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Déclaration du Comité National de Commémoration des Résistances à la Colonisation Française (CNRC)

 

Comité National de Commémoration des Résistances à la Colonisation française (CNRC)

 

AU SYMPOSIUM SUR LES MOUVEMENTS DES RESISTANCES A LA PENETRATION COLONIALE DE 1890 A 1920 AU DANHOMEY, tenu à Doutou (commune de houéyogbé) le 27 octobre 2018, il a été mis en place un Comité National de Commémoration des Résistances à la Colonisation française (CNRC), dans la déclaration qui suit :


DECLARATION


Dans le cadre de la célébration du centenaire de la guerre des Sahouè, se tient ce jour 27 Octobre 2018 à Doutou, épicentre de la révolte des Sahouè, un symposium sur les résistances à la colonisation française au Dahomey. La guerre des Sahouè et des Dogbo, c’est ce conflit qui a opposé du 21 Juillet 1918 au 30 Janvier 1919, les peuples de Sahouè et de Dogbo aux troupes coloniales françaises. Ce conflit, connu sous la dénomination de Guerre des Sahouè est le dernier des mouvements de résistance enregistrés au Dahomey au cours de la période connue sous la dénomination de « conquête et pacification du Dahomey ».


Nous voulons citer :
• La guerre de résistance menée sous l’égide de Gbêhanzin avec des combats héroïques d’Atchoukpa et de Cana
• La guerre du peuple holli (de 1914 à 1916) sous la conduite de Omolegbe ou Anagbé, originaire du village d’Iwoye, et connu sous le nom d’Otoutou ‘’Froid comme la pluie’’
• La guerre du peuple-boo-baatonou du Borgou, sous la conduite de Bio Guèra (1915-1917)
• La guerre du peuple natimba de l’Atakora sous la conduite de Kaba (1916-7 Avril 1917).
Comme on le sait, les différents peuples de notre pays ont mené des mouvements de résistance à la colonisation française. La plupart sont moins connues comme celle des Bazantché de Sèmèrè (1916), celle des Aja sous la conduite du Roi Kpoyizoun de Tado, de Dèkin-Afio, mouvements réprimés dans le sang, etc.


A un moment donné de l’histoire du Dahomey et du fait des intérêts du capitalisme, les peuples sont agressés et nos différents territoires colonisés. Cette période a été comme l’esclavage, une des pages les plus sombres de la vie des peuples entrainant d’énormes souffrances à ces peuples qui, en légitime défense se sont organisés pour résister aux agressions.
Il s’agit là d’une page de l’histoire qui n’est pas connue et les récits qui en sont faits dans les programmes d’histoire dans nos écoles et collèges n’étaient destinés qu’à produire des citoyens ignorants de leur passé. Cette histoire est donc cachée, enfouie par le pouvoir colonial et malheureusement depuis l’indépendance.
Les résistances peuvent être classées en deux périodes :
- De 1889 à1894-période de guerre de conquête coloniale
- De 1905 à 1918-période dite de pacification
En fait, les 2 périodes ont des points communs parce que même après factuellement la victoire sur Béhanzin déchu par le Général Dodds, et le Décret du 22 juin 1894, créant la colonie du Dahomey, bien des peuples n’étaient colonisés. Ils pensaient continuer de vivre, d’administrer leurs affaires selon leurs us et coutumes. Ce n’était plus le cas. Au point que la 2ème période rentre dans le cadre de la 1ere même si des événements viennent constituer comme des facteurs déclenchant ces résistances telle la première Guerre mondiale (conscription, amidjo, culture de ricin, travaux forcés, etc.)
Cela fait cent ans. Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir, un peuple mort. Bon nombre de nos héros massacrés par les troupes coloniales dorment sans sépulture dans les grottes, dans les broussailles, dans les tranchées et leurs âmes errent encore sans repos. Or, quand les âmes des héros errent encore sans sépulture, aucun développement n’est possible pour le pays. Ce qu’il faut retenir c’est qu’un peuple ne bâtit son sentiment patriotique que sur sa propre histoire, sa propre culture.
Commémorer ces évènements douloureux, ce n’est pas rouvrir les querelles du passé, ni les séquelles des divisions internes.
Commémorer ces cent ans, c’est rappeler l’histoire commune de nos peuples, leurs malheurs communs créant un destin commun, c’est renforcer le ciment de l’unité patriotique des peuples du Bénin. Enfin, ce n’est même pas rouvrir les querelles entre ceux qui se trouvaient alors du côté du colonisateur.


Le cas du commandant Paul Grange dit « Tchèkpé » abattu, par les patriotes Saxwè doit être examiné comme un cas à part. Il est un pion du système colonial certes, et donc victime de cette situation. Mais il faut dire qu’il fait désormais partie non seulement des Saxwè (son corps repose là au millieu de nous sur notre sol), mais béninois par ses descendants aujourd’hui citoyens béninois à part entière.
L’évènement de ce jour revêt une marque particulière par le fait que c’est la première fois que tous les représentants des peuples résistants à la colonisation française au Dahomey-Bénin commémorent ensemble leur histoire commune.
Voilà pourquoi,


Nous, descendants de ces héros (Gbèhanzin, Kpoyizoun, Otoutou-Bi-Odjo, Bio Guèra, Kaba, Hounza Djinglin, Somakpon) réunis ce jour à Doutou, Commune de Houéyogbé dans le Département du Mono,
Proclamons comme nécessité patriotique :
1° La réécriture de l’histoire de nos résistances et son enseignement aux générations futures ainsi que la mise sur pied d’un Comité National de Réécriture de l’Histoire des Résistances anticoloniales française au Dahomey-Bénin,
2° L’érection des sites des combats historique où se sont déroulées les guerres de résistance comme des patrimoines historiques inaliénables et insusceptibles d’appropriation à titre individuel.
Demandons au Gouvernement


1°- de consacrer un jour de commémoration pour ces résistances


2°- de déclarer la protection immédiate de ces sites contre la destruction en cours à l’instar du Site d’Atchoukpa dans la Commune d’Avrankou (lieu de la guerre héroïque de Béhanzin et sa victoire sur les troupes colonialistes françaises en 1892, les obligeant à se replier pour revenir sous commandement du colonel Dodds en 1894),


3°- de construire sur ces sites des Musées et Mausolées comme panthéon de ces grands et intrépides combattants de la liberté.
Mettons en place un Comité National de Commémoration des Résistances à la Colonisation Française (CNRC).
Le symposium de Doutou a par ailleurs décidé de la création d’un Haut Conseil de Sages constitué de personnalités Patriotes (Historiens, Hommes et Femmes politiques, contributeurs divers…) désireux d’œuvrer pour la Reconstitution de la Mémoire Collective des Peuples.


Fait à Doutou, le 27 Octobre 2018


Ont signé :


Au nom de la Résistance des peuples Fon-Dahomey : DAH Bleko 95138790
Au nom de la Résistance des peuples Holli IKOUCHIKA Adelani 95600382
Au nom de la Résistance des peuples Boo-Baatonou : NOMA Oroutoui Jerôme : 66368493
Au nom de la Résistance des peuples Natimba-Berba-Otammmari-Wama : KOUAGOU Norbert : 96529496
Au nom de la Résistance des peuples Saxwè et Dogbo : CAKPO BESSE Laurent : 97346092