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EDITORIAL

La candidature de Talon à un second mandat : un
nouveau défi contre le peuple.

En violation de la parole donnée et après mille subterfuges
pour couvrir le parjure, Talon a finalement lâché la vérité :
sa candidature à un second mandat. Toutes les campagnes
de suscitations de sa candidature, pratiques propres aux
dictateurs, toutes les tournées dites de reddition de compte dans
les communes ont servi à cela. Talon veut perpétuer son pouvoir
de dictature autocratique et par des élections iniques, exclusives,
pour sa victoire d’avance truquée. Après avoir nommé les
députés, ensuite les maires, Talon veut se re-nommer lui-même
Président à l’instar de ces empereurs qui se couronnent euxmêmes.
Cette candidature de Talon est par conséquent un défi renouvelé
de l’autocrate contre le peuple qu’il sait hostile à son système
d’oppression et de brigandage d’Etat. Les réprobations sourdes
qui fusent de toutes parts du sein des masses populaires, les
dénonciations des partis non affidés, des organisations de la
société civile, des démocrates ici et de par le monde pour
condamner ces élections de candidature unique déguisée,
montrent que le peuple ne se sent nullement impliqué dans la
vaste mascarade en cours. L’idée de voir se prolonger la politique
de famine, de ruine et d’appauvrissement, le joug des lois
scélérates d’un pouvoir tyrannique ne peut qu’éveiller
davantage, réveiller le peuple à mieux s’organiser, se lever pour
renverser la dictature autocratique. Afin de satisfaire ses
aspirations démocratiques et également patriotiques arrivées
complètement à maturité et à l’ordre du jour.
La Rédaction


Cérémonie officielle de proclamation de l’Alliance Pour
TALON CANDIDAT A UN SECOND MANDAT :
UN PARJURE POUR CONTINUER L’OPPRESSION ET LE
PILLAGE DU PEUPLE.
e vendredi 15 janvier 2021 dans la Commune d’Adjohoun,
face à ses grands électeurs dans le cadre de sa tournée, le
Président Talon a déclaré : « Je serai candidat pour défendre
la démocratie, nos libertés, et la bonne gouvernance…rien que
pour rendre durable la bonne gouvernance jusqu’à ce que cela
soit un acquis pour chacun et pour tous, je resterai dans la
dynamique ». (Bénin web Tv du 15 janvier 2021). Ainsi donc, le
faux suspense est maintenant levé, après des mises en scène de
sollicitations organisées depuis des mois, Talon déclare sa
candidature à un second mandat.
Si cette déclaration n’étonne personne, elle confirme que Talon
n’est pas un homme de parole. En effet, en tant que candidat à
son premier mandat, après son élection, le jour de son serment
et après, à maintes reprises, il a juré de ne faire qu’un seul
mandat. C’est même sur la promesse de ne faire qu’un seul
mandat que des éléments de sa classe ont signé avec lui la charte
de la "coalition de la Rupture" entre les deux tours des élections
de 2016. Le jour de son serment il déclarait : « Je ferai de mon
mandat unique une exigence morale en exerçant le pouvoir
d’Etat avec dignité et simplicité ». plus tard, il a dit que même si
la révision de la Constitution qu’il projetait rejetait cette option,
il montrera à ses concitoyens qu’en cinq ans on peut faire le job.
Alors, la candidature de Talon pour sa participation au scrutin
présidentiel de 2021 pour sa propre succession est une violation
de la parole donnée. C’est un parjure. Et un Chef qui n’a pas de
parole ne peut bénéficier d’aucune crédibilité ni d’aucun respect
de la part du peuple.
Talon dit qu’il est candidat pour défendre « la démocratie, nos
libertés et la bonne gouvernance » (sic).
Peut-il y avoir plus grave mépris et injure à l’égard du peuple
béninois ? Sous Talon, le Bénin est devenu une prison pour le
peuple. Talon, tout au long de son quinquennat n’a fait
qu’attaquer et détruire les libertés fondamentales et les acquis
démocratiques pour instaurer une dictature autocratique. Les
lois scélérates ont détruit les libertés d’expression, de
manifestation, de presse, d’association en partis politiques. Le
droit de grève est remis en cause. Les médias non soumis sont
interdits. La justice aux ordres condamne selon les instructions
du pouvoir. Des jeunes activistes, des journalistes sont
poursuivis, arrêtés puis jetés en prison comme actuellement
Jean Kpoton et Kohou Edouard condamnés et mis en prison pour
une opinion relayée sur les réseaux sociaux. Sous Talon, avec des
procès iniques d’une justice aux ordres, le pays a renoué avec la
triste réalité du temps de l’autocratie de Mathieu Kérékou-PRPB
avec des dizaines de détenus politiques dans les prisons de
Cotonou, Porto-Novo, Miséréré, etc., ainsi que des exilés
politiques. Les manifestations revendicatives et protestataires
sont interdites et la police aux ordre du dictateur n’hésite pas à
tirer sur des manifestants à mains nues. Cela a été le cas les 1
er
et 2 mai 2019 à Cotonou avec de nombreux décès dont dame
Amoussou, et en mars 2020 sur le campus d’Abomey-Calavi où
l’étudiant Djaho est lâchement abattu lors d’une manifestation
pacifique des étudiants pour exiger des mesures barrières contre
le Covid-19.
En matière de pratique démocratique, tous les acquis ont été
également détruits. Des réformes autocratiques ne permettent
la création et la reconnaissance légale que des partis favorables
ou non gênants pour le pouvoir de Talon. Ont droit de cité, le
parti unique à deux branches (UP, BR) et ceux tournant comme
des satellites autour de l’autocrate. Sous Talon, le peuple n’a pas
le droit de désigner librement ses représentants. La victoire de
l’UNSEB lors des élections estudiantines en 2018 n’a jamais été
reconnue par le pouvoir de Talon. Les élections législatives
d’avril 2019 ainsi que les communales de 2020 ont été des
mascarades pour couvrir la nomination des députés et des
maires par le dictateur qui n’hésite pas à changer les règles du
jeu pendant le jeu. Le parlement installé à l’issue d’un scrutin
boycotté par le peuple à plus de 75% officiellement ne
représente que la volonté du dictateur. Actuellement, les
élections professionnelles en cours devant désigner la centrale
syndicale la plus représentative sont organisées dans cet ordre
pour permettre d’exclure la CSTB, la seule confédération
attachée aux intérêts des travailleurs, et nommer les
représentants des travailleurs.
Les élections présidentielles de 2021 sont dans le même ordre
d’exclusion. La Constitution révisée à la volonté de l’autocrate a
instauré la barrière du parrainage par des élus tous nommés et
acquis à lui. Ce qui se prépare, c’est une élection présidentielle
exclusive, à candidature unique, celle de Talon qui se fera
accompagner par des faire-valoir. C’est une mascarade de
dictateur.
Quant à la bonne gouvernance, Talon en est un ennemi des plus
farouches. Sa fortune a été acquise dans le pillage des biens
publics en complicité avec les pouvoirs précédents. Lui-même se
reconnait comme produit de la mauvaise gouvernance et la
plupart des membres de son entourage, de son gouvernement,
E
L
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de ses députés sont constitués de ces hommes pilleurs connus
qu’il tient comme en otages serviles en leur assurant l’impunité.
Parvenu au pouvoir, il a instauré la plus obscure opacité dans la
gestion, permettant le pillage en règle des ressources publiques.
Tout le pays est considéré comme sa propriété privée. Il peut
donc vendre et acheter pour son propre compte, le domaine de
l’Etat abritant la résidence du ministre des affaires étrangères.
Les monopoles d’Etat sont transformés en monopoles privés du
Chef de l’Etat. Les secteurs les plus rentables du pays (coton,
port, pvi, etc.) sont passées sous son empire. Par des lois, taillées
sur mesure, les ressources publiques sont drainées, de façon la
plus légale, vers les sociétés de cet empire. Ainsi, la taxe
d’exportation sur le coton qui était à 70 francs le kilo et ramenée
à 10 francs au profit de la SODECO. Les marchés de gré à gré sont
attribués à des associés ou des hommes du clan.
Les rares scandales qui échappent à la forteresse d’opacité ne
sont réprimés que lorsque le clan au pouvoir n’est pas impliqué.
Le cas des motos surfacturées au ministère du cadre de vie est
resté sans suite. L’affaire Carlos Adohouanon à la direction des
impôts où des milliards de FCFA détenus en liquidité contre toute
réglementation ont disparu est toujours sans suite. Ni le ministre
des finances, ni le DG des impôts ne sont inquiétés. Telle est la
gouvernance de Talon où le pillage est légalisé, où le peuple
travailleur est pressuré, affamé et accablé d’impôts pour les
affaires et la poche des hommes au pouvoir.
C’est pour poursuivre ces pratiques contraires à la bonne
gouvernance, maintenir le peuple dans les fers pour mieux le
piller que Talon sollicite un second mandant. L’autocratie est
ennemie des libertés, de la démocratie et de la bonne
gouvernance. La candidature de Talon c’est pour perpétuer la
souffrance, la misère des citoyens et sécuriser le pillage du clan.
Cette candidature de parjure de Talon à son second mandat est
par conséquent un défi renouvelé contre le peuple affamé et
opprimé. Elle vient rappeler la nécessité de la poursuite et de
l’intensification de l’organisation et des luttes du peuple pour
renverser la dictature autocratique.
Abla Adan
LA COUR CONSTITUTIONNELLE DJOGBENOU, GARANTE
ASSUMEE DE L’ORDRE AUTOCRATIQUE DE PATRICE
TALON.
Interview du Premier Secrétaire du PCB, Philippe
NOUDJENOUME au Journal « La Flamme »
Cotonou, le 21 janvier 2021
e Journaliste de la Flamme :
Mr le Premier Secrétaire du Parti Communiste du Bénin,
un débat agite en ce moment l’opinion publique
nationale et même internationale, il s’agit du débat sur le
« parrainage et la prorogation du mandat du Chef de
l’Etat au-delà du 5 avril 2021 ». Sur la question, des
Constitutionnalistes se sont prononcés ; en particulier le
Professeur bien connu, ancien Président de la Cour
Constitutionnelle, Holo Théodore,s’est prononcé et a condamné
la décision de la Cour de Djogbénou. Vous-même dernièrement,
vous avez accordé une interview à la Radio en Ligne « Crystal
News» sur la question. Alors dites-nous, Mr le Professeur de
droit constitutionnel et Premier Secrétaire, votre opinion sur ce
débat à votre Organe « La Flamme ».
Le Premier Secrétaire :
Merci Mr le Journaliste. Il se fait qu’ici je revêts une double
casquette de Premier Secrétaire du PCB (donc casquette de
politique) et de constitutionnaliste ; et il est très difficile de
séparer les deux en la même personne surtout en ces moments
d’une échéance électorale d’importance comme les
Présidentielles de mars-avril prochain.
Merci Mr le Journaliste, il faut préciser des notions et les
traitements qu’il faut appliquer à chacune. Il s’agit de la légalité
et de la légitimité. La légalité, c’est l‘ensemble des lois diverses
(Constitutions, traités, lois, règlements : décrets, arrêtés)
constituant l’ordre juridique dans un pays à un moment donné.
C’est ce que nous enseignons à nos étudiants en première année
sous l’appellation de « droit positif ». La notion de légalité n’a
aucun caractère démocratique. Car la loi, c’est la décision qu’une
classe sociale ou un groupe social (à travers son gouvernement
et son parlement) impose aux autres (par la force armée, la
justice, l’administration) et proclamée volonté générale. Les
exemples abondent dans le monde ; il suffit de savoir que le
régime de l’Apartheid en Afrique du Sud avait sa légalité pour
comprendre ce que nous disons. Chez nous, La Loi Fondamentale
de Kérékou-PRPB (une Constitution autocratique) est aussi un
exemple.
Par contre, la légitimité, c’est l’adhésion de la grande majorité de
la population à un pouvoir, à un programme, à un individu, etc.
Cela est l’expression de la démocratie. L’idéal démocratique,
c’est que les deux se fondent et se réalisent : la légalité et la
légitimité.
Le Journaliste : Mr le Professeur dites-nous dans quel cas de
figure se trouve-t-on ici à propos des problèmes soulevés : la
prorogation du mandat du chef de l’Etat au-delà du 5 avril et du
parrainage ?
Le Premier Secrétaire : J’y viens en effet.
Par décision DCC 21-010 du 7 Janvier 2021, la Cour
constitutionnelle s’est déclarée « incompétente » face aux
requêtes tendant à déclarer « inapplicable » l’article 157-3 de la
Loi N°- 2019-40 du 07 novembre 2019 portant révision de la loi
90-32 du 11 Novembre 1990 portant Constitution de la
République du Bénin, article qui proroge le mandat du Président
en exercice jusqu’au mois de mai 2021 et de celle tendant à lever
le parrainage inscrit à l’article 44 de la Nouvelle Constitution.
Cette décision a soulevé bien des polémiques.
Le Journaliste Oui, c’est cela justement la question. La Cour de
Djogbénou peut-elle se déclarer incompétente ?
Le Premier Secrétaire :
Je reviens aux notions définies plus haut. Quelle est la légalité en
vigueur actuellement au Bénin ? Autrement dit, quel ordre
juridique qui en vigueur au Bénin ? La réponse à cette question
donne la réponse juridique à notre débat. La légalité actuelle,
c’est celle constituée de la Constitution de Novembre 2019, de
toutes les lois votées depuis l’avènement au pouvoir de l’équipe
gouvernementale actuelle (dont la loi portant code électoral et
la loi portant charte des partis politiques entre autres), autant de
textes constituant l’armature juridique. Cette légalité qui, de
toute évidence, est anti-démocratique, plus précisément
despotique ou autocratique, a été imposée au peuple par le
groupe social dirigé par le Président Talon depuis avril 2016. Tout
le monde a suivi le processus d’imposition de cette
légalité autocratique : 1°-Vote des lois autocratiques avec la
complicité de la 7ème Législature (ayant pour Président
L
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Houngbédji Adrien et Vice-Président Houndété Eric) ; 2°-
tentative de modification de la Constitution par voie
parlementaire qui a connu deux échecs en Avril 2017 et en Juin
2018 ; 3°-Imposition dans le sang (et par les armes) d’une
Assemblée monocolore en Avril 2019. Et le tour est joué. 4°-Vote
en une nuit et à l’unanimité (5/5) de la Loi N°- 2019-40 du 07
Novembre 2019 portant révision de la loi 90-32 du 11 Décembre
1990 portant Constitution de la République du Bénin ; la
Constitution du 11 Décembre 1990 en son article 154 ayant
ouvert la brèche en prévoyant que les députés peuvent
supplanter le peuple (constituant originaire) et changer la
Constitution par vote acquis à la majorité qualifiée des ¾,
devenant ainsi ce que nous appelons le « constituant dérivé ».
Le Journaliste : Mais c’est grave Mr le Professeur !
Le Premier Secrétaire : Eh oui ! c’est ce qui s’est passé. Venonsen à la Décision DCC- 2021- 010 du 7 Janvier 2021. L’on demande
à la Cour constitutionnelle de déclarer l’invalidité des articles
157-3 et 44 (dernier alinéa) de la Loi N°- 2019-40 du 07 novembre
2019 portant révision de la loi 90-32 du 11 Novembre 1990
portant Constitution de la république du Bénin sur le parrainage
et la prorogation de 45 jours du mandat du Président de la
République. Autrement dit, on demande à un organe de la
Constitution révisée (la Constitution autocratique) d’annuler ses
dispositions formelles et de nier ainsi ses propres bases
d’existence. Cela est juridiquement impossible, et la décision de
la Cour de Djogbénou du 7 Janvier 2021 par ces dispositifs
(pertinents) se trouve dans son rôle de garante assumée de
l’ordre juridique inique autocratique en se déclarant
incompétente.
Le Journaliste : M. le Premier Secrétaire. Pour bien comprendre
les choses, et au regard de ce que vous dites, Patrice Talon peut
aller au-delà du 6 avril ?
Le Premier Secrétaire : C’est ce qui est déjà inscrit à l’article 157-
3 dans sa Constitution révisée et pour lequel la Cour s’est déclaré
incompétente. Pour que ce ne soit pas ainsi, ce n’est pas par le
recours juridictionnel qu’on peut l’obtenir. Il faut en revenir au
peuple, constituant originaire.
Le Journaliste : Mais, Mr le Premier Secrétaire, et la décision de
la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Vous
semblez ne pas en tenir compte dans vos propos ?
Le Premier Secrétaire : Je ne l’ai pas oubliée, cette décision de la
CADHP. Je vais y arriver. En effet par deux arrêts en date du 27
Novembre et 4 Décembre 2020, la Cour Africaine des Droits de
l’Homme et des Peuples(CADHP) enjoint aux autorités
béninoises d’abroger la Constitution révisée du 7 Novembre
2019 et de revenir à la Constitution du 11 Décembre 1990 et ce,
avant l’échéance présidentielle d’Avril 2021. Le moyen de la
juridiction africaine est tiré du fait que la loi de révision a « violé
le principe de consensus national » garanti par l’article 10 (2) de
la Charte Africaine sur la Démocratie, les Elections et la
Gouvernance »(CADEG). Et en effet, se prévalant de cette
décision, beaucoup d’acteurs politiques du Bénin et non des
moindres, affirment d’emblée que la légalité en vigueur au Bénin
est celle relevant de la Constitution du 11 Décembre 1990 et non
celle de la Constitution de Novembre 2019. Cette position, si elle
est compréhensible politiquement, ne l’est pas en droit.
L’on sait que le principe qui régit les relations internationales et
donc le droit international est celui de la souveraineté des Etats ;
autrement dit, les traités internationaux auxquels un Etat a
souscrit et qui constituent des auto-limitations de ses
prérogatives, ne le sont que par la volonté souveraine des Etats.
Pour que ces auto-limitations ou ces traités puissent lier l’Etat et
devenir droit positif dans cet Etat, il faut leur endossement par
les Organes internes à l’Etat et l’organe approprié est le
Parlement. C’est dire que, pour qu’un traité devienne loi à
l’intérieur d’un Etat, il faut qu’il ait été ratifié par le Parlement ou
que le Parlement en autorise la ratification. Il faut que le
gouvernement qui dispose des moyens coercitifs (l’armée, la
police et la justice) pour le rendre effectif, donc applicable,
endosse ce traité. Si l’Etat refuse de l’endosser, il ne peut devenir
la loi dans ce pays. Et on ne peut l’y contraindre par l’usage de la
force extérieure (sauf exception très rare définie par le Chapitre
VII de la Charte des Nations-Unies). Les arrêts de la CADHP qui
peuvent être justifiables et même soutenables par ailleurs, ne
sont donc pas d’application directe au Bénin.
Le Journaliste : Mais alors, M. le Professeur, tout Etat peut ainsi
signer un Traité et se désengager après facilement et ne pas
respecter ses engagements internationaux ? C’est quand même
un problème !
Le Premier Secrétaire : C’est un problème. Voilà pourquoi les
Etats essaient de respecter leurs engagements suivant le principe
international « Pacta sunt servanda » (Il faut respecter ses
engagements) pour ne pas être considéré comme un « Etat
voyou ». Pour être un Etat sérieux, il faut honorer ses
engagements internationaux.
Le Journaliste : M. le Premier Secrétaire, la CADHP ne peut pas
contraindre le Bénin à revenir à la Constitution du 11 Décembre
1990 ?
Le Premier Secrétaire : Je ne vois pas par quel moyen d’action la
CADHP pourra contraindre les autorités béninoises à revenir à la
Constitution du 11 Décembre 1990. Et puis M. le Journaliste, si
vous êtes là et puis vous apprenez que votre Constitution (quelle
que mauvaise soit-elle) adoptée par votre Etat a été changée sur
décision d’une Juridiction extérieure,seriez-vous content ? Où se
trouvent le peuple et sa souveraineté ? Déjà que nous exigeons
par exemple que les questions cardinales comme celle du franc
CFA soient soumises au peuple béninois soit par référendum ou
au parlement. Et on va accepter qu’une Juridiction extérieure, du
jour au lendemain, supprime la Constitution de votre pays, sans
l’intervention du peuple ou d’un organe représentatif du
peuple ! D’ailleurs, les interventions militaires extérieures, sous
couvert de la défense de la légalité internationale (des traités
non respectés par exemple) aboutissent généralement à des
opérations d’occupation des territoires d’autrui par les grandes
puissances pour des intérêts de domination impérialiste. Les
BARKHANE, MINUSMA, MONUSCO, ONUCI, MINUSCA etc. n’ont
jamais arrangé les affaires d’un pays, ni un peuple. Nous ne
voulons pas d’une « MINUSBE » au Bénin. Notre peuple ne peut
jamais accepter cela pour des raisons de dignité, car ce serait
avilir les noms de Béhanzin, Kpoyizoun, Saka Yérima, Bio Guerra,
Kaba. Les problèmes essentiels du Bénin doivent être résolus par
le peuple béninois lui-même et non par l’appel aux forces
étrangères. C’est pourquoi nous avons toujours rejeté l’article 66
de la Constitution béninoise.
Le Journaliste : Comme vous l’avez évoqué, le problème n’est
donc pas juridique, c’est quoi alors ?
Le Premier Secrétaire : Merci M. le Journaliste de poser ainsi le
problème. Le problème n’est pas juridique, il est politique. Le
Président Talon a instauré un pouvoir autocratique, une légalité
autocratique. La Cour Constitutionnelle est un organe de cette
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légalité autocratique. On ne peut pas vouloir se servir des lois de
l’autocratie pour prétendre la vaincre. C’est l’illusion que tentent
de semer ceux qui recourent à ces Institutions (telle la Cour
Constitutionnelle) pour penser s’entendre donner raison contre
l’Autocratie de Talon. C’est l’illusion que sèment ceux qui
prétendent aller à l’élection présidentielle prochaine pour
gagner Talon par les urnes. C’est cela qui les amène à
s’embrouiller et à embrouiller tout le monde par la confusion
voulue entre le juridique et le politique.
Le Journaliste : Autrement dit, comme vous l’avez maintes fois
répété, on ne vainc pas une autocratie par les urnes.
Le Premier Secrétaire : Exactement. En termes clairs, on ne
gagne pas sur une autocratie en voulant utiliser ses lois. Il faut
sortir du système Talon ; il faut sortir de la légalité de l’autocratie
pour la vaincre et imposer une nouvelle légalité, celle
démocratique et révolutionnaire. C’est ce que nous avons
toujours préconisé. Il faut détruire l’ordre juridique
autocratique, par l’action directe des masses insurgées.
Le Journaliste : M. le Premier Secrétaire, votre mot de fin.
Le Premier Secrétaire. Le débat ne se trouve pas au niveau de la
légalité ou non du pouvoir de Talon. Le débat est politique et se
pose en termes de légitimité. Le Pouvoir de Talon est sans aucun
doute, en dépit des déclamations officielles, l’un des plus
impopulaires, l’un des plus illégitimes qu’ait connu notre pays, le
Bénin. Le vote aux législatives où il a enregistré moins de 15% de
suffrage l’atteste. Le Président lui-même en est conscient ; voilà
pourquoi il verrouille toute issue démocratique, toute
compétition ouverte et inclusive, toute élection transparente
dans notre pays. Un tel pouvoir, aux antipodes des aspirations
du peuple ne mérite pas de demeurer en place ne serait-ce qu’un
jour de plus, le peuple ne se donnant aucune limite
constitutionnelle, aucune échéance, sa seule volonté étant la
Constitution en œuvre, ou la Constitution à venir. La seule limite
que le peuple peut se donner, c’est le jour où ensemble il se lève
pour faire partir le pouvoir autocratique. On n’a pas besoin
d’attendre un 5 avril, si, avec un peuple décidé, on n’a les forces
et les capacités d’organisation nécessaires. C’est à un tel sursaut
populaire que j’appelle. Nous avons de grands défis de libertés,
de faim, mais aussi de patriotisme à relever. Leurs solutions ne
se trouvent pas dans un appel à l’étranger avec toutes les
manigances et conditions de soumission. Elles se trouvent dans
les ressources propres de notre peuple. Ces défis ne peuvent se
relever sans l’engagement direct des masses pour le
renversement de l’ordre juridique et politique existant. Et pour
cela, il faut de la détermination, la confiance en soi, l’esprit de
sacrifice, l’héroïsme nécessaire. Enfants du Bénin debout !
RUINE ET APPAUVRISSEMENT DE LA POPULATION
ENCORE LA HAUSSE DES FACTURES D’ELECTRICITE.
LE PEUPLE PAIE POUR LE BIEN-ETRE DU DG PARADIS ET
DU POUVOIR
ar Décret 2020- 328 du 24 juin 2020, le président TALON
avait revu à la hausse les tarifs de consommation de
l’électricité. Le calendrier de mise en œuvre de cette
décision a débuté en Septembre 2020 et devaitse poursuivre par
un alourdissement en Janvier 2021. Votre journal ‘’La Flamme’’
a dénoncé cette décision antisociale et antiéconomique qui a
anéanti le pouvoir d’achat des travailleurs dans son numéro
N°358 du 17 juillet 2020 comme suit :
« En usage domestique, pour tous ceux qui consomment plus de
20 kWh par mois, le prix de kWh passe de 109 FCFA à 114 F CFA
à partir de septembre 2020 et à 125 FCFA à partir de janvier
2021 ; soit 16 frs de plus par kWh, une hausse de 15 %. Pour le
foyer d’un travailleur qui consomme 100 kWh, au lieu de 10.900
FCFA, il paiera 12.500 sans compter les frais d’entretien. Pour
ceux qui consomment plus de 250 kWh, le prix du kWh passe de
115 FCFA à 134 en septembre 2020 et à 148 FCFA à partir de
janvier 2021,soit 33F de plus par KWh, une hausse de 29 %. Pour
une famille qui consomme 300 kWh, au lieu de 34.500 FCFA, elle
paiera désormais 44.400 FCFA. Même pour la tranche dite
sociale de consommation inférieure à 20 kWh par mois, le prix
du kWh passe de 78 à 86 FCFA en janvier 2021, soit 8 francs de
plus par kWh, une hausse de près de 5%.
En ce qui concerne l’usage professionnel, les hausses sont
comprises entre 10 et 12%. Même le coût de l’éclairage public
augmente de 10% .... »
Les travailleurs et le peuple avaient commencé à peine à réfléchir
à comment parer à cette grande saignée de leur pouvoir d’achat,
quand le gouvernement de Talon et les autorités de la SBEE
annoncent soudainement une nouvelle série de taxes qu’on
découvre dans les colonnes des journaux de la place, tels « La
Nation », « Le Matinal », du mercredi 20 janvier 2021. Ces taxes
qui s’ajoutent à celles du Décret sus- indiqué, se présentent
comme suit:
- La Prime FIXE de l’électricité est de 500F multipliés par le
nombre de KVA souscrits ;
- La Contribution à l’électricité rurale, 3F multipliés par le
nombre de KWH consommés ;
- La Taxe sur l’électricité : 2F multipliés par le nombre de
KWH consommés.
En plus de cela, d’autres mesures sont annoncées. « …il y a deux
types d’abonnés. Il s’agit des abonnés bénéficiant de
subventions et des abonnés ne bénéficiant pas de
subvention… ».
Ainsi, contrairement aux raisons de mettre fin aux délestages et
de donner la lumière à tous, agitées pour justifier les réformes
en cours à la SBEE, le gouvernement de TALON s’est entendu
avec le groupe du DG Jacques Paradis pour se remplir les poches
en dépouillant complètement le consommateur d’électricité. En
témoigne leur propre calcul : « un client qui a consommé 60 KWH
et qui payait en 2020 la somme de 9551 F par mois doit payer en
2021 un montant de 10330 F », soit apparemment une
augmentation de 779 F. Mais où trouver ces 779 F de plus, quand
on sait que le gouvernement de TALON n’a jamais augmenté les
salaires depuis qu’il est au pouvoir, mais qu’au contraire, il ne
rate jamais l’occasion de supprimer les acquis sociaux, telle la
subvention d’Etat sur l’électricité.
Ces nouvelles mesures appellent les observations suivantes :
- Pourquoi diviser les consommateurs en deux groupes,
ceux qui bénéficient des subventions et ceux qui n’en
bénéficient pas ? Quels sont les critères qui distinguent les
deux groupes ? Toutes ces questions restent sans réponse.
- Pourquoi trois nouvelles taxes sur la consommation
d’électricité au même moment où les tarifs par plage de
consommation sont revus à la hausse ? Le DG Jacques
PARADIS s’explique: « …L’augmentation du coût de
consommation au KWH répond à un besoin d’équilibre
financier du secteur de l’énergie exprimé par la SBEE. Ce
réajustement est également motivé par la nécessité
d’améliorer durablement les performances de la SBEE afin
d’offrir des services de qualité aux populations et aux
entreprises. La subvention de l’Etat n’étant plus globale, il
faut passer à la réalité des prix …» (a poursuivi le DG.)
P
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Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Page 6
Travailleurs et peuple béninois, comme vous le constatez, le
groupe du DG PARADIS et le gouvernement de TALON ont décidé
de vous plumer, de vous ruiner davantage.
Il y a lieu de se lever pour mettre fin à cette exploitation
esclavagiste. Il n’y a pas d’autre issue. Il s’agit de se mobiliser, de
s’organiser et de se lever pour dire non à ces conditions
inhumaines qui vous sont imposées. Voilà la seule solution
immédiate qui vaille.
K. Richard.
ORGANISATION POUR LA DEFENSE DES DROITS DE L’HOMME ET DES PEUPLES (ODHP)
Communiqué de presse
Incarcération de Kohou Edouard et de Jean Kpoton :
Encore un crime de plus sous le pouvoir de Talon
e 22 Décembre 2020, Edouard Kohou (professeur des
Lycées et Collèges) en poste au CEG1 de Natitingou a été
enlevé et déporté à Cotonou. Il a fallu plusieurs jours avant
qu’on sache qu’il est gardé à la prison civile de Cotonou et qu’on
lui reproche d’avoir relayé sur les réseaux sociaux une
information qui n’est pas du goût du pouvoir.
Depuis son enlèvement inadmissible, l’ODHP, la CSTB, les
démocrates et patriotes, les populations de Natitingou
réclament sa libération et dénoncent ce mode d’arrestation
digne des régimes fascistes.
Une marche de protestation pour exiger sa libération a eu lieu
le 31 Décembre 2020 à Natitingou à l’appel de la Section
Communale de l’ODHP et de la CSTB dont il est le Responsable
départemental (Atacora) pour les élections professionnelles en
cours. Comme pour marquer son mépris des demandes
populaires, non seulement, Kohou Edourad n’est pas remis en
liberté mais il est condamné par la justice aux ordres à 2 ans de
prison ferme ; sur la base de lois scélérates et liberticides dont le
peuple et les honnêtes gens exigent l’abrogation.
Cette condamnation est d’autant plus inique qu’elle porte
atteinte à la liberté d’opinion et que ce nouveau détenu politique
Kohou Edouard a mieux à faire à aller poursuivre la formation
des apprenants qui ont plus que jamais besoin de lui en ces
temps de manque criard d’enseignants dans les collèges au
Bénin.
Deux semaines après l’enlèvement de cet enseignant, un autre
citoyen est arrêté chez lui à Porto-Novo, le 13 Janvier 2021. Jean
Kpoton, c’est de lui qu’il s’agit, sera gardé au Commissariat de
Hwlakodji (Cotonou), après un passage à l’Office Central de
Répression de la Cybercriminalité (OCRC). Il est déposé à la
prison civile de Cotonou le 18 Janvier. On lui reproche d’avoir
relayé une information qui ne plait pas au Gouvernement sur les
réseaux sociaux. Ici, comme dans le cas de Edouard Kohou, les
auteurs des informations qualifiées de diffamation ou de
harcèlement sont tranquilles. Ce sont plutôt ceux qui relayent
qui sont lourdement et cyniquement sanctionnés. Le pouvoir
n’use pas de droit de réponse ni de la possibilité de débat
contradictoire pour démentir ou confondre les auteurs
présumés fautifs, mais plutôt opte pour ce qui constitue une
répression aveugle contre ceux qui relayent en seconde main, ce
qui n’éclaire personne sur les faits incriminés. Ce faisant, il
accrédite et renforce le poids de la chape de plomb dictatoriale
autocratique sur le pays.
Alors, les gens sont plus fondés à exiger la libération immédiate
de Kohou Edouard et de Kpoton Jean, et plus généralement de
tous les détenus politiques. Mais si le pouvoir de Talon continue
d’être sourd à ces exigences légitimes en banalisant la violation
des libertés, il ne reste au peuple et aux défenseurs des droits
humains que de recourir davantage aux manifestations qui
relèvent de leurs droits inaliénables.
Ainsi, il ne reste plus qu’à suivre l’exemple des compatriotes de
Natitingou qui ont marché pour exiger la libération de Kohou
Edouard le 31 Décembre dernier, ou celui des Zémidjans de
Parakou qui ont pris la rue pour défendre leurs droits bafoués.
Cotonou, le 20 Janvier 2021
Le Bureau Exécutif National
CONFEDERATION SYNDICALE DES TRAVAILLEURS DU BENIN (CSTB)
Point de presse du comité national de campagne de la
CSTB à deux (02) jours du déroulement de la troisième
édition des élections professionnelles.
esdames et Messieurs les journalistes !
Nous voici à quarante-huit heures du 24 janvier 2021,
date retenue par le gouvernement pour le vote
électronique dans le cadre de la troisième édition des élections
professionnelles nationales. Au moment où prend fin la
campagne électorale, nous estimons qu’il est utile de partager
avec vous :
 le bilan que nous tirons du processus électoral
engagé depuis octobre 2020 ;
 et le point de nos descentes sur le terrain.

1- Un processus chaotique et très peu rassurant.
Il est établi que dans le cadre d’une élection, quelle qu’elle
soit, deux éléments paraissent importants à savoir : le mode de
scrutin puis la liste électorale. Sur ces deux points, la position du
gouvernement est apparue, à tous points de vue, maladroite,
suspecte et non transparente. N’en déplaise à madame la MTFP
qui, dans son point de presse d’hier, estime que tout s’est bien
passé malgré le cafouillage observé dans la confection de la liste
électorale.
1-1 Le changement des règles du jeu en plein jeu.
Nous ne voulons pas revenir ici sur la façon dont le
gouvernement a imposé le vote électronique et l’intrusion de la
CENA, alors que les textes qu’il a, lui-même, pris quelques
semaines plutôt, au terme d’un processus tripartite, ne
prévoyaient pas cela. Pour le gouvernement (et le MTFP l’a
répété hier encore, lors de son point de presse), cette option du
vote électronique a été prise pour soi-disant :
la modernisation, Ia transparence et la réduction du coût.
Ces arguments ne résistent point devant les faits.
La transparence n’aurait-elle pas amené le nouvel
opérateur technologique choisi, après le désistement du premier
à, tout au moins, se faire connaitre du Comité Electoral National
(CEN) et à travailler véritablement en synergie avec lui et sous
L
M
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son contrôle ? Le budget de cette édition, comparé à ceux des
éditions de 2001 et de 2006, en termes relatifs, a-t-il vraiment
permis au gouvernement de faire des économies ? Nous en
doutons fort, surtout que ce budget n’a jamais été communiqué
au Comité Electoral National (CEN).
A travers les réponses à ces questions, on se trouve fondé
à dire que les raisons d’une telle option ne sont ni la recherche
de la modernité, ni le souci de transparence, ni la volonté de
réduire le coût.
Nous continuons de nous interroger sur la fiabilité du
paramétrage. A-t-on procédé aux différents tests de
performance et de sécurité du système ? Par ces tests,
l’opérateur technologique aurait pu convaincre que toutes les
unités du programme s’intègrent bien et que tout le processus
marche bien du début jusqu’à la fin. C’est un test grandeur
nature sur le serveur pour voir la performance de chaque
fonction. Ceci pour connaître les limites de l’application et le
nombre d’utilisateurs qui peuvent se connecter en même temps.
Par le test de sécurité, l’opérateur aurait pu convaincre les
membres du CEN qu’il ne peut pas et ne doit pas interagir
pendant la durée du vote, ni savoir pour qui un électeur a voté.
Ce qui n’est pas le cas jusqu’à la veille du vote. L’absence des
tests de performance et de sécurité sont préjudiciables à la
sincérité du vote. Ils ne permettent ni de vérifier que le vote d’un
électeur a été pris en compte pour le candidat de son choix, ni
de s’assurer que le vote ne peut pas être modifié, même par
l’opérateur. Tel n’est pas le cas pour l’élection du 24 janvier
2021. Car après l’inscription, si le votant ne reçoit pas le SMS en
retour, il ne pourra pas voter. Dans ce cas, il fait quoi ?
1-2 Une liste électorale non fiable et non crédible.
En ce moment, où nous finissons la campagne électorale,
on ne connait pas la liste électorale définitive. Personne ne peut
dire combien d’électeurs sont finalement inscrits ? Combien se
retrouvent dans le secteur privé ? Combien sont du secteur
public ? Mais ce dont on a la certitude, c’est que de nombreux
travailleurs ne voteront pas parce que les dispositions prises
ont empêché leur inscription sur les listes. Ce dont on a la
certitude aussi, c’est que les travailleurs n’ont pu exercer leur
droit de contrôle sur lesdites listes à la base. Tous ceux qui se
retrouvent ou se retrouveront sur cette liste définitive qui ne
sera jamais affichée, sont-ils tous de véritables travailleurs? La
MTFP devrait avoir honte de son incapacité à conduire ce
processus électoral dans la transparence et se taire parce
qu’incapable de corriger les nombreuses irrégularités portées à
sa connaissance.
La situation des listes avec des omissions et des doublons
est le résultat du cafouillage sciemment orchestré par le CEN
depuis la collecte des premières données : entêtement à prendre
des listes globales, mise à l’écart des CED, absence d’un véritable
plan de travail au niveau du CEN, etc. Plusieurs milliers de
travailleurs sont laissés pour compte, à l’instar des paramilitaires
(Police Républicaine, Douanes, Eaux, Forêts et Chasse).
Pourtant, durant tout le processus, la CSTB a tout fait pour
que le tir soit rectifié : contribution de notre représentant au
CEN, nombreuses correspondances adressées au MTFP, etc.
Malheureusement nos diverses propositions n’ont reçu que
mépris et dédain.
La CSTB et les travailleurs sont en droit de conclure que le
processus d’organisation des élections
professionnelles nationales a été fortement biaisé et comporte
des germes de fraudes.
1-3. L’irruption de la corruption dans le processus
Le processus pour la tenue de la troisième édition des
élections professionnelles a connu un phénomène nouveau :
c’est la distribution des sous et gadgets aux travailleurs pour
acheter leur vote. Il s’agit là de l’introduction, en milieu de
travail, de pratiques malsaines déjà présentes lors des élections
politiques.
Où les auteurs de la distribution de ces libéralités, ont-ils
eu les moyens ? Quelle éthique introduit-on dans le monde du
travail ?
2- Les leçons de nos descentes sur le terrain au cours de la
campagne.
Nos descentes sur le terrain lors de cette période de
campagne électorale pour cette troisième édition des élections
professionnelles nous ont permis de nous rendre compte que :
- Le crédit de confiance dont bénéficie la CSTB auprès des
travailleurs est partout grand. La troisième édition des élections
professionnelles devrait logiquement confirmer cette audience ;
partout les travailleurs sont fortement mobilisés pour faire
triompher la CSTB. Des cohortes entières des syndiqués des
autres confédérations syndicales sont prêts pour accorder leurs
suffrages à la CSTB ;
- Les travailleurs comprennent les manœuvres en cours et ne
sont pas du tout dupes du choix du vote électronique et le
cafouillage orchestré autour de la liste électorale en vue
d’aboutir à des résultats biaisés et frauduleux ;
- Les travailleurs restent mobilisés et déterminés et ne sont pas
prêts à accepter la nomination de centrales et confédérations
syndicales contraire à leur choix et aspirations.
Pour terminer ce point de presse, la CSTB dénonce une
fois encore les irrégularités qui ont émaillé tout le processus
électoral, tout en exprimant ses appréhensions relativement au
mécanisme mis en place pour le vote du 24 janvier 2021. Elle
félicite la mobilisation des travailleurs et les invite à participer
massivement au scrutin du dimanche prochain, dans la plus
grande vigilance. Elle demande aux travailleurs de poursuivre et
de renforcer leur organisation en vue de détecter les nids de
fraudes et d’aider ceux qui auront des difficultés à manipuler
leurs téléphones ANDROÏD. Elle demande également aux
travailleurs d’établir une liste des votants avec émargement.
Ceux qui ne pourront pas voter à cause de la liste électorale
chaotique devront également s’inscrire sur cette liste pour
attester leurs choix en faveur de la CSTB.
La CSTB n’acceptera, ni ne tolérera aucun holdup up.
Même en pleine campagne, elle suit et défend les revendications
des travailleurs et rejette d’ores et déjà la mise en application
de la révision de la grille tarifaire de la SBEE, annoncée ces
derniers jours. C’est pourquoi, les travailleurs doivent imaginer
toutes sortes d’actions pour la satisfaction de leurs
revendications. Elle recommande à ses coordonnateurs
départementaux et communaux de s’organiser pour collecter la
capture d’écran des reçus d’après vote à centraliser par
département, avant d’être communiqué à la plate-forme
centrale qui sera mise en place par la CSTB le jour de l’élection.
Vive la CSTB !
Vive les travailleurs !
Seule la lutte paie !
Cotonou, le 22 janvier 2021.
La Direction nationale de campagne de la CSTB
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Le Bénin grand absent de la CHAN 2021
e Championnat d’Afrique des Nations (CHAN 2021) qui se
joue actuellement au Cameroun fait remarquer l'absence
des jeunes aux écureuils qui ont été éliminé lors de la phase
éliminatoire par des scores vraiment désolant.
On se rappelle encore le bruit fait par le gouvernement de la
rupture lors de la bonne prestation des écureuils séniors à la CAN
2019. Le gouvernement s'en est bien vanté car le reliant à sa
politique sportive. Les amoureux du football béninois se disaient
être soulagé et que désormais le pays ira loin et le drapeau du
Bénin sera rehaussé dans les années à venir.
Mais hélas, ce n'est pas ce qu'on constate. A peine un (01) an
après, nous voici de nouveau plonger dans l’échec. Cette
politique qu’on nous vantait vient donc de montrer ces limites.
En dehors de cette bonne prestation des écureuils séniors, plus
rien n'a marché et pour cause, l'absence des championnats
digne du nom dans le pays.
Le gouvernement de la rupture a donc, comme dans tous les
secteurs, échoué. Le prochain gouvernement du Bénin doit
revoir cette politique pour que désormais le football béninois
vive vraiment.
Vignon
Décès de l’artiste Béninois Ezin Gangnon
Une voix des sans voix s’est éteinte.
oungninou alias Ezin Gangnon est un artiste chanteurcompositeur Béninois. Très populaire jusqu’à sa mort le
10 décembre 2020 Ezin Gangnon a beaucoup influencé la
musique traditionnelle béninoise à travers le rythme
communément appelé Toba hanyé. Mais avant d’embrasser ce
rythme, Ezin Gangnon a fait ses premiers pas musicaux à travers
un autre rythme appelé le Tchingounmin.
Né vers 1941, Ezin Gangnon n’a pas eu la chance de fréquenter
l’école du blanc qui en son temps était vu comme un passetemps. Adolescent, ses parents l’ont envoyé en apprentissage du
métier de la menuiserie chez Monsieur Kingbè. Maître
menuisier, Kingbè était un chanteur hors pair. Passionné de la
chanson, Ezin Gangnon n’hésita pas de s’intéresser au talent
musical de son patron Kingbè. Très vite, les journées
d’apprentissage se transformaient en séance de répétition. C’est
ainsi que Ezin Gangnon a pris goût à la musique. Jusqu’à la fin de
son apprentissage, Ezin Gangnon restait aux côtés de son patron
chaque foisque les gens viennent solliciter sa prestation. Il a fallu
la pression des parents avant que Ezin Gangnon prenne son
apprentissage du métier de la menuiserie au sérieux pour avoir
son diplôme de fin d’apprentissage. Hostiles au chemin de
chanteur sur lequel s’engage leur enfant, les parents de Ezin
Gangnon décident de l’envoyer en stage au Ghana avec pour
objectif de l’éloigner de son environnement natal d’où il tire son
inspiration musicale. Mais arrivé au Ghana, Ezin Gangnon y
retrouva la communauté Mahi et anime régulièrement les
cérémonies de fête et d’autres évènements de retrouvailles. Son
engagement devient incontournable. Après 05 ans que dura son
stage, il revient au pays. Mais avant son retour, un de ses amis
d’enfance du nom de Houndefo Anatole alias Alokpon eu le
temps d’occuper le terrain musical avec le rythme
Thinhoungounmè que faisait également Ezin Gangnon. C’est
alors qu’il décide d’embrasser le rythme Toba Hanyé à travers
lequel il fera éclore son génie. Il chante la misère, la mort et
l’amour. Ezin Gangnon est vraiment aimé des couches pauvres
du Bénin parce qu’il décrit avec énergie la misère et la souffrance
des pauvres du pays. Sa disparition est vraiment une perte pour
le pays.
Paix à l’âme de l’artiste.
Zinsou Gabriel.

INTERDICTION D’UNE REUNION DU PARTI « LES
DEMOCRATES » A OUIDAH
e samedi 16 janvier 2021, alors que le Parti « Les
Démocrates » avait prévu de réunir ses militants à Ouidah
pour l’installation des bureaux d’arrondissement, et ceci
dans un domicile privé, le pouvoir de Patrice Talon a déployé une
horde de policiers à travers la ville pour empêcher les militants
d’accéder au lieu de la réunion. Ces agissements sont
inadmissibles et témoignent de la nature répressive du pouvoir
autocratique de la rupture.
Si on sait que dans le même temps, un des partis jumeaux du
pouvoir se réunissait pour adouber la candidature de Patrice
Talon aux prochaines élections présidentielles, on constate
l’emploi du deux poids deux mesures dans la gestion des libertés
démocratiques dans le pays. Quand vous soutenez le pouvoir,
vous êtes libres de vous réunir, si vous n’êtes pas d’accord avec
lui, vous êtes interdits de réunion.
Nous dénonçons ces pratiques anti-démocratiques et mettons
en garde le pouvoir contre de telles pratiques qui ne peuvent pas
continuer plus longtemps.
KUNLE
Le Parti SADI condamne la frappe de l’armée française
contre la localité de Bounti et exprime sa solidarité et son
soutien aux victimes de cette tragique bavure.
e Parti SADI a invité à son siège les représentants, les
parents de victimes des localités de Bounti et de Douentza
pour échanger sur l’ampleur de la tragédie qui a frappé le
village de Bounti, au pied de la Falaise, au Nord-Ouest de
Douentza, le dimanche 3 Janvier 2021 entre 14H30 et 15 Heures,
suite à des frappes d’une rare violence de l’armée française
ayant visé des populations qui célébraient un mariage.
A l’issue de nombreuses séances d’écoute, de recoupements et
de la confrontation de différentes versions, auxquels s’ajoute un
faisceau de preuves irréfutables du lieu d’intervention de
l’armée française, le Parti SADI déclare sans ambage que l’armée
française a commis une tragique bavure qui a coûté la vie à de
nombreux innocents et décimé partiellement une lignée
familiale.
Pour le Parti SADI, Il ne s’agissait nullement de Groupes Armés
Terroristes, mais d’un rassemblement festif pour célébrer un
mariage.
Vouloir occulter cette réalité et conclure à la présence de
Groupes Armés Terroristes pour justifier une quelconque frappe
L
H
L
L
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de l’armée française, est une insulte à l’intelligence collective de
notre peuple profondément attristé par cette tragédie.
La version que l’armée française tente de nous faire avaler
ressemble à une fable. Elle n’est ni crédible, ni acceptable. Parce
que dans sa version, elle soutient que les observations qui ont
précédées la frappe ont établi qu’il s’agissait de Groupes Armés
Terroristes. Alors des questions méritent d’être posées:
- Quels sont les éléments qui l’ont conduite à identifier
formellement ces Groupes terroristes ?
- Des armes ont-elles été repérées? Quelle est la nature de ces
armes ?
- Les mouvements observés étaient-ils ceux des GAT?
- Par ailleurs, l’armée française soutient n’avoir effectué qu’une
seule frappe. Pourtant, ce sont deux Mirages 2000 basés à
Niamey qui ont largué trois bombes. Ce qui confirme les
témoignages recueillis qui parlent de deux frappes: une première
qui a fait 16 morts et une seconde qui a fait 3 blessés qui
succomberont au cours de leur évacuation (1 est mort avant
d’atteindre le Centre de santé, le second meurt au dispensaire,
le 3 ème, évacué à bord d’une ambulance vers Sevaré a été
intercepté à un barrage tenu par la malice donso. Le blessé en
fut extrait et exécuté).
- Ces mêmes témoignages établissent qu’aucun Djihaddiste
n’était présent, qu’il n’y avait ni arme, ni moto;
- Pourquoi, l’armée francaise d’habitude prompte à célébrer ses
trophées contre les Groupes Armés Terroristes a -t-elle gardé le
silence durant 48 heures sur les évènements de Bounti ?
- Quelle crédibilité peut-on accorder à sa version lorsque c’est
elle même qui envoie une mission d’enquête sur les lieux de la
frappe et écarte d’emblée la thèse d’une bavure ?
- Comment un nombre si élevé de Djihaddistes peut-il se
rassembler en plein jour dans une zone où les armées franç aises,
maliennes, le G5 Sahel concentrent leurs efforts dans leur traque
et leur élimination ?
- Où se trouvent les carcasses des motos repérées par la chasse
française ?
Le Parti SADI rappelle que ce n’est pas la première fois que
l’armée française commet des bavures sur le territoire malien.
Dans la nuit du 23 au 24 octobre 2017, elle a bombardé un camp
de groupes djihadistes dans le secteur d’Abeibara, près de la
frontière algérienne où étaient détenus des soldats maliens
Kidnappés par le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans.
L’action qui a mobilisé des chasseurs Mirage 2000, des
Hélicoptères Tigre, les forces spéciales « Sabre » et des soldats
de la Force Barkhane, a couté la vie à 11 soldats maliens. Il a fallu
une forte pression de l’opinion publique nationale pour
contraindre la France à admettre la bavure.
Il est fort à craindre que la tragédie de Bounti ne se répète
ailleurs. Le refus d’une franche collaboration de Barkhane avec
les Forces armées maliennes et celles du G5 Sahel ,
contrairement aux homélies hypocrites et aux convenances
diplomatiques, sa volonté affichée de continuer à se comporter
en terrain conquis au Mali depuis 2013 et sous la couverture
juridique de l’accord de coopération militaire qui interdit toute
poursuite ni même interpellation sur d’éventuelles infractions,
actes criminels et dégâts, constituent un véritable passeport à la
bavure et à l’impunité.
L’armée française circule sans restriction sur toute l’étendue du
territoire national. Elle n’a pas besoin de solliciter l’armée
malienne. L’État du Mali n’a aucun droit de regard, encore moins
un contrôle sur ses agissements. Dans ces conditions, comment
croire aux propos tenus par le ministère malien de la Défense qui
soutient avoir été associé à cette boucherie?
Dans la prétendue collaboration, la France ne fait qu’intégrer au
sein des unités maliennes des détachements de liaison et
d’appui, dans le but évident de mieux surveiller et d’espionner
les unités maliennes. Aussi, l’armée française peut-elle mettre
sur écoute les dirigeants politiques, les acteurs sociaux ou toute
autre personne pouvant représenter un danger quelconque. Une
possibilité qui est également élargie à la MINUSMA.
Cette triste réalité confirme aisément le renforcement d’une
situation d’inféodation de notre armée nationale à l’armée
française. Ceci n’a hélas pas été remis en question par le
Gouvernement de Transition.
L’attitude du Gouvernement de Transition qui manifeste
clairement son soutien à l’Accord de défense avec la France n’est
pas de nature à créer les conditions d’un débat profond et serein
entre les maliens qui doivent, sur la base d’une saine évaluation
de cette présence française sur notre territoire, décider du destin
du Mali et de son armée.
Du reste, le Gouvernement de Transition a raté l’occasion de se
taire. Ses propos sur le déroulé des faits qui s’inscrivent dans le
cadre d’une opération conjointe baptisée « Eclipse », sont en
nette contradiction avec son engagement et sa promesse
d’envoyer une mission d’enquête sur le terrain.
Le Parti SADI :
- Condamne le bombardement de la localité de Bounti par
l’armée française ;
- Exige la prise en charge des blesses et des orphelins, leur
indemnisation par les autorités ;
- Exige du Gouvernement de Transition, une évaluation de
l’Accord de Coopération militaire entre la France et le Mali et de
la présence des armées étrangères avec l’ensemble des forces
politiques et sociales ;
- Demande aux autorités maliennes la dénonciation de l’accord
de défense inique ;
- Exige que la France reconnaisse la bavure et présente
solennellement ses excuses publiques aux familles des défunts,
aux blessés, à tout le peuple malien.
Bamako, le 18 janvier 2021
Le Bureau Politique
Dix années ont passé, que reste-t-il de la révolution tunisienne ?
L’analyse inédite de Hamma Hammami
 PAR LA RÉDACTION
 14 JANVIER 2021
ela fait dix années que Ben Ali a quitté le pouvoir. Le
peuple s'est mobilisé, des semaines durant entre
décembre 2010 et janvier 2011. Une mobilisation partie
de la colère de la jeunesse touchée par le chômage, la pauvreté
puis une colère qui embrase le pays, puis une région du monde.
Malgré la répression, Ben Ali a fini par quitter le pays pour
rejoindre l'Arabie saoudite, le 14 janvier 2011. Dix ans après,
quel regard porter sur cette révolution et son bilan ? C'est ce
que propose Hamma Hammami, dans cette analyse inédite
pour Le Monde en Commun.
Cette analyse inédite a été rédigée par Hamma Hammami,
militant des droits de l'homme tunisien, longtemps emprisonné
sous Ben Ali, il a été le porte-parole du Front populaire, alliance
née de la révolution tunisienne dont plusieurs de ses leaders ont
été assassinés en 2013 (comme Chokri Belaïd).
C
LA FLAMME N°385 22 janvier 2021
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Page 10
Dix ans après cette date mémorable du 14 janvier qui a vu
s’écrouler la poigne de fer et s’enfuir le dictateur, le bilan de cette
décennie semble très controversé.
Faut-il insulter la révolution et le peuple qui l’a déclenchée, comme
le font les nostalgiques de l’ancien régime ? Ou continuer à croire
que le processus révolutionnaire déclenché ce jour-là est encore
en cours malgré toutes les difficultés et les tentatives répétées de
récupération ?
Si la révolution tunisienne a eu un seul mérite, c’est celui d’avoir
détruit le mur de la peur par lequel le dictateur régnait, d’avoir
ouvert la voie aux peuples dans pas moins de douze pays arabes
pour se soulever contre leurs dictateurs, d’avoir revendiqué et
obtenu dans une large mesure l’exercice des libertés.
Mais cela est-il suffisant pour prétendre, comme le font les
nouveaux parvenus, que le bilan est positif ? Pas du tout.
En effet, face à l’élan révolutionnaire du peuple et sa
détermination à aller jusqu’au bout, la bourgeoisie compradore (il
s’agit de la bourgeoisie intérieure, qui tient sa position du
commerce avec l’extérieur) n’a pas perdu de temps pour se
réorganiser et préparer la contre-offensive. Depuis, elle a multiplié
les manœuvres pour mettre fin au processus révolutionnaire ou
du moins le détourner de ses objectifs et en faire une pièce du
décor de ladite transition démocratique.
Depuis, de nombreuses batailles ont été menées, certaines,
politiques, pour faire barrage au retour de la dictature, d’autres,
économiques et sociales, pour concrétiser les aspirations des
couches populaires pour une vie meilleure. Et s’il y a des acquis sur
le premier plan, la situation empire sur le second. Aujourd’hui, le
pays est en crise, une crise profonde et multidimensionnelle.
Les gouvernements qui se sont succédé depuis 2011 ont été
incapables d’y apporter une quelconque solution, puisqu’ils ne
peuvent toucher au modèle de développement adopté depuis le
règne de Ben Ali et approuvé par ses successeurs, modèle basé sur
la dépendance totale vis-à-vis des puissances impérialistes et leurs
instruments financiers, et sur l’injustice sociale sur le plan
intérieur. Si bien que le rapport des forces au terme de cette
décennie semble pencher du côté de la contre-révolution ; mais
cette impression n’est que relative, car le peuple n’a pas dit son
dernier mot. En effet, durant dix ans, il a montré une grande
capacité de résistance et il n’a cédé sur aucune revendication. Les
mobilisations sociales ont pris de l’ampleur et ne sont plus limitées
dans le temps.
Elles gagnent par leur étendue géographique, par leurs formes,
mais également par la diversité des revendications : elles
s’organisent contre la dégradation générale des conditions de vie,
contre l’injustice sociale, contre les déséquilibres régionaux,
contre la marginalisation et la précarisation, contre la corruption,
le népotisme… et elles se caractérisent également par
l’élargissement des couches sociales qui y prennent part.
Bref, elles tournent autour du slogan central scandé par les milliers
de Tunisiens dans les glorieuses journées de janvier 2011, à savoir
« emploi, liberté, et dignité nationale », un slogan fédérateur qui
résume les principales aspirations des classes populaires
tunisiennes, et qui continue à résonner dans tous les mouvements
de protestation.
Aujourd’hui, avec le pourrissement des rapports au sein de la
classe dirigeante qui ne parvient pas à dégager des représentants
qui pourraient obtenir la reconnaissance d’une majorité et qui se
manifeste aujourd’hui par les luttes intestines entre les têtes du
pouvoir exécutif et législatif, la légitimité du pouvoir en place est
remise en cause. Le pays est au bord de la banqueroute et il
semble de plus en plus ingouvernable et tous les ingrédients de la
situation d’avant 2011 sont aujourd’hui présents. Voilà pourquoi
les appels à la raison, au dialogue national ne sont que de fausses
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