Imprimer

Traque contre les transporteurs et exportateurs de Soja et noix de cajou
Coincé par la résistance des producteurs, Talon fait recours à la violence aveugle


Depuis quelques jours, la traque à l’encontre des producteurs, revendeurs et transporteurs des noix de cajou et surtout des graines de soja s’intensifie. Toutes les frontières terrestres sont surveillées. Des douaniers, policiers et militaires y sont positionnés. Avec cette mobilisation de militaires à côté des policers et des douaniers pour traquer la vente de leurs produits, les producteurs, les revendeurs et transporteurs sont considérés comme des ennemis de la patrie à abattre. Extraordinaire, non ??!! Ces forces militaires procèdent à l’arraisonnement des camions et autres moyens de transport chargés de soja ou de noix de cajou. Des conducteurs sont arrêtés, menottés. Certains passent des jours en garde à vue dans les commissariats pendant que d’autres sont jetés en prison. Les produits sont confisqués. Pour récupérer leurs camions, les propriétaires sont contraints à payer des amandes allant jusqu’à 500.000 FCFA ou plus par camion. Par ailleurs, ceux qui choisissent de contourner les frontières officielles sont aussi pourchassées et traqués dans les brousses. Et marchandises et motos sont confisquées. Les mêmes traitements leur sont infligés au même titre que les conducteurs de camion. Les représailles vont jusqu’à des menaces de fusillades.


En effet, le vendredi 07 avril 2023, des images ont inondé les réseaux sociaux où l’on aperçoit des individus torse nu avec des menottes aux mains. Ces images sont accompagnées de messages audio à travers lesquels des victimes de la répression s’expriment et dénoncent les abus sur elles. L’une d’elles depuis la Commune de Djougou fait savoir en langue locale Dendi que les personnes menottées sont des conducteurs de camion qui n’ont commis autre péché que d’avoir conduit des camions remplis de soja à destination des pays voisins. L’exemple de la frontière de Prèkètè dans le département de la Donga où des centaines de camions transportant le soja sont arraisonnés et stationnés depuis des jours illustre bien, lui aussi, la traque qui s’intensifie depuis quelques jours contre les revendeurs et transporteurs de soja au niveau des frontières du pays.


Pendant ce temps, d’autres revendeurs et transporteurs fuyant les répressions au niveau des frontières, se rabattent sur le port sec d’Allada dans l’espoir de faire écouler leurs marchandises. Erreur ! Le calvaire se présente ici à eux sous une autre forme accablante. C’est l’exemple d’un revendeur qui a quitté le Nord avec son camion rempli de sacs de soja. Alors qu’il a acheté la marchandise au prix de 300F le kilo, on lui fait savoir que sa marchandise ne peut être rachetée qu’au prix de 250 F/kg. Après de vaines tentatives pour revoir le prix à la hausse, il décide de retourner chez lui avec sa cargaison. C’est alors qu’on lui impose des taxes à payer sur la marchandise ; taxes fixées à 140F/KG comme si la sortie du port sec correspondait d’office à une exportation dont il doit payer les taxes. Coincé et sans alternative, le revendeur fut obligé de laisser ses marchandises à perte (250F/kg) et repartir chez lui endetté.


Ainsi, une répression féroce contre la liberté de produire se déploie et s’intensifie contre les producteurs de soja, de noix de cajou, manifestement parce que leurs producteurs s’opposent fermement à la production de coton dont se libèrent les paysans ruinés par le Patron monopoliste de la SODECO, Patrice Talon.


Par ailleurs, on apprend que plusieurs éléments de la police, de la douane et des forces armées se trouveraient actuellement en prison pour n’avoir pas réprimé des transporteurs de soja. A juste titre, l’opinion s’interroge et s’indigne à propos de l’implication des forces armées dans une opération de répression des citoyens. L’armée est chargée de la défense du territoire et de combattre les ennemis qui agressent l’intégrité du territoire. Les producteurs, revendeurs et transporteurs de soja ou d’acajou sont-ils devenus des ennemis pour la République, menacent-ils l’intégrité ou la souveraineté du pays au point de faire recours aux forces armées contre eux ? Comme le dénonce la population, l’interdiction de la circulation du soja est devenue pour le pouvoir de Talon comme celle d’un produit prohibé tel la drogue, pourchassée et réprimée.

La dictature autocratique de Talon se déploie dans toute sa vérité et sa laideur contre le peuple producteur de richesse parce que ce dernier se rebelle contre l’arbitraire et la surexploitation qui le réduisent à la faim. Et c’est ce pouvoir que les parrains impérialistes vantent d’être devenu par les dernières élections législatives, démocratique !


Pour rappel, « L’exportation des noix brutes de cajou et du soja grain est interdite pour compter du 1er avril 2024» selon le décret n° 2022-568 du 12 octobre 2022. Fixant désormais les conditions d’exportation, ledit décret dit que « Chaque exportation des noix d’acajou ou du grain de soja est subordonnée à la délivrance d’une autorisation du ministre chargé du Commerce qui s’assure de la satisfaction effective des besoins des transporteurs. » Alors même que le délai officiellement fixé pour démarrer la répression n’est pas encore arrivé, on constate avec étonnement que la répression a démarré et s’intensifie. Cette répression est inadmissible et les acteurs de la production de soja, de cajou ont pleinement raison de s’y opposer et exiger la reconnaissance de leur liberté de produire avec toutes ses conséquences.
Brieux.

Téléchargez La Flamme N°497