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FESYNTRA-FINANCES                                        FESYNTRA-FINANCES

Fédération des syndicats du ministère chargé des finances

Cotonou, le 29 Juin 2011

 

Introduction liminaire de la conférence de presse de la FESYNTRA-FINANCES.

 

-          Mesdames et Messieurs les journalistes,

-          Messieurs les secrétaires généraux des centrales et confédérations syndicales,

-          Mesdames et Messieurs les responsables syndicaux du Syntracef, du Snatb, du Syntrib et du Sydob,

-          Chers camarades de lutte du Ministère en charge des Finances ;

L’actualité syndicale ces derniers jours dans notre pays, est très riche avec son cortège d’intoxication. Au-delà des Pyrénées, il est entendu que les travailleurs du ministère en charge des finances seraient des privilégiés de l’Administration publique béninoise, qu’ils auraient plusieurs primes, auxquelles vient s’ajouter une indexation de 1,25 de leur salaire : discrimination, injustice, disparité, affaire Dangnivo muée en revendications, décision gouvernementale contraire à la constitution, abrogation du décret etc. etc.

Le Président de la République, pour justifier ses actes ultérieurs, à la face du peuple et du monde, le lundi 13 juin 2011, à la veille de la relance de la grève des syndicats de l’Administration publique, fait un message à la nation au cours duquel il profère des menaces, déclare le mot d’ordre illégal et irrecevable. Malgré ces menaces, la grève est suivie et se poursuit. Doit-il perdre la face après une si brillante réélection par « K.O » avec une majorité très confortable au Parlement ? Il faut trouver une sortie honorable : Dame Ingrid HOUESSOU et la Cour Constitutionnelle sont appelées au secours au chevet du gouvernement pour déclarer contraire à la constitution une décision de bonne foi prise en son temps par consensus et validée par le Président de la République lui-même. Comme cela ne peut suffire, il publie et fait diffuser dans la presse ce qu’il appelle les grandes mesures prises depuis l’avènement du changement pour garantir un bien-être aux Agents Permanents de l’Etat (APE). 164,5milliards en 05 ans et conclut qu’il ne peut consacrer 50% du budget national à un pour cent (1%) de la population.

Mesdames et Messieurs les journalistes, face à toutes ces déclarations et actions syndicales de la COSYNAP, nombreux sont celles et ceux parmi vous qui nous ont approchés pour recueillir nos réactions. Nous avions décliné l’offre estimant qu’il nous fallait un peu de temps pour voir l’évolution de cette affaire qui nous apparaissait comme un film de western.

Nous pouvons vous dire que nous sommes prêts et en mesure d’éclairer aussi notre peuple et le prendre à témoin. Vous savez mesdames et messieurs les journalistes, les travailleurs en charge des finances de par leurs expériences dans la lutte, se sont vite appropriés  le slogan : seule la lutte paie. Ainsi  dans la sauvegarde des intérêts de leur corporation, la formulation des revendications dans l’intérêt général de tous les travailleurs et du peuple à travers les motions de grève dans les années 1989, 1994, 1996, 1998, 2003, 2005, 2006, 2010, 2011, pour ne citer que celles-là, savent bien qu’ aucun ministère n’est au-dessus d’un autre, mais que les attributions ne sont pas les mêmes et par conséquent les droits devraient s’arracher car aucun gouvernement ne donne librement aux travailleurs leurs droits. C’est dans ces conditions que la FESYNTRA-FINANCES est née en 1999  de la volonté de tous les travailleurs du Ministère des finances pour coordonner les luttes des différents syndicats du ministère. Cette volonté de parler d’une même voix autour des problèmes communs , de soutenir les luttes des uns et des autres  pour la satisfaction des revendications, de rendre plus concrète et mieux efficace la solidarité entre les travailleurs dans les autres secteurs pour la préservation des acquis et pour les aspirations à un changement véritable dans le pays, a justifié même le thème du congrès de 2007 «  Renforcement des actions des syndicats du Ministère en charge des finances pour la détermination, la solidarité et la probité dans la gestion de notre pays ».

Alors, à cette première sortie qui fait partie d’une série programmée pour la préservation de nos droits acquis, nous nous permettrons de clarifier seulement certains points :

1 Des primes accordées aux travailleurs du Ministère des finances  et leur  harmonisation.

A /   La prime de rendement : cette prime est accordée au Ministère chargé des finances avant 1972 et est calculée sur la base des indices. Elle a été étendue à la Présidence de la République sous le Renouveau en 1990 et aux autres ministères sous la pression des travailleurs par le Président YAYI Boni.

/  La prime d’incitation : Une prime accordée pendant la révolution par le ministre des finances Isidore AMOUSSOU pour récompenser les performances financières de l’année. Elle est destinée prioritairement aux régies financières lorsque les objectifs de recettes inscrits au budget général de l’Etat sont dépassés. La solidarité de corps a conduit les travailleurs des régies à concéder une partie aux travailleurs de l’Administration Centrale des Finances sous l’appellation de prime forfaitaire. Lors de la refonte des primes sous le changement, les camarades des régies avaient exigé un pourcentage des dépassements. Mais le MDCB( Ministère d’Etat chargé du Budget) en 2007 a opposé une fin de non recevoir au motif que le montant était trop important ; il a fallu le patriotisme des travailleurs après les explications des responsables syndicaux pour ne pas aller en grève  surtout que le pouvoir du changement n’avait à peine que 09 mois en ce moment et avait besoin de ressources.

C/   La prime de risques professionnels : Cette prime date d’avant la révolution également et ne concernait que les travailleurs de la mécanographie à la direction de la solde et de la dette viagère et ceux de l’ordonnancement. La lutte syndicale du syntracef sous le ministre Moïse MENSAH, a permis de l’étendre à tous les travailleurs de l’Administration Centrale des Finances. Cette prime aujourd’hui est étendue par le Président YAYI Boni aux autres ministères sous la pression syndicale.

D/  La prime spécifique : Anciennement appelée prime de sédentarisation, elle n’était accordée qu’aux seuls travailleurs de l’Administration Centrale des Finances du fait des départs massifs des financiers vers d’autres ministères. La lutte pour l’obtenir a débuté sous le ministre des finances, feu Paul DOSSOU pour ne connaître sa satisfaction après d’âpres luttes que sous le Ministre Abdoulaye Bio TCHANE. Cette prime que la seule lutte des travailleurs de l’ACF a permis d’obtenir est aujourd’hui étendue également  aux autres ministères sous le vocable : prime spécifique.

Comme vous pouvez le constater au sein même du Ministère en charge des finances, on pourrait dire qu’il y a disparité, injustice, discrimination dans la répartition des primes. Nous, nous ne voyons pas les choses de la même manière car, selon nous, la discrimination est née le jour même de la naissance et pour un fonctionnaire, le jour où il a fait le choix de sa carrière. Le rédacteur en chef dans un organe de presse ne peut percevoir les mêmes primes que le secrétaire, tout comme le douanier qui est à la lutte contre la fraude ne peut percevoir la même prime que son homologue qui est au bureau ni le policier, gendarme ou militaire qui est affecté dans des zones à hauts risques ne peut percevoir les mêmes primes de risques que ses homologues qui sont dans les bureaux. L’exemple se vit déjà chez nous avec les primes aux enseignants des zones dites déshéritées à ceux des zones classées non deshéritées.

Prenons le cas simple de nos religions traditionnelles : tous ceux qui vont au couvent ont un dénominateur commun : ils sont tous des vodounsis ; mais ils ne subissent pas les mêmes cérémonies, les mêmes formations rituelles, les mêmes gratifications. Le prêtre ne peut recevoir les mêmes avantages que l’Evêque par exemple ; ainsi de suite. Le gouvernement, compte tenu de la mission de chaque ministère, doit plutôt fixer en conséquence les avantages et non appliquer une politique du nivellement par le bas qui paraît ridicule. Une harmonisation de primes ne résoudrait pas le problème d’injustice, de discrimination.

2- De la disparité catégorielle :

En 2003, les travailleurs du ministère des finances ont courageusement dans une motion de grève affirmé que le pays était mal géré dans tous les domaines (salariales, gestion du personnel, sécurité, santé, éducation etc. etc) . Dans cette lutte que nous avons mené seuls, nous en sommes sortis avec un protocole d’accord qui donne satisfaction aux revendications non seulement des seuls travailleurs du ministère des finances mais également de tous les travailleurs du Bénin ( article 17 de la loi 86-013 du 26 février 1986, portant statuts des APE, reprise des concours professionnels) ; pour le ministère des finances il y a eu la réouverture de nos centres de formations créés depuis le temps de la révolution qui permettent aux financiers d’accéder à des échelles supérieures de leurs corps de vocation respectifs. Cette disposition existe dans le statut général des Agents Permanents de l’Etat et dans nos statuts particuliers ; nous nous sommes battus pour faire respecter ces dispositions par les gouvernements successifs. Chaque secteur devrait se battre pour faire respecter les dispositions en la matière plutôt que de voir cette disparité comme une faveur accordée à l’Administration des finances. C’est parce que nous-mêmes travailleurs nous avons baissé la garde et la vigilance que les pouvoirs nous grugent et bouffent allègrement.

3- Du coefficient de revalorisation de 1,25 accordé aux travailleurs du Ministère en charge des Finances.

Mesdames et Messieurs les journalistes

Dans la lettre d’invitation à cette conférence de presse que nous vous avons adressée, nous avons dit que comme un crime n’est jamais commis de façon parfaite, c’est un avantage accordé aux travailleurs dont la jouissance a débuté par les travailleurs du ministère en charge des finances qui occupe et préoccupe bien que la charge créée ait été couverte par des ressources et que le compte rendu des négociations faites de bonne foi, a été fait au Conseil des Ministres qui l’a adopté.

Nous ne voulons pas  autour de la décision de la Cour Constitutionnelle déclarant le coefficient de revalorisation anti constitutionnel, aller au fond aujourd’hui  pour ressortir les contre vérités qui s’y trouvent, surtout que cette Cour ne pouvait trouver la bonne ceinture de sécurité au gouvernement. Mieux, en déclarant le décret contraire à la constitution elle n’a dit nulle part qu’il faut l’abroger même si cela paraît évident. La précipitation avec laquelle le gouvernement s’est réuni en session  extraordinaire pour prendre la  décision d’abrogation le lendemain est suspecte et mérite qu’on s’y attarde un peu. Qu’il vous souvienne dans ce pays que dans le cadre du scandale de la CEN-SAD, quand nous (Responsables centrales, confédérations et FESYNTRA-FINANCES)  avions rencontré le Président YAYI Boni, il a déclaré rendre ingouvernable le pays à son successeur en mettant la barre très haute sans savoir que c’est lui-même qui devrait hériter d’une gestion calamiteuse, hasardeuse et populiste. Aujourd’hui s’il veut la paix, avoir les ressources nécessaires pour sa politique, s’il veut avoir un budget voté à temps par son parlement  c’est de remettre aux financiers leurs acquis  car comme lui les travailleurs réunis au sein de la COSYNAP jouent leur crédibilité car ils clament que leur grève n’a pas pour objectif de supprimer un droit acquis de leurs collègues des finances et ils le prouvent en poursuivant la grève.

4- De la mutation de l’affaire DANGNIVO aux revendications salariales.

A ce niveau c’est une excuse publique plutôt aujourd’hui que le bureau fédéral s’oblige d’adresser aux travailleurs du ministère en charge des finances. En effet, après le compte rendu des acquis des négociations Gouvernement /Centrales, confédérations syndicales et Fesyntra-finances le point 1 dans nos motions de grève, relégué aux points 6 lors de ces négociations avait eu comme seule réponse : le dossier est aux mains de la justice et toute la lumière sera  faite. L’assemblée générale tenant compte des conclusions du conseil syndical du 02 novembre 2010 avait demandé de lever partiellement la motion en ce qui concerne les revendications salariales satisfaites et de poursuivre la grève de 24h et le sit-in des mardis par rapport à l’affaire DANGNIVO. Face à cette nouvelle exigence le bureau a estimé que le peuple et les autres travailleurs ne nous comprendraient plus surtout que les caisses de l’Etat étaient mises déjà à rudes épreuves pour le paiement des dépenses de souveraineté (salaires, pensions, bourses, frais de sécurité). Nous fallait-il asphyxier économiquement le pays ? Le bureau a demandé et obtenu de l’assemblée générale la suspension provisoire de la grève  et trouvé une autre forme de lutte (port de bandeau rouge tous les mardis et pose de posters géants à l’effigie du camarade avec un message de Africa Obota que nous avons juste emprunté). Un autre argument qui a milité en  faveur du bureau c’est l’évocation de l’engagement de la fédération d’appuyer le gouvernement dans son effort de promotion de la bonne gouvernance et d’accroître la   mobilisation des recettes pour permettre aux autres secteurs progressivement  de bénéficier aussi du coefficient de revalorisation de 1,25. Que le chef de l’Etat dans son message ridiculise, banalise, à ce point lui un homme de Dieu comme il se plaît à le dire la disparition d’un cadre dans des conditions aussi mystérieuses étonne et amène à se poser mille et une questions dont seule la conscience des commanditaires et des exécutants est sous le contrôle et le jugement du créateur.

5- De l’interprétation des chiffres d’intoxication dans le dessein machiavélique d’opposer les travailleurs les uns aux autres puis aux autres couches de la population pour obtenir leur soutien et celui des colons d’hier.

Sur ce terrain Mesdames et Messieurs les journalistes, la contestation des chiffres sera un exercice difficile dès lors que le budget général de notre pays non seulement manque de sincérité dans les prévisions de recettes et de dépenses, mieux son exécution est faite dans une telle opacité surtout  qu’aux postes stratégiques de son exécution sont postés des hommes de mains du pouvoir. Mais en regardant ces chiffres, on constate que c’est le secteur de l’éducation qui est privilégié et à juste titre puisqu’il a été constaté la baisse du niveau des élèves avec les nouveaux programmes d’étude, le manque criard d’enseignants. Alors la décision salutaire a été prise  de revoir la politique éducationnelle dans notre pays  en passant par  la revalorisation de la fonction enseignante, le recrutement massif d’enseignants, l’amélioration des conditions de vie de ces enseignants d’où l’indexation de leurs salaires, l’attribution de certaines primes. En publiant ces chiffres aujourd’hui sans rappeler la genèse paraît à notre avis indécent. Tout le monde se souvient que  c’est par la pression que ces enseignants ont eu satisfaction. Après les enseignants viennent les gens de la santé qui n’ont tous pas été encore satisfaits. Vous les journalistes vous avez suivi les différentes actions de ces travailleurs de la santé à qui, si au départ, certaines non avisées leur ont trouvé tort, au finish tout le peuple leur a trouvé raison quand il s’est rendu compte des réalités de délabrement chronique de nos centres de santé, de manque de médicaments de première nécessité. Le Président en faisant publier ces chiffres aujourd’hui envoie quel message si ce n’est d’opposer les médecins, docteurs, professeurs, aux autres de la même corporation.

Le reste des montants constitue l’extension des primes des travailleurs du ministère des finances de 1972 à 2001aux autres ministères.

Mesdames et Messieurs les journalistes allez dire ourbi et orbi  que Le Président YAYI Boni depuis son accession au pouvoir qu’il n’a accordé aucune prime aux travailleurs du ministère des finances ni amélioré celles existantes mais dans le cadre de la refonte de nos primes initiée sous son régime par son ministre délégué chargé du budget, nous avons perdu plutôt des primes. La nouveauté apportée a été la fusion de certaines en une seule et le changement de leur nom selon les directions et les activités exercées.

Maintenant vous vous attendez à ce que nous donnons des chiffres. Oui nous avons des chiffres mais l’exercice auquel nous nous livrons cet après-midi n’est pas pour faire exploser le pays puisque la Cour Constitutionnelle, la HAAC, l’Assemblée Nationale et tous les ministères qui gèrent des projets savent que nous savons. 

La masse salariale qui du reste n’est pas maîtrisée par le gouvernement du changement n’est le fait des travailleurs mais bien d’une mauvaise disposition des hommes chargés d’exécuter les tâches de gestion du personnel dans nos administrations publiques.

Nous serions dit-on 63 700 à émarger chaque mois pour un total de 09 milliards environ. Alors pour la transparence des chiffres et la part prise par tous les acteurs, le Président peut-il publier et faire diffuser les montants des voyages présidentiels depuis avril 2006, le montant des fonds secrets que percevait son prédécesseur, et ce qu’il perçoit aujourd’hui nous pouvons avec seulement ces deux éléments savoir si les chiffres publiés aujourd’hui sont justes ou pas.

Voilà Mesdames et Messieurs les journalistes, l’introduction liminaire assez explicite et un peu long à la présente conférence de presse et nous vous donnons la parole pour vos questions.

Merci de votre attention