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DECLARATION
AFFAIRE CFA-ECO UNE HUMILIATION COLONIALE DE PLUS DES PEUPLES AFRICAINS.

 

Le samedi 21 Décembre 2019, les Présidents Alassane D. Ouattara de Côte d’Ivoire et Emmanuel Macron de France ont annoncé, officiellement, la fin de la monnaie CFA en Afrique de l’Ouest. Concernant cette monnaie, véritable arnaque coloniale, les décisions suivantes ont été annoncées :
« 1°- Le Compte d’Opération est supprimé. Ce qui veut dire qu’est supprimée, l’obligation pour les pays de l’UMOA de déposer 50% de leurs réserves de changes dans le Compte d’Opération auprès du Trésor français.
2°- Les représentants français présents dans les instances dirigeantes de gestion de la monnaie CFA, à savoir le Conseil d’administration de la BCEAO, la Commission Bancaire, et le Conseil de politique monétaire sont retirés.
3°-Le Franc FCFA change de dénomination et devient ECO.
4° La nouvelle monnaie CFA-ECO garde la parité fixe avec la monnaie européenne Euro.
5°- La garantie par la France de la monnaie CFA-ECO est maintenue.
Un nouvel Accord de coopération économique a aussitôt été signé à cette date pour remplacer celui signé depuis 1973.
A ce propos, des gens parlent d’accord historique, d’événement historique ! Et notre Ministre des Finances WADAGNI Romuald, en agent satisfait au service des intérêts du colonialisme français, se fend d’un grand satisfecit de contentement en ces termes : « C’est une date historique sur le fond et la forme… C’est une réforme majeure… ». Le Professeur Kako NUBUKPO du Togo qu’on n’attendait pas à ce niveau, au regard de ses combats récents sur la question, déclare « Le cordon ombilical est coupé. Cela va permettre de calmer les contestations et laisser les techniciens travailler plus sereinement ». Cette déclaration est d’autant plus grave qu’elle valide directement une réforme de l’ordre de celle intervenue en 1960 où la France opère par stratégie pour sauvegarder l’essentiel.


En fait, cet acte posé à Abidjan par les Présidents Macron et Ouattara est inacceptable pour les peuples africains de l’Ouest, tant sur la forme que sur le fond.
I- SUR LA FORME.
1°- Une question aussi sensible et vitale pour la souveraineté des Etats que celle de la monnaie et qui en l’espèce, concerne une Organisation regroupant huit Etats, ne peut se régler sans la présence des Chefs d’Etat. On ne peut laisser à un Président en exercice de l’UMOA, le droit de traiter de cette importante question en l’absence des autres Chefs d’Etat de l’UMOA. Et le fait que ce président en exercice soit le Président de la Côte-d’Ivoire dont le pays pèse 42% des avoirs de l’UMOA ne change rien. Dans ce domaine, aucune délégation de pouvoir n’est soutenable. Cette façon cavalière de traiter les autres pays de l’UMOA en quantité négligeable est incompatible avec les principes de respect dû à chaque peuple représenté par un Gouvernement et qui s’engage dans une Organisation en toute souveraineté.
2° : La France qui, officiellement, n’est pas membre de l’UMOA se permet le droit de dicter des lois aux Chefs d’Etats souverains de l’UMOA.
3°- La question de la monnaie concerne, avant tout, les peuples et devrait se décider par voie de consultation et donc de référendum, comme l’ont fait les peuples de l’Union européenne sur la monnaie unique, l’Euro.
II- SUR LE FOND.
Pour mesurer la portée de la décision prise à Abidjan le 21 décembre 2019, sur la monnaie CFA, écoutons le Président français E. Macron « C’est en entendant votre jeunesse que j’ai voulu engager cette réforme. Le Franc CFA cristallise de nombreuses critiques et de nombreux débats sur la France en Afrique. J’ai entendu les critiques, je vois votre jeunesse qui nous reproche de continuer une relation qu’elle juge postcoloniale. ? Donc rompons les amarres », dixit Macron. Ainsi tombe officiellement les déclarations trompeuses maintes fois répétées, notamment de la bouche du ministre français des finances, Bruno Le Maire, selon lesquelles la question de la monnaie CFA ne relève pas du ressort du gouvernement français mais des Etats africains francophones. La France dicte les choses et elle ne peut le faire que dans ses intérêts colonialistes. Elle ne peut dicter qu’en conservant l’essentiel.
La France décide et a décidé. Ainsi s’exprime dans toute sa verdeur la colonisation continue de nos pays.
Voyons ce qui peut paraître aujourd’hui, comme une avancée sur la question du CFA face à la colère de la jeunesse et à son rejet du franc CFA et de toute la politique impérialiste de la France en Afrique.
1°- L’obligation de centralisation des réserves de l’UMOA auprès du Trésor français est supprimée. Fort bien et nous en convenons. Mais la question qui se pose aussitôt est celle-ci : « Mais où vont les réserves de change une fois délogées du Trésor français? » Doit-on comprendre que ces réserves seront remises d’office à la gestion souveraine à la BCEAO ? C’est la seule compréhension positive. Mais ce n’est pas dit. Et avec la France, il faut s’attendre à tout.
2°- La nouvelle monnaie ECO sera fabriquée dans quel pays ? Là aussi le flou persiste.
3° La France se retire des instances de décision de la Monnaie, fort bien, mais elle demeure le garant financier de la monnaie.
4°- Mais, la nouvelle monnaie CFA-ECO garde la parité fixe avec la monnaie européenne Euro et est donc arrimée à cette dernière. Ce qui signifie clairement que les pays de l’UMOA concernés, ne sont pas libres de commercer avec d’autres pays, avec d’autres zones monétaires, sans passer par l’euro et donc la France. Autrement dit, les pays utilisateurs de l’ECO-CFA demeurent des colonies de l’Union européenne par le biais de la France, répondant ainsi à la fameuse déclaration de Lionel ZINSOU selon laquelle « l’Afrique appartient à l’Europe ». Comme l’on peut voir « Tant que je ne peux pas changer mon ECO en livres sterling, en yuan chinois ou en dinar koweitien et que je dois toujours transiter ou faire escale en Euro, le problème persiste. »
5°- Enfin, la garantie de la France est maintenue. L’on sait qu’en matière monétaire, comme en d’autres domaines commerciaux, celui qui « garantit une convention en a la tutelle ». La France demeure donc la tutrice d’une monnaie qui appartient aux pays africains.
Cette garantie signifie que théoriquement la BCEAO, en cas de manque de disponibilités en devises, pour couvrir ses engagements pourra se procurer les euros auprès de la France. Par le passé, dans l’histoire des relations de l’UMOA avec la France pendant les 70 ans de l’existence de ce traité, cela ne s’est produit que deux fois. Et la seconde fois, en 1994, la monnaie a été dévaluée de 50%. Donc, en fait, la garantie de la France est comme « un parapluie qui ne protège pas en cas de pluie »
En conclusion, assez de fumisterie ! La monnaie coloniale continue. Et l’épisode qui s’est passé le 21 Décembre 2019 à Abidjan appelé changement du franc CFA en ECO n’est qu’une phase dans la guerre coloniale que mène la France impérialiste à l’Afrique.
Le Président TALON qui a envoyé son Ministre des Finances, WADAGNI Romuald, signer cette parodie coloniale, se doit de répondre au peuple béninois.
On peut se rendre compte que, lui, Président béninois, qui s’est fait fin octobre dernier, les gorges chaudes dans des déclarations tapageuses de réforme du Franc CFA pour le retour des resserves en Afrique, n’a fait que proclamer des décisions coloniales déjà prises afin de tirer les draps à son profit, et surtout pour faire accepter à la jeunesse les graves décisions du 21 décembre.
Acteur de l’accord signé à Abidjan le 21 décembre 2019, avec la fixité de parité avec l’Euro et la garantie- maintien de la tutelle de la France, TALON est responsable du sabotage en règle du projet commun de la monnaie unique de la CEDEAO.
Autrement, dit le Président Talon n’est qu’un Patriote de pacotille ! Un patriote à la gomme au service des intérêts coloniaux français en particulier.
Nous appelons le peuple béninois, la jeunesse béninoise, les peuples africains, la jeunesse africaine tant de l’Intérieur du Continent que de la Diaspora à intensifier les combats contre la monnaie CFA-ECO et contre la guerre coloniale que mène la France contre les peuples africains.
A toute la Jeunesse béninoise et africaine, nous souhaitons un joyeux Noël dans le combat pour l’indépendance réelle de nos pays.

Cotonou, le 24 Décembre 2019.

La Convention Patriotique des Forces de Gauche.
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