sans qu’il n’y eût besoin
de s’exposer aux intempéries des saisons : à la pluie ou au soleil,
en passant de l’un à l’autre. Quant à l’université proprement
dite, elle ne disposait que d’un seul amphi digne de ce nom, celui
de FASJEP (Faculté des Sciences Juridiques Economiques et
Politiques), contigu au secrétariat de la même faculté et pourvu
d’un seul micro que l’on installait en cas de nécessité. Pour pallier
les insuffisances notoires des locaux en FASJEP notamment,
insuffisances quant à leur nombre et à leur exiguïté face au grand
effectif d’étudiants qui y étaient inscrits, on avait édifié des
paillotes. C’était des sortes de hangars de marché, ouverts à tous
vents et de tous les côtés, de forme ronde et recouverts de
chaume sur de la tôle, pour en conserver la fraîcheur.
Tout dans cette université respirait l’inachevé, l’incomplet,
l’improvisé. Au lieu d’un véritable complexe universitaire avec de
vastes infrastructures dans tous les domaines, tant académiques
que sportives, satisfaisant à l’épanouissement intellectuel et
physique de l’étudiant, le Campus d’Abomey-Calavi présentait
l’aspect d’une université-croupion. Les équipements y étaient
rudimentaires et quasi inexistants. Le matériel des facultés des
sciences comme des lettres était vétuste, inadapté. Il n’existe pas
de véritables jardins botaniques pour agronomes, ni de parcs
zoologiques pour biologistes.
Un tour à la Biblio centrale faisait entrevoir l’immensité des
problèmes qui accablaient les étudiants et les enseignants. Dès
l’entrée de l’immeuble, le regard embrassait d’un seul tenant
toute la vaste salle vide, désespérément vide. Les rayons
s’alignaient presque vides. Quelques livres traînaient çà et là,
disposés dans une désolation parfaite. Des manuels rares et
absents, dont les plus récents remontaient à plus de cinq ans,
fournissaient les seules sources de documentation pour les
étudiants ; le nombre limité des exemplaires réduisait tout le
monde à faire la queue derrière un seul ouvrage, à aller s’inscrire
auprès de l’utilisateur afin de le récupérer dès que celui-ci aurait
terminé. Il arrivait ainsi que deux, trois ou même plus d’étudiants
s’attroupassent autour d’un manuel, le travaillant
simultanément ou se le passant entre eux afin de le garder dans
leur cercle le plus longtemps possible. Dans de telles conditions,
seuls ceux qui disposaient de moyens financiers s’en sortaient
LA FLAMME N°418 10 septembre 2021
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avec plus ou moins de bonheur par des commandes qu’ils
effectuaient à l’extérieur, la France en particulier.
Le jour où je mis pied pour la première fois dans la bibliothèque,
c’était un mardi. Je venais de prendre service à l’université. Les
cours qui m’étaient attribués, nécessitaient quelques
documents ; d’autant plus qu’on ne confiait pas toujours à
l’enseignant la matière de sa spécialité. Dans la grande salle,
quelques étudiants prenaient notes autour de quelques tables.
Deux autres consultaient des fichiers accrochés à un pilier. Une
jeune étudiante un peu pleine en chair, habillée de robe-pagne
de tissu imprimé wax, le fichu négligemment posé sur ses
cheveux ramassés en chignon, semblait très concentrée. Elle
travaillait sur un « Classeur Périodique » de je ne sais quelle
année.
Je m’adressai aux deux employées de l’entrée pour obtenir les
ouvrages dont j’avais besoin pour la mise au point de mes cours.
L’une d’elles me dévisagea intensément pendant que la seconde
inscrivait quelques mots sur un registre.
- Que voulez-vous Camarade ? Camarade,
c’est l’appellation révolutionnaire
qu’avait imposé à tout le monde, le
pouvoir de Kérékou en remplacement de
« Monsieur ou Madame ».
- Je veux les ouvrages de droit suivants : x,
y, z ….. , dis-je.
- Allez chercher dans les rayons…
- Je ne les ai pas trouvés …
Mon interlocuteur s’arrêta un moment, constata à mes manières
que j’étais nouveau dans l’établissement.
- Votre carte de bibliothèque ? demandat-elle.
- Je n’en ai pas.
- Donnez-moi votre carte d’étudiant.
Je présentai mon attestation de prise de fonction.
- Ah ! Vous êtes professeur ?
- Oui.
La deuxième employée qui jusque-là n’accordait aucune
attention à notre dialogue, leva ses yeux assez beaux du reste,
cernés de bleu d’antimoine légèrement administré. Son regard
me fixa à son tour, regard tendre et langoureux de femme
aguicheuse.
Avec empressement, elle me conduisit dans le magasin de dépôt
de la bibliothèque.
- C’est tout ce que nous avons ; dit-elle et
elle me montra les rayons.
Vous voulez quels genres de livres ?
- De droit.
- Voici les rayons de droit.
J’inspectai rapidement les manuels. De ceux que je voulais, un
seul s’y trouvait mais l’édition datait de 1970. Impossible de
travailler avec un ouvrage aussi vieux. Je m’empressai de le lui
dire.
Je fus touché par les regrets sincères de la jeune femme, regrets
de ne pouvoir m’offrir ce que je désirais et de ne pouvoir me faire
plaisir.
- Nous n’avons pas grand-chose ; se
plaignit-elle ; au lieu de garnir la
bibliothèque, les autorités préfèrent
édifier des monuments de sept cent
millions. Mais se reprit aussitôt. Elle
réalisa brusquement qu’elle en avait trop
dit devant un inconnu dont elle ignorait
tout des opinions politiques.
Je souris de la réaction. Je demandai à aller voir le directeur de
la bibliothèque. On m’introduisit par des escaliers étroits dans
son bureau situé à l’étage d’en haut. Je fus accueilli très
aimablement. On me fit comprendre que des commandes de
livres furent lancées, y compris des livres de la section juridique.
Mais de ceux que je cherchais, aucun ne figurait sur la liste.
X X X
(A suivre)…
Aburi- Ghana, le 12 Décembre 2019.
Philippe NOUDJENOUME

Opposition à l’imposition du pass sanitaire
e mardi 07 septembre 202, à l’Université de Parakou et à la
Faculté de Médecine a eu lieu la délibération des examens
de fin de formation.
Devant une dizaine de professeurs présents, le Médecin
Coordonnateur de la prise en charge des personnes atteintes de
Covid-19 dans le Nord, le Professeur Angelo ATTINSOUNON
rappelle au Doyen de contrôler le pass sanitaire. A ce rappel, le
Doyen répond : « C’est vrai ! »
Mais aussitôt, les Professeurs présents répondent
unanimement : « Ce n’est pas possible ! Non et non ! ».
Immédiatement, le Doyen recule et laisse la délibération se
dérouler sans le contrôle du pass sanitaire demandé.
Parakou, le 08 septembre 2021
Isaac A.
Correspondant de La Flamme à Parakou
BIO ZIME Issa, Zémidjan à Parakou
L
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Talon a reconnu publiquement à Djidja qu’ils
sont tous, au gouvernement des voleurs et ils
sont tous libres
198 SEMAINES
Vient de paraitre :
LES ACTES FONDAMENTAUX
DE L’ALLIANCE POUR LA
PATRIE (A.P.P)
Prix de vente : 300f l’unité.
Prix de soutien : à partir de 500f.
Lieux de vente :
Siège du Parti Communiste du Bénin
(PCB) à Gbèdégbé, Cotonou
A la bourse du Travail de Cotonou, au
Secrétariat de la CSTB
NON AU VACCIN CRIMINEL ANTI COVID-19 AU
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