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DECLARATION

 

A TOUS LES DEMOCRATES ET PATRIOTES, AUX TRAVAILLEURS, A LA JEUNESSE ET AU PEUPLE

 

SE LEVER POUR RENVERSER LE POUVOIR AUTOCRATIQUE DE TALON, INSTAURER UN GOUVERNEMENT PATRIOTIQUE ET DE PROBITE POUR LA REUNION DES ETATS GENERAUX DU PEUPLE.

 

1- Notre pays, le Bénin, est encore au chaos. Le pouvoir despotique de Patrice Talon a plongé l’ensemble des travailleurs salariés ou non, de la jeunesse, de la majorité des opérateurs économiques au bord du gouffre. La crise que traverse le pays est dans tous les domaines : politique, économique, social, éthique et moral. 
Ce n’est pas la première fois que le pays est confronté  à une telle situation. Il en a été ainsi régulièrement depuis 1960. Il en a été ainsi avec le pouvoir de dictature de Mathieu KEREKOU que le peuple a renversée en 1989. Il en a été ainsi depuis 1990, au retour du vieil autocrate avec la généralisation de la fraude électorale, de l’impunité des scandales économiques et des crimes de sang. La faillite était si flagrante que Boni YAYI a dû promettre le Changement. Cinq ans après, le rêve du Changement s’est transformé en cauchemar de la Refondation. Rien ne changera vraiment et la Refondation prônée à la suite a conduit au chaos total. 
En plus de la crise sociale, économique et morale (avec des scandales politico-économiques et les crimes de sang), s’ajoutait la crise politique. Les élections législatives et puis municipales de 2015 exhalèrent la putréfaction du système politique où les seuls critères électoraux sont l’argent et la fraude massive, où les postes à l’Assemblée nationale et dans les mairies s’achetaient à coup d’argent,  par des "télécommandes". Le système politique issu de la Conférence nationale de 1990, censé déterminer le choix des gouvernants du pays, étalait sa faillite complète. Les hauts bourgeois bureaucrates étaient tous discrédités et l’on voyait monter au créneau les hauts bourgeois compradores," les télécommandes".  Le pays tombait dans l’abîme et se projetait à l’horizon le scénario catastrophe, le scénario Whaxala.
Le Parti Communiste du Bénin, analysant cette situation a, dans une déclaration publiée le 15 août 2015,  appelé à un sursaut patriotique en les termes que voici :

« _Dans ces conditions, avec les prochaines élections présidentielles de l’année 2016, le pays court à la catastrophe. La seule manière de l’éviter, c’est la réunion des Etats Généraux du peuple pour refonder les règles de notre vivre ensemble et pour une nouvelle gouvernance qui tourne le dos aux errements actuels du Renouveau Démocratique…._
_Rien de bon pour le peuple ne sortira des prochaines élections présidentielles; aucun homme en dehors du peuple rassemblé ne peut sauver le pays de la catastrophe qui s’annonce._ 
_Voilà pourquoi, le Comité Central du Parti Communiste du Bénin appelle tous les patriotes, toutes les organisations démocratiques, toutes les bonnes volontés de ce pays à travailler d’arrache-pied pour la réunion d’une grande Assise Nationale afin de refonder les bases du pays pour lui permettre de prendre un nouveau départ_ ».
Après cet appel, les communistes se mirent à la tâche de rassembler les démocrates et patriotes dans un Front de refus, un front Anti-Waxala pour réunir les conditions de la réunion des Etats généraux du peuple.

2- C’est alors que l’impérialisme français, voyant la décadence de tous ses complices hauts-bourgeois bureaucrates et croyant le peuple en agonie, prit l’offensive d’imposer par ses agents les plus fidèles, un élément de l’appareil dirigeant français, un nouveau colon, Lionel Zinsou, pour les élections d’avril 2016. L’impérialisme français devant la perte en Afrique de son influence et des marchés face à la concurrence de nouveaux pays émergents, s’était lancé dans le renforcement de sa domination dans ses ex-colonies sous pacte colonial, allant même à des guerres de reconquête, sous couvert d’appuis apporté aux Etats contre les groupes terroristes. Avec la déconfiture de la classe politique haute bourgeoise, il a entrepris comme une OPA (Offre Publique d’Achat) sur le Bénin à reconquérir sans coup férir. Une recolonisation directe vue comme telle par les populations du Bénin et d’Afrique. L’élection de Lionel Zinsou signifierait un recul de plus de cinquante ans, la négation de l’indépendance formelle du pays. Ensuite, un pion sûr et fidèle contre toute velléité de souveraineté nationale, de construction régionale indépendante avec la CEDEAO. Aucun démocrate, aucun patriote ne pouvait l’accepter. 
Dès lors, si rien de bon pour le peuple ne sortira des élections présidentielles (d’avril 2016), il ne saurait être question que le pays perde son âme, que la mémoire et les tombes de nos vaillants  héros que sont Béhanzin, Kaba, Bio Guéra et de tous ceux qui ont donné leur vie pour la patrie, soient profanées, que la jeunesse n’ait plus d’autre perspectives que de courber l’échine. Un combat immédiat s’imposait au peuple.
Le Parti Communiste du Bénin dans une déclaration en date du 13 décembre 2015 a dit « Non à la recolonisation » et a lancé un vibrant appel à tous les patriotes, à toutes les organisations démocratiques, à toutes les bonnes volontés de ce pays « _à unir toutes les forces pour s’opposer résolument à la reconquête coloniale de notre pays par l’impérialisme français avec l’imposition de Lionel Zinsou comme Président de la République._»
De janvier à mars 2016, alors que tous les complices les plus fidèles de l’impérialisme français estimaient "le match déjà plié", le peuple s’est redressé, s’est ceint les reins et a dit NON ! Dans les rues et dans les urnes. Et avec le Parti Communiste, il a battu Lionel Zinsou et donné la victoire à son challenger, Patrice Talon.

3- Le peuple qui s’est battu pour élire Patrice Talon était en droit d’exiger de lui faire faire sa volonté. Le Parti Communiste savait que l’élection de Patrice ne résolvait en aucun cas la crise. Il a suivi le cours des choses et n’a cessé d’alerter dès la formation de son premier gouvernement et ses premiers actes de prédation. Au bout de huit mois, les faits étaient suffisamment probants. Le 18 décembre 2016, le Parti tirait les conclusions à l’attention de tout le peuple que « _*le pouvoir de Talon se révèle un pouvoir dictatorial de type césariste, où même des individus n’ayant aucun titre officiel donnent des ordres à des ministres comme naguère Amadou Cissé sous l’autocrate Mathieu Kérékou »*_. Il appela alors le peuple à _*« reprendre fermement le chemin de l’organisation des Etats Généraux des combattants et patriotes en vue de l’érection d’un gouvernement patriotique et de probité.*»_ 
Depuis lors, le peuple s’est battu contre la destruction des acquis démocratiques, le pillage des ressources publiques, contre la faim et l’oppression, contre la consolidation de la dictature autocratique. Mais le peuple et la jeunesse bercés par trente ans de légalisme, de négation des sacrifices nécessaires à la construction de la patrie, de promotion des tortionnaires et des corrompus, de calomnie et de combat contre le patriotisme et les patriotes, le peuple et la jeunesse étaient à une nouvelle école. L’autocrate a réussi à renverser l’ordre constitutionnel issu de la Conférence nationale pour lui substituer un ordre de despotisme de type moyenâgeux, où les travailleurs sont taillables et corvéables à merci, où les entrepreneurs non soumis à son clan sont constamment harcelés et exclus des marchés publics, où les petits producteurs (artisans et vendeurs des villes) sont écrasés, déguerpis et leur maigres fonds de commerce détruits sans aucun accompagnement, où les bourgeois nationaux et les acquéreurs de parcelles sont impitoyablement expropriés pour le compte des hommes d’affaires au pouvoir. L’opacité dans la gestion du bien public pour le pillage des ressources nationales à l’insu du peuple, est érigée en système.
La justice et la police à ordre, sur la base des lois les plus scélérates les unes que les autres, arrêtent, emprisonnent et tuent. Les prisons sont remplies de détenus politiques tels Laurent Mètongnon, de nombreux citoyens opposants sont poussés à l’exil à l’exemple de Valentin Djènontin, Sébastien Ajavon, Léonce Houngbadji, Komi Koutché, Léhady Soglo, etc. Les partis politiques d’opposition sont dissouts et seuls ont droit de cité les partis à la gloire du nouveau César.
La loi, c’est lui, Patrice Talon,  et elle est changée selon ses désirs même pendant un processus électoral en cours. Après avoir nommé les députés dans un parlement de sang, il a nommé les maires et chefs d’arrondissement. Il a supprimé tous les droits électoraux du peuple, il a noyé et anéanti dans l’arbitraire et le sang toute illusion électoraliste et confirmé encore une fois qu’on ne vainc pas un autocrate à travers les urnes. 
 Poussé jusqu’à l’absurde, le système autocratique mis en place, qui écrase jusque ses propres partisans, craque de tous côtés. Pour tenter de colmater les brèches, d’un parti unique à plusieurs fourches, l’autocrate veut passer directement à un Parti-Etat unique.
 Préoccupé par sa survie, les masses sont laissées à l’abandon. La crise de Covid-19 a mis à nu les déclarations de grandes performances économiques du pouvoir. Elle a étendu et aggravé la faim et la misère. Notre pays est aujourd’hui dans la catastrophe, en plein scénario Whaxala.

 

4- La tâche revient encore plus têtue que jamais : renverser le pouvoir de dictature autocratique de Patrice Talon, instaurer un gouvernement patriotique et de probité pour la réunion des Etats généraux du peuple en vue d’une nouvelle Constitution, d’une nouvelle République.
Chasser Talon du pouvoir, tels sont les cris que pousse de partout le peuple tout entier. Seul son départ ouvre la voie à la restauration des libertés, à la fin de l’accaparement mafieux des ressources publiques, à l’étouffement des aspirations et initiatives populaires.
Mais encore une fois, l’impérialisme français, bien que bénéficiant de la soumission du pouvoir de la Rupture au pacte colonial demeure en embuscade pour barrer la voie au peuple. L’impérialisme n’a pas renoncé et entend profiter du rejet populaire de la dictature pour essayer d’imposer encore de ses agents. Alors, ces agents les plus fidèles, ceux-là qui ont sauvé le dictateur Kérékou et légalisé l’impunité des crimes politiques à la Conférence nationale, ceux-là qui ont échoué à imposer Lionel Zinsou, sont encore à la manœuvre. Au lieu de gouverneur à peau blanche, il entend promouvoir et imposer un gouverneur à peau noire.
Pour ces agents de l’impérialisme français, le Bénin appartient à la France comme l’Afrique à l’Europe. Le Bénin doit demeurer sous son giron et dans  son enclos. Alors ces gens parlent de restauration de la démocratie, de l’Etat de droit de façon générale, mais dans le respect strict des libertés compatibles avec le pacte colonial. Or le démocratisme sans le patriotisme dans un pays dominé est comme la liberté d’un détenu dans sa prison. Les exigences patriotiques, (la souveraineté monétaire, le rejet des bases militaires étrangères, la souveraineté culturelle et linguistique avec l’instruction à travers nos langues, une chambre pour nos rois et intellectuels au parlement, la primauté aux producteurs nationaux et la transformation indispensable sur place de nos produits) ne constituent pas leur priorité ni la colonne vertébrale de leur programme, s’il en ont, et dans ce cas se trouve souvent vaseux et creux à dessein pour tromper le peuple. Nulle part et jamais, ils ne parlent  du contrôle par les citoyens et les travailleurs de la gestion du bien public avec l’élection et la révocabilité des DG, seul moyen d’un assainissement de la gestion du bien public au profit du peuple et non des mafieux, afin de restaurer et amplifier l’enthousiasme du peuple au travail. Ils ne veulent en aucun cas que les travailleurs et les citoyens constituent, par le contrôle populaire, un rempart contre le pillage du bien public par les dirigeants et les puissances étrangères. On ne les entend généralement pas dans ces débats qui traduisent et nourrissent les combats des jeunesses sur tout le continent, voire dans le monde entier où il est reconnu que la vie du noir et par conséquent sa dignité, le développement des pays africains, comptent ; où il est reconnu que la vie de l’humain et non plus le profit doit être au centre de la politique économique. La vie de l’homme béninois, c’est sa culture, sa langue, sa production, l’emploi pour ses fils qui ne peut être garanti qu’avec l’industrialisation accélérée du pays. Voilà ce qui est revenu à l’ordre du jour, validant les vues et le programme ressassés par les communistes et les patriotes du Bénin depuis des lustres.
Mais l’impérialisme français veut empêcher le déferlement autonome du peuple contre le pouvoir de Patrice Talon. Alors ces agents et leurs mentors se lancent dans la résurgence de l’électoralisme qui a fait tant de mal aux luttes contre l’autocratie. On se met à exiger « la suppression du parrainage » pour « la participation de tous à la prochaine élection présidentielle », en occultant ce fait banal que la levée du parrainage ne supprime pas l’exclusion financière des pauvres de la participation aux élections, que les élections soi-disant inclusives n’empêchent pas les hold-up ou autres tripatouillages électoraux observés dans notre pays sous l’autocrate Kérékou et sous les pouvoirs du Renouveau. Car, aux élections, ce n’est jamais celui qui vote qui décide, mais celui qui (comme la CENA et la Cour Constitutionnelle) compte les bulletins de vote et proclame les résultats. 
Les travailleurs, la jeunesse, les patriotes et les démocrates conséquents ne doivent pas se laisser encore une fois abuser et dérouter. Le chemin de la victoire passe par l’organisation avec détermination et esprit de sacrifice des combats pour le renversement populaire de la dictature autocratique de Patrice Talon.

5- Cette voie, le renversement populaire de l’autocratie est la plus démocratique. Il exprime la souveraineté populaire en action directe. Et du reste, lorsque la loi opprime, l’insurrection devient le seul droit et le devoir de tout démocrate et de tout le peuple. Elle est la seule qui permet aux travailleurs, à la jeunesse de demeurer maître dans le dénouement des combats, le contrôle des dirigeants pour la satisfaction de leurs aspirations. 
Ces aspirations et exigences sont connues. Elles consistent :
- En une réorientation du modèle économique et politique du Bénin en rupture avec le pacte colonial pour le développement accéléré du pays pour l’emploi à la jeunesse et l’amélioration de la situation du peuple ;
- La restauration de l’Etat de droit, de la démocratie et des libertés politiques avec consécration de la souveraineté populaire ;
- La promotion et le soutien des opérateurs économiques nationaux pour l’industrialisation rapide du pays ; 
- L’appui sur les valeurs et savoirs positifs de nos cultures et l’arrimage d’emblée de notre pays aux secteurs les plus en pointe dans tous les domaines ;
- La mise en place d’une Ecole qui forme les jeunes en tant que bâtisseurs et producteurs patriotes du pays ;
- L’éradication de l’analphabétisme et la suppression des brimades et des taxes iniques à la campagne ;
- La préservation de la santé humaine et de la diversité écologique ;
- L’établissement des rapports de dignité et de respect avec tous les pays sur la base des intérêts réciproques.
Alors, le parti Communiste du Bénin, appelle tous les patriotes et démocrates, les travailleurs et la jeunesse à se lancer impétueusement dans les combats pour le renversement du pouvoir autocratique de Patrice Talon, l’avènement d’un gouvernement patriotique et de probité en vue de la réunion des Etats généraux du peuple pour une nouvelle Constitution et une nouvelle République.

Cotonou, le 23 juin 2020

Le Bureau Politique du Parti Communiste du Bénin
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