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LA FLAMME HORS SERIE N°1 : LA CRISE MALIENNE


Note de la Rédaction
La Flamme : Pourquoi un Hors-Série ?
Depuis deux ans, nous assurons la parution hebdomadaire régulière de votre journal La Flamme. Comme on peut le constater, beaucoup de sujets y sont traités. La situation politique nationale, la situation économique nationale, l’évolution de la situation internationale, la culture, l’histoire etc. Souvent, des textes concernant le même sujet sont éparpillés dans plusieurs numéros, rendant difficiles les recherches. Nous avons donc décidé de pallier ces difficultés en sortant tous les trois mois, un numéro hors-série de La Flamme.
Le Rédacteur en Chef
Editorial
Pour ce premier numéro, et compte-tenu de l’actualité brûlante, nous avons décidé de publier la plupart des articles ayant trait à la situation au Mali depuis le renversement et l’assassinat du colonel Kadhafi, l’intervention de l’armée française, le renversement du gouvernement fantoche d’Ibrahim Boubacar Kéita, l’arrivée du gouvernement de transition, et le renvoi de Barkhane du Mali. On y trouve des articles de La Flamme, des rapports d’instances du Parti et certaines publications d’organisations proches.
Cette compilation permet de voir comment, dès le début, le Parti Communiste du Bénin et les organisations de la démocratie révolutionnaire ont perçu le caractère nocif de l’intervention de l’armée française au Mali et la nécessité de la combattre. La dénonciation de la poursuite de la domination française dans ses anciennes colonies et l’urgence pour les peuples africains de prendre leur destin en main ont toujours été avancées marquant la cohérence des vues du Parti Communiste.
La Rédaction


CRISE MALIENNE
PREMIERE PARTIE :
Historique des postions du Parti Communiste du Bénin et de la démocratie révolutionnaire sur la crise malienne
1- LA CONVENTION PATRIOTIQUE DES FORCES DE GAUCHE DU BENIN DIT NON A TOUTE INTERVENTION EXTERIEURE AU MALI CONFORMEMENT AUX EXIGENCES DU PEUPLE MALIEN.
Cotonou, le 07 Octobre 2012.
C’est avec un grand intérêt et une très grande satisfaction que nous avons reçu les positions de la Coordination Patriotique du Mali (COPAM) exigeant la souveraineté du peuple malien dans la solution à apporter à la crise intervenue à l’issue du coup d’Etat survenu en Avril 2012 et l’invasion d’une partie du territoire malien par des groupes islamistes armés, décidés à imposer aux peuples leurs désirs.
En effet depuis quelque temps il est question d’une intervention de la CEDEAO pour chasser les occupants sécessionnistes du Nord Mali et réunifier le Mali. Le Président Intérimaire, le Pr. Dioncounda TRAORE en a saisi l’ONU. Le gouvernement français à travers François Hollande, le Président et son Ministre des Affaires étrangères L. Fabius en font les gorges chaudes au Conseil de Sécurité.
Le Président YAYI Boni joue le va-t-en guerre pour l’intervention des forces de la CEDEAO dans ce pays frère. Les militaires béninois seraient apprêtés dans ce sens pour être embarqués vers le Mali.
Devant ces situations grosses d’indignations et de révoltes de la part de tous citoyens dignes et fiers et qui ne peuvent susciter que patriotisme et rage de livrer combat pour la libération et l’unification du territoire national malien, malheureusement, certains Etats de la sous-région ouest-africaine, notamment la Guinée et autres, en complicité avec les ennemis des peuples africains, ont fait bloquer des armes destinées aux patriotes maliens.
C’est ce blocage des armes commandées avec les propres sous du peuple malien et le chantage exercé à travers la CEDEAO et l’Union Africaine sur ce pays frère, qui empêche la libération du Nord Mali par les forces maliennes, encourage et facilite l’installation des sécessionnistes et conforte chaque jour leurs positions. Ces faits exacts relèvent bel et bien des complicités aux desseins machiavéliques contre la volonté du peuple malien qui ne réclame que la libération de ses armes et leur mise à sa disposition pour la reconquête du Nord envahi.
La Convention Patriotique des Forces de Gauche soutient la position de la COPAM pour qui il « n’appartient pas à la CEDEAO, et le peuple malien ne le lui permettra pas, de décider qui doit détenir les pleins pouvoirs dans cette situation transitoire.
C’est au peuple malien, réuni en convention nationale, de le décider en toute souveraineté et indépendance ».
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Page 3
Patriotes de la COPAM, la Convention Patriotique des Forces de Gauche du Bénin vous soutient et vous encourage dans cette voie d’honneur et de dignité, et invite tous les patriotes africains, tous les hommes et femmes dignes du monde entier, épris de justice et de paix à accorder au peuple malien à travers la COPAM, leur soutien et encouragement.
Le Président
Philippe NOUDJENOUME
2- LA CONVENTION PATRIOTIQUE DES FORCES DE GAUCHE
Communiqué de Presse
Cotonou, le 16 Janvier 2013
Depuis le vendredi 11 Janvier 2013, la France mène une guerre au Mali au nom de la lutte contre le terrorisme et pour l’intégrité territoriale de ce pays. N’ayant pas réussi à faire faire par la CEDEAO-en temps voulu- la sale besogne d’intervention armée, elle se résout à prendre elle-même les devants des opérations. Pour ses intérêts impérialistes. Ainsi à peine un an et demi après que des tonnes de bombes ont été déversées sur la Côte-D’ivoire et la Lybie et ont massacré des milliers d’Africains, ces mêmes bombes françaises se déversent sur le Mali et les victimes sont encore des Africains. Combien d’interventions la France n’a-t-elle pas menées contre les peuples africains depuis cinquante-deux ans ! Tous les prétextes sont bons pour cela.
Le Président YAYI Boni dans cette affaire a toujours joué le va-t-en guerre, appelant à tous propos à une intervention armée, y compris à l’OTAN.
La Convention Patriotique des Forces de Gauche, dans maintes déclarations antérieures sur la situation au Mali, s’est toujours opposé, conformément aux positions des patriotes maliens organisés dans la COPAM, à toute intervention extérieure au Mali.
Elle condamne par conséquent l’intervention des forces françaises comme une agression inadmissible pour les peuples.
La Convention Patriotique des Forces de Gauche s’indigne et proteste contre la décision du Gouvernement du Bénin, conduit par YAYI Boni, d’envoyer des troupes au Mali et ceci sans même s’en référer à la Représentation Nationale. Il s’agit bel et bien d’un front de guerre et non d’un front de maintien de paix.
Elle rend en conséquence responsable le Gouvernement de YAYI Boni de toutes les déconvenues qui découleraient de cette décision irresponsable.
Cotonou, le 16 Janvier 2013
Le Président
Philippe NOUDJENOUME
3- L’INTERVENTION FRANCAISE AU MALI,
UNE HONTE ET UNE HUMILIATION POUR L’AFRIQUE
Par Gilbert KOUESSI
Paris, le 16 janvier 2013
Membre de la Direction du Parti Communiste du Bénin
Paris.
« Depuis le 10 janvier 2013, et l’intervention massive de l’armée française au Mali, les peuples africains se retrouvent face à une dure réalité : ils ne sont pas indépendants. Au lieu que cette situation nous fasse réfléchir pour voir pourquoi nous sommes tombés si bas, on assiste à (des) débats qui vont dans tous les sens en oubliant complètement les causes de la situation que nous vivons.
Il y a un an exactement, le Mali était présenté comme l’un des pays les plus démocratiques du continent, avec des élections à date fixe, un parlement multipartite avec au sommet de l’Etat, Amani Toumani Touré (ATT), qui paradait dans les conférences internationales avec ses grands boubous en « Général démocrate ». Le Mali, dont l’armée était présentée comme une des plus puissantes de l’Afrique de l’ouest avec ses 400 Généraux ( !), était donc désigné comme l’exemple à suivre ; les élections se préparaient pour une nouvelle alternance ; bref tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
En 2011, en Libye, suite à la révolution tunisienne et à la chute de Ben Ali, les populations libyennes veulent aussi jouir de leur libertés ; elles commencent à contester le pouvoir du colonel Kadhafi ; c’est une aubaine pour les puissances occidentales qui trouvent là, l’occasion rêvée pour se débarrasser de ce colonel fantasque et empêcheur de piller en rond le pétrole de son pays. Pour cela, un tour de passe-passe à l’ONU suffit pour obtenir l’autorisation de la « Communauté internationale ». Comment alors, faire chuter à moindres frais le régime du colonel ? N’oublions pas que les peuples rechignent à voir leurs enfants embarqués dans des guerres qui ne les concernent pas. Il faut se contenter des frappes aériennes et éviter des combats au sol qui entraineraient beaucoup de morts dans les rangs des militaires de la « Communauté internationale ». Un deal a été fait avec les Touaregs composant la garde rapprochée du colonel Kadhafi : « Vous prenez l’engagement de ne pas vous battre et on vous autorise à vous retirer dans le vaste désert malien avec vos armes, votre argent, vos voitures rutilantes etc.… » C’est ce qui fut donc fait ; car personne ne peut nous faire croire que les avions français qui bombardent ces gens aujourd’hui, n’avaient
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pas la possibilité, ensemble avec ceux des Anglais et des Américains qui étaient sur place de le faire pendant leur repli sur le Mali.
Y a-t-il eu d’autres promesses ? On ne le saura jamais. Toujours est-il qu’une fois arrivés dans le désert malien, ces militaires se sont constitués en un Etat dans l’Etat en avançant des revendications d’indépendance de leur région. N’oublions d’ailleurs pas que l’indépendance de L’AZAWAD a été proclamée depuis Paris. Lorsqu’ils ont commencé à attaquer les garnisons de l’armée malienne dans le nord, celles-ci tombaient les unes après les autres. On s’est vite rendu compte que les 400 Généraux maliens qui dirigeaient tout, de façon démocratique : chef de l’Etat, ministre de la défense, gouverneurs de régions, et tutti quanti, n’étaient en fait que des Généraux d’opérettes et que l’armée malienne était une armée vermoulue. Le modèle démocratique malien qu’on nous présentait comme l’exemple à suivre, est apparu comme un régime corrompu et une démocratie de façade. La hiérarchie militaire malienne est apparue comme un commandement mafieux avec des Généraux impliqués dans des trafics de toutes sortes et qui ont laissé leurs troupes démunies et désemparées à la merci des fous du désert.
C’est d’abord contre cette situation que se sont révoltés les soldats maliens. Tout le monde sait que ce sont les épouses et les parents des militaires du rang qui ont commencé les protestations. C’est devant la colère des soldats et de leurs parents que s’est effondrée, « la démocratie exemplaire » malienne ; le coup d’Etat au Mali est la conséquence de l’incurie d’un Etat corrompu, d’un système mafieux, adulé à l’étranger comme un système démocratique. La réaction des dirigeants de la CEDEAO face au putsch fut immédiate : embargo contre le Mali et refus de lui livrer les armes bloquées dans les ports des autres pays, le Mali étant un pays enclavé. Face à ce soutien inespéré, il ne restait aux groupes armés du nord qu’à avancer leur pions ; ce qu’ils firent en décidant de s’arrêter là où ils voulaient. Quiconque maitrise un tant soit peu l’art de la guerre sait que c’est ce qui devait se passer. Mais aujourd’hui, vous trouverez des commentateurs qui vous diront que c’est le coup d’Etat militaire qui a permis aux groupes armés d’occuper le nord-Mali. Il suffit de se reporter à la chronologie des événements pour saisir le développement exact de la situation. Cet embargo scélérat contre le Mali lui a fait perdre près de 500 milliards de frs CFA et a entrainé la fermeture de plusieurs entreprises.
En agissant de la sorte, les dirigeants de la CEDEAO n’avaient pas en vue les intérêts du Mali ; ils pensaient d’abord à leur propre pouvoir. La situation dans leur pays étant semblable à celle du Mali, il fallait tuer dans l’oeuf cette aventure des soldats maliens. Quand ils ont commencé à gigoter en menaçant d’envoyer des militaires de la CEDEAO combattre les groupes rebelles, ils savaient tous qu’ils n’avaient pas d’armées capables d’accomplir cette tâche. OUATTARA venait d’être installé par l’armée française et savait qu’il n’avait pas d’armée. Blaise Compaoré venait d’être sauvé par la France face à la révolte de ses soldats. Le Nigéria confronté à la lutte contre des groupes armés dans sa partie nord avait la tête ailleurs. Quant à YAYI BONI, il était le premier à savoir que les soldats béninois sont incapables d’aller faire une guerre dans le Sahel. Les rodomontades et les menaces cachaient mal l’impuissance de Présidents fantoches cherchant à sous-traiter une guerre.
Que nos pays n’aient pas d’armée digne de ce nom, le cas du Bénin est assez illustratif en la matière. Ici, ce ne sont pas les militaires qui sont en jeu, mais la formation et l’utilisation qu’en font les dirigeants politiques. L’armée béninoise compte 7 à 8.000 hommes et femmes ; depuis qu’elle participe aux opérations de maintien de la paix, ce canal est devenu une source juteuse de rentrée d’argent ; pour participer à ces missions, il faut être recommandé et pour être même payé après, c’est la croix et la bannière ; à plusieurs reprises, les militaires ont dû protester ou menacer pour toucher leur solde. Arrivé au pouvoir en avril 2006, dès décembre 2006, Boni YAYI fait passer le 30 décembre 2006 sur les antennes des radios et télévisions un communiqué qui dit qu’en « appui à la mesure de gratuité de l’enseignement maternel et primaire », un comité interministériel renforcé de forces de police et de l’armée sillonnera pendant 3 jours (les 4, 5 et 6 janvier 2007) nos établissements de l’enseignement maternel et primaire. En conséquence, poursuit en substance le communiqué, tous les acteurs de ces ordres d’enseignement (enseignants, directeurs, élèves, parents d’élèves) doivent être à leur poste. Et tout contrevenant à ces injonctions serait « réprimé », conclut le communiqué. » Depuis, l’armée est utilisée à la répression intérieure. Depuis son arrivée au pouvoir, BONI YAYI a nommé plus de Généraux que depuis 1960 ; bientôt le Bénin va atteindre les 400 Généraux du Mali.
En 2012, l’armée béninoise a eu 3 chefs d’Etat-major différents. Les missions essentielles que lui a confiées « le chef suprême des armée(s) » ont été : encercler la bourse du travail avec les chars lors de la grève des enseignants ; faire circuler les chars dans la ville de Cotonou pour intimider la population ; aller braquer un bateau civil en pleine mer pour lui soutirer des intrants pour la campagne du coton ; aller dégager le port de Cotonou encombré par les camions en route pour l’intérieur du pays et les pays enclavés qui font passer leurs marchandises par le Bénin. La grande tâche stratégique confiée dernièrement à l’armée béninoise et qui est en cours, c’est le déploiement de l’armée sur toute l’étendue du territoire pour la lutte contre l’essence de contrebande dite « KPAYO ». Last but not least, YAYI BONI lui-même a pris en charge le ministère de la Défense, non pas pour contrer une agression extérieure imminente mais contre l’ennemi intérieur. A chaque crise sociale, YAYI BONI réunit le « Haut Commandement Militaire » pour solliciter son appui et lui confier des tâches de répression. Comment s’étonner que dans ces conditions lorsque des problèmes de la vraie guerre se posent, l’armée ne soit pas à la hauteur ? C’est tout simplement parce que les armées africaines, malgré la
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formation de leurs membres, sont détournées de leurs tâches initiales qui sont la défense et la préservation de la sécurité du territoire et de l’intégrité territoriale.
Après Les indépendances formelles de 1960, que les dirigeants de nos pays en soient réduits à faire appel à l’ancien pays colonisateur pour défendre l’intégrité de leur territoire est une honte et une humiliation pour les peuples africains. La question que doit se poser l’intelligentsia africaine ce n’est pas : est-on pour ou contre cette intervention de la France ? Mais pourquoi en sommes-nous là ? Pourquoi les pays asiatiques qui ont subi le même colonialisme que nous ne subissent pas ces humiliations continuelles ? Et nous verrons que c’est parce que nous ne sommes pas libres et que cette situation arrange et favorise les intérêts de l’ancien colonisateur. Ce n’est pas pour rien que tous ceux qui ont voulu lutter dans le sens de la véritable indépendance ont été éliminés.
Qui peut penser qu’un gouvernement malien, après cette guerre pourra s’assoir et discuter d’égal à égal avec le gouvernement français ? Quel gouvernement malien pourra dire au gouvernement français : « nous préférons confier l’exploitation de telle mine à une société autre que française parce qu’elle nous propose quelque chose de mieux » ? Sait-on que c’est le gouvernement irakien qui a payé le coût de l’intervention américaine et que la Libye est en train de payer les frais de la guerre contre Kadhafi ?
Dans la réalité, cette infantilisation permanente dans laquelle végète l’Afrique, arrange l’ancien maitre colonialiste et ses chiens de garde qui y trouvent leur compte.
Pour les peuples d’Afrique, c’est la honte et l’humiliation. Tout ceci ne peut qu’entrainer l’indignation et la colère.
Voilà pourquoi, pour les peuples africains, pour les progressistes africains, il faut se dresser contre les analyses clé en main que nous servent nos ennemis ; il faut s’engager dans la voie qui nous permet de nous débarrasser de ces fausses démocraties, de ces pouvoirs mafieux et de leurs maitres qui empêchent le continent africain d’avancer.
Paris, le 16 janvier 2013
4- EXTRAIT DU RAPPORT DU PREMIER SECRETAIRE AU PLENUM DU PARTI TENU LE 19 JANVIER 2013.
« 1°-La guerre actuelle au Mali
La guerre que vient de déclencher -depuis le 11 Janvier 2013-François Hollande au Mali atteste du caractère particulièrement agressif de l’impérialisme français et de l’acuité des luttes planétaires dont les peuples sont les victimes. Que l’impérialisme français soit particulièrement agressif notamment contre les peuples africains, les faits quotidiens l’attestent. Personne- s’il est un peu de bonne foi-et non un propagandiste pro-français ne peut croire au langage de François Hollande, ce « chef de guerre » français, sur la prétendue défense des valeurs de civilisation, de la démocratie et de l’intégrité territoriale du Mali. Au-delà de l’unanimisme dont veut faire preuve la grande bourgeoisie française à travers les différentes tendances partisanes, sur la question malienne, il y a des personnalités tel l’Ancien Président français Valéry Giscard d’Estaing qui ont stigmatisé le caractère néocolonialiste de l’intervention française au Mali et les grands risques que cela fait courir pour les populations civiles maliennes. Le Député écologiste français Noel Mamer n’a pas hésité à parler de « cinquante ans d’indépendance, cinquante ans d’interventions françaises en Afrique ». Quant à Dominique de Villepin, l’ancien Premier Ministre de Chirac, il a déclaré sceptique: « Tirons les leçons de la décennie des guerres perdues, en Afghanistan, en Irak, en Libye. Jamais ces guerres n’ont bâti un État solide et démocratique. Au contraire, elles favorisent les séparatismes, les États faillis, la loi d’airain des milices armées. Jamais ces guerres n’ont permis de venir à bout de terroristes essaimant dans la région. Au contraire, elles légitiment les plus radicaux. Jamais ces guerres n’ont permis la paix régionale. Au contraire, l’intervention occidentale permet à chacun de se défausser de ses responsabilités. Pire encore, ces guerres sont un engrenage. Chacune crée les conditions de la suivante. Elles sont les batailles d’une seule et même guerre qui fait tache d’huile, de l’Irak vers la Libye et la Syrie, de la Libye vers le Mali en inondant le Sahara d’armes de contrebande. Il faut en finir.». Et Jean- Luc Mélenchon, le porte-parole du Front de Gauche, perçoit à juste titre, cette intervention militaire « comme une action de cette FrançAfrique ».
Notre Parti s’est à maintes reprises, seul ou ensemble avec les Partis communistes frères d’Afrique- comme dernièrement la « Déclaration conjointe PCB-PCRV » à laquelle a entièrement souscrit le Parti Communiste Révolutionnaire de Côte d’Ivoire, notre Parti, disons-nous, s’est toujours opposé à toute intervention étrangère au Mali. Ce faisant notre Parti, outre la défense des principes de la souveraineté des peuples, s’appuie sur la volonté maintes fois exprimée des démocrates et patriotes maliens de défendre leur territoire par leurs propres moyens. Au lieu de cela, les puissances impérialistes ont organisé un blocus du Mali, sur ses armes commandées avec ses propres sous, ceci pour permettre une intervention militaire dans ce pays. Ce qui est donc en jeu, ce sont les immenses richesses dont regorge le sous-sol malien. L’on entend par-ci par-là des gens - dont certains de bonne foi- déclarer « oui mais il faut chasser ces islamistes, ces terroristes, coupeurs des mains des voleurs, destructeurs de monuments historiques, réunifier le Mali ». Oui, mais il ne revient pas à la France, il ne revient pas à d’autres pays africains de venir combattre l’islamisme, « le terrorisme » au Mali. Cette tâche revient au peuple malien. En tant que révolutionnaires, il nous faut revenir aux principes fondamentaux. Quels sont les enjeux au Mali et dans toute l’Afrique de l’Ouest ? Il se pose au Mali pour tout révolutionnaire, en ce moment trois sortes de problèmes. Le problème de l’indépendance et de la souveraineté qui est
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toujours confisquée par l’impérialisme français, le problème de l’intégrité territoriale et le problème du système social à adopter (système néocolonial pro-français ou islamisme intégriste). Pour l’intégrité territoriale, seul le MNLA est partisan de la création d’un Etat séparé du reste du Mali et l’on sait que la fameuse indépendance de l’AZAWAD a été proclamée de Paris. C’est dire que la division actuelle du Mali a été l’oeuvre de la France. Les autres groupes tels Ansar Dine et autre AQMI n’ont jamais voulu de la scission et veulent simplement imposer la charia à tout le Mali. Au regard de ces développements, la question principale, autrement dit, la contradiction principale qui doit mobiliser toutes les forces progressistes et patriotiques du Mali, c’est d’abord et avant tout la sauvegarde de la souveraineté du Mali…. Les autres contradictions passant au deuxième plan. En effet lorsque l’on regarde bien un groupe extrémiste tel Al Qaida dont est issu AQMI, il est à l’origine, une fabrication de l’Occident contre les révolutions dans le monde. Que cela aujourd’hui se retourne contre leurs anciens mentors, c’est une autre question. C’est l’envahissement arrogant de la domination politique, économique et culturelle occidentale et judéo-chrétienne sur les peuples notamment arabo-musulmans-avec leurs corollaires, les intégrismes judéo-chrétiens, les destructions des cultures des peuples dominés et les guerres d’agression contre ces peuples arabes et musulmans (Palestine, Irak, Afghanistan, Lybie) - qui ont développé et nourri l’idéologie intégriste islamiste. Il faut voir que la propagande de ces groupes islamistes ressassent des mots d’ordre à accent vaguement anti-impérialiste, c’est-à-dire contre la domination politique, économique et culturelle de l’Occident. Signalons simplement que dans les parties occupées au Nord du Mali, l’alphabet utilisé est l’arabe et que « Boko Haram » signifie en hausa « l’éducation occidentale est un péché » pour comprendre la base idéologique de ces groupes et les mobiles qui les font agir. Ce qui fait la grande faiblesse des idéologies intégristes islamistes comme de tout intégrisme religieux, c’est l’assise de toute leur politique sur l’islam radical et donc sur une religion. Et à ce point de vue, ces intégrismes doivent être combattus fermement.
2°- Le Bénin se trouve entraîné dans la guerre.
YAYI Boni s’est toujours montré le plus fervent défenseur de l’interventionnisme au Mali. Et sans crier gare, sans même en informer le Parlement (même si l’on sait qu’il lui est entièrement acquis) décide d’envoyer des troupes combattre au Mali. Jusque-là, notre pays avait toujours envoyé des troupes à l’extérieur ; mais c’est dans le cadre du maintien de la paix entre deux belligérants. Ici c’est autre chose. Il s’agit de la guerre, de deux fronts (et le Bénin se trouve dans l’un des camps) et des ennemis en face à vaincre. Et notre pays se trouve entraîné dans une guerre qu’elle n’aurait jamais voulue. En effet, les effets ne tarderont pas à se faire sentir dans notre pays même si le front est externe. Car les connexions entre les groupes islamistes opérant au nord du Mali avec ceux déjà en oeuvre dans des pays voisins du Bénin notamment le Nigeria, le Niger montrent que nous sommes bel et bien engagés dans une guerre. Le Ministre de l’Intérieur Benoît DEGLA n’a-t-il pas reconnu au cours de l’émission télévisée sur l’ORTB le jeudi 17 Janvier que : 1°. Il existe des groupes « dormants » boko haram sur le territoire béninois. 2°. Il y a des recrutements de jeunes béninois par les islamistes que l’on envoie se former au Pakistan via d’autres pays. 3°. Des prêcheurs de l’islamisme « jihadiste » arrivent sur le territoire national et sont refoulés aux frontières. 4°. L’un des dirigeants jihadistes opérant actuellement au nord du Mali est béninois et s’appellerait « Abdoul ». L’on voit déjà l’injustice à refouler les prêcheurs islamistes pendant qu’on organise et autorise tous les jours les prêcheurs évangélistes inonder nos maisons de pollution sonore et même qu’on décore ces prêcheurs. Si l’on sait que les groupes terroristes menacent tout pays qui s’aventurerait à envoyer des troupes au Mali, que le terrain des opérations (le désert), n’est pas habituel aux troupes béninoises, on comprend aisément qu’il fallait, pour un gouvernement responsable, prendre des précautions dans cette situation, à défaut d’être patriote. »
5- ADRESSE AUX DEPUTES DE L’ASSEMBLEE NATIONALE
Cotonou, le 24 janvier 2013
Le Premier Secrétaire Philippe NOUDJENOUME
A propos de l’entraînement de notre pays dans la guerre au Mali
Mesdames et Messieurs les Députés et Chers Compatriotes,
Aussitôt après l’intervention des troupes françaises au Mali le 11 janvier 2013, le Chef de l’Etat a annoncé l’envoi des éléments des Forces Armées du Bénin combattre au Mali. Cette attitude a soulevé la réprobation de certains députés qui ont rappelé que l’implication au combat des Forces Armées du Bénin dans une guerre doit recevoir l’approbation préalable de la Représentation Nationale.
Mais force est constater que le Chef de l’Etat et son gouvernement n’ont tenu aucun compte de la Représentation Nationale. En effet, ce n’est que le dimanche 20 janvier que le Chef de l’Etat a, dans un discours à la Nation, informé qu’après un conseil des Ministres le 14 janvier 2013, il venait de saisir la Représentation Nationale. Son Ministre de l’Intérieur, Benoît DEGLA, intervenant sur les antennes de la Télévision Nationale ORTB le jeudi 17 janvier 2013, reconnaissait publiquement que l’Assemblée Nationale n’était pas encore saisie à cette date du 17 janvier. Le lendemain 18 janvier 2013, le premier contingent
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béninois partait sans que l’Assemblée Nationale ait examiné et encore moins donné suite à la saisine du Chef de l’Etat. Il y a manifestement mépris frisant outrage à l’Assemblée Nationale.
Mais au-delà de cette question de forme qui souligne encore une fois qu’au Bénin, le Président de la République gouverne au mépris des lois, agit selon sa seule volonté, il y a lieu de s’inquiéter de la grave décision d’entraîner notre pays et notre peuple contre son gré dans la guerre au Mali.
Dans son discours de justification de l’entraînement de notre pays dans la guerre, le Chef de l’Etat dit : «La République soeur du Mali est confrontée à une menace contre son intégrité territoriale du fait de groupes rebelles et terroristes qui, au mépris du principe de l’intangibilité des frontières reconnu par l’Union Africaine et la Communauté Internationale, ont engagé un processus de partition du territoire malien. Cette menace de partition s’est accompagnée d’une autre menace plus grave. Il s’agit de l’irruption au Nord du Mali de groupes narcotrafiquants et terroristes armés, partisans du fondamentalisme religieux dont l’objectif est de créer au Mali un Etat islamique basé sur la Charia, un projet contraire à la laïcité de la République malienne…
Il y a lieu de rappeler que dans ce projet, ces groupes terroristes se proposent de remettre en cause le caractère laïc de l’ensemble des Etats de notre sous-région» (Cf. "La Nation" du 21 janvier 2013). Voilà l’argumentaire du Chef de l’Etat.
Nulle part dans cet argumentaire, il n’est question d’agression du Mali par des forces armées étrangères. Le projet d’indépendance proclamée de l’AZAWAD et menaçant l’intégrité territoriale du Mali provient de groupes ethniques maliens. Il s’agit donc d’un conflit interne au Mali, comme cela avait été le cas au Nigeria avec le défunt Biafra, au Niger, au Tchad, en République Démocratique du Congo, etc. Ensuite, le principe d’intangibilité des frontières reconnu par l’Union Africaine et la Communauté Internationale a été violé et remis en cause par cette même Communauté Internationale et l’Union Africaine par la partition du Soudan sans que les Etats de l’Union soient allés au secours de Khartoum contre les "rebelles" du Soudan du Sud. Et notre Constitution dans son article 67 dit formellement que «le Président de la République ne peut faire appel à des forces armées ou de police étrangères pour intervenir dans un conflit intérieur sauf dans les cas prévus à l’article 60» qui parle de coup d’Etat, de putsch ou d’agression par des mercenaires. Ce que notre Constitution interdit pour notre pays ne peut être autorisé à l’égard d’autres.
En ce qui concerne l’objectif par des groupes islamistes de "créer au Mali un Etat islamique basé sur la Charia", il s’agit encore ici d’un problème interne au Mali. Les pratiques des fondamentalistes musulmans sont réactionnaires, choquantes et inhumaines comme celles de tout fondamentalisme religieux. Mais, que des Maliens pensent, luttent que leur Etat change de régime et que d’un Etat laïc, il devienne islamiste et que d’autres n’en veuillent pas, c’est aussi un problème interne au Mali. Et des Etats islamistes basés sur la Charia existent au monde : en Tunisie, en Egypte, en Arabie Saoudite, au Qatar avec lesquels le Bénin entretient de bons rapports. La lutte pour la nature de l’Etat revient aux citoyens de chaque pays.
En envoyant les troupes béninoises s’impliquer au Mali dans un conflit interne, le Président Boni YAYI piétine la souveraineté du peuple malien tout en entraînant notre pays dans la guerre et ceci sans l’avis ni l’aval du Parlement. Les interventions antérieures des troupes béninoises à l’extérieur concernent des missions de paix, d’interposition entre belligérants. Maintenant et ici dans le cas du Mali, il s’agit d’une mission de guerre, de combat contre des forces à l’intérieur du Mali.
Mesdames et Messieurs les Députés et Chers Compatriotes,
Il n’est un secret pour personne que le Nord Mali abrite d’immenses richesses dans son sous-sol et que la menace de partition du Mali par l’AZAWAD était fortement encouragée (pour ces raisons) par des pays qui aujourd’hui clament vouloir défendre l’intégrité territoriale de ce pays. Ensuite, les groupes terroristes islamistes n’ont pu se déployer au Nord du Mali avec des armes et minutions de pointe qu’avec l’accord, au vu et au su de ceux-là qui étaient intervenus en Libye pour assassiner son président. Enfin, tout récemment, le Président de la République Française, Mr. François HOLLANDE, répondant à la demande d’intervention des troupes françaises en Centrafrique contre les rebelles de la SELEKA a eu le bonheur de rappeler que la France n’intervient à l’extérieur que pour défendre ses ressortissants et ses propres intérêts. C’est dire que l’intervention française au Mali vise des intérêts pour la France.
C’est pourquoi, les forces démocratiques maliennes, le peuple malien ont toujours clamé leur volonté de se défendre eux-mêmes. Mais la CEDEAO, par ses mesures d’embargo sur les armes et autres matériels dans les ports côtiers, a asphyxié le Mali, empêché la reconstitution de son armée et l’armement des populations volontaires maliennes contre les rebelles et les groupes terroristes.
Il apparaît alors que l’intervention des troupes étrangères au Mali par ceux-là qui avaient bloqué les armes destinées aux troupes maliennes vise à humilier, assujettir et dominer le peuple malien pour ses richesses bien connues du sous-sol. Le Président Boni YAYI a alors entraîné notre pays dans une guerre aux côtés des pilleurs du Mali contre "des partisans du fondamentalisme religieux".
Si l’on sait que le Chef de l’Etat et son équipe ne manquent aucune occasion, dans leurs propres discours d’Etat, dans les agissements de maints pasteurs et prieurs qui sont décorés des honneurs de la République, de manifester leur
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fondamentalisme évangélique au mépris des autres religions et dans la violation constante de la laïcité de notre pays, l’on ne peut qu’être révolté et inquiet par rapport au danger de représailles auquel l’aventure guerrière de Boni YAYI expose notre pays et son peuple.
Il convient alors que les députés à l’Assemblée Nationale se dépassent, refusent qu’on continue de les prendre pour des essuie-pieds comme le fait le Chef de l’Etat et refusent d’avaliser son aventure guerrière. L’Assemblée Nationale serait une véritable représentation Nationale en refusant d’avaliser la décision gouvernementale d’entrainer notre pays dans la guerre au Mali.
Le soutien aux patriotes maliens peut et doit se manifester autrement : fondamentalement par le respect de leur souveraineté et l’aide à accomplir par eux-mêmes, leur destin.
La conduite la plus appropriée qui s’impose en ce moment aux Dignes Représentants de la Nation est d’interpeller le Chef de l’Etat et lui notifier votre réprobation de l’aventure dangereuse dans laquelle il entraîne et notre Pays et ses enfants pour des intérêts étrangers. Ainsi vous mériterez de la Nation.
Recevez chers Députés et Compatriotes, mes Considérations patriotiques.
Philippe NOUDJENOUME
6- CONTRIBUTION DU PARTI COMMUNISTE DU BENIN A L’ISSUE DE LA SITUATION ACTUELLE.
-Intervention du Premier Secrétaire du PCB, Président de la Convention Patriotique des Forces de Gauche à la réunion du Forum de la Gauche Africaine (ALNEF)
Dakar, 16 novembre 2013.
« Camarades,
Notre réflexion s’articulera essentiellement non pas autour de la situation entraînée par la gestion chaotique des différents régimes Konaré et ATT qui a conduit à la débâcle étatique et le coup d’Etat qui se présente comme une réaction patriotique face à cette débâcle ; elle s’articulera essentiellement autour de l’intervention française au Mali qui constitue une véritable humiliation pour les peuples africains en général, malien en particulier.
I-L’INTERVENTION FRANÇAISE AU MALI EST UNE AGRESSION PREPAREE DE LONGUE DATE
Au lendemain du lancement de l’Opération dite Serval, notre parti réuni en plénum du Comité Central fait la déclaration suivante :
« La guerre que vient de déclencher -depuis le 11 Janvier 2013-François Hollande au Mali atteste du caractère particulièrement agressif de l’impérialisme français et de l’acuité des luttes planétaires dont les peuples sont les victimes. Que l’impérialisme français soit particulièrement agressif, l’un des plus agressifs au monde, les faits quotidiens l’attestent…
Notre Parti s’est à maintes reprises, seul ou ensemble avec d’autres partis, toujours opposé à toute intervention étrangère au Mali. Ce faisant notre Parti, outre la défense des principes de la souveraineté des peuples, s’appuie sur la volonté maintes fois exprimée des démocrates et patriotes maliens de défendre leur territoire par leurs propres moyens. Au lieu de cela, les puissances impérialistes ont organisé un blocus du Mali, sur ses armes commandées avec ses propres sous, ceci pour permettre une intervention militaire dans ce pays. Ce qui est donc en jeu, ce sont les immenses richesses dont regorge le sous-sol malien. L’on entend par-ci par-là des gens -dont certains de bonne foi- déclarer « oui mais il faut chasser ces islamistes, ces terroristes, coupeurs des mains des voleurs, destructeurs de monuments historiques, réunifier le Mali». Oui, mais il ne revient pas à la France, il ne revient pas à d’autres pays africains de venir combattre l’islamisme, « le terrorisme » au Mali. Cette tâche revient au peuple malien. En tant que révolutionnaires, il nous faut revenir aux principes fondamentaux. Quels sont les enjeux au Mali et dans toute l’Afrique de l’Ouest ? Il se pose au Mali pour tout révolutionnaire, en ce moment trois sortes de problèmes. Le problème de l’indépendance et de la souveraineté qui est toujours confisquée par l’impérialisme français, le problème de l’intégrité territoriale et le problème du système social à adopter (système néocolonial pro-français ou islamisme intégriste). Pour l’intégrité territoriale, seul le MNLA est partisan de la création d’un Etat séparé du reste du Mali et l’on sait que la fameuse indépendance de l’AZAWAD a été proclamée de Paris. C’est dire que la division actuelle du Mali a été l’oeuvre de la France. Les autres groupes tels Ansar Dine et autre AQMI n’ont jamais voulu de la scission et veulent simplement imposer la charia à tout le Mali. Au regard de ces développements, la question principale, autrement dit, la contradiction principale qui doit mobiliser toutes les forces progressistes et patriotiques du Mali, c’est d’abord et avant tout la sauvegarde de la souveraineté du Mali ».
Que l’agression française au Mali soit préparée de longue date, cela a été décrit sous toutes les coutures par maints analystes patriotes maliens, d’Afrique et du monde. Les éléments illustratifs sont l’affaiblissement de l’Etat et la désarticulation de l’armée sous le diktat de la France avec les régimes de Konaré et ATT, la volonté d’accaparement des immenses richesses du sol malien enviées par toutes les grandes puissances rivales qui nécessitent une recolonisation du pays par la France, le blocus du peuple malien décrété sous dictée de l’impérialisme français par les marionnettes de la CEDEAO et enfin l’instrumentalisation de la frustration de la communauté Touareg avec le soutien ouvert et sans faille accordé par les gouvernements français au MNLA dans ses manoeuvres de
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partition du pays. La volonté de détruire le fort patriotisme du peuple malien semé par les grands patriotes maliens, notamment Modibo Kéita a été le dernier élément d’intervention française au Mali.
C’est pour toutes ces raisons que nous disons « Troupes françaises hors du Mali !»
Car comme le dit justement le proverbe bamana « Que les chèvres se battent entre elles dans l’enclos est préférable à l’intermédiation de l’hyène ». Le peuple malien et avec lui les peuples africains sont humiliés par cette présence française.
Il en est de même des troupes de la CEDEAO et de la MINUSMA qui ne sont que des paravents de l’agression française contre le peuple malien.
Et le défi posé aujourd’hui est la recherche quotidienne des voies et moyens pour le départ immédiat de l’armée française du sol malien. C’est pour ces raisons que nous partageons pour l’essentiel la « Plate-forme de lutte pour le Mali nouveau » du Mouvement Populaire du 22 mars (MP22), adoptée le 8 septembre 2013. Notamment en les points suivants : -« Soutenir et oeuvrer au renforcement de l’armée nationale. -« En particulier les exigences concrètes des Maliens que l'armée malienne entrent à Kidal et que soit rejetée l'accord de Ouagadougou du 18 juin qui consacre le double jeu à la fois "libérateur" mais en fait “séparatiste” de la France impérialiste au Mali. Il faut pour assurer l'indépendance, l'émergence du Mali nouveau, de démocratie vraiment nationale et vraiment pour le peuple, de profondes réformes nationales, agraires, minières, sociales, culturelles et linguistiques. Ce sont : - La mise en valeur de nos langues nationales et l'alphabétisation immédiate et rapide des masses dans nos langues nationales. -La nationalisation des secteurs stratégiques déjà privatisés (monnaie, banques, commerce extérieur…etc.) et la défense des secteurs menacés de privatisation. - La réforme minière. - La réforme agraire donnant la terre, l'eau et le bétail " à ceux et celles qui les travaillent" et non aux multinationales étrangères et aux seuls riches nationaux. - Le gel des tarifs dans l’électricité, les transports, les produits agricoles. -Une éducation et une santé publique et accessible à tous et toutes. - Et enfin les réformes démocratiques constitutionnelles et institutionnelles.
Nous devons selon nous aussi exiger immédiatement le départ des troupes étrangères (Serval, CEDEAO, MINUSMA » du sol malien. - L’adoption d’une juste politique des nationalités pour une bonne et juste réconciliation des peuples maliens entre eux sans ingérence étrangère….
II- QUELQUES REFLEXIONS SUR LA JUSTE APPROCHE DE LA QUESTION NATIONALE ET EN PARTICULIER DE LA QUESTION TOUAREG.
Comme nous le disions plus haut, la déstabilisation et la scission du Mali ont été l’oeuvre avant tout de l’impérialisme français qui a donc joué au pyromane après avoir allumé le feu. Le soutien sans faille que la France accorde au MNLA en est une illustration. Mais cela n’a été possible que parce qu’il existe objectivement un sentiment de frustration au sein de la communauté Touareg du Mali.
Comment régler ce problème pour faire développer au sein de cette communauté le sentiment d’appartenance à part entière à la communauté malienne ? Comment faire se réconcilier et vivre ensemble en harmonie tous les peuples du Mali pour éviter que des fissures au sein de cette communauté ne permettent l’intrusion des éléments externes ? Des actions sont en train d’être menées. Et c’est dans cette direction que nous voudrions apporter notre contribution.
Les frontières héritées de la colonisation, comme on le sait sont arbitraires, tracées sans la prise en compte d’aucune manière de la composition et des intérêts des peuples africains qu’elles ont séparés et réunissant dans un même Etat des peuples qui auparavant généralement la plupart du temps n’avaient des rapports que conflictuels. La question nationale ou plus précisément la question ethnique se pose ainsi dans tous les Etats africains. Au Bénin mon pays cette question se pose aussi avec acuité sans revêtir la forme armée telle que l’on le voit ailleurs. Pas moins d’une cinquantaine d’ethnies se partagent ce petit territoire avec une population d’à peine dix millions d’habitants et que l’on peut regrouper en quatre ordres.
Mais au Mali la question nationale ou ethnique se double de certains aspects de la question raciale tout comme en Mauritanie, au Niger, au Tchad etc.
En suivant un peu l’histoire des relations tumultueuses de cohabitation entre les autres peuples du Mali et les Touareg, nous notons qu’il y a eu au moins quatre rébellions touareg (1962-63 ; 1990-95 ; 2006 ; 2007). Chaque soulèvement touareg est toujours suivi de répressions puis d’accord de paix jamais honoré.
Que revendique la communauté Touareg ? Avant le MNLA avec la revendication d’indépendance d’une partie du territoire malien appelée AZAWAD, les revendications touareg tournaient autour de la « préservation de la culture et de la langue tamasheq, la préservation de leur identité dans l’entité Mali » et pour cela selon les décisions du Congrès Mondial AMAZIGH tenu à Paris en 1996, ces revendications se résumaient en celle « de statut d’autonomie et un programme de rattrapage économique».
Face à ces revendications, a-t-on toujours eu l’écoute nécessaire, l’Etat malien a-t-il toujours appliqué la politique adéquate ? Nous pensons que non. Car, on résout rarement des revendications nationales ou ethniques, des revendications identitaires par la répression et par la force. Les exemples récents de l’Erythrée et du Sud-Soudan sont illustratifs.
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Malheureusement, les Etats africains de dépendance coloniale française n’ont pas en la matière de modèle à prendre. Ou plutôt le modèle qui nous est servi par la puissance coloniale française est à l’antipode de la juste politique d’épanouissement des nationalités.
Le système français comme nous le savons est caractérisé par un centralisme jacobin qui ne permet par l’affirmation et l’épanouissement des nationalités. Cette politique de non reconnaissance des spécificités nationales d’un groupement humain donné (langue, cultures, croyances etc.) appliquée à la Métropole est colportée et imposée dans les colonies ; elle ignore l’existence des nationalités, travaille à leur uniformisation et nivellement autour de la langue et de la culture françaises et oeuvre constamment à leur étouffement.
Or la juste politique en la matière doit être la politique de libération et d’union des nationalités sur la base de leur libre consentement contre le dominateur commun l’impérialisme français. Cela signifie la reconnaissance de ces nationalités, de leurs langues et cultures et ceci ne peut se réaliser que par l’autonomie d’administration régionale et locale.
Les exemples qui peuvent nous inspirer sont à rechercher dans ceux de l’Espagne, de l’Italie et de la Grande-Bretagne. La Catalogne, le pays basque en Espagne en sont des exemples. La Suisse, petit pays cependant avec des autonomies fortes des nationalités internes doit être examinée avec beaucoup d’attention. Même en France elle-même sous la poussée des luttes des nationalités étouffées depuis des siècles par les Francs-Carolingiens, et des exigences communautaires, beaucoup de régions nationales françaises vivent désormais le bilinguisme parfait dans l’enseignement tels la Corse, l’Occitanie, le pays basque, la Bretagne, l’Alsace…
Nous avons suivi dernièrement des forums organisés au Mali dont les Etats généraux de la Décentralisation qui rejettent toute politique d’autonomie administrative des différentes nationalités maliennes à commencer par la communauté Touareg. Est-ce la meilleure solution ?
Et c’est la même politique qui est développée par les différents gouvernements au Bénin depuis 1960. La politique suivie depuis toujours par les différents gouvernements du Bénin comme de celui de Boni YAYI est d’ignorer les différentes nationalités tout en les maintenant dans leur asservissement à l’égard de l’impérialisme français, de sa culture, langues et de ses institutions de la francophonie.
Mais dès lors que l’on pose comme exigence incontournable le droit de nos peuples donc de nos ethnies de s’instruire dans leurs langues maternelles, la question de la gestion de cette revendication vient à l’ordre du jour au plan pratique et cela ne peut se résoudre qu’à travers l’auto-administration locale.
C’est cette politique que notre Parti et la Convention Patriotique des Forces de Gauche développent contre la politique assimilationniste pro-française des gouvernements béninois et destructrice de nos cultures.
Premièrement, donnant comme mot d’ordre l’instruction dans les langues maternelles et en engageant les travailleurs et les peuples à se battre pour cela. Dans ce sens nous préconisons de supprimer dans l’article 1er de la Constitution du Bénin la disposition qui fait du français, la seule langue officielle et ensuite dans la partie droits et devoirs des citoyens et des peuples du Bénin une disposition du genre que voici : « L’usage des langues nationales est obligatoire dans l’enseignement public ainsi que dans l’administration et dans les tribunaux ».
Deuxièmement, pour l’épanouissement des nationalités, la nécessité de leur épanouissement dans le cadre de notre pays. Ce qui entraine la large autonomie administrative locale située à deux niveaux : un niveau supérieur qui est la région correspondant à des nationalités de dimension moyenne ; ce qui donne la division du territoire national en régions autonomes (une quarantaine environ) dont les chefs seront élus et révocables par la population. Et au niveau inférieur, au plan local, l’érection des villes, des villages en collectivités locales autonomes décentralisées dont les responsables seront élus et révocables ».
Philippe NOUDJENOUME -Premier Secrétaire du PCB, Président de la Convention Patriotique des Forces de Gauche
Dakar, 16 novembre 2013.
7- La Flamme, N° Spécial Invasion du Mali par la France,
« EDITORIAL : FRANCE ENTREPREND UNE NOUVELLE GUERRE COLONIALE EN AFRIQUE
Depuis le 11 Janvier 2013, la France est en guerre au Mali. En terre africaine. Ainsi après la Côte d’Ivoire, la Libye en 2011, c’est actuellement le tour du Mali. Et les prétextes ne manquent pas. En Côte d’Ivoire, c’était pour « libérer le peuple ivoirien du dictateur Laurent Gbagbo qui, battu aux élections, refusait de céder le fauteuil ». En Libye, c’était pour venir « au secours des révolutionnaires libyens en lutte contre le tyran Kadhafi ». Au Mali, le prétexte mis en avant, c’est pour lutter contre les islamistes jihadistes « coupeurs de bras » et sauvegarder l’intégrité territoriale du Mali. Dans le sillage des interventionnistes français, les pantins africains du genre YAYI Boni se répandent en remerciement devant cet acte si « magnanime » de François Hollande qui est venu sauver une fois encore l’Afrique. Ce qui est plus sérieux, c’est que cette propagande impérialiste qui camoufle les réels objectifs de l’intervention française au Mali, prend par certains côtés dans l’opinion africaine. Face aux horreurs des pratiques des jihadistes (amputations de mains, destructions de mausolées et
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lieux culturels sacrés), face à l’impuissance d’un Etat malien complètement désarticulé pour protéger les populations, le pas est vite fait de vouloir se réfugier sous l’aile d’un Sauveur, fût-il l’ancienne puissance colonisatrice. La question que l’on doit se poser est la suivante : Pourquoi la France n’intervient pas à Qatar, en Arabie Saoudite etc. pays régis par la charria où les flagellations et les coupures de bras des voleurs sont pourtant monnaie courante ? On semble oublier facilement que depuis près d’un an, les patriotes maliens ont toujours exigé que l’on leur livre les armes achetées par leurs sous et bloquées dans les ports de l’Afrique de l’Ouest sur instruction de l’impérialisme français. On semble passer sous silence, l’embargo dont le peuple malien a été victime de la part des puissances impérialistes et particulièrement de la France par procuration des organisations régionales telles la CEDEAO et qui lui ont causé d’énormes préjudices. Le numéro Spécial de La Flamme que voici a pour objectif de situer les choses : l’intervention actuelle des troupes françaises au Mali a été minutieusement préparée depuis un certain temps - même du temps de Sarkozy- et réalisée par le gouvernement « socialiste » de Hollande. Cette intervention a pour seule motivation : la mainmise de l’impérialisme français sur les immenses ressources notamment en pétrole, or et métaux rares dont regorge le sous-sol malien. C’est pourquoi, nous ne saurions cautionner l’envoi de nos troupes au Mali pour servir de chair à canon aux troupes françaises et pour des intérêts étrangers à ceux de notre patrie ! Avec toutes les conséquences graves pour la vie de ces citoyens au front de guerre comme ceux de l’intérieur du pays. Ensuite, ce numéro Spécial entend montrer que notre position sur la question n’est pas nouvelle et qu’au-delà d’un certain unanimisme qui semble prévaloir sur l’approbation de l’intervention française, des voix s’élèvent notamment au sein des patriotes et des révolutionnaires de par le monde pour crier « Troupes françaises hors du Mali ! Troupes étrangères africaines hors du Mali ! »
Enfin, ce numéro Spécial se veut une contribution à la lutte du peuple malien qui traverse à l’heure actuelle une situation très difficile de son existence face au déploiement des forces militaires étrangères sur son sol et dont l’objectif final est de détruire le légendaire patriotisme dont ce peuple a toujours fait preuve dans l’histoire.
Philippe NOUDJENOUME
8- ET SI LA FRANCE LAISSAIT LE PEUPLE MALIEN RESPIRER ?
Le vendredi 21 mai, le Vice-Président du Conseil de Transition le colonel Assimi GOÏTA annonce qu’il a mis fin aux fonctions du Président de la République et du Premier Ministre parce qu’ils ont violé la Charte de la Transition. Aussitôt après cette déclaration, Emmanuel Macron monte au créneau, prend d’assaut les médias internationaux et nationaux pour dire que la France, la CEDEAO et l’Union Africaine se sont mises d’accord pour considérer qu’il s’agit d’un coup d’Etat dans le coup d’Etat et que si le Président et le Premier Ministre ne sont pas remis à leur poste, la France va prendre des sanctions contre les auteurs du coup d’Etat et que d’ailleurs il va saisir le Conseil de Sécurité de l’ONU pour statuer sur la situation. Dans le même temps, l’Union Européenne, aiguillonnée par la France, commence aussi à proférer des menaces. De son côté, la CEDEAO envoie une mission pour s’enquérir de la situation.
La cause immédiate de cette nouvelle crise au Mali repose sur le fait qu’en catimini, le Président et le Premier Ministre ont décidé d’évincer du Gouvernement, les ministres de la défense et de la sécurité, deux colonels ayant joué un rôle majeur dans le renversement du pouvoir corrompu et pro-français d’Ibrahim Boubacar Kéita et de les remplacer par des Généraux corrompus formés par l’armée française. Evidemment, cette provocation ne pouvait pas être tolérée. Voilà pourquoi le Président et le Premier Ministre ont été évincés. Ils viennent de présenter leur démission et le Conseil de Sécurité de l’ONU vient de prendre acte de cette situation au grand dam d’Emmanuel Macron et de l’impérialisme français.
Cette crise et les révélations diverses dans les médias ont permis de comprendre que la France avait infiltré beaucoup de ses agents au sein des organes de la transition et qui, au lieu de travailler pour le pays, étaient plutôt au service de l’impérialisme français. Ainsi apprend-on que le Président BAH N’DAW, aurait transmis aux autorités françaises, des contrats d’achat d’armes à la Russie dans le cadre de la diversification de l’approvisionnement en armes du pays. On voit là qu’il s’agit de trahison et de forfaiture de la part de ce Président. Par contre, pour Emmanuel Macron qui se situe toujours dans le cadre du pacte colonial avec ses anciennes colonies d’Afrique, cette situation est normale car c’est la France qui doit donner son accord pour toute transaction surtout militaire avec l’étranger. On comprend alors les gesticulations et les agitations d’Emmanuel Macron. Deux de ses agents ont été pris la main dans le sac et il entendait les sauver. Tout le monde sait que, pour qu’un pays impérialiste vienne occuper un autre pays, il a besoin de s’appuyer sur ses agents locaux. C’est le rôle que jouent les BAH N’DAW, le Premier Ministre démissionnaire Moctar OUANE et tous ces Généraux milliardaires dont la France s’est servie pour détruire l’armée malienne et livrer le pays aux terroristes et au chaos.
Dès le début de cette crise, les peuples africains se sont dressés en soutien au peuple malien. Ils ont compris que la France qui vient d’installer des putschistes au Tchad n’a aucune leçon à donner au peuple malien. La semaine dernière une radio française rapportait les propos du chef d’Etat-major de l’armée française qui disait que les troupes françaises seraient encore au Sahel pendant dix ans au moins. A-t-il demandé l’avis des peuples du Sahel ?
Ce qui vient de se passer au Mali avec cet échec cuisant de la France au Conseil de Sécurité de l’ONU à propos de la situation au Mali, est une gifle assénée au pacte colonial et à la FrançAfrique avec ses méthodes de gangster. Autres temps,
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autres moeurs. L’Afrique est debout. Le peuple malien est debout. C’est pourquoi le peuple malien dit à l’impérialisme français : Ça suffit ! Laisse-nous respirer !
Afia
DEUXIEME PARTIE
Positions adoptées par le PCB ensemble avec d’autres partis
1- DECLARATION CONJOINTE PARTI COMMUNISTE DU BENIN (PCB) PARTI COMMUNISTE REVOLUTIONNAIRE VOLTAÏQUE (PCRV, BURKINA FASO) Sur la situation de la sous-région ouest africaine et au Mali
Fait à Cotonou, le 10 Décembre 2012.
Avec la crise qui frappe le système capitaliste, la plus grave depuis 1929, les rivalités entre les grandes puissances impérialistes pour le repartage du monde se sont exacerbées ; elles s’étendent particulièrement au continent africain, objet de leurs convoitises tout comme celles des nouveaux acteurs tels que la Chine, l’Inde, le Brésil, etc.
Ainsi, depuis l’année 2010, la sous-région ouest africaine et particulièrement la zone sahélo-saharienne est marquée par les ingérences et interventions militaires des puissances impérialistes sous le prétexte de « la lutte contre le terrorisme », le grand banditisme transfrontalier, les narcotrafiquants, etc.
En réalité les enjeux véritables de ces ingérences et interventions militaires des grandes puissances impérialistes sont :
- Politiques, géostratégiques, et militaires en rapport avec la lutte pour le repartage du monde et du continent africain ;
- Economiques (accès au pétrole du Golfe de Guinée, de l’uranium du Niger et des métaux précieux dont regorge la sous-région, de l’énergie solaire, du cacao, du café, etc.) ;
- La lutte des impérialistes anglo-saxons (USA, Grande Bretagne) et français pour contrer la pénétration dans la sous-région de nouveaux acteurs tels que la Chine, l’Inde, le Brésil, etc. ;
- La volonté des puissances impérialistes d’étouffer toute sorte de contestation des masses populaires acculées à la misère et souffrant du manque de liberté politique, ainsi que de la répression exercée sur elles par des pouvoirs corrompus, leur volonté d’écraser tout mouvement révolutionnaire insurrectionnel.
La crise politico-militaire au Mali, caractérisée par la gestion chaotique et mafieuse du régime d’ATT, la sécession du Nord du pays et le coup d’Etat militaire du CNRDRE (Comité National de Redressement, de Défense et de Restauration de l’Etat) le 22 mars 2012, l’occupation militaire depuis janvier 2012 du Nord-Mali par le MNLA et les djihadistes (AQMI, Ansar Dine, Mujao, Boko Haram, etc.) se situent dans ce contexte d’ensemble.
La crise politico-militaire au Mali a des conséquences graves pour les pays voisins (notamment la Côte d’Ivoire, l’Algérie, le Niger, le Burkina Faso, la Mauritanie) et l’ensemble des pays de la sous-région ouest africaine (déstabilisation des Etats, prolifération des armes, déplacement massif des populations vers le sud du Mali et aussi des centaines de milliers de réfugiés dans les pays voisins).
Cette crise malienne bien que provoquée en sous-main par les puissances impérialistes (françaises en particulier) se révèle par ses conséquences locales et régionales comme une menace pour les intérêts de l’impérialisme, notamment français au Mali et dans la sous-région. D’où les manoeuvres de préparation d’une intervention militaire ouverte au Mali que doivent mener les troupes fournies par les pays membres de la CEDEAO et de l’UA avec l’appui logistique des grandes puissances (USA, France, UE), de l’ONU et de l’OTAN sous le prétexte de sécuriser la transition, de « rétablir la vie constitutionnelle », de « rétablir l’intégrité territoriale du Mali » et de « lutter contre le terrorisme ».
Les deux partis, le Parti Communiste du Bénin et le Parti Communiste Révolutionnaire Voltaïque, déclarent qu’il s’agit d’un plan réactionnaire des puissances impérialistes et de leurs alliés dans la sous-région pour maintenir et renforcer leur domination.
Face à cette situation grave et lourde de dangers pour le prolétariat et les peuples du Mali et des autres pays de la sous-région ouest-africaine, le PCB et le PCRV :
1°) Dénoncent la présence des troupes d’agression étrangères impérialistes en Afrique de l’Ouest, particulièrement dans la zone sahélo-saharienne et exigent leur départ.
2°) Condamnent les pouvoirs fantoches qui ont ouvert leurs territoires à ces troupes (notamment le Mali, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Niger, le Sénégal, la Mauritanie)
3°) Condamnent le plan réactionnaire de la CEDEAO, de l’UA et des impérialistes notamment français pour l’envoi des troupes des pays membres de la CEDEAO et de l’UA au Mali.
4°) Condamnent la politique aventuriste et criminelle du clan mafieux de Blaise Compaoré qui représente un danger pour le prolétariat et les peuples du Mali, du Burkina Faso et l’ensemble de la sous-région ouest africaine. Dénoncent et condamnent la politique de va-t’en-guerre de Boni Yayi, Président en exercice de l’Union Africaine, porte-voix des
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agresseurs impérialistes français et américains et chaud partisan de l’intervention militaire au Mali.
5°) Condamnent la proclamation de l’indépendance de l’Etat de l’AZAWAD par le MNLA comme la manifestation d’un complot ourdi par l’impérialisme français contre les peuples du Mali afin de les diviser pour mieux les asservir et les exploiter. Appellent les révolutionnaires maliens à veiller à la mise en oeuvre d’une juste politique nationale permettant à chaque Malien (quelles que soient sa nationalité, sa race, ses origines) de se sentir à l’aise dans un Mali indépendant et unifié) ; car dans tous les pays africains, la question nationale se pose et nécessite d’être traitée avec beaucoup de circonspection sur des bases correctes.
6) Soutiennent fermement les exigences des forces patriotiques et démocratiques maliennes qui s’opposent à toute intervention étrangère sur leurs sols et demandent que les propres problèmes du Mali soient réglés en toute souveraineté par le peuple malien lui-même sans ingérence étrangère.
7°) Dénoncent et condamnent les crimes perpétrés contre les peuples du Nord-Mali par le groupe terroriste AQMI, le MNLA et les groupes djihadistes Ansar Dine, MUJAO. Soutiennent la résistance courageuse des peuples notamment les jeunes contre l’oppression et les politiques moyenâgeuses de ces groupes réactionnaires et obscurantistes.
8°) Réaffirment leur opposition au terrorisme et au putschisme qui ne sont pas les voies indiquées pour la révolution et l’instauration du socialisme.
9°) S’engagent sur la base de l’internationalisme prolétarien à
- Travailler pour mobiliser et organiser le prolétariat et les peuples de leurs pays respectifs (Bénin, Burkina-Faso) pour lutter contre l’intervention des troupes étrangères au Mali, pour exiger le départ de l’Afrique de l’ouest des troupes d’agression des grandes puissances (USA-France-UE)
- Soutenir de manières multiformes le prolétariat et les peuples du Mali dans la situation difficile qu’ils connaissent.
10°) Lancent un appel au prolétariat, aux peuples, aux forces démocratiques et révolutionnaires des pays impérialistes pour qu’ils s’opposent à l’intervention militaire de pays impérialistes au Mali, pour qu’ils se solidarisent avec la lutte du prolétariat et des peuples du Mali et de l’ensemble de la sous-région Ouest-africaine.
2- LES MESURES AGRESSIVES DE LA CEDEAO CONTRE LE MALI SONT INACCEPTABLES !
Réunis en sommet extraordinaire le 9 janvier 2022 à Accra, les chefs d’Etat de la CEDEAO et de l’UEMOA ont pris des mesures incompréhensibles contre le peuple malien :
« a) Fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la CEDEAO et le Mali,
b) Suspension des transactions commerciales entre les pays de la CEDEAO et le Mali,
c) Gel des avoirs de la République du Mali dans les banques centrales de la CEDEAO,
d) Suspension du Mali de toute aide financière des institutions financières de la CEDEAO (BIDC et BOAD),
….Activation de la « force en attente de la CEDEAO ».
Mesures inimaginables et incompréhensibles ! C’est une véritable déclaration de guerre contre un pays et un peuple frère en lutte qui subit l’assaut de forces fabriquées et armées par la France.
N’est-il pas honteux d’entendre parler de « force en attente » alors que depuis l’agression de la France et de ses supplétifs djihadistes au Mali avec des milliers de morts, ces chefs d’Etat n’ont jamais pensé à une telle force contre les djihadistes ?!
En prenant de telles mesures draconiennes contre le peuple malien sous des prétextes fallacieux de non-respect des dates des élections par les responsables de la transition, les dirigeants de la CEDEAO montrent clairement qu’ils exécutent des ordres venus de l’étranger. Est-ce-que les OUATTARA, TALON, Faure GNASSINGBE, BAZOUM etc. sont plus légitimes que GOÏTA qui a organisé des Assisses Nationales qui lui ont indiqué un chronogramme à suivre, eux qui ont truqué les élections chez eux pour se faufiler ou se maintenir au pouvoir ? Par ces mesures, les dirigeants vendus et corrompus de la CEDEAO viennent de montrer très clairement qu’ils n’ont plus rien à voir avec les peuples africains au nom desquels ils prétendent parler.
Comme dit plus haut, derrière ces mesures agressives, il y a clairement la main de la France qui depuis la chute de son agent, Ibrahim Boubacar Kéita en veut à la junte malienne qui ne lui laisse plus les mains libres pour faire ce qu’elle veut au Mali : Détruire et diviser ce pays en l’asservissant. Dernièrement, elle a mobilisé ses alliés européens pour s’opposer à la possibilité du Mali de nouer des relations avec qui il veut. Ici, ce sont ses agents d’Afrique à travers la CEDEAO qui sont à la manoeuvre pour étrangler le Mali.
Il est honteux de voir le grand Nigéria contre qui, en fait, sont dirigés les complots de la France dans la sous-région et le Ghana de Kwame N’KRUMAH, s’associer à de telles manoeuvres dictées par la France.
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Le Parti Communiste du Bénin dénonce et s’insurge vigoureusement contre cette agression du peuple frère du Mali.
Il déclare inacceptable que le Président Patrice Talon participe à ce complot honteux contre le Mali à un moment où notre pays aussi est agressé par la France et où il doit être question d’unir toutes les forces de progrès d’Afrique pour faire face à ce fléau venu de l’étranger.
Le PCB en appelle aux peuples, aux jeunesses de la sous-région pour dénoncer le comportement honteux de leurs gouvernements et leur exiger des comptes.
Enfin, il apporte son soutien indéfectible au peuple malien et appelle tous les peuples du monde à faire de même.
L’impérialisme français trouvera son tombeau en Afrique et la situation au Mali sera le début de sa fin.
Cotonou, le 10 janvier 2022
Le Bureau Politique du Parti Communiste du Bénin
3- DECLARATION CONJOINTE PCRCI-SMG-PCB SUR LE MALI
Le dimanche 9 janvier 2022, les chefs d’Etat de la CEDEAO (Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest), de l’UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine) réunis en un sommet extraordinaire à Accra, ont pris les mesures suivantes contre le Mali et son peuple :
a) Fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la CEDEAO et le Mali,
b) Suspension des transactions commerciales entre les pays de la CEDEAO et le Mali,
b) Gel des avoirs de la République du Mali dans les banques centrales de la CEDEAO,
c) Suspension du Mali de toute aide financière des institutions financières de la CEDEAO (BIDC et BOAD)
e) Activation de la « force en attente de la CEDEAO ».
Immédiatement après ces mesures prises par ses sous-préfets africains, la France a couru à l’ONU pour essayer de les faire avaliser par le Conseil de sécurité. Elle a été bloquée par le veto de la Chine et de la Russie. Actuellement, en tant que Président de l’Union Européenne depuis le 1er janvier 2022, Emmanuel Macron joue des pieds et des mains pour amener celle-ci à appuyer les mesures assassines de la CEDEAO.
Cela fait déjà un moment que l’impérialisme français est en particulier aux trousses du peuple malien et des dirigeants du coup d’Etat militaire qui a renversé Ibrahim Boubacar Kéita, le pantin et agent de la France. Elle ne pardonne pas aux nouveaux dirigeants maliens d’avoir constaté et déclaré officiellement que la présence militaire française était à la base des problèmes du Mali et ne pouvait constituer la solution ; que par conséquent, si le Mali voulait la fin des agressions terroristes sur son territoire, il lui fallait explorer d’autres pistes plutôt que de s’en remettre à l’armée française pour l’accomplissement de cette tâche.
En effet, depuis 2013, la France est intervenue au Mali pour soi-disant lutter contre les groupes djihadistes qui semaient la mort dans le nord du pays. 9 ans après, non seulement les terroristes se sont répandus dans tout le Mali, mais en plus, ils opèrent aujourd’hui au Burkina-Faso, au Niger, en Côte-d’Ivoire, au Bénin. C’est que dans les faits, la France est venue créer au Mali, une enclave à Kidal, interdite au gouvernement malien, où elle a eu le temps de former des milliers de terroristes qui essaiment maintenant dans tout le Sahel et en dehors.
Aujourd’hui, ces terroristes formés par la France, lui servent d’éclaireurs pour réoccuper militairement ses anciennes colonies. Ils attaquent les pays et la France vient proposer sa protection. C’est ainsi qu’aujourd’hui, la France a des bases militaires au Mali, en Côte-d’Ivoire, au Niger, au Burkina-Faso et maintenant au Bénin.
Ces agissements de la France au Mali et en Afrique en général se déroulent avec la complicité de ses agents qu’elle a placés à la tête des enclos néocoloniaux qu’elle a fabriqués en Afrique et à travers des organisations fantoches, africaines de nom mais qui sont à son service et qui sont dirigées par des responsables corrompus que la France entretient comme Alassane Dramane OUATTARA et Patrice TALON.
Voilà pourquoi, le Parti Communiste Révolutionnaire de Côte-d’Ivoire (PCRCI), le Mouvement Socialiste du Ghana (SMG) et le Parti Communiste du Bénin (PCB) :
Condamnent vigoureusement les mesures assassines prises par la CEDEAO et l’UEMOA contre le Mali et son vaillant peuple et ceci sous la dictée de l’impérialisme français ; ils exigent que celles-ci soient rapportées dans l’immédiat.
Nous dénonçons les agissements de la France au Mali et en Afrique.
Nous dénonçons Nana AKUFFO-ADDO, Alassane Dramane OUATTARA et Patrice TALON pour leur participation à ce crime contre le peuple malien frère et les peuples africains.
Nous exigeons le démantèlement de toutes les bases militaires françaises en Afrique.
Nous appelons les peuples ivoirien, ghanéen et béninois à s’opposer à toutes actions agressives à partir de leurs territoires contre le peuple frère du Mali. Nous appelons les peuples africains et tous les peuples du monde à soutenir le peuple malien face à cette agression de la France et de ses agents en Afrique.
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Page 15
Cotonou, le 14 janvier 2022
Le Parti Communiste Révolutionnaire de Côte-d’Ivoire (PCRCI)
Le Mouvement Socialiste du Ghana (SMG)
Le Parti Communiste du Bénin (PCB) 4- Déclaration sur la situation au Mali. Réunis en session extraordinaire, le 9 janvier 2022, les Chefs d'État et de gouvernement de l'UEMOA et de la CEDEAO ont mis leurs menaces, depuis longtemps brandies, à exécution en sanctionnant lourdement le Mali et ses autorités de la transition. Ces sanctions vont de la fermeture des frontières terrestres, aériennes et maritimes des pays membres frontaliers avec le Mali, jusqu'aux mesures économiques et financières, voire militaires ; puisqu'il est question également d'activer la force (militaire) en attente de la CEDEAO, comme ce fut le cas en Gambie pour déloger le dictateur Yahya Djammey. Par ces mesures, les dirigeants de la CEDEAO veulent contraindre les autorités actuelles de Bamako à respecter l'ancien calendrier électoral qui prévoyait l'organisation des élections présidentielles au Mali le 27 février prochain. Faisant fi de l'organisation des Assises nationales au détour desquelles le peuple malien s'est prononcé par rapport à la refondation de son pays, les dirigeants de la CEDEAO versent dans un acharnement ridicule qui cache mal leur manipulation par des puissances étrangères qui exigeaient le retour à "l'ordre constitutionnel" dans un pays en guerre contre le terrorisme et le djihadisme depuis une dizaine d'années, et après y avoir déployé des milliers de forces armées et des milliers de tonnes de matériels militaires sans succès. Au regard des consultations électorales calamiteuses organisées au Mali ces trente dernières années, et qui ont toujours propulsé des dirigeants corrompus au sommet de l'État malien, y compris le Président IBK qui a été déposé par des militaires patriotes, à la suite d'un vaste mouvement insurrectionnel, exiger l'organisation des élections dans ce pays toujours en proie au djihadisme sans tenir compte des profondes aspirations du peuple malien, c'est obéir aux ordres de l'impérialisme international, notamment français, qui joue au chat et à la souris avec les djihadistes. C'est pourquoi, l'APP condamne fermement les sanctions criminelles, illégales et illégitimes de la CEDEAO contre le peuple malien et ses dirigeants et soutient sans réserve l'indignation des peuples africains partout sur le continent, y compris au Bénin. L'APP dénonce la manipulation des Chefs d'État de la CEDEAO, la plupart mal élus comme Patrice Talon au Bénin, tripatouilleurs des constitutions de leur pays pour se maintenir au pouvoir par la force aveugle, comme Alassane Dramane Ouattara en Côte d'Ivoire. La situation actuelle au Mali interpelle les patriotes et panafricains du continent et de la Diaspora sur la nécessité de faire front commun pour bouter hors d'Afrique l'impérialisme international, notamment français, condition sine qua non pour le décollage économique de l'Afrique. Les sanctions criminelles de la CEDEAO doivent être jetées dans les poubelles de l'histoire ! Impérialisme français, hors d'Afrique ! Vive la montée en puissance du patriotisme africain ! Cotonou, le 14 janvier 2022. Alliance Pour la Patrie (APP)
5- LA POLITIQUE DE LA TRANSITION MALIENNE ET LE CONTENU DU PATRIOTISME.
L’actualité politique dans la sous-région ouest-africaine met plus que jamais à l’ordre du jour la question de ce que certains déjà qualifient de « deuxième indépendance » malienne sinon africaine. En effet, il est établi que la sphère africaine de colonisation française a raté le train de l’indépendance en 1960. La question du patriotisme africain est à l’ordre du jour. La guerre française au Mali et dans toute l’Afrique de l’Ouest par djihadisme interposé, les mesures criminelles contre la Mali, prises par des Chefs d’Etat aux ordres de la France que sont ceux de la CEDEAO, la réaction des dirigeants de la Transition malienne, tout cela soulève des problèmes théoriques et tactiques qu’il est nécessaire d’élucider.
I- La description de la politique du Pacte colonial en oeuvre en Afrique, résumée dans l’interview du Premier Ministre Choguel K. Maïga
« La finalité de ces mesures (celles de la CEDEAO), c’est la déstabilisation de l’Etat malien… Le commandant de Barkhane sur la base de Faya-Largeau (au Tchad) s’adressant à ses troupes dit : « Nous étions venus ici il y a cent ans ; autrement dit en Afrique ; nous sommes partis il y a soixante ans, nous sommes revenus pour cent ans ». Tirez vous-mêmes toutes les conclusions. Et les Africains comprendront beaucoup de choses. Pourquoi au Mali nous avons toutes ces forces-là : armée malienne, Barkhane, Takuba, G5 Sahel, EUTM, ECAP et la suite et ça ne fait qu’empirer. A la fin, c’est la désintégration de l’Etat ; la suite vous pouvez l’imaginer.
Est-ce que vous pouvez imaginer que la lettre que le Président malien a écrite à l’Etat français pour demander son intervention dont aucune copie n‘existe ni à la Présidence ni aux affaires étrangères, ni à la Primature, l’original est en France ; quand nous on en a eu besoin récemment, c’est sur le site du Sénat français qu’on l’a trouvée. Parce que nous voulons relire les accords déséquilibrés qui font de nous un Etat qui ne peut même pas survoler son territoire sans autorisation de la France ; ces accords nous les avons relus, ça fait partie des choses pour lesquels ils montent le monde contre nous. Nous (le gouvernement qui est là aujourd’hui) avons relus ces accords; et on le leur a envoyés.
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Le 17 novembre 2015, le Commandant de Barkhane a tenu une Conférence de presse ici où il a accusé les mouvements signataires. Il dit que certains ont le pied avec les mouvements terroristes et un pied dans l’accord… La lettre qui a été envoyée à l’Etat français, le 11 janvier 2013 indique clairement « appui aérien et en renseignements ». Il n’était pas prévu des militaires français sur notre terre ; ils l’ont respecté à Konna, à Gao, arrivé à l’extrême nord du pays, ils ont bloqué l’armée malienne. Ils ont amené 4000 militaires français, avec un budget de 1 milliard de francs CFA par jour, ils ont fait venir d’autres Africains ; ils ont fait venir la MINUSMA, interdit à l’armée malienne d’accéder à une partie de son territoire. Alors qu’ils proclament que c’est pour recouvrer l’intégrité du territoire ; donc il y a un discours apaisant, lénifiant, en attendant le réveil brutal et la réalité que nous, nous voyons. On arrive jusqu’à nous interdire de survoler des parties de notre territoire. Il y a quelques mois, quand on a massacré les gens à Tassiga, notre armée a appris qu’il y a des groupes de terroristes qui sont en train de s’organiser pour venir dans la zone ; on a voulu faire voler un aéronef pour aller surveiller ; on nous dit « non » c’est la zone d’entrainement de Takuba…
Nous n’allons plus demander d’autorisation à qui ce soit pour survoler notre territoire. Nous, nous cherchons un partenaire pour libérer notre pays… On prend des résolutions sans nous. La dernière résolution, prise à l’ONU pour décider de 2200 militaires complémentaires chez nous, on n’a pas vu le projet…Tout cela parce que le Mali est devenu un Etat vassal. Nous avons dit à l’ONU à notre ambassadeur de dire « non ». … Nous voulons restaurer la dignité, l’indépendance, la souveraineté, la fierté du peuple malien et des Africains, c’est tout » (Propos extraits de l’interview du Premier Ministre malien, Choguel Kokala Maïga le 16 janvier 2022 à l’ORTM.)
Voilà révélé dans toute sa nudité, et décrit par un Chef de Gouvernement en exercice, un Etat du Pacte colonial ; un Etat moins qu’une néo-colonie, un Etat de type colonial, un Etat « Enclos français » en Afrique. C’est le genre d’Etat que nous avons dans toute l’ère francophone d’Afrique, qu’il s’appelle Mali, Bénin, Togo, Burkina Faso, Côte d’Ivoire ou Sénégal, qu’il s’appelle Cameroun ou Congo, etc. dirigés par des Gouverneurs à peau noire. Voilà résumée dans toute sa nudité, la politique réelle de la France, à l’égard de l’Afrique et particulièrement au Sahel.
II- Le contenu et la signification du combat patriotique du gouvernement de la Transition malienne tel que cela transparaît dans les discours officiels
Quelles sont les nécessités patriotiques appelées au regard de la situation au Mali et dans toute l’Afrique dite francophone ? Ces exigences au Mali comme ailleurs sont :
1°-Le territoire malien est occupé par les troupes étrangères notamment françaises avec pour instruments d’agression, des « terroristes », et pour conséquence, la scission du territoire malien ; il faut évacuer ces troupes françaises et alliées pour le Recouvrement de toute intégrité du territoire malien. D’où l’exigence pressante du départ des troupes françaises du territoire du Mali.
2°- La CEDEAO contre toute légalité, gèle, « braque » les réserves monétaires maliennes (propriété souveraine du Mali dans les caisses de la BCEAO) pour asphyxier le peuple malien. - L’exigence découlant de cette illégalité, pour la libre disposition des avoirs monétaires et des réserves en devises, c’est la souveraineté monétaire avec la sortie du carcan colonial que représentent l’UMOA et l’UEMOA.
3°-Le Mali, pour sa sécurité, sa souveraineté, l’intégrité de son territoire, se trouve dans la nécessité de se délier des « accords déséquilibrés » et coloniaux et de nouer de nouveaux accords avec tout pays de son choix. Il s’impose l’exigence de la Souveraineté politique, diplomatique, militaire avec le libre choix des partenaires internationaux sur la base des intérêts réciproques de chaque partie.
4°- Aucun pays ne se développe dans une langue étrangère. C’est une donnée de la science tirée des expériences universelles. Autrement dit : un peuple ne se développe point dans une langue étrangère. –De cela découle l’exigence de la Souveraineté linguistique et culturelle avec la souveraineté de nos langues dans toute sphère officielle tant à l’intérieur qu’à l’international.
5°- Il s’impose la nécessité pour nos Etats, de recouvrer le contrôle souverain sur toutes les ressources du sol et du sous-sol.
Autrement dit : « restaurer la dignité, l’indépendance, la souveraineté, la fierté du peuple » des pays francophones d’Afrique, c’est tout ».
Ces exigences patriotiques sont incontournables pour le peuple malien comme pour tous les peuples des « Etats enclos » français en Afrique, le Bénin y compris.
C’est la raison de la plateforme programmatique du Parti Communiste du Bénin à l’étape actuelle et synthétisée à travers le programme de l’Alliance Pour la Patrie (APP) du peuple béninois.
Si tant est que les justes déclarations ci-dessus citées, du gouvernement de la Transition malienne à travers l’interview du Premier Ministre, sont matérialisées par des actes conséquents de libération patriotique annoncés, tout Patriote africain ne peut que le soutenir et ceci indépendamment de la nature supposée sociale et des errements politiques passés des acteurs.
III- Les Priorités à l’étape actuelle, de combat des peuples sous domination du Pacte colonial et de la « Françafrique »
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Beaucoup d’errements politiques et donc tactiques se commettent actuellement tant dans des programmes que des tactiques pratiques de bien des mouvements révolutionnaires en Afrique.
Pour tout programme politique d’un Parti ou mouvement politique progressiste, il faut déterminer la phase où se trouve la société que l’on veut transformer, les ennemis ou obstacles à lever pour faire accomplir à cette société, du progrès ; pour la faire passer d’un point A à un point B supérieur à A dans l’évolution sociale. Autrement dit, il faut déterminer l’objectif stratégique avec la cible stratégique à battre pour en inférer des alliances tactiques. Plus clairement, il faut situer la contradiction principale.
En considérant comme Objectif stratégique de la Révolution des peuples africains, à l’heure actuelle, « la libération de la domination de l’impérialisme international, français en particulier », nous avons à considérer que nous avons un sous-objectif : la libération de la colonisation française représentée par le Pacte colonial et son appareillage politico-militaire, la FrançAfrique.
Les pays de la sphère francophone d’Afrique, ont raté le rendez-vous de l’indépendance et de la souveraineté en 1960. La puissance coloniale nous a maintenus dans les liens coloniaux. De ce fait, ces pays sont en retard d’une exigence sociale par rapport à leurs voisins de l’aire dite anglophone. La Puissance coloniale française a maintenu ces Etats sous forme d’« Enclos français », des bantoustans africains qui ont pour noms : Bénin, Mali, Côte d’Ivoire ou autres…. La France coloniale a dressé autour de nos peuples, des murailles. L’heure de la libération du joug colonial français a sonné pour ces peuples. Et le sort de l’Afrique « française », le sort de la FrançAfrique, se joue en ce moment au Sahel et principalement au Mali. Ce qui est posé comme première exigence, c’est la destruction de la prison, c’est la destruction des Murailles dans lesquelles la France coloniale a enfermé les peuples africains dits francophones en 1960, c’est la suppression du Pacte colonial ; cela pour arriver au niveau des pays comme le Ghana ou la Tunisie. Ce qui est posé comme première exigence, ce n’est pas la « Démocratie » dont on sait que ce que l’on appelle démocratie dans nos pays, n’a rien à voir avec celle des pays qui nous en parlent avec effusion « élections à bonne date, alternance politique etc. ». Ce que l’on appelle démocratie « alternance politique » dans nos pays, c’est l’organisation à bonne date du passage de témoin entre les différents éléments de la classe de corrompus, de « régisseurs des prisions » placés à la tête de nos Etats par la France ; alors qu’il faut se libérer de prison avant de mettre en oeuvre les règles démocratiques. L’exigence pressante des élections au Mali, sans tenir compte de l’exigence préalable de l’existence même du Mali en tant qu’Etat, dans toute son intégrité, est une exigence coloniale française et on ne saurait s’y associer.
De fait, quiconque, sous prétexte de combat pour cette démocratie, pour les « élections régulières», oublie l’existence de l’Etat malien lui-même dans son intégrité, oublie que cette démocratie chantée, n’est que celle de la minorité alphabétisée en langue française, la démocratie des 15 à 20% de citoyens lettrés en français et dressés par la FrançAfrique pour perpétuer la domination coloniale, celui-là n’est qu’un allié objectif du pacte colonial, un allié objectif du maintien de la domination française en Afrique.
Cotonou, le 20 Janvier 2022.
Samson.
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