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Interdiction d’exportation des produits agricoles
Une méthode de ruine propre au pouvoir de Talon


Dans un communiqué en date du 20 avril 2023, le Directeur de la douane a annoncé l’interdiction de l’exportation par voie terrestre de certains produits agricoles cultivés sur le territoire national. Ce communiqué est relatif à la mise en œuvre de la politique agricole et industrielle du gouvernement. Il concerne les produits tels que le soja, les noix de cajou.


Déjà en 2019, face à l’augmentation à l’extérieur du pays des prix des produits vivriers notamment le gari et autres produits dérivés du manioc, le pouvoir de Talon a interdit l’exportation par voie de terre des produits suscités. Et ceci sans avoir garanti au producteur un prix plancher rémunérateur à l’intérieur. La traque a été organisée aux frontières des pays voisins, le Togo et surtout le Nigéria, grand consommateur et demandeur de ces produits. Les marchandises étaient saisies et détruites. Et comme aucun prix plancher n’a été garanti, les prix de vente ont chuté en dessous même des frais de transport au marché. Des tonnes de sacs de gari ont pourri entrainant la ruine des efforts des paysans et commerçants.


En 2021, lors de la pandémie du Covid-19, le Gouvernement ayant déjà liquidé toutes les structures de prévoyance sociale, la fixation sur la monoculture du coton entraine la pénurie des produits vivriers sur les marchés et la hausse vertigineuse de leur prix. Coincé, le Gouvernement tente d’expliquer cette hausse par “la forte pression exercée sur la production nationale par des demandeurs provenant de pays voisins…”. A la suite du Gouvernement, le Directeur général de la Douane, Alain Hinkati, déclare : « Il m’a été donné de constater la recrudescence de la sortie frauduleuse des produits agricoles par les frontières terrestres ». Des pratiques qui, précise-t-il, compromettent dangereusement les intérêts du Trésor public ainsi que la mise en œuvre de la politique agricole et industrielle du Gouvernement.


Dans cette logique, le pouvoir décrète l’interdiction de l’exportation des produits vivriers ; maïs, gari, igname et ses dérivés. Cette interdiction est appliquée de juillet à octobre 2021. C’est suite aux protestations des producteurs ainsi qu’à celles des pays voisins que le gouvernement, en février 2022 a transformé l’interdiction formelle par celle de fortes taxes à l’exportation. Le soja, le coton, le manioc transformé ou non, le karité, le riz paddy, l’igname (tubercule et cossette) et les noix de cajou sont ciblés. Ainsi, il sera prélevé 10 francs/kg sur le karité, 20 francs /kg sur les noix de cajou, 30 francs/kg sur le soja et 50 francs/kg sur le maïs et le gari pour le soutien des producteurs agricoles. Tout exportateur des produits sus indiqués sera contraint au paiement d’une redevance qui sera prélevées au cordon douanier. Selon le gouvernement ces mesures prises sont destinées à freiner les sorties incontrôlées de vivriers qui occasionnent une flambée injustifiée des prix et à assurer notamment la disponibilité intérieure nécessaire à la consommation nationale. Dans les faits, elles contraignent les paysans à livrer leurs produits à vil prix aux trafiquants émissaires des hommes d’affaires au pouvoir.
Comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement revient à la charge pour corser les mesures à l’encontre des exportateurs des produits agricoles. Il se réunit en conseil des Ministres le mercredi 20 juillet 2022 et décrète de nouvelles redevances sur certains produits agricoles quelle que soit la voie d’exportation : le riz paddy, le soja grain. Au cordon douanier, il sera perçu une redevance supplémentaire de 100 francs CFA sur le kilogramme de soja grain et 50 francs CFA sur le kilogramme de riz paddy à verser au trésor en soutien aux intrants agricoles.


L’interdiction d’exportation des produits viviers par les producteurs est ainsi une marque de la politique d’accaparement frauduleux par les hommes au pouvoir des richesses produites par les paysans. Ils utilisent la répression d’Etat contre eux. Ce qui se passe en 2023 est la poursuite de cette pratique de pillage de la paysannerie, de ruine des petits producteurs au profit de Talon et des clans d’affaires autour du pouvoir en place. Il apparaît clairement que toutes les décisions du pouvoir de Talon d’interdire l’exportation de certains produits agricoles ciblés depuis son avènement ne visent que la ruine des producteurs, des exportateurs afin qu’il puisse étendre son monopole dans ce secteur et agrandir son empire économique.


Or la seule politique soutenable et respectueuse du bien-être des producteurs consiste à leur garantir la liberté de produire, le marché libre et un prix rémunérateur.

Afi Tossou

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