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Célébration du 1er Mai au Bénin
Grande marche des travailleurs à l’appel de la CSTB

 

Le dimanche 1er mai 2022, les travailleurs du monde entier ont sacrifié à la tradition de la fête des ouvriers après deux ans de confinement imposé comme mesure contre la Covid-19. Au Bénin, les travailleurs étaient nombreux à répondre à l’appel de la CSTB à venir célébrer cette fête dans les rues de Cotonou ce dimanche 1er mai 2022 à travers une marche pacifique contre la remise en cause totale des libertés démocratiques notamment syndicales, le chômage et la précarisation de l'emploi, la faim et de la grande cherté de la vie et l’insécurité.


Ainsi, répondant massivement à l’appel de la CSTB, les travailleurs de tous ordres, des femmes du marché, des artisans, des jeunes, des diplômés sans emplois, les élèves et étudiants, etc. venus de partout du pays se sont rassemblés à l’esplanade de l’Etoile Rouge de Cotonou. En attendant le début de la marche, la foule scandait des slogans et exprime sa détermination à travers des chants. La CSTB a sonné la mobilisation et brisé les barrières pour renouer avec les manifestations de protestation qui ont permis et au peuple d’obtenir les acquis aujourd’hui bafoué par Talon. Les travailleurs étaient tous dans la joie de reprendre les manifestations après deux ans de confinement lié au covid-19.


Avant de lancer la marche, le Secrétaire Général de la CSTB, Kassa Mampo Nagnini a rappelé les vaines tentatives des responsables de la mairie de Cotonou pour empêcher la manifestation. Il a par la suite invité les manifestants à la discipline et au respect des consignes des organisateurs de la marche.


Ainsi, partis de l’Etoile Rouge en passant par le Boulevard des Armées, le Carrefour Unafrica, des milliers de manifestants, le SG de la CSTB, Kassa Mampo et son Adjointe Mathurine Sossoukpè en tête, ont battu le macadam près d’une 1h 30 avant d’arriver à la maison des travailleurs, la Bourse de travail. Lors de la marche, les manifestants débordants d’enthousiasme et de détermination scandaient les revendications des travailleurs, des jeunes et du peuple. Des slogans et messages hostiles au gouvernement fusaient la foule. On lisait sur les pancartes brandis, des messages tels: « Talon hélouéééé ! La revalorisation des salaires avec le SMIG à 60% ! 12 mois sur 12 pour les AME ! La dotation de tenues (uniformes) à la police républicaine est nécessaire car celle donnée depuis 2017 est complètement usée ! La bourse et les allocations universitaires aux étudiants ! Libérez Laurent Mètongnon et co-accusés ainsi que les autres détenus politiques ! Non à l’installation de Barkhane au Bénin… ! »


Les manifestants ont fait des pauses momentanées soit en s’asseyant tous sur la voie, soit en saluant les populations sorties pour applaudir la manifestation et exprimer leur soutien. On y voyait des vieilles dames danser, des enfants, des hommes et femmes de tous âges applaudir l’événement tout le long des rues débouchants sur l’itinéraire. D’autres curieux ont carrément rejoint Kassa Mampo et les colonnes des manifestants. La foule était déterminée.


Après que la marche a échoué à la Bourse de travail, le SG Kassa Mampo, clôturant la marche a salué et félicité les manifestants tout en rappelant l’importance de la lutte syndicale sans laquelle le travailleur béninois n’obtiendrait rien de ses protestations. Le tout après un bref historique de la commémoration de 1er mai et ensuite le bilan de la covid-19 sur les conditions de vie et de travail des travailleurs.
Entre temps, il y a eu les messages de soutien et d’encouragements des organisations invitées (Fésyntra-Finances, UNAPEEB, ODHP, MFLPP, Collectif des Organisations des Jeunes), après qui le SG Kassa Mampo a, à travers une motion, exigé la satisfaction des revendications des travailleurs. On note entre autres exigences : la revalorisation des salaires, le paiement des rappels, la suppression des taxes et impôts injustes et la diminution des autres impôts et taxes, l’arrêt de la précarisation de l’emploi, la réintégration des travailleurs arbitrairement radiés de la fonction publique notamment les enseignants (ACE et aspirants et hommes en uniforme), la libération des travailleurs arbitrairement emprisonnés, la libération des prisonniers politiques comme Laurent Mètongnon, le retour au pays des exilés politiques et l’arrêt des poursuites pour délit d’opinion, le rejet de l’installation des troupes françaises au Bénin, etc.

Pour finir, le Secrétaire Général, Kassa Mampo, après avoir rappelé l’engagement de la CSTB à porter et défendre toujours et partout les revendications des travailleurs, a invité les travailleurs à intensifier leurs luttes sans lesquelles il n’y aurait pas de satisfaction de leurs revendications.
A la fin du meeting de clôture de la marche de la CSTB, on lisait la joie sur le visage de tous les manifestants. Ils se congratulaient, s’embrassaient, montrant qu’ils viennent de gagner quelque chose : la liberté de manifester. En effet depuis 2019, ils avaient été empêchés de manifester dans la rue, non pas seulement à cause de la Covid-19 mise en avant comme prétexte par le pouvoir, mais surtout par la remise en cause et la répression de ce droit par le pouvoir autocratique de Talon. Tout le monde se souvient que les manifestants à l’appel de la CSTB le 1er mai 2019 ont été "gazés" et matraqués même dans l’enceinte de la Bourse du Travail. La marche du 1er mai 2022, avec l’appel de la direction de la CSTB repris par des dizaines de syndicats de base, sonnait une victoire commune de tous les manifestants, un exorcisme de la peur que l’autocratie entretient et cultive. L’autre aspect de leur joie, peut se voir dans la confiance en leur propre capacité de se battre. Le pouvoir de Talon venait de montrer encore une fois, dans une mise en scène grotesque le 26 avril 2022 son mépris envers les travailleurs avec le reniement de sa propre promesse faite et répétée depuis quatre mois de revaloriser les salaires des travailleurs. La marche signifiait la détermination à poursuivre les combats pour la vie, la survie du peuple qui a faim et contre la France coloniale.


Signalons que la CSTB était la seule Confédération à avoir appelé et manifesté dans la rue avec les travailleurs ce jour mémorable des travailleurs. Les autres Centrales Confédérales comme la CSA, la COSI-Bénin, etc. s’étaient enfermées pour des conférences de sensibilisation des travailleurs sur les projets du gouvernement. Les militants et sympathisants de la CSTB ainsi que tous les autre travailleurs et gens du peuple ne pouvaient qu’être fiers d’avoir réussi une grande marche de protestation dans la fidélité à la tradition de lutte de la classe ouvrière et notamment le 1er mai.


Aimé K.

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