Issue des élections législatives de janvier 2023 au Bénin
Le parti "Les Démocrates" conforte l'autocratie à l'intérieur et la blanchit à l'extérieur


Les élections législatives de 2023 sont désormais terminées au Bénin. Les résultats sont donnés.


Un bilan ne peut se faire qu’en rapport aux objectifs fixés par chaque classe et groupe social engagé dans cette compétition.
1°- Du point de vue des masses populaires.


Dans nos publications antérieures, nous avons largement souligné l’expression du rejet de la mascarade électorale par une large majorité du peuple (à plus de 62% chiffre officiel et en réalité à près de 80%).


De ce point de vue, les observations qui ont conduit la Démocratie révolutionnaire (le PCB avec l’APP) à appeler au boycott ont été largement vérifiées par ce scrutin.


2°- Du point de vue de la classe dirigeante au pouvoir comme non au pouvoir.
Pour pouvoir évaluer les résultats obtenus, il faut situer auparavant les problèmes qui se posaient au Pouvoir de la Rupture du fait des autres élections organisées depuis son avènement et que celles du 8 janvier sont censées résoudre.


Les élections tant législatives, communales que présidentielles organisées depuis l’avènement du pouvoir de la Rupture (2019-2020-2021) ont révélé dans toute sa vilénie, le caractère autocratique du pouvoir : élections organisées sous état de siège dans des régions entières, avec des arrestations massives dont bon nombre sont encore en prison; élections organisées dans le sang et les larmes ; élections totalement exclusives qui permettent aux seuls partis du Régime d’y participer, donnant lieu à des députés, à des maires plutôt nommés qu’élus. Le pouvoir du Président Talon est à juste titre décrié comme un pouvoir sanguinaire, organisant des élections exclusives de l’ensemble du peuple et donc un pouvoir complètement isolé tant à l’intérieur et à l’extérieur. Des financements extérieurs (pour alimenter le PAG) pouvant souffrir d’une telle image.


L’objectif avéré du pouvoir de la Rupture à travers les élections de 2023, est donc de laver cette image tout en maintenant l’essentiel, à savoir se perpétuer après 2026 en tant que pouvoir autocratique : un pouvoir de faim planifiée, de livraison de notre pays aux troupes Barkhane et de destruction de la démocratie.


3°-Les manœuvres du Président Talon


- Pour cela, il faut trouver des acteurs (qui fassent illusion) pour accompagner le pouvoir de la Rupture dans cette œuvre : les impérialistes américains et français qui tiennent à ranger le Bénin dans le giron de l’OTAN se sont empressés de faire les intermédiaires. La rencontre diplomatique du 8 juin 2023 (où le président Talon a reçu les ambassadeurs des USA, de l’Union Européenne, de la France, etc.) est à citer. Le groupe le plus fidèle des fidèles des Béninois aux colonialistes français est sollicité : il s’agit du groupe de YAYI Boni, de Houndété Eric etc. ; le groupe de ceux qui ont amené la candidature du néo-colon Zinsou en 2016, groupe organisé au sein du Parti « Les Démocrates ». Donc, les accompagnateurs sont tout trouvés. Pour faire illusion, ceux-ci doivent se présenter comme représentant la seule Opposition, le « seul Représentant du peuple ». Et une infime partie du peuple y a cru.
- Pour ce groupe, on organise un repêchage spécial pour lui permettre de compétir et cela au-delà de toute légalité.


- On est allé jusqu’à écarter de la liste des candidats jugés par trop turbulents, par trop critiques vis-à-vis du pouvoir de la Rupture et y insérer les plus compréhensibles, les plus favorables à la « Rupture ».


Au Scrutin du 8 janvier même, des masses de ceux qui se sont déplacés pour aller voter se sont prononcés pour le Parti « Les Démocrates ». Qu’à cela ne tienne ! On partage les rôles. Au Président du Parti d’interdire des publications de résultats pouvant déranger le plan en cours, aux Structures électorales de faire le reste.


Résultat : On proclame élus 28 députés du parti « Les Démocrates », nombre tout juste suffisant pour faire le change ; pour ne rien déranger. Toutes les lois autocratiques demeureront ; les lois nouvelles ne peuvent être votées par cette minorité. Par contre, elle aura sa place dans le Bureau de l’Assemblée nationale, pourra former un groupe parlementaire, faire jouer au Président Houndété, le rôle de Chef de l’Opposition avec les avantages y afférent.


Et l’autocratie continuera de fonctionner comme par le passé, plus forte que jamais, mais avec cet avantage qu’elle est désormais vue à l’international comme un pouvoir démocratique, un pouvoir ayant organisé des « élections inclusives » avec l’Opposition tel que l’a exprimé à l’occasion des vœux de Nouvel An du Corps diplomatique, l’Ambassadeur du Maroc : Un pouvoir avec lequel il faut travailler.


Autrement dit, le Parti « Les Démocrates » a conforté l’autocratie à l’intérieur et la blanchit à l’international.


Et par là, le Président Talon a atteint dans les grandes lignes, tous ses objectifs : le maintien de l’autocratie avec ses lois et règlements et le projet de se maintenir au-delà de 2026.
Mais réussira-ti ? Rien n’est moins sûr.


Samson

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