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Crépuscule Du Matin (CDM) n° 013 du 23 février 2011

Directeur de Publication      :           Philippe NOUDJENOUME

Rédacteur en Chef                :           Jean Kokou ZOUNON

Au Sommaire

du Crépuscule Du Matin (CDM) n° 013 du 23 février 2011

- Editorial : «Il est plus que jamais temps d’y aller !» pp.1-3

- Lettre inédite (du 06 oct 2010) aux Pdts des Partis de l’UN et à ABT-2011 pp.3-5

- Lettre ouverte (du 27 oct 2010) aux représentants de l’UE, de la France,

de la Belgique, de l’Allemagne et du PNUD pp. 5-7

- Appel au peuple à se lever pour se défaire du dictateur Boni Yayi pp.7-8

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En guise d’éditorial par Philippe NOUDJENOUME

 

IL EST PLUS QUE JAMAIS TEMPS D’Y ALLER !

 

La situation est grave. Notre pays, le Bénin, vacille au bord du précipice. Jamais dans l’histoire, il n’a enregistré une telle menace.  Les raisons de cet état de chose,  tout citoyen bien pensant les situe aisément. C’est la soif effrénée de pouvoir d’un homme, YAYI Boni, qui depuis son arrivée à la tête de notre Etat  en 2006, n’a jamais ménagé ses efforts pour créer le chaos actuel. Et on y est désormais. Aidé d’une Cour Constitutionnelle à ordre, celle de DOSSOU Robert,  il confisque à son profit tous les pouvoirs et nous conduit pieds et poings liés à une élection où les jeux sont faits d’avance à son profit.

C’est un défi. C’est inacceptable. La terre des Gbêhanzin, Kaba, Bio Guerra, la terre des Amazones a des ressources humaines et morales pour dire non ! Il faut puiser dans le tréfonds des riches traditions combattives de cette terre qui nous a vus naître tous, des énergies pour répondre au défi lancé.

Depuis quelques jours, notamment  depuis la barbare humiliation dont les députés ont été victimes le jeudi 17 février 2011, des Responsables de « l’Union fait la Nation » se lancent dans des combats de rue. Je salue ces manifestations (marches, sit-in) contre la Cour Constitutionnelle de Robert DOSSOU  qui, avec ses maîtres étrangers, veut nous donner un Président de la République en lieu et place du vote populaire. Je salue l’Honorable et Vénérable Rosine VIEYRA SOGLO pour sa bravoure et ses déclarations d’exhortation aux combats et de dénonciation de ceux qui les entravent : «  Je veux mourir les armes à la main en combattant. C’est la belle mort. ». Ces paroles doivent sonner haut dans le cœur de tout combattant de la liberté.

Je salue aussi la détermination des travailleurs salariés qui, sous la direction des Centrales syndicales et de la Fédération des Syndicats des Travailleurs des Finances, poursuivent et intensifient leurs combats contre une telle imposture.

Je dénonce et appelle à stigmatiser toutes les brutalités que le groupe de YAYI Boni  abat sur les combattants.

La situation de chaos actuel dans lequel notre pays est plongé ne peut surprendre. Elle est même prévisible. Depuis le 06 Octobre 2010, dans une lettre que j’ai adressée à Messieurs les Présidents des Partis Politiques de l’Union fait la Nation et à l’Alliance ABT, j’écrivais ceci « Les moments que nous traversons sur le plan politique sont critiques et c’est pourquoi, je viens m’adresser à vous en tant que Responsables politiques  de masses d’hommes qui vous écoutent et qui vous suivent et dont vous constituez à tort ou à raison  l’espoir... Lorsqu’il s’agit de remise en cause d’acquis démocratiques fondamentaux, fruits de la sueur et du sang de notre peuple, lorsqu’il s’agit de menace à la vie de milliers d’hommes et même de millions d’hommes et de femmes, toutes les forces doivent s’unir dans un combat commun pour le salut. Et ceci sans calculs partisans… Deux événements politiques m’amènent à la démarche présente à votre endroit. C’est d’abord les révélations faites par l’honorable Rosine VIEYRA SOGLO sur les déclarations belliqueuses et criminelles attribuées au Président  YAYI Boni contre notre patrie et qui s’expriment ainsi : « Je vais mettre le pays à feu et à sang », déclarations qui n’ont jamais reçu à ce jour aucun démenti de la part de la personne présumée auteur. C’est ensuite les dernières décisions de la Cour Constitutionnelles cassant les récentes lois portant règles générales et particulières pour les élections en République du Bénin… Les pas posés jusque-là par le pouvoir de YAYI Boni montrent bien qu’il n’entend se soumettre à aucune légalité, pas même la Constitution (lorsque  ses intérêts politiques sont en jeu), que sa seule légalité c’est sa boulimie du pouvoir et qu’il conduit tout droit le pays vers ce qu’il a déclaré « mettre le pays à feu et à sang ». Une véritable catastrophe pointe donc à l’horizon avec le risque d’une guerre civile réactionnaire… Dans ces conditions, le seul acte salutaire à poser c’est de se lever ensemble pour arrêter immédiatement et tout net les mains du criminel avant qu’il ne plonge le pays dans l’inconnu

C’est dans le même sens de prévenir la catastrophe, que je me suis adressé par lettre ouverte en date du 27 octobre 2010 aux Représentants de l’Union européenne, de la France, de la Belgique, de l’Allemagne et du Programme des  Nations Unies pour le Développement (PNUD) au Bénin pour leur dire que je ne  comprends pas « que malgré ces cris du peuple, l’Union Européenne et le PNUD encouragent  BAKO Nassirou à continuer sur cette lancée, à savoir réaliser une LEPI à polémique, une LEPI porteuse de conflits aux conséquences incalculables »

Je suis au regret de noter que cette démarche de ma part envers les Responsables de l’Union fait la Nation et de l’Alliance ABT, objet de ma lettre (que je rends publique compte tenu des événements actuels) n’a pas eu de répondant de leur côté.

J’avais espéré que la constitution du Front de Défense de la Démocratie (FDD) aurait permis la réalisation  de cette unité d’action nécessaire pour le salut de notre patrie commune contre l’aventure et la tyrannie. Force a été de constater que leurs actions dans ce creuset ont surtout consisté en des non-actions et ont abouti plutôt à son blocage.

Ma candidature aux élections présidentielles invalidée par la Cour Constitutionnelle sans aucun motif juridique valable n’a enregistré aucune réaction de protestation de leur part. YAYI Boni et son équipe dont les Robert DOSSOU, NAGO Mathurin ne sont que de vils menteurs, fraudeurs et tricheurs. Ils n’agissent que par fraude, à l’exemple de  la LEPI-BAKO qui exclut du droit de vote plus d’un million de citoyens. Voilà pourquoi, je considère comme nulle et non avenue l’invalidation de ma candidature par la Cour Constitutionnelle et par conséquent déclare poursuivre la campagne sur le programme que j’entends assumer avec le peuple : chasser YAYI Boni du pouvoir et instaurer le pouvoir des travailleurs et des peuples.

Nous y voilà. Nous voilà devant l’impasse. La tricherie à propos de la liste remise à la CENA achève de démasquer, les organisateurs des élections.

Après l’expérience des élections communales et municipales réalisées en 2008 sous son mandat, il est désormais prouvé que YAYI Boni est incapable d’organiser des élections crédibles et transparentes dans ce pays.

La seule issue de dignité offerte au peuple de ce pays c’est de se lever dans des combats multiples pour balayer YAYI Boni du pouvoir, seule condition pour l’organisation d’élections crédibles. Toute négociation de coulisse, toute tergiversation sur ce sujet aboutirait au mieux à laisser le sort des élections dans les mains des parrains de la LEPI (le PNUD, l’UE, la France) pour nous donner le Président de leur choix. On n’aura pas alors autre chose qu’un Boni-YAYI-bis, c’est-à-dire la  trahison des intérêts majeurs de ce peuple qui a déjà tant souffert.

Fait à Cotonou, le 23 février 2011

Philippe NOUDJENOUME

Premier Secrétaire du PCB

Candidat aux Elections présidentielles 2011.

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Lettre du Premier Secrétaire du Parti Communiste du Bénin

A Messieurs les Présidents des Partis Politiques

de «l’Union fait la Nation»

(Attention Président AMOUSSOU Bruno)

A l’Alliance A.B.T.

(Attention Président Abdoulaye BIO TCHANE)

Cotonou, le 06 Octobre 2010

(lettre jusqu’à ce jour inédite)

Mesdames et Messieurs,

Dans mon Adresse au Peuple du Bénin en date du 04 Août 2010, je disais que dans des circonstances exceptionnelles et critiques de l’histoire politique de notre pays, le Parti Communiste du Bénin a « l’habitude  de s’adresser aux travailleurs et aux peuples pour leur indiquer la voie la meilleure à suivre pour aller hardiment vers leur auto-émancipation avec la moindre douleur ».  Il l’a fait ainsi en 1983, 1988, 1995, 2005 chaque fois qu’un tournant politique présente de sérieuses menaces d’effondrement des conditions d’existence des hommes et des femmes de ce pays et qu’il faille un sursaut de toutes les bonnes volontés.  Les moments que nous traversons sur le plan politique sont critiques et c’est pourquoi, je viens m’adresser à vous en tant que Responsables politiques  de masses d’hommes qui vous écoutent et qui vous suivent et dont vous constituez à tort ou à raison  l’espoir.

Je sais et la vie le prouve tous les jours que les intérêts de classes divisent les hommes en société et que vous ne partagez sûrement  pas ma vision qui est celle de mon parti, le Parti Communiste du Bénin sur l’avenir de ce pays, ni les objectifs fondamentaux du mouvement social en cours ni les voies à suivre pour le devenir radieux de ce pays. Je sais aussi que vous ne partagez pas ma vision de voir instaurer au Bénin un pouvoir des travailleurs et des peuples comme unique voie de libération de notre chère patrie  de la domination étrangère. Mais lorsqu’il s’agit de la remise en cause d’acquis démocratiques fondamentaux, fruits de la sueur et du sang de notre peuple, lorsqu’il s’agit de menace à la vie de milliers d’hommes et même de millions d’hommes et de femmes, toutes les forces doivent s’unir dans un combat commun pour le salut. Et ceci sans calculs partisans. Une telle union sacrée ne s’est-elle pas réalisée en 1989 contre le pouvoir despotique de KEREKOU-PRPB ?

Des événements politiques m’amènent à la démarche présente à votre endroit. C’est d’abord les révélations faites par l’honorable Rosine VIEYRA SOGLO sur les déclarations belliqueuses et criminelles attribuées au Président  YAYI Boni contre notre patrie et qui s’expriment ainsi : « Je vais mettre le pays à feu et à sang », déclarations qui n’ont jamais reçu à ce jour aucun démenti de la part de la personne présumée auteur. C’est ensuite les dernières décisions de la Cour Constitutionnelles cassant les récentes lois portant règles générales et particulières pour les élections en République du Bénin. C’est aussi les graves déclarations faites au Parlement par le député de la mouvance présidentielle, DEGLA en réponse aux justes accusations faites par le député Epiphane QUENUM contre le pouvoir tyrannique de YAYI Boni. C’est enfin les dernières dérives de ce pouvoir liberticide contre les libertés fondamentales et premières des citoyens et qui se caractérisent par des interdictions de manifestations et la répression brutale de manifestants pacifiques à Abomey.

I

Les déclarations du Président YAYI Boni, premier magistrat du pays, donnent frisson pour tout un chacun des citoyens habitant ce pays, par leur gravité et le fait qu’elles rentrent dans la logique de déclarations et de comportements de l’intéressé depuis son arrivée au pouvoir. Dès sa prise de fonction de Chef d’Etat, les premières paroles qu’il au eues sont allées à l’endroit des hommes politiques qui constituent ses modèles à suivre, et qui ont pour noms EYADEMA- père du Togo, Ben ALI de Tunisie etc. C’est-à-dire des chefs d’Etat qui sont connus pour des crimes horribles qui ont jalonné leur parcours dans leur pays. Et en effet, en jetant un regard sur les quatre années de pouvoir de YAYI Boni, on se rend compte aisément qu’il est semé de crimes et d’actes politiques les moins recommandables  au plan du respect des droits élémentaires de l’homme et de la démocratie : interdictions de manifestations lorsqu’elles ne font pas en sa faveur, montage de manifestations provocatrices à l’affrontement des populations, arrestation et détention d’opposant politique sous couverture de motifs de droits communs (cas de ADOVELANDE et du maire de DANGBO), refus de la reconnaissance des résultats des élections communales ou municipales et/ou blocage de celles-ci lorsqu’elles sont défavorables à la mouvance, impositions de maires par la force des armes comme ce fut le cas du maire HOUNSOU-GUEDE à Abomey-Calavi et ailleurs, poursuite de la réalisation d’une LEPI  frauduleuse malgré l’opposition de la majorité des citoyens, mépris affiché à maintes occasions à l’endroit de la Représentation nationale et multiplication des prises d’ordonnances et par-dessus tout, assassinats de citoyens paisibles par balles (tirs de militaires de son escorte à Cotonou, Ouidah etc…), personnes abattues sur le périmètre de Grand Agonvy et qui n’ont pas trouvé encore de sépulture. La disparition mystérieuse de citoyens (Cas de Pierre DANGNIVO), les déclarations mensongères et les comportements accusateurs des dignitaires du  pouvoir viennent en rajouter à la chose. Notre pays n’a jamais enregistré autant d’assassinats, autant d’enlèvements, autant de crimes crapuleux en un temps aussi court que sous le régime dit de Changement. L’insécurité règne en maître et les épouses et enfants des hommes politiques opposants connus à YAYI Boni vivent désormais dans l’anxiété tous les jours et ne sont rassurés qu’au retour du chef de famille.

Les pas posés jusque-là par le pouvoir de YAYI Boni montrent bien qu’il n’entend se soumettre à aucune légalité, pas même à la Constitution (lors que  ses intérêts politiques sont en jeu), que sa seule légalité c’est sa boulimie du pouvoir et qu’il conduit tout droit le pays vers ce qu’il a déclaré « mettre le pays à feu et à sang ».

Une véritable catastrophe pointe donc à l’horizon avec le risque d’une guerre civile réactionnaire. YAYI Boni se révèle pour notre pays une Calamité nationale, la pire que notre pays ait connue depuis son indépendance formelle après la sombre période du despote KEREKOU. Tout cela la Démocratie révolutionnaire, mon Parti, le Parti  Communiste du Bénin en premier l’a dit et répété sous tous les tons. Vous tous en secret comme publiquement (avec des mots différents) vous convenez avec nous que le « Chauffeur » YAYI Boni doit être changé sous peine de catastrophe imminente pour les passagers du Véhicule Bénin.

Dans ces conditions, le seul acte salutaire à poser c’est de se lever ensemble pour arrêter immédiatement et tout net les mains du criminel avant qu’il ne plonge le pays dans l’inconnu. C’est ce à quoi mon Parti a toujours appelé sans attendre une échéance constitutionnelle (celle de 2011 par exemple) à laquelle ne croit nullement YAYI Boni si ce n’est pour se maintenir au pouvoir. Vous me direz : « Le PCB se trouve dans sa logique, celle du soulèvement général ». Oui, le PCB se trouve dans la logique du soulèvement général dont le caractère démocratique ne peut être dénié étant historiquement fondateur de toute démocratie. Le PCB se trouve effectivement dans sa logique Mais quelle autre alternative démocratique offre un pouvoir tyrannique comme celui-ci qui n’a même pas accepté les résultats des élections communales ou municipales  défavorables et qui ne reconnaît les dispositions de la Constitution que si elles lui sont favorables? Croyez-vous qu’il accepterait perdre une élection qui cette fois-ci l’engage directement : l’élection présidentielle ?

Vous disiez jusque-là le contraire et affirmez vouloir chasser YAYI Boni par la voie des urnes. Vous aussi vous êtes dans votre logique. Mais les dernières décisions de la Cour Constitutionnelle n’affaiblissent-elles pas votre position ?

II

Tout citoyen quelque peu averti de la chose politique ( et qui ne se laisse pas abuser par la propagande  de défenseurs  attardés  des vues pro-impérialistes sur ‘’ la vitalité de la démocratie béninoise’’) peut se rendre compte que la Cour Constitutionnelle béninoise depuis son installation en 1993 s’est toujours mise au service du plus offrant dans les batailles électorales connues dans notre pays. La Cour de POGNON Elisabeth a fait revenir KEREKOU en 1996 au détriment de SOGLO ; celle présidée par Madame OUINSOU a fait varier la liste des inscrits  entre les deux tours d’un même scrutin présidentiel en 2001 au point de mériter l’appellation de Cour des miracles donnée par Maître Adrien HOUNGBEDJI !  Plus que toutes les Cours, celle de DOSSOU Robert bat les records de Cour-godillot au service de YAYI Boni.  Les dernières décisions DCC 10-116 et DCC-117 qui cassent les deux lois portant règles générales et règles particulières des élections au Bénin ont soulevé à juste titre de l’émoi dans la population. La Cour ne s’est même pas embarrassée de l’observation de principes régissant le droit constitutionnel pour rendre ses décisions.  Ainsi par exemple la mission de la Cour Constitutionnelle est de juger la conformité des lois par rapport à la Constitution, mais nullement de juger de la conformité d’une loi par rapport à aune autre loi. Et pourtant c’est ce  que fait la Cour qui n’a pas hésité à évoquer la non-conformité  de dispositions de la loi 2010-33 portant règles générales des élections en République du Bénin par rapport à la loi 2009-10 du 13 Mai 2009 portant organisation du Recensement Electoral National Approfondi et établissement de la Liste Electorale Permanente Informatisée pour invalider bon nombre de ses dispositions. Elle érige en norme de référence constitutionnelle sa propre jurisprudence, autrement dit comme faisant partie désormais du bloc de constitutionnalité, les décisions de la Cour constitutionnelle sur la base du principe de l’autorité de la chose jugée en occultant complètement les conditions dans lesquelles s’exerce ce principe et surtout les possibilités de revirements de jurisprudence. Enfin elle va jusqu’à considérer comme norme de référence constitutionnelle « la proposition de réforme initiée par le comité de relecture de la Constitution » de « 17 membres » de la CENA pour déclarer contraire à la Constitution l’article 20 de la nouvelle loi réduisant le nombre des membres de la CENA à 11 membres. Une simple proposition de révision de disposition constitutionnelle (non validée par aucune institution) devient ainsi une norme de référence constitutionnelle !

La Cour interdit même la possibilité à la CENA et  ses démembrements de donner « les grandes tendances » et de publier « sur son site web et par voie de presse les résultats bureau de vote par bureau de vote » comme le veut l’article 31 alinéa 4 de la loi portant règles générales des élections en République du Bénin.

La Cour de DOSSOU Robert dit catégoriquement non. De la sorte elle vous coupe toute retraite. Vous qui,  forts de votre majorité au Parlement, voulez contourner cette Cour par des dispositions nouvelles législatives qui confèrent quelques attributions supplémentaires à la prochaine CENA que vous espérez bien contrôler pour les prochaines élections.

La Cour s’arroge ainsi par-dessus tout le droit de proclamer élu qui elle veut.

Par ces décisions, la Cour de DOSSOU Robert a montré qu’elle est prête à recourir à tous les moyens pour faire gagner YAYI Boni et que la machine à fraude est apprêtée pour la manœuvre sordide quitte à allumer une guerre pour forcer le passage. Cela devrait suffire à faire tomber toutes les illusions d’une victoire sur celui-ci par la voie des urnes en 2011. En persistant dans une logique que vous savez  favorable à YAYI Boni ne se rend-on pas complice du criminel ?

Il demeure certes l’issue putschiste. Ce à quoi certains d’entre vous pourraient penser. Mais je n’ose croire que vous donnerez dans cette aventure (ne s’appuyant sur aucun programme connu préalablement) qui a fait ses preuves dans notre pays (et ailleurs) par la négative et qui se situe à l’antipode de l’exerce par le peuple de son droit souverain à assumer son destin.

La seule issue réellement démocratique et la moins douloureuse pour les hommes de notre pays, c’est le soulèvement général. Les travailleurs et les peuples du Bénin disposent de ressources morales pour assumer cette tâche d’auto-émancipation. Et c’est ce à quoi je vous convie, et votre engagement dans cette voie est le gage d’un dénouement rapide (avec la moindre douleur) de la crise multidimensionnelle dans laquelle le régime dit du Changement a conduit notre patrie. Si, comme je le souhaite, vous concédez à cette issue, vous contribueriez à la libération de l’énergie des milliers de citoyens sous votre contrôle et  feriez  ainsi œuvre patriotique.  A cet effet, je serais prêt à entrer en discussion avec vous pour la conduite du processus pour des combats victorieux. Il est évident au vu des actes de désespoir que pose le gouvernement en place qu’une prompte réponse de votre part serait la bienvenue. Il est également entendu que l’absence de réaction de votre part dans les tous prochains jours serait considérée également comme équivalente à une réponse.

Veuillez recevoir cher Président, mes salutations fraternelles et toujours patriotiques.

Philippe NOUDJENOUME

signature illisible

Premier Secrétaire du Parti Communiste du Bénin.

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Lettre ouverte du 1er Secrétaire du PCB aux Représentants de l’Union Européenne, de la France, de la Belgique,

de l’Allemagne et du PNUD

Mesdames et Messieurs,

La situation que traverse le Bénin à l’heure actuelle est préoccupante et interpelle la conscience de toute personne ou toute institution soucieuse de l’évolution et de l’épanouissement des peuples.

Si je m’adresse à vous aujourd’hui c’est parce que, en tant que Premier Secrétaire du Parti Communiste du Bénin, parti qui incarne dans une large mesure les aspirations des couches populaires de ce pays,  je me sens une responsabilité particulière face à tout ce qui touche au devenir des millions de femmes et d’hommes vivant sur cette portion de terre africaine  appelée Bénin. En particulier, je ne peux rester indifférent lorsqu’il s’agit d’actes ou de comportements provenant de représentants des grands pays dont les décisions engagent le sort de l’humanité et qui ont pour missions officielles la promotion du développement des peuples et la sauvegarde de la paix sur la planète.

Mesdames et Messieurs,

La période des élections dans tout pays, qu’il soit grand ou petit, et, surtout pour les pays dominés comme le nôtre, est l’une des périodes les plus délicates, les plus sensibles et les plus chargées de risques de dérapages.

I- Depuis quelques temps, en tout cas,  remontant à au moins dix mois (tout au début de l’opération commencée en novembre 2009), les protestations contre la manière dont le gouvernement du Bénin conduit la réalisation de la LEPI ne cessent de croître. Ces protestations proviennent des milieux divers,  de députés comme de simples citoyens. Tout le monde se rend compte que les dés sont pipés avant les élections ; que la liste électorale permanente informatisée en cours de réalisation  ne répond ni aux normes méthodologiques en la matière ni souvent aux exigences techniques : mauvais fonctionnement des capteurs d’empreintes, inadaptation des empreintes, mauvaise qualité des photos, etc. Face à ce gâchis pour réaliser un hold-up électoral avant le scrutin, le peuple s’insurge partout et les organes de presse ne manquent pas de relayer quotidiennement l’événement. Il apparaît clairement que le Président YAYI Boni et son poulain BAKO Nassirou (Président de la Commission Politique de Supervision/LEPI)  veulent passer en tour de force une LEPI faussée en leur faveur.  Les populations exigent donc l’arrêt de la réalisation de la LEPI truquée et vous ne pouvez pas nous dire que ces événements vous sont inconnus. D’autant que vous êtes souvent l’objet d’interpellations à ce sujet. Le comble est atteint lorsque le 19 octobre 2010, le jour où des milliers de personnes manifestaient dans les rues de Porto-Novo et de Sèmè contre une LEPI truquée, l’Union Européenne et le PNUD apportent un apport supplémentaire de plus de 2 milliards de CFA pour poursuivre le financement de la réalisation de ladite LEPI. Alors, l’on est en droit de s’interroger sur les motivations réelles qui animent ces actes. Entrent-ils dans le cadre de la mission que vos pays et institutions sont censées réaliser ? Comment comprendre que malgré ces cris du peuple, l’Union Européenne et le PNUD encouragent le gouvernement et BAKO Nassirou à continuer sur cette lancée, à savoir réaliser une LEPI à polémique, une LEPI porteuse de conflits aux conséquences incalculables? Peut-on faire le bonheur de quelqu’un malgré lui ?

II- Par ailleurs, la réalisation de la LEPI même fiable n’est pas une panacée contre la fraude. La fraude revêt diverses modalités. Ici et ailleurs en Afrique, l’achat des voix, la distribution de sous et de cadeaux aux électeurs constituent la principale activité de propagande électorale. N’observe-t-on pas le Chef de l’Etat en personne, utilisant ses attributs, se livrer à des distributions de sous porte-à-porte pour acheter les voix ? Vient ensuite et principalement la course pour le contrôle des institutions organisatrices des élections. La CENA ou la Cour Constitutionnelle peut, même avec une liste informatisée, procéder à des annulations et des tripatouillages qui changent complètement l’issue d’un scrutin.

Il en a été ainsi de toutes les CENA et Cours Constitutionnelles sous le Renouveau, et le monde entier a bien entendu Mr Adrien HOUNGBEDJI qualifier, en 2001, et à juste titre, la Cour Constitutionnelle au Bénin d’une Cour des Miracles.

Mon Parti, le PCB, lorsque et chaque fois qu’il a participé aux élections, en a été la principale victime. Ne sont-ce pas des méthodes frauduleuses ? Tout analyste sérieux de la politique du Bénin qui ne veut pas seulement se contenter de formules plates et paternalistes à la mode sur la démocratie (en fait tropicale), sait que depuis que  notre pays le Bénin existe en tant qu’Etat indépendant et particulièrement depuis ces vingt dernières années appelées années de renouveau démocratique, toutes les élections qui s’y sont déroulées ont toujours été frauduleuses.

La question qui se pose dès lors au cours d’un scrutin au Bénin dans son état actuel est celle de savoir lequel des candidats disposerait le plus d’argent à distribuer et surtout contrôlerait le mieux les structures de gestion des élections. Et ce n’est pas le Professeur Albert TEVOEDJRE, Médiateur de la République du Bénin qui me démentirait. Le Professeur Albert TEVOEDJRE a reconnu sans ambages l’omniprésence de la fraude, dans la conférence inaugurale qu’il a prononcée le 4 avril 2009, à l’ouverture du symposium sur Mgr de SOUZA, en présence du ministre Baba Bodi, représentant le Chef de l’Etat : « La fraude est devenue le sport national. Ce qui décide, par exemple, de l’issue d’une élection dans notre pays, ce n’est pas le vote de l’électeur mais le bon vouloir des organisateurs, de la Commission Electorale Nationale Autonome (CENA) en l’occurrence. Aussi les groupes politiques se battent-ils et s’entredéchirent-ils pour contrôler la CENA non seulement mais aussi la Cour constitutionnelle ».

YAYI Boni dans ce domaine a une longueur d’avance sur les autres et, avec ou sans LEPI, YAYI Boni gagnera par la fraude et la violence les prochaines élections présidentielles.

Si l’on sait que c’est l’Union Européenne qui, sur demande du Chef de l’Etat, a organisé et financé l’étude de faisabilité de la LEPI et dont le rapport a conclu à l’option LEPI au Bénin (avec à la fois données personnelles et données biométriques) au lieu de Liste Electorale Informatisée LEI (sans données biométriques) plus simple à réaliser, moins coûteuse  et dont  se sont contentés d’autres pays de la sous-région africaine ; si l’on sait que le rapport a privilégié l’utilisation de kits biométriques alors que ceux-ci ont montré la limite de leur efficacité dans le contexte africain comme au Togo, en RDC ou au Sénégal ; que les procédures de recrutement et d’acquisition des biens et services ont été définies par les Partenaires Techniques et Financiers, notamment le PNUD, n’est-on pas en droit de vous refuser la présomption d’innocence et conclure à des desseins inavoués qui, en tous les cas, ne sont pas dans l’intérêt du bien-être, de la liberté et de la souveraineté des travailleurs et des peuples du Bénin ?

Mesdames et Messieurs,

Toutes ces considérations amènent légitimement à penser qu’en lieu et place de mission de développement et de paix que vous proclamez défendre, vos actions conduisent à un autre résultat : à savoir créer d’autres Rwanda ou si ce n’est pas le cas, des situations comme celles qui ont prévalu en Côte d’Ivoire ou en RDC. Est-ce pour venir alors jouer les « Messieurs Bons Offices », « les Sauveurs », « les Humanitaires » allant au secours de populations victimes de la guerre fratricide que vous aurez en fait provoquée ? Nous n’en sommes pas dupes.

Contre de tels complots, soyez assurés Mesdames et Messieurs, que les travailleurs et les peuples du Bénin luttent et lutteront de toutes leurs forces et se fraieront la voie de l’émancipation, à l’instar d’autres peuples du monde, n’en déplaise à tous les comploteurs.

Recevez, Mesdames et Messieurs les Représentants, l’expression de mes hautes considérations

Cotonou, le 27 octobre 2010

Le Premier Secrétaire

signature illisible

Philippe NOUDJENOUME

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APPEL AU PEUPLE

du Premier Secrétaire du PCB

et Candidat aux élections présidentielles 2011

A SE LEVER POUR SE DEFAIRE DU DICTATEUR BONI YAYI

La situation politique dans notre pays est au chaos. Les derniers événements suite aux diverses décisions arbitraires de la Cour Constitutionnelle ont achevé de plonger le pays dans le gouffre.

1-   Il n’a plus de Parlement. Par ses décisions, la Cour Constitutionnelle présidée par Robert DOSSOU l’a dissoute. Mathurin NAGO dans sa volonté d’appliquer coûte que coûte ces décisions sur ordre et au profit de Boni YAYI, y compris par la force armée sur des députés l’a dispersée.

2-   La Cour Constitutionnelle est niée. La majorité des députés en s’opposant à l’application  de ces décisions scélérates viennent de rejoindre le constat depuis longtemps fait par les révolutionnaires et le peuple du rejet  de cette institution dont l’existence oppressive étouffe le peuple.

3-   On n’a plus de Gouvernement. Il n’a qu’un homme, Thomas Boni YAYI, assoiffé de pouvoir et d’argent qui fait de notre pays ce qu’il veut. Son règne est maintenant nié, même par les plus légalistes. Onze des 14 candidats retenus par la Cour Constitutionnelle contestent la capacité de ce gouvernement moribond à organiser des élections crédibles et demande, à travers le report de la date des élections de quelques semaines « dans le respect des dispositions de notre constitution relatives à la durée des mandats des institutions républicaines » (sic) le départ de Boni YAYI du pouvoir avant les élections.

4-   Il n’y a plus de Constitution. Elle est morte, niée par les luttes populaires, déchirée par les complots et les empoignades des différents clans hauts-bourgeois et notamment Boni YAYI. On ne peut sortir de l’imbroglio politico-juridique actuel sans nier la Constitution en vigueur. Elle est donc bien morte.

Au total, l’édifice institutionnel du pays mis en place il y a vingt ans est écroulé dans un contexte de crise politique, sociale et morale des plus aiguës. Il faut en construire un autre, plus démocratique, plus solide car reposant véritablement sur la volonté exprimée des travailleurs et des peuples et non sur les besoins des puissances étrangères, des mafieux et des apatrides.

Ce sont les soulèvements populaires de 1989 culminant le 11 décembre 1989 qui ont donné un fondement, certes biaisé et au service des hauts bourgeois, à l’édifice actuel complètement à bout de souffle. Ce n’est qu’un soulèvement populaire général qui peut être le fondement au nouvel édifice appelé et ce dernier sera d’autant plus solide qu’il sera démocratique et bâti sur les aspirations des travailleurs et des peuples.

Mon Parti avait de toutes ses forces appelé au soulèvement général pour chasser Boni YAYI et nous éviter les soubresauts et chaos actuels. Aujourd’hui, on doit convenir que le peuple béninois n’a d’autre voie de dignité et d’honneur que de se lancer partout dans un soulèvement général contre le trio sinistre Boni YAYI-Robert DOSSOU-Mathurin NAGO, leur gouvernement et Cour Constitutionnelle. Les expériences en cours en Afrique du Nord et au Proche-Orient confirment la justesse de cette indication.

C’est pourquoi, je soutiens toutes les manifestations de protestations des travailleurs, des organisations syndicales, des partis politiques, des députés contre l’Etat de fait et de non droit mis en place par la Cour Constitutionnelle et le pouvoir de Boni YAYI. Je lance un appel général et solennel à tous les travailleurs de toutes catégories, à la jeunesse, aux femmes, à se lever ainsi qu’aux soldats à se joindre au peuple afin de :

- chasser immédiatement Boni YAYI du pouvoir ;

- constituer un Gouvernement de Salut National de transition ;

- convoquer une Assemblée Constituante formée des élus des combattants pour élaborer et faire adopter une nouvelle constitution véritablement démocratique ;

- organiser des élections véritablement démocratiques et  transparentes.

VIVE LA SOUVERAINETE POPULAIRE !

VIVE LE SOULEVEMENT POPULAIRE !

VIVE LE POUVOIR DES TRAVAILLEURS

ET DES PEUPLES !

Cotonou, le 18 février 2011

Signature illisible

Philippe NOUDJENOUME

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Au Sommaire

du Crépuscule Du Matin (CDM) n° 013 du 23 février 2011

- Editorial : «Il est plus que jamais temps d’y aller !» pp.1-3

- Lettre inédite (du 06 oct 2010) aux Pdts des Partis de l’UN et à ABT-2011 pp.3-5

- Lettre ouverte (du 27 oct 2010) aux représentants de l’UE, de la France,

de la Belgique, de l’Allemagne et du PNUD pp. 5-7

- Appel au peuple à se lever pour se défaire du dictateur Boni Yayi pp.7-8