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25 Mai, Journée de l’Afrique (Africa Day)
Une date historique peu connue

 

La date du 25 mai résonne dans les esprits en Afrique comme la date de naissance de l’OUA. En effet, le 25 mai 1963 a vu naitre l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA). En plus, elle est conçue comme journée de la libération de l’Afrique.


L’OUA est créée à Addis-Abeba en Ethiopie qui abrite son siège depuis lors. Ils étaient 32 chefs d’Etat de pays africains indépendants à se réunir sous la présidence de l’empereur Haïlé Sélassié 1er. Il avait autour de lui des dirigeants respectables comme Kwamé N’Krumah du Ghana, Modibo Kéita du Mali, Sékou Touré de la Guinée Conakry, Gamal Abdel Nasser de l’Egypte, Julius Nyerere de la Tanzanie, Sylvanus Olympio du Togo, etc. La Charte de l’Unité africaine sera signée dans le courant du même mois. C’est depuis lors que l’idée de la journée de l’Afrique vue comme la journée de la libération du continent africain s’est affirmée.
La transformation de l’OUA en Union Africaine en 2002 n’a pas changé la date ni la dénomination de cette journée. A vrai dire, l’idée de la journée de l’Afrique tire sa source de la 1ère Conférence des Etats indépendants d’Afrique, à l’initiative de Kwamé N’Krumah alors Premier Ministre du Ghana (indépendant il y a seulement un an). Elle se tient à Accra du 15 au 22 avril 1958 et donne lieu à la constitution du bloc africain (08 pays en ce temps-là) pour affirmer la nécessité de lutter pour en finir avec la colonisation et conquérir la souveraineté nationale.
A l’époque N’krumah est sur la position d’une Afrique fédérale. Il ne changera pas et sera suivi par certains autres dirigeants comme Sékou Touré et Modibo Kéita. Mais cette position est minoritaire face à ceux qui prônent l’unité africaine par intégration régionale ou communautaire. C’est cette dernière qui l’emporte à l’OUA et se poursuit à l’UA.
Les clivages politiques et les contradictions entre les dirigeants autour de l’idéal panafricaniste avec la nécessaire et indispensable libération de l’Afrique du joug colonial n’ont pas permis une ferme unité de pensée et d’action sur la question. En fait, les agents et tenants de la FrançAfrique par exemple étaient déjà à pied d’œuvre dans l’ombre ou ouvertement. Tant et si bien que à part la Tanzanie (république unitaire construite à partir de l’union des anciennes colonies du Tanganyka et de l’Ile de Zanzibar, … la géographie politique du continent est restée figée selon la configuration des frontières arbitrairement tracées à la Conférence de Berlin par les puissances européennes conquérantes (Novembre 1884 – Février 1885). La Charte de l’OUA en 1963 selon une des dispositions du compromis entre les Pères Fondateurs a cru devoir adopter le respect de ces frontières pour éviter les conflits inter états qui auraient pu entrainer des bouleversements aux conséquences imprévisibles » (Cf. Journée de l’Afrique 25 mai 2022, contribution de Abdoulaye Bathily – Draft pour le débat).


La commémoration de la Journée de cette année 2022 est placée sous le thème : « Renforcement de la résilience en matière de nutrition et de sécurité alimentaire sur le continent africain ». Ce thème ainsi libellé indique implicitement les difficultés de l’Afrique à régler les problèmes de la nutrition et de l’autosuffisance alimentaire. C’est pour le moins affligeant 59 ans après le sommet fondateur de l’OUA sur un continent qui compte en bonne place parmi les meilleures terres arables du monde avec les vallées du Nil, de l’Ouémé ; avec les grands cours d’eau tels le Nil, le Congo, le Niger, le Zambèze, la Volta, le Sénégal, etc. Si on ajoute à cela les peines du continent à s’industrialiser, malgré ses énormes ressources minières, on perçoit tout le poids de la soumission de nombre de gouvernants aux anciennes puissances colonisatrices qui étouffent encore l’Afrique. Et cela peut expliquer aussi pourquoi cette journée passe inaperçu dans la plupart des pays africains. Elle est légale dans une douzaine de pays (Ghana, Mali, Namibie, Zambie, Angola, Zimbabwé, …) sur les 54 que totalise l’union.


Et si l’on rapporte tout cela au contexte actuel sur le continent où, lassée de la domination impérialiste, la jeunesse est vent debout contre cette domination impérialiste en Afrique, on peut noter qu’effectivement l’esprit qui a guidé les pères fondateurs qui était panafricaniste et anti-impérialiste a déserté le forum de leurs successeurs dont plusieurs ne sont que des gouverneurs d’enclos au service de puissances impérialistes comme la France vomie de partout et dont les troupes chassées du Mali errent à la recherche de terre d’asile que promettent des agents soumis comme Bazoum, Talon, Ouattara et Cie.


Ainsi, la journée de l’Afrique se passe dans l’indifférence ou l’ignorance des jeunes générations. Elle est plutôt fêtée dans quelques pays africains ou dans des pays progressistes tel Cuba par les ambassades africaines installées à la Havane, etc. On peut toutefois signaler la rencontre organisée dans ce cadre au Centre Social de Dakar par l’Organisation des Femmes Panafricaines, la Ligue Sénégalaise du MFPA, la Ligue UMOJA, la Convergence pour le Mali, All African People, ou encore en Afrique du Sud, la manifestation à Prétoria du parti « Les Combattants pour la Liberté Economique) sous la direction de Julius Malema avec des centaines de militants pour dire « France dehors » signifiant leur rejet de la domination française en Afrique, ce 25 mai. Le Mali s’est signalé par une manifestation avec les autres communautés africaines à la Tour de l’Afrique à Bamako. Cela à l’initiative du Gouvernement. Etc.


Au total, une renaissance de la journée de l’Afrique demande la prise en charge plus ferme par la jeunesse des revendications de souveraineté linguistique, économique, financière, militaire, diplomatique dans des actions concrètes pour l’émancipation du continent dans l’intérêt supérieur de ses peuples. Ainsi seulement dans la pratique et dans la légalité, elle sera une fête pour la libération véritable du continent.


Aske M.

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