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EDITORIAL

Au-delà des simulacres d’élection des Maires,
les nominations réelles organisées.
La plupart des élections de maires et leurs
adjoints sont programmées pour se réaliser entre jeudi
28 et vendredi 29 Mai 2020. Déjà on s’affaire dans les
cénacles des partis. On se bouscule et on fait des
conjectures des crocs-en-jambe. Les ambitions
s’aiguisent et les amis d’hier se regardent en chiens de
faïence. Tout cela à la grande joie du Puissant
« Manitou », le tout puissant devant l’Eternel, le
Président Patrice Talon qui du haut de l’Olympe,
regarde amusé, les frétillements de la gente des
profiteurs de son système, dans l’arène d’Athènes.
Et pour faire durer le suspense et accroitre ainsi ces
agitations fébriles, le Président Talon fait entendre que
lui, il ne « donnerait aucune consigne de vote dans les
tractations » pour les élections de maires et de leurs
adjoints et que le maire sortirait automatiquement de la
majorité de conseillers sortis des urnes !
Erreur et illusion ! Les maires qui seront « élus » dans
ces jours sont en fait déjà désignés par le duo TalonOlivier.

Et ceci par les chemins déjà balisés et les
actes posés en prévision de résultats attendus.
Premier acte : Ne faire concourir que les partis ayant
fait allégeance à l’Autocrate Talon et son PAG.
Deuxième acte : Tamiser et faire exclure des partis sur
lesquels le contrôle n’est pas tout à fait garanti.
L’article 184 du Code électoral portant condition de
10% au plan national était posté là pour régler cette
situation.
Troisième acte : Fidéliser la frange FCBE HounkpèYarou à son service, en prenant en charge des nuls et
sans personnalité et en faire des jokers appelés à jouer
le rôle de « Opposant » d’un Match Amical pour la
présidentielle dans les 8 mois à venir. Pour cela, il faut
leur laisser des sièges de conseillers tout juste bon
pour paraitre, mais insuffisant pour prétendre parrainer
de façon autonome.
Quatrième acte : Veiller personnellement à la
désignation les candidats, arbitrer les ambitions
personnelles avec des promesses de lot de consolation
pour ceux non positionnés ou mal positionnés.
Cinquième acte. Les résultats attendus sont plus que
satisfaisants pour l’Autocrate. Alors on joue au
« démocrate » ; les jeux étant complètement faits.
Tout le reste n’est que formalité et l’Autocrate installe
ainsi l’appareil administratif qui enserre telle une
pieuvre la population pour selon lui, des années à
venir.
Tout le reste n’est que simulacre
La Rédaction.
POLITIQUE
VOTE DU 17 MAI 2020:
SIGNIFICATION DU POINT DE VUE DE
LA CONSCIENCE POLITIQUE
e mercredi 20 mai 2020, la Commission
Electorale Nationale Autonome, (CENA) a
publié les résultats officiels du scrutin du 17
mai 2020. Au plan national, elle a proclamé un taux de
participation de 49,14 %.
La CENA en évaluant le taux de participation à 49,14
%, s’est calée sur le taux brut déjà avancé dès le soir
du dimanche 17 mai par certaines organisations de la
société civile qu’on dirait en mission. Mais ce faisant,
la CENA aura validé dans les faits, toutes les fraudes,
les bourrages d’urnes, les votes de mineurs, les votes
multiples, l’achat des votes organisés sur place par
tous les partis, constatés sur place et en flagrant délit
partout, dénoncés par les propres membres des partis
gouvernementaux en compétition et donnant lieu à
maints endroits à des bagarres entre eux. Il fallait pour
le pouvoir, des chiffres et la CENA devait en servir à
l’autocrate sans trop se ridiculiser. En veux-tu, en
voilà.
Mais que signifie ce vote ?
Il est connu que dans les arènes politiques, le niveau
de conscience est plus élevé dans les centres urbains
que dans les zones rurales ; dans les milieux les plus
cultivés que dans les milieux les moins instruits. C’est
donc surtout dans les villes qui concentrent les
éléments les plus cultivés, les plus instruits, les plus
conscients politiquement de toutes les classes sociales
que cette mesure prend toute sa signification. Ceci est
davantage important pour les élections communales
dans notre pays patriarco-bourgeois « où sont
impliquées les relations familiales et ethniques plus
fortes que pour les élections législatives » et où « les
considérations subjectives sentimentales
submergeraient la conscience politique de bon nombre
de citoyens et ce davantage lorsque l’on descend des
A
L
LA FLAMME N°351 29 mai 2020
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Page 3
centres urbains vers les zones rurales » (Cf
déclaration du PCB en date du 18 mai 2020). Alors
quels sont les résultats officiels du vote du 17 mai dans
les villes ? Nous avons :
Cotonou : Inscrits : 414.350 ; nombre de votants
101.598 ; abstention : 299.738 ; taux de participation :
24,52%. Porto-Novo : Inscrits : 183.000 ; nombre de
votants : 56.241 ; abstention : 126.759 ; taux de
participation : 30,73 %. Parakou : Inscrits : 144851 ;
nombre de votants : 42.259 ; abstention : 102.592 ;
taux de participation : 29,17 %. Abomey-Calavi :
Inscrits : 398.015 ; nombre de votants : 113.311 ;
abstention : 284.704 ; taux de participation : 28,46 %.
On observe que dans toutes les villes les plus
importantes, les villes à statut particulier, les capitales
politique et économique du pays, le mot d’ordre
politique de rejet de la mascarade du 17 mai a été
largement suivi par au moins 7 personnes sur 10. A
peine 3 personnes sur 10 sont supposées officiellement
avoir pris part au vote. Ceci est également valable à
Abomey-Calavi qui est une excroissance de Cotonou.
La partie de la population la plus politique, la plus
consciente s’est donc nettement exprimée contre la
mascarade du 17 mai et a réaffirmé nettement son rejet
du pouvoir autocratique et affameur de Talon.
Le peuple est toujours debout. Les maires choisis, en
fait nommés, par l’autocrate qui a réuni en hâte, dès le
21 mai ses préfets pour les sommer de procéder au
plus vite à leur validation et installation, ne le
représentent pas.
La légalité établie par le pouvoir de Talon, en
renversement de la légalité démocratique antérieure,
montre ainsi toute son iniquité, sa négation et son
oppression de tous les droits civiques et politiques du
peuple. Cette légalité doit être renversée pour la
démocratie, l’émancipation et le développement
patriotique appelés du pays.
Adam
ANTI-MANUEL (Suite 8)
Comment procéder alors au renversement de
l’ordre établi ?
Les esclaves classiques, dans leurs soulèvements
ont toujours été obligés d’agir en clandestinité
d’abord avant de réunir des forces pour se démontrer
face à leurs maîtres. Ils ont toujours été mâtés et leurs
rébellions se sont soldées par des échecs. Il est pour le
moins curieux que des grands bourgeois au pouvoir,
disposant des élites formées dans les plus grands et
prestigieux centres de formation aient conseillé et
observé la clandestinité pour agir contre les peuples,
les «esclaves» ainsi qu’ils les appellent eux-mêmes
dans «Manuel». Il leur faut la capitulation complète
des esclaves, le «consentement» aux exactions pour se
déclarer véritablement vainqueurs. Il y a
manifestement la peur de l’organisation des
«esclaves» qui remette en cause la domination des
vainqueurs qui se savent vulnérables avec la
possibilité d’être renversés avec les esclaves organisés.
L’élite des esclaves bénéficie elle, de la force physique
des esclaves organisés ainsi que de l’instruction et de
la science des élites formées dans les mêmes grands
centres de formation que les maîtres ou dans des
écoles analogues à celles des maîtres. Poursuivre la
formation de cette élite et organiser
systématiquement les masses travailleuses et tous les
esclaves salariés est une première tâche à exécuter
pendant ou immédiatement après le rejet du
«consentement». Et pour cette organisation, si l’on
doit toujours commencer clandestinement, il faudra
néanmoins à un moment donné affirmer haut et fort
la volonté de passer à la prise du pouvoir et le prendre
effectivement. Dès lors que les matériaux législatifs
populaires se mettent à cumuler pour un changement
de la Loi fondamentale, pour un changement de la
Constitution, il faut se mettre à préparer
pratiquement cette prise du pouvoir par le peuple. Il
faudra à point nommé affirmer cette décision de
prendre le pouvoir et chercher les points d’appui à
l’extérieur du pays, s’assurer de leur existence et
féalité en même temps que l’on prépare l’élite
instruite. Aujourd’hui, la préparation de cette élite
instruite doit se concevoir dans la perspective
d’instruire tous les peuples de sorte que ce projet peut
et doit impliquer autant que possible plusieurs peuples
à la fois pour une implication ultérieure de l’ensemble
du monde entier. C’est ce que nous enseignent les
expériences passées ainsi que l’expérience directe et
actuelle des peuples du Bénin. Il n’est pas besoin
d’aller ici dans les détails d’ailleurs déjà bien connus.
Nous avons une longue expérience de clandestinité
révolutionnaire. Nous avons aussi une longue
expérience de lutte pour le changement de
Constitution et savons agir en temps opportun pour
exiger ces changements. Nous n’avons certes pas
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Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Page 4
encore connu de victoire tangible. Cependant, nous
savons nous organiser, nous savons organiser les
larges masses par secteurs, par couches sociales, etc.
Nous savons organiser la jeunesse, les femmes, les
combattants, les miliciens, les comités de combattants
en brigades de choc, les chasseurs ; nous savons
utiliser à la cause révolutionnaire des organisations
séculaires qui existaient depuis longtemps déjà et
savons en actualiser les formes et les contenus. Nous
savons éprouver tout cela dans les combats quotidiens
qui illustrent assez singulièrement notre «table de
stratégie», duale de la «table de stratégie» de
«Manuel».
Nous osons affirmer que le peuple rejette le
« consentement »…
RUBRIQUE CULTURE ET SPORT
ASSA SICA EST MORT DANS LA
MISERE !
A QUAND UNE PENSION VIAGERE
POUR NOS ARTISTES ET SPORTIFS ?
’artiste béninois qui a fait les beaux jours de la
musique béninoise, Michel Agadja KPODAN
alias Assa Sika a quitté ce monde le 22 Mai
2020. Guitariste, parolier, philosophe, Assa Sika c’est
l’auteur compositeur de chansons bien connues telles
« Akwè wè zon ; E non de nou de ; Salihoué
Djèssou ; Djomido na nu sin ; Gbô ya do nu mi ;
Ayato Ganmènou etc. Encore un nouveau deuil qui
frappe le monde artistique-culturel de notre, pays.
Que quelqu’un meure, soit : cela fait partie de la nature
des choses. Mais ce qui interpelle ici, c’est les
circonstances dans lesquelles est mort celui qui était
surnommé le rossignol. Selon les informations, ce
dernier est décédé dans le dénuement total, jusqu’à
quémander sa pitance dans les bars et restaurants avec
en mains ses CD présentés pour vente en vain ! On le
savait affaibli par la maladie et l’abandon, mais
comme à l’accoutumée, en ce quoi concerne nos
acteurs culturels et sportifs, aucun engagement
financier n’a pas été pris pour lui porter assistance. Il
n’est pas normal que des artistes dont les chansons ont
animé et animent tous les jours nos cérémonies de
mariage, banquets, baptêmes et surtout de décès,
puissent mourir dans l’oubli total. Trop souvent, nos
artistes culturels et sportifs quittent ce monde dans la
misère et l’anonymat complet. Ainsi des sportifs qui
ont porté haut levé le drapeau béninois tel Aristide
SAGBO dit Sowéto (grand boxeur devant l’Eternel),
ainsi que de grands sportifs footballeurs ont subi le
même sport. Ne jouissant pas de la notoriété due à leur
rang et au service rendu à la nation. Que fait le
BUBEDRA, l’instance chargée de promouvoir la
musique au Bénin ? Que faire et à qui profite le
fameux Fonds d’Aide à la Culture dont on dit qu’il est
pourvu de milliards ? Que font le Ministère de la
Culture, le ministère des Sports face à ce triste sort
réservé à nos anciens et actuels porte-flambeau
nationaux ? Déjà, l’on voit des artistes tels Pipi
Wobaho se planter aux carrefours pour présenter à
vendre eux-mêmes, leurs productions artistiques. Que
fait l’Etat pour leur protection en ce qui concerne les
droits d’auteur ?
Car en effet, ces porte-flambeaux, tant au plan sportif
que culturel, ont rendu et rendent d’énormes services à
la nation, à chaque individu pris isolément. En
particulier, les artistes musiciens, les articles de
théâtre, les artistes des œuvres d’art détendent
l’atmosphère, consolent les cœurs, et évitent le stress
auteur des AVC. Ils jouent assurément un rôle social
indéniable et la société se doit de les prendre en
charge. C’est une question de justice et rien de plus. A
l’heure du piratage absolu, conséquence de la
technologie et de l’internet, on ne peut abandonner les
L
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artistes sans défense. Ils doivent bénéficier de la part
de l’Etat d’aide, genre « pension à vie » équivalente à
au moins trois fois le SMIG. Pour ceux déjà décédés,
au moins la prise en charge par l’Etat, des enfants et
épouses. Et ce sera justice. Car aux grands hommes, la
nation reconnaissante !
DIMITRI N.
ECHOS DE NOS CORRESPONDANTS
Correspondance ZOU
Elections municipales 2020 dans le
Zou : supercherie doublée de guerre
de clans ?
algré la pandémie covid-19 qui a fait fermer les
portes des lieux de culte, d’établissements
scolaires et universitaires et autres , le Gouvernement
de la rupture a maintenu et organisé sa mascarade pour
nommer les conseillers et maires à la tête des
communes du Bénin comme les législatives. Le peuple
est exclu par l’absence des partis qui sont censés le
représenter.
Ce qu’on peut retenir dans le département du Zou,
c’est le spectacle ahurissant auquel on a assisté et qui
n’a rien à avoir avec les préoccupations des
populations du département.
Alors que nous étions habitués à la rivalité dans la
fraude entre partis se présentant comme d’obédience
différente. D’abord parce que les deux partis siamois
du Président Talon se retrouvent en compagnie de
soutiens affichés au Président de la République.
Ensuite, la manière dont la campagne était
programmée devrait éviter tout affrontement direct,
même verbal sur le terrain (du moins suivant les
déclarations et décisions officielles). Mais comme
nous sommes dans un pays de non de droit, le
département a eu droit à des bains de foule comme à
Cana avec Désiré VODONOU. Pire, des heurts ont eu
lieu à Wokon/ouinhi entre partisans de l’Union
Progressiste (UP) et du Bloc Républicain (BR) dans la
zone. Cette violence a abouti à la mort d’un élément de
l’UP. Et comme pour ‘’finir en beauté’’, c’est le maire
de Ouinhi (UP) lui-même qui en serait arrivé aux
mains avec le chef d’arrondissement de Dasso (BR) le
jour même du scrutin. Ce 17 mai là, comme d’habitude
et partout ailleurs probablement dans tout le pays, la
fraude et le tripatouillage étaient au rendez-vous.
Dans la commune d’Agbangnizoun, une vieille qui
serait aveugle a fait voter à sa place en criant sur les
lieux de vote le parti de son choix. A Adogbé ou à
Naogon à Covè, tout comme à Ouinhi, les morts ont
encore voté. A Bossa, village Ouinhi au poste de vote
2, les BR avaient fait voter des morts, (09) selon des
responsables de l’UP de la localité. Toujours à Ouinhi,
au poste de vote 2 de Zounguè un partisan BR non
inscrit a voté parce qu’il est de même parti que le
président du Bureau de vote, ADOKO Armel. En
signe de protestation, le représentant de UP, BONOU
Judes a refusé de signer le procès-verbal.
A Aizè, avec la complicité du Président d’un poste de
vote, un partisan UP a voté pris en flagrant délit avec
08 bulletins pré-estampillés. Il fut conduit au
commissariat. Il y passa trois jours avant d’être relâché
tout comme curieusement la plupart des fraudeurs
arrêtés. Est-ce une instruction de la hiérarchie ? On ne
saurait le dire pour le moment ?
Voilà quelques événements qui ont marqué la période
électorale dans le département de Zou en attendant des
précisions sur ce que nous appellerons, si c’est vérifié,
le scandale sur la mairie de Bohicon qui serait en train
d’être vidée de son mobilier.
LISSANON Codjo
COMITE DE SOLIDARITE DES
USAGERS DU MARCHE DE
ZOUNHOUE CONTRE COVID-19
(COSUM/ZOUNHOUE) ATHIEME
--------------------------------------------------------
DECLARATION
itué à quatre (04) kilomètres de la ville de
Lokossa, le marché de Zounhouè doit sa
naissance et son existence à sa position en
bordure de la route nationale qui dessert les voyageurs
M
s
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du Nord Bénin et des départements du Zou, Couffo,
Lokossa ville vers Cotonou.
Il est spécialisé dans la vente des produits agricoles
tels que : les tubercules de manioc, de patate,
d’igname, l’huile rouge de palme, les bananes surtout
la variété Plantain, le charbon, du bois, légumes de
toute sorte etc. Tous les jours et surtout pendant les
week-ends, des centaines de femmes courent avec les
marchandises vers les passagers en arrêt pour se
ravitailler en ces produits qui coulent dans ledit
marché.
Les femmes vendeuses en ont fait une profession, la
source de revenu pour leur survie et pour l’éducation
de leurs enfants. En conséquence, des groupes de
tontines et autres systèmes de renfort pour la vie des
pauvres se sont constitués.
Mais récemment secoué par les effets pervers des
inondations avec la crue du Mono de juin et
Novembre, le marché a repris vie.
Malheureusement avec l’avènement du covid 19, les
frontières sont fermées et à la suite, le cordon sanitaire
créé autour de Cotonou: toute chose qui bloque
désormais la circulation ou le flux des voyageurs au
bénéfice du marché de Zounhouè devenu presque
désert. C’est comme une nouvelle catastrophe après
les inondations. Dislocations des tontines par mévente,
malaise entre groupes de mutuelle, mésentente entre
tontiniers, incapacité d’assurer la survie la moindre :
les populations sont plongées dans un nouveau
calvaire après les inondations.
Nous, au sein du comité de solidarité des usagers du
marché de Zounhouè, lançons un appel à nous tous
pour que nous nous prenions en charge face au
malheur :
- Approcher des responsables de tontine, de
groupes d’entraide, de mutuelles pour des
compromis ;
- Apports entre voisins pour la survie ;
- Interpellation des autorités politico
administratives qui, après avoir décrété
l’immobilité générale des populations, restent
silencieuses sur les moyens de leur survie
contrairement à ce qui se fait ailleurs.
Battons-nous alors pour éviter le pire dans le malheur
actuel.
- Développons à tous les niveaux l’instinct de
solidarité propre à nos traditions.
- Réveillons les autorités politico administratives
du fond de leur silence face à la misère des
populations.
Fait à Athiémé, le 29 avril 2020
La Direction du Comite de Solidarité des Usagers du
Marche de Zounhoue contre Covid-19
(COSUM/ZOUNHOUE), Athiémé
SITUATION INTERNATIONALE
DESTRUCTION DES STATUES DE
VICTOR SCHOELCHER EN
MARTINIQUE
Un acte salutaire et historique
e 22 mai 2020, jour officiel d’abolition de
l’esclavage par le colonialisme français en
Martinique, des patriotes et anticolonialistes ont
abattu des statues de Victor Schœlcher, ce
parlementaire français porteur de la loi qui mit
officiellement fin à l’esclavage et que le colonisateur
continue à célébrer comme le père de l’abolition de
l’esclavage.
Le fait que les monuments et les idoles
colonialistes qui font injure aux peuples des colonies
françaises tombent les uns après les autres, indique que
quelque chose de nouveau est en train de se passer
dans le sens de l’appropriation de leur propre histoire
par les peuples colonisés et dominés.
En présentant Victor Schœlcher comme le père
de l’abolition de l’esclavage, le colonialisme français
fait croire que les esclaves amorphes et résignés ont
attendu qu’une loi votée à Paris vienne les délivrer de
leurs chaines, ce qui n’est pas conforme à la réalité.
En effet, les esclaves issus de la traite négrière n’ont
jamais accepté leur condition inhumaine et l’histoire
de l’esclavage est semée de révoltes célèbres depuis
les cales des bateaux jusque dans les plantations
esclavagistes .Aux Antilles Françaises, comme dans
toutes les sociétés esclavagistes d’Amérique, les
esclaves ont toujours lutté, par tous les moyens, contre
leurs oppresseurs. Les formes de résistance au système
esclavagiste furent très diverses – Résistance
quotidienne (vols, sabotages, ironie, etc.). Mais la
forme de résistance la plus célèbre était le marronnage.
Il s’agit d’esclaves qui s’échappaient des plantations
L
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Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Page 7
pour rejoindre les montagnes d’où ils harcelaient les
propriétaires d’esclaves dans les vallées et les villes.
On les appelait les nègres marrons. Victor Schœlcher
lui-même cite des cas célèbres comme : « Polydor,
nègre intrépide et entreprenant qui, en 1703, se forma
une bande de nègres marrons, avec laquelle il
attaquait et massacrait impunément les blancs jusque
dans leurs maisons, portant l’audace et le crime
jusqu’à leur enlever leurs filles et leurs femmes. On
marcha en vain contre lui, on ne put jamais le joindre.
Ce ne fut qu’après sept ans des plus cruels excès
qu’ayant commis un acte de violence envers un de sa
bande, il en fut assassiné.
Trois ans après un autre nègre ni moins barbare, ni
moins courageux, nommé Chocolat, lui succéda. Il eut
bientôt formé sa bande, et il se mit à commettre les
mêmes atrocités ; plus adroit et plus fin que Polydor, il
les eut poussées bien plus loin s’il ne se fut noyé en
traversant la rivière à Limonade, après avoir inquiété
et pillé les blancs pendant près de douze ans. Un nègre
nommé Mancandal François, homme profondément
méchant et habile à capter les esprits de ses
semblables, s’en empara au point qu’ils portèrent
pour lui le respect, la confiance et la vénération
jusqu’au plus grand fanatisme : ils croyaient
fermement que Mancandal était envoyé tout exprès du
ciel pour délivrer tous les esclaves du joug, et que
dussent-ils même mourir pour lui, ils ne feraient que
retourner dans leur patrie au sein de leur famille,
recevoir la récompense due à leur courageux
dévouement. Quand Mancandal crut être bien assuré
de l’esprit de tous les esclaves, il recourut à un moyen
d’autant plus perfide et plus sûr, qu’il était difficile de
s’en garantir. Il employa, au lieu de fer, le poison, qui
ne laissait aucune trace de la main qui l’avait préparé.
Dès 1748, il fit des ravages effroyables dans les villes
et dans les campagnes : les blancs ne mangeaient plus
qu’en tremblant. »
Cité par Victor Schœlcher : Des Colonies Françaises.
pp. 105-106.
Pour en venir à la journée du 22mai 1848 à
proprement parler, c’est l’aboutissement d’un
processus. Plusieurs révoltes importantes ont lieu tout
au long du 19è siècle. En 1848, la tension est à son
comble, les nègres marrons, des esclaves qui se sont
échappés, s’attaquent aux habitations. A plusieurs
endroits les captifs se soulèvent. Mais comme dans
tout mouvement révolutionnaire, c’est une étincelle à
priori anodine qui déclenche tout. A Saint-Pierre, la
tension est à son comble. Le 22 mai, l’esclave Romain
de l’habitation Duchamp est arrêté pour avoir joué du
tambour.
L’instrument était
perçu comme un
moyen de
communication
pour propager la
révolte. Les
esclaves de son
atelier n’acceptent
pas cette injustice
et commencent à
se mobiliser.
Pierre-Marie Porry-Papy, adjoint au maire de SaintPierre fait libérer Romain contre la volonté du maire et
des békés, les colons esclavagistes qui s’insurgent. Les
habitations sont prises d’assaut par les esclaves et
plusieurs colons sont tués. La situation est si tendue
que la Métropole est obligée de décréter l’abolition de
l’esclavage le 22 mai 1848 par une loi présentée par le
parlement et portée par Victor Schœlcher.
Voilà comment on décrète que Schœlcher a
abolit l’esclave en occultant complètement la
résistance et les luttes qui ont permis cette abolition.
C’est le propre des oppresseurs, et des dominateurs, ils
n’exaltent jamais la lutte des opprimés car elle met en
danger leur domination. On a vu au Bénin comment
l’histoire officielle (celle enseignée dans les écoles et
au sein de l’opinion) qui attribue la conquête de la
démocratie de 1990 à Monseigneur Isidore deSOUZA, Mathieu KEREKOU et autres en occultant
complètement le rôle important joué par les
combattants pour la liberté sous la dictature de
KEREKOU.
C’est pour cela que les peuples et les opprimés
doivent s’approprier leur histoire et ne pas laisser leurs
oppresseurs l’écrire à leur place. En cela, la
destruction des statues de Victor Schœlcher en
Martinique est un acte salutaire.
DOSSOU Chimène
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