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ADRESSE III
Aux Travailleurs, au peuple du Bénin en lutte
N’attendez rien de la Cour Constitutionnelle !
Seules vos luttes vous libéreront des griffes du pouvoir autocratique de Talon-Houngbédji.

 

Dans sa déclaration face à ses collègues lors de la présentation des vœux le jeudi 11 janvier 2018, Houngbédji Adrien, le Président de l’Assemblée nationale déclare, pour ce qui est des lois portant retrait du droit de grève à des catégories de travailleurs : « L’Assemblée nationale respectera les décisions de la Cour Constitutionnelle quel que soit le sort réservé aux lois adoptées ». Joseph Djogbénou, Garde des Sceaux, dans une intervention, dit presque exactement la même chose. Déjà les oiseaux « rupturiens » à la manière d’un MIGAN Jacques, avocat à la cour, écrit que la Cour Constitutionnelle ne peut que confirmer sa décision- Dossou Robert DCC2011-065 du 30 septembre 2011 déclarant non absolu le droit de grève reconnu à l’article 31 de notre Constitution. Ceci en révision de la décision DCC 06-034 du 04 Avril 2006. Et tous clament qu’il faut donc attendre la Cour Constitutionnelle.

Des journaux à ordre appellent les travailleurs et les peuples en lutte à s’en remettre à la Cour Constitutionnelle, seul juge dans cette affaire.
Il est curieux qu’aujourd’hui, et Houngbédji Adrien et Joseph Djogbénou, (c’est-à-dire Parlement-Gouvernement) appellent les travailleurs à s’en remettre aux décisions de la Cour Constitutionnelle, alors que et l’Assemblée nationale et le Gouvernement piétinent royalement et sans sourciller tous les jours, les décisions de cette même Cour, pourtant déclarées « sans recours ». C’est dire qu’Adrien Houngbédji et son Bloc de la majorité présidentielle ainsi que Djogbénou sous-entendent par leurs propos que les décisions de la Cour constitutionnelle ne sont déclarées sans recours qu’à l’égard des travailleurs et du peuple.
Travailleurs et peuple en lutte du Bénin,
Il apparait là comme une convergence de vues, comme une entente entre les Institutions que sont l’Assemblée Nationale, le Gouvernement et peut-être la Cour Constitutionnelle elle-même, et ce, contre le peuple pour le soumettre à toute décision de cette Cour qui arrange leurs affaires communes.
Déjà, les rumeurs font état de ce qu’aujourd’hui même (c’est-à-dire à la veille du grand mouvement des travailleurs commençant le 16 Janvier 2018), cette décision est attendue dans les heures qui viennent.
Dans ma première Adresse en date du 09 janvier dernier, je vous disais de ne « rien attendre du côté de la Cour Constitutionnelle qui dit quelque chose aujourd’hui et demain son contraire. D’ailleurs, cette Cour est déjà niée par le pouvoir lui-même et par l’Assemblée nationale qui ne respectent aucune de ses décisions. »
C’est le lieu de vous rappeler que ce qui compte, ce sont vos droits, vos droits à la liberté, à la démocratie, votre droit à vous opposer à toute « atteinte grave et manifeste au respect des droits de l’homme et des libertés publiques ». C’est le lieu de vous rappeler que ce sont vos luttes qui ont conduit au renversement de l’autocratie de Kérékou-PRPB en 1989 et permis la tenue de la Conférence Nationale de février 1990 ; ce sont vos luttes qui ont donné la Constitution elle-même avec ses Institutions, telles la Cour Constitutionnelle. Ce sont vos luttes qui ont évité le piège de la candidature de Lionel Zinsou, et amené le pouvoir de la Rupture ; ce sont elles qui ont fait échec à la Constitution autocratique de Talon en avril 2017.
Aucune Institution n’est au-dessus du peuple. Le peuple doit reprendre sa souveraineté.
N’attendez donc rien de la Cour Constitutionnelle ! Seule votre détermination à en finir avec l’autocratie fasciste, seule la puissance et l’unité de vos combats vous délivreront de tout esclavage à l’égard du pouvoir de Talon-Houngbédji.
Vive le peuple travailleur !
Je vous remercie.
Cotonou, le 15 Janvier 2018.

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