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Dépôt des dossiers pour les législatives de janvier 2023
Piteuses tribulations des accompagnateurs de l’autocrate Talon


Le dépôt des dossiers pour les législatives de janvier 2023 est terminé depuis le 02 novembre 2022. Huit partis politiques ont déposé leurs dossiers de candidature : 1-Les partis se réclamant ouvertement de la mouvance présidentielle, UPR (Union Progressiste le Renouveau), BR (Bloc Républicain), UDBN (Union pour le Développement d’un Bénin Nouveau), MOELE-Bénin (Mouvement des Elites Engagés pour l’Emancipation du Bénin) ; 2- Les partis se proclamant de l’opposition, FCBE (Forces Cauris pour un Bénin Emergeant), MPL (Mouvement Populaire de Libération), NFN (Nouvelle Force Nationale), LD (Les Démocrates).


On est à l’aboutissement d’un parcours où le peuple a observé des cris, des récriminations depuis l’établissement de la liste électorale jusqu’à la confection des dossiers de candidature de la part de plusieurs partis protestataires qui se sont finalement écrasés pour aller déposer leur liste.
Pour l’établissement de la liste électorale, les partis dits de l’opposition, le parti Les Démocrates notamment ont crié qu’ils devraient être associés. Ils ont été ignorés. Même au sein des partis du camp présidentiel, la répartition des électeurs par centre de vote a été dénoncée. On se souvient de la lettre du député BR, Hassan SEIBOU en date du 14 septembre 2022 dénonçant le « sabordage et un sabotage orchestré et orienté…. dans des postes de vote favorables à un bord politique ». En fin de compte, toutes ces clameurs se sont tues sans que des solutions adéquates aient été vraiment apportées. Jean Batiste Elias, responsable du Front des organisations nationales de lutte contre la corruption (FONAC) qui a participé à une consultation de certains de ces partis autour de la liste électorale dira que cette « liste comporte des morts, qu’elle n’est pas fiable ».


C’est surtout au niveau et au moment de la confection des dossiers de candidatures que les clameurs se sont multipliées et plus tonitruantes. De toutes les pièces à fournir, le quitus fiscal a constitué la barrière administrative face à laquelle les tribulations ont été plus nombreuses. Les responsables du parti "Les Démocrates" ont multiplié des déclarations, organisé des conférences de presse, ont fait des pieds de grue à la Direction générale des impôts. Mais le pouvoir de Talon est resté de marbre et le Directeur général des Impôts s’est couvert de son pouvoir administratif discrétionnaire pour exécuter le tri. Malgré l’arbitraire flagrant contre nombre de dirigeants, tous ces partis se sont pliés, se sont soumis, et lamentablement sont partis déposer leurs dossiers de candidature. On a bien la preuve qu’ils avaient déjà aliéné leur tête, le cou ne pouvait plus résister.


En effet, pour tous ceux qui ont suivi l’évolution politique du Bénin depuis 2016, il va sans dire que tous ces partis candidats sont des partis à qui le pouvoir de Talon a bien voulu délivrer le certificat d’existence, le fameux certificat de conformité instauré en 2019. Il est par exemple de notoriété publique que le récépissé du PCB (qui a rempli toutes les formalités exigées à cet effet) a été confisqué par le pouvoir de Talon (Cf. « La Flamme n° 469 du 30 septembre 2022). Ces partis dits d’opposition (FCBE, MPL, Les Démocrates) sont ceux-là qui se sont pliés pour que Talon les trouve " acceptables" par lui pour l’accompagner et servir de caution "démocratique" à l’opinion internationale. Il suffit de se rappeler tout l’aplatissement dont Boni Yayi et les siens ont fait preuve pour faire reconnaitre leur parti " Les Démocrates". Pour leur participation aux élections de janvier 2023, ils ont renoncé aux conditions démocratiques auparavant exigées de libération des détenus politiques et de retour des exilés. Ainsi donc, Talon n’a eu besoin de rien changer quant au fond en ce qui concerne les barrières d’exclusion électorale depuis 2019. En plus des barrières politiques, les barrières administratives et financières d’exclusion demeurent ainsi que les hommes mis en place pour veiller au tri à chaque passage.


En ce qui concerne spécifiquement les législatives de 2023, elles sont considérées cruciales pour le maintien du système autocratique après la fin du deuxième mandat de Talon en 2026. Il faut à Talon un parlement encore plus docile pour effectuer les tripatouillages constitutionnels nécessaires.


Alors, le parcours de tous ceux qui se sont engagés dans ces élections législatives pour servir l’autocratie, est jalonné de cris, de pleurnicheries, car à chaque barrière, il faut subir les exigences du monarque. Lui, il veut des accompagnateurs, pas des concurrents. Il a, comme l’ont montré les élections passées, des préférences même au sein de ses partisans. Et à ce niveau, chaque parti de la mouvance ne rate aucune occasion de se déclarer le meilleur et le plus sûr soutien de l’autocrate. Djogbénou, au nom de l’UPR, le réclame et le clame à tout propos. Alors, tout ce beau monde de partisans et d’accompagnateurs de gémir et de se plier quand même, à chaque barrière posée par l’autocrate. Ces gémissements ne sont finalement que de piteuses tribulations des accompagnateurs d’un autocrate à la manœuvre. Et en définitive, les listes des candidats retenus seront celles adoubées par l’autocrate.


Remy