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Déclaration du PCB à propos des lois sur l’avortement et autres
« Faux combat de la libération de la femme »


PARTI COMMUNISTE DU BENIN
01 BP 2582 Recette Principale - Cotonou (RB)
Tél. : 21 35 02 95 / 97 68 88 73
Site : www.la-flamme.info

DECLARATION

A propos des lois sur l’avortement et autres

FAUX COMBATS DE LIBERATION DE LA FEMME POUR PERENNISER LA DOMINATION DES PEUPLES AFRICAINS.

Dans la nuit du 20 au 21 Octobre 2021 au pas de charge, l’Assemblée nationale a adopté toute une panoplie de lois dont notamment la loi n° 2021-11 portant mesures spéciales de répression des infractions commises à raison du sexe et protection de la femme, la loi n°2021-12 modifiant et complétant la loi n° 2003-04 du 3 mars 2003 relative à la santé sexuelle et la reproduction, la loi n° 2021-13 modifiant et complétant la loi n° 2002-07 du 24 Août 2004 portant Code des Personnes et de la Famille en République du Bénin.


Ces lois, notamment la loi sur l’avortement (dite Interruption Volontaire de Grossesse ou IVG), soulèvent depuis quelques jours de véritables remous, pour ne pas dire de véritables tempêtes de contestations dans toutes les couches de la société béninoise.


Le Pouvoir de la Rupture, à travers ses différents porte-voix (Porte-Parole Houngbédji Wilfried, Ministres de la Santé, de la Justice, des Affaires sociales, et autres perroquets de l’autocratie etc.) parlent de « lois révolutionnaires pour améliorer la condition de la femme » (Le Matinal du 25 Octobre) ou lois de « protection de la femme » etc.
Qu’est ce qui fait bondir et vibrer l’ensemble de la société béninoise (dans un sens ou dans un autre) dans ces lois qui viennent d’être prises par notre Parlement ?


Nous pouvons dire deux choses tout aussi importantes l’une que l’autre : 1°-les grands changements sociétaux que portent ces lois et 2°-la forme dans laquelle elles ont été adoptées.

1°- LES GRANDS BOULEVERSEMENTS SOCIETAUX PORTES PAR CES LOIS.
Prenons notamment les deux dispositions suivantes :


La première disposition incriminée dit « A la demande de la femme enceinte, l’interruption volontaire de grossesse peut être autorisée lorsque la grossesse est susceptible d’aggraver ou d’occasionner une situation de détresse matérielle, éducationnelle, professionnelle ou morale incompatible avec l’intérêt de la femme et/ou de l’enfant à naitre » (article 17-2 modifiée) de la loi 2021-12. Décryptée correctement, cette disposition signifie que par exemple, la femme qui, confrontée à une grossesse qu’elle porte, éprouve quelqu’inquiétude quant aux moyens matériels et financiers estimés pour elle ou pour son époux, à la considération scolaire ou autre convenance morale personnelle, peut aller se faire avorter. Or, l’on sait que toute grossesse intervenue chez la femme, crée toujours chez elle (et même chez son époux si elle est mariée), quelqu’appréhension quant aux charges financières nouvelles que cela fera intervenir. Seule, une très petite minorité de femmes riches ou de foyers riches au Bénin peut échapper à cette règle. Autoriser pour des raisons financières, d’aller avorter, c’est signifier que désormais, n’est autorisé à faire d’enfants que celui qui a les moyens matériels et financiers de les supporter. Et comme l’Afrique est pauvre, que le revenu par tête d’habitant au Bénin est d’à peine deux dollars par jour, alors pas d’enfants. C’est la théorie de limitation de naissances simplement, application du malthusianisme, doctrine inspirée des travaux de l'économiste britannique Thomas Malthus (1766-1834) qui prône une restriction volontaire des naissances afin que la croissance démographique reste en rapport avec la croissance des richesses ». Tel est l’objectif réel d’une telle disposition et l’on comprend que l’Association Béninoise pour le Planning Familial (ABPF) financée par l’USAID (américaine), le Royaume des Pays-Bas et autres), qui déjà stérilise nos femmes et élèves dans les campagnes, et dont l’objectif à peine voilé est la réduction de la population béninoise, applaudisse. Le caractère destructeur de la cellule familiale d’une telle disposition se note encore plus, lorsque l’on sait que la femme mariée peut se lever toute seule et sans l’avis de son époux, aller se faire avorter, alors qu’une autre loi impose à ce mari, auteur de la grossesse, d’aller faire « une déclaration de grossesse ». Si l’on complète ce tableau en notant que les pilules contraceptives sont gratuites, on comprend aisément l’objectif de telles dispositions législatives.


On dira que déjà, la disposition relative à l’avortement existait dans la loi 2003-04 du 3 mars 2003 relative à la santé sexuelle et la reproduction, mais n’a soulevé aucun problème ; c’est parce que les dispositions qui y sont contenues concernant l’avortement, sont à caractère thérapeutique, pour sauver la vie de la mère, ou pour enfant mal formé, ou pour inceste, ou viol. Mais ici c’est autre chose.


La deuxième disposition incriminée qui est relative au port par l’enfant du patronyme ou du père ou de la mère ou des deux patronymes, soulève autant de problèmes sociétaux nouveaux qui touchent à l’intimité de la famille béninoise et qui nécessitent l’implication de toutes les couches de notre société.

2°- LA FORME OU L’OPPORTUNITE DE LA PRISE DE TELLES DISPOSITIONS LEGISLATIVES.
Des lois du genre, qui touchent à l’intimité de chaque citoyen béninois, des lois que les initiateurs eux-mêmes jugent « révolutionnaires » peuvent-elles être adoptées en catimini ou par quelques députés, (d’ailleurs non élus) par le peuple ? Sûrement non.


Quelles sont les raisons mises en avant par le Gouvernement pour faire adopter de telles lois en procédure d’urgence et en catimini ?
Comme déclare la Ministre en charge des affaires sociales, « face aux réalités du monde contemporain et au désastre humain qu’occasionnent, chaque année, les avortements clandestins, il urge d’envisager des mesures fortes pour parer au plus pressé (Le Matinal du 21 Octobre 2021). Et quel est ce « désastre humain qu’occasionnent les avortements clandestins » ? Selon le Ministre de la santé «200 femmes meurent par an pour raison « d’avortements clandestins ». Sur combien de femmes qui meurent en couche en voulant donner la vie ? 1500. Donc, 200/1500 ; les autres causes de mortalité maternelle étant l’hémorragie et l’éclampsie. Donc sur les 1500 qui meurent dans la maternité, à peine un quart relève des avortements clandestins ? Et que fait le gouvernement dans nos maternités pour éradiquer les causes principales (soit les 4/5) de mortalité ? (La Nation du 22 Octobre 2021) Rien. Au contraire, le pouvoir par ses réformes, fait mourir nos femmes en faisant vider les maternités et de personnels et de plateaux techniques élémentaires, telles les tables d’accouchement. « On laisse le serpent pour taper dans les herbes». A quelle fin ?


Le pouvoir évoque par ailleurs nos « engagements internationaux » ; entre autres «le protocole de Maputo ». Il est connu, depuis Montesquieu, à travers ‘’L’Esprit des lois’’(1748), mais aussi ‘’Les Lettres persanes’’ que « les lois doivent être tellement propres au peuple pour lequel elles ont été faites que c’est un très grand hasard si celles d’une nation peuvent convenir à une autre » (l’Esprit des lois, livre I et chapitre 3).


Des lois de société, telles que celles-là, doivent nécessairement passer par un débat impliquant toute la société, y compris les dignitaires, gardiens de nos us et coutumes. Ce qui n’a pas été le cas. La société béninoise (la vraie, la profonde) portant les valeurs et traditions positives béninoises, est mise à l’écart. Seuls parlent, des éléments extérieurs à la société, étrangers aux cultures et valeurs béninoises. Ce qui est inacceptable.


En plus, la manière dont ces lois ont été adoptées à l’Assemblée, devrait faire honte aux initiateurs. Le cas du Président de l’Assemblée nationale, Vlavonou est illustratif de cette ignominie. Le 08 Octobre, celui-ci à Grand-Popo disait : « La légalisation de l’avortement est un axe de complot de l’Occident contre les pays pauvres, contre l’Afrique se cachant derrière ce paradigme de la Nouvelle Ethique Mondiale… Un mimétisme qui coûtera cher à l’Afrique. L’avortement est une idéologie qui ne rejoint pas notre culture ; cette dernière est vitaliste et promeut la vie sous toutes ses formes à travers un réseau de solidarité. Aller dans le sens imposé par l’idéologie occidentale, c’est renier notre culture dans ses valeurs essentielles ». Et une semaine plus tard, il votait les yeux fermés cette loi qui passe à l’unanimité, alors que dans tout système démocratique, les lois de société ne sont jamais soumises à la discipline de groupe politique, mais à la conscience individuelle. Cela donne une idée de ce que c’est, notre Parlement actuel. Quelle honte !


Le Parti Communiste du Bénin dans une Déclaration en date du 15 Mai 2020, intitulée « A PROPOS DU HARCELEMENT SEXUEL…», disait en substance ceci que la misère et « l’énorme chômage et le sous-emploi existant, frappe en premier lieu les femmes » ; que la femme subit au Bénin « une double exploitation patriarcale et capitaliste » du fait que « La société, béninoise est une société patriarco- capitaliste sous domination française » soixante ans après les dites indépendances de 1960 ; enfin que la libération de la femme passe par « Un franc développement du capitalisme, consécutif à la suppression du joug du pacte colonial » qui libérerait les forces productives et ferait tomber bien d’aspects de pratiques patriarcales ainsi que certains aspects aliénants des corvées domestiques. La liberté de la femme, notamment sur son corps, dépend directement des transformations révolutionnaires, politiques et économiques qui doivent intervenir dans notre pays ».
Au regard de ces considérations :

Le Parti Communiste du Bénin déclare :
1°- Qu’il n’est pas acceptable qu’une loi de société soit adoptée telle que cela s’est produit, sans l’implication de la société à laquelle elle est destinée.


2°- Que les impérialistes n’ont jamais financé quelque loi favorable à l’émancipation des peuples africains et principalement pour l’émancipation des femmes (mesure de l’évolution de toute société).


3°- Qu’il n’est pas acceptable de saucissonner l’émancipation de la femme -en la coupant de la société dans laquelle elle vit et qui est le Bénin, qui demeure un « Enclos français »-, un pays de type colonial, soumis à une misère et un esclavage généralisés, sous conduite d’un autocrate, pilleur et accapareur du patrimoine national. Que l’émancipation de la femme est globale (éducationnelle, professionnelle et autres) ; que cette émancipation est en premier lieu liée à celle de la libération de toute la société de toute dépendance coloniale et néocoloniale


4°- Qu’une loi n’est pas bonne en soi mais pour la société à laquelle elle s’applique et qui permet de faire une progression sociale globale d’un point A à un point B supérieur à A.


5°- Qu’en mettant comme condition, la détresse matérielle, professionnelle et autre, la loi d’avortement vise à satisfaire d’abord les intérêts du Gouvernement qui entend donner des gages de soumission aux Partenaires Techniques et Financiers et à leurs conditionnalités et satisfaire ensuite les vœux d’une mince couche de femmes lettrées et riches, entièrement acquises aux modes de vie et coutumes occidentaux.


6°- Qu’en créant dans le pays par sa politique ruineuse, une pauvreté généralisée de tous les foyers, notamment au niveau des jeunes, en instaurant une détresse matérielle et morale généralisée et en mettant comme critère d’avortement « la détresse matérielle et morale », le Gouvernement de la Rupture et ses Mentors impérialistes envoient consciemment l’ensemble de la population à la pratique généralisée d’avortements, histoire de réduire les bouches à nourrir et dépeupler notre pays.


7°- Que les seules revendications essentielles pour la libération de la femme dans ce domaine sont : la gratuité générale de l’école primaire et secondaire à la fille béninoise, la gratuité totale, avec la prise en charge par l’Etat-des soins de maternité de la femme, depuis l’arrêt des règles jusqu’à l’accouchement.


8°- Pour ces raisons, le Pari Communiste du Bénin déclare que ces lois, notamment celle sur la légalisation de l’avortement et du port des noms de la femme par l’enfant, constituent de fausses lois d’émancipation de la femme ; qu’elles sont des diversions du peuple vers des problèmes existants certes, mais non prioritaires aujourd’hui et ce au détriment de l’essentiel : la faim et la misère qui taraudent tous les instants l’ensemble de la population.


9°- Que cette situation souligne comme nécessité pressante, la création au Parlement, d’une Chambre de Dignitaires, chargée du contrôle de la conformité des lois votées par l’Assemblée nationale avec nos sus et coutumes positives.


10°- Le Parti Communiste du Bénin s’associe aux diverses protestations contre ces lois assassines, appelle par conséquent l’ensemble de la population, les Dignitaires traditionnels, détenteurs de nos valeurs positives, les Communautés Religieuses et Confessionnelles de toutes sortes, à poursuivre leurs combats divers, contre de telles opérations de destruction de la cellule familiale béninoise, base de tout développement, et à œuvrer à créer des conditions pour une réelle et totale émancipation des femmes tant à l’encontre des Impérialistes et donneurs de conditionnalités qu’à l’égard de nos Gouvernants vénaux et anti- patriotes.


Cotonou, le 28 Octobre 2021.
Le Parti Communiste du Bénin
(La Flamme N°425 du 29 Oct. 2022)

Téléchargez La Flamme N°502 ici:

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