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Opération de « déplacement forcé » de sinistrés d’inondations de 2023
Encore une inconséquence du gouvernement

Dans sa livraison N°6783 du 26 février 2024, p.11, Le Quotidien « Le Matinal » rapporte : « Inondations de 2023 au Bénin ; 32 communes déclarées en état de catastrophe jusqu’au 31 mars 2024 » (« 46 décès, 182.803 sinistrés, 211 écoles et 29 hôpitaux endommagés »). Il informe l’opinion publique que le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique, Alassane Seidou, a publié l’arrêté 2024 N°032/Misp/Dc/Sgm/Anpc/Sa/0135gg24 portant déclaration d’état de catastrophe au titre des inondations de l’année 2023. L’article 4 de l’arrêté stipule : « L’état de catastrophe ouvre droit aux mesures exceptionnelles non exhaustives ci-après : déplacement forcé de populations sinistrées ; dérogation aux procédures de passation de marchés publics ; déclenchement des instruments/mécanisme de réponse à l’urgence inhérente à l’état de catastrophe, actions de solidarité nationale ou internationale en faveur des sinistrés » (Souligné par nous, La Flamme).


Cet arrêté, en son article 4, suscite des observations.
1) De juillet 2023 à maintenant, il s’est écoulé plus de sept (07) mois. Pendant tout ce temps, comment les 182.803 sinistrés ont survécu, comment ont-ils pu relever écoles et hôpitaux endommagés ainsi que les maisons d’habitations ? Soulignons que c’est pendant cette période que toute la solidarité, l’entraide mutuelle humaine, revêt toute son importance et sa signification. Qu’est-ce que le gouvernement a apporté aux sinistrés pendant cette longue période d’attente et d’espoir des populations ? L’arrêté n’en dit pas un mot.


2) Ce silence de l’arrêté sur la survie des populations dans le feu de la catastrophe avec tout son corollaire de décès, de sinistrés de diverses catégories sans oublier écoles et hôpitaux endommagés, fait accroire que le gouvernement considère les populations comme des troupeaux de bœufs frappés par des sinistres naturels dont on peut mettre la résistance à l’épreuve en attendant de trouver des solutions.


3) L’intention du gouvernement d’opérer des « déplacements forcés » serait acceptable si le gouvernement a pris le soin d’aménager des villages appropriés de réinstallation pour les sinistrés dans les communes concernées. Si cette précaution n’est pas prise, le « déclenchement des instruments/mécanisme de réponse à l’urgence inhérente à l’état de catastrophe, actions de solidarité nationale ou internationale en faveur des sinistrés » pourrait être accueilli comme une provocation par les sinistrés désespérés du secours tardif de l’Etat apparaissant ainsi comme un médecin après la mort. Et l’effet de solidarité escompté se transformerait en effet de désolation, voire d’un nouvel « état de catastrophe » qui en rajoute à la catastrophe initiale.


En conséquence, il apparait que le gouvernement démontre encore là à suffisance sa faillite complète. Et donc, il signe son incapacité notoire à faire face aux besoins pressants des sinistrés qui sont aussi des hommes en chair et en os et qui souffrent. Alors, pour ne pas aggraver la situation par la provocation que constituerait le déplacement forcé sans précaution prise avant, il ne reste qu’une seule solution au pouvoir : abdiquer et déposer le tablier ici et maintenant au peuple combattant pour le moins de douleur aux sinistrés et à la patrie qui sauront chercher et trouver les issues salvatrices.

La Rédaction

La Flamme N°540 du 08 mars 2024