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Déclaration du Parti communiste des ouvriers de Tunisie à propos de "la haute instance de réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique"

Le Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT) a pris connaissance, par les médias, de la liste des membres de «la haute instance de réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique». Cette liste est composée de 12 représentants de partis politiques, 17 représentants d'organisations, d'instances et d'associations de la société civile et 42 « personnalités nationales ».

Le PCOT a aussi pris connaissance de l'ordre du jour de la première réunion de l'instance, fixée pour le 17 mars 2011. Quatre points sont inscrits à l'ordre du jour, parmi lesquels la présentation et distribution aux membres du projet du texte de loi relatif à l'élection de l'assemblée nationale constituante.

Le PCOT tient à préciser ce qui suit:

1- Le gouvernement a pris contact avec notre parti pour qu'il désigne son représentant dans la dite instance. Nous avons sollicité un délai pour discuter de la question au sein de notre parti, avec nos alliés du front du 14 janvier, ainsi qu'avec nos partenaires dans «le conseil national de protection de la révolution».

Nous avons aussi affirmé que nous n'avons pas de position préétablie vis à vis de cette instance, notre décision sera déterminée par sa capacité à satisfaire les exigences qu'impose la révolution, son développement et la réalisation de ses objectifs.

La liste des participants a été dévoilée avant que nous ne donnions notre réponse au gouvernement.

2- La présidence intérimaire et le gouvernement transitoire de Béji Caïd Sebssi, utilisent encore les méthodes bureaucratiques et méprisantes héritées des ères de Bourguiba et Ben Ali, pour imposer leur volonté aux forces politiques et au peuple et les mettre devant le fait accompli.

La composition des membres de cette instance exclut certains partis et associations, ainsi que les représentants des régions, de la jeunesse et de ses organisations.

Cette instance a aussi désigné 42 personnes dites «indépendantes», sans concertation, ni accord préalable sur leur nombre, leurs noms, sachant que certains d'entre eux n'ont pas participé à la révolution et ne l'ont même pas soutenu.

3- L'ordre du jour de la première réunion de cette instance, démontre son caractère formel. Le projet de loi électorale relatif à l'assemblée nationale constituante a été préalablement préparé, il sera seulement soumis à la discussion et à la consultation.

4- Ce constat confirme ce que nous avons déclaré précédemment. Le but de cette instance est de torpiller «le conseil national de protection de la révolution» et de l'anéantir, pour que le gouvernement agisse sans aucun contrôle. C'était le cas avec la nomination des préfets sous le gouvernement Ghanouchi et c'est ainsi aujourd'hui avec Béji Caïd Sebssi, dans la nomination des chefs de délégations, des responsables de la sécurité, du corps diplomatique, dans l'octroi des visas aux partis et dans le manque de transparence qui entoure la dissolution de la police politique.

5- Au vu de ces éléments, le PCOT :

- Reporter la date retenue pour l'élection de l'assemblée constituante, afin de donner aux forces politiques, civiles et populaires le temps nécessaire pour préparer au mieux cette échéance et permettre la concrétisation de ses objectifs.

- Nommer de nouveaux responsables à la tête des gouvernorats et des délégations, des institutions économiques, de l'administration publique et semi publique, du corps diplomatique sur la base de la compétence, en rupture totale avec l'ancien régime et avec la logique régionaliste et tribale primaire, qui a présidé à la formation du gouvernement actuel et à la nomination des différents responsables.

- Le suivi de la dissolution de la police politique, la poursuite de ses membres impliqués dans les actes d'assassinat, de torture, de pillage et la publication de ses archives et l'incrimination de ceux qui les détruisent.

- La reconnaissance de tous les partis et de toutes les associations, l'abrogation de la loi gérant la vie des partis et de l'ensemble des lois liberticides instaurées par Ben Ali.

- La dissolution des conseils municipaux en lien avec le régime de Ben Ali, la nomination provisoire de nouveaux cadres de manière consensuelle dans l'attente de nouvelles élections municipales.

Parti communiste des ouvriers de Tunisie

Tunis, le 15 mars 2011