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Manifestations populaires en Israël contre le
projet de réforme de la justice



Après trois mois de manifestations massives contre le projet de réforme de la justice, le Gouvernement fasciste du Premier ministre Benjamin Netanyahou qui s’entêtait à ne pas écouter la rue, annonce une pause au sujet de ce projet déjà en étude au Parlement. Comment en est-il arrivé là?
Dès sa formation, l’une des mesures que prend ce Gouvernement concerne la réforme de la justice. Elle vise à « rééquilibrer les pouvoirs en diminuant les prérogatives de la Cour suprême au profit du Parlement », parce que la Cour suprême serait politisée selon le Gouvernement fasciste. Ce projet établit entre autres mesures importantes que le Parlement peut annuler certaines lois et des décisions de la Cour suprême à la majorité simple (61/120). D’autre part, le Parlement se voit restreindre la possibilité de déclarer incapable un Premier ministre en fonction d’exercer sa charge. Du coup, la Cour suprême (qui a aussi le contrôle de constitutionnalité et dont les décisions sont sans recours) ne pourrait plus invalider des lois ou des décisions du gouvernement. Et la majorité est du côté de la coalition du Likoud (parti national-conservateur de Netanyahou) et de ses alliés des partis religieux et d’extrême droite fascistes et racistes qui ont 63 députés sur les 120. Alors que les juges de la Cour suprême sont nommés par un collège de juges, de députés et d’avocats du barreau sous la supervision du ministre de la justice, la réforme vise à exclure les avocats à remplacer par des citoyens et un ministre. En d’autres termes, la Cour suprême, une des pièces maitresses de l’architecture institutionnelle de la démocratie libérale sera supplantée par le Parlement et le Gouvernement. Dans les faits, tous les pouvoirs reviendront au Gouvernement fasciste qui détient la majorité absolue au Parlement. Et c’est à juste titre que les manifestants disent de cet Exécutif « qu’il s’agit du gouvernement le plus sombre, le plus raciste, le plus mauvais que nous pouvions imaginer ». C’est face à ces dérives que les manifestations s’amplifient dès le mois de janvier et toutes les semaines des dizaines de milliers de manifestants prennent d’assaut les rues.


Toutes les couches sociales s’impliquent dans les manifestations et la contestation. De la base de la société jusqu’au sommet de l’État (députés de l’opposition, ministres en poste), l’on manifeste ou proteste. Même les réservistes de l’armée s’opposent à cette réforme en menaçant de ne pas servir et participent massivement aux manifestations. Des voix s’élèvent parmi les personnalités politiques, les hommes de science et de culture pour dénoncer ce projet. Même le Chef d’État-major de l’armée s’inquiète d’une telle réforme et de la création d’un poste au sein du ministère de la défense pour superviser la gestion civile de la Cisjordanie (qui, soit dit en passant, est un territoire palestinien occupé…); il confirme les dénonciations faisant état de politique plus agressive de la colonisation et des pouvoirs plus exorbitants à la police d’occupation en Cisjordanie ainsi que les escalades militaires avec les Palestiniens. La Procureure générale voit dans la réforme un affaiblissement du pouvoir des juges. Elle n’a pas tort, dans la mesure où le 18 janvier déjà la Cour suprême venait d’invalider la nomination du ministre de l’intérieur et de la santé reconnu coupable de fraude fiscale contre la volonté du Gouvernement. De ce qui précède, les observateurs ne se trompent pas qui estiment que Netanyahou a multiplié les concessions à ses partenaires dans l’espoir d’obtenir une immunité judiciaire ou l’annulation de son procès pour corruption.


C’est donc cette ébullition générale avec des manifestations géantes mobilisant jusqu’à 300.000 personnes parfois et toutes les semaines pendant trois mois qui ont contraint le Premier ministre corrompu à la tête d’un gouvernement fasciste à jeter l’éponge pour annoncer une pause le 27 mars. Lui qui était très pressé et qui avait déjà fait voter son projet en première lecture au Parlement. Mais cette annonce ne calme pas les manifestants ni les organisations qui les mobilisent. Ils maintiennent la poursuite de leurs actions « tant que le travail législatif n’est pas stoppé » et dénoncent une nouvelle tentative de Netanyahou de détourner l’attention du public pour affaiblir la contestation avant d’établir une dictature ».


Vous avez dit dictature?! C’est qu’à vrai dire, Israël n’a jamais été une démocratie. Avant de poursuivre, il faut observer que la crise qui secoue le régime politique en Israël depuis plus de trois mois n’est pas évoquée par les grands medias occidentaux. Et pour cause! Il s’agit d’une crise du régime mis en place dans cet Etat qui a été fondé sur l’occupation de la Palestine et de la violence permanente contre les peuples autres que juifs. C’est depuis longtemps un bastion des USA et de l’OTAN pour agresser les autres peules de cette région du Moyen-Orient (Jordanie, Liban, Iran, Syrie etc. Plus grave, la nouvelle loi de 2018 qui dispose qu’Israël est la patrie historique du peuple juif en fait une théocratie avec deux systèmes séparés : un avec tous les privilèges pour les Juifs et un autre pour les Arabes de seconde classe. En somme un régime d’apartheid sur fond de suprématie juive avec des fascistes et racistes qui n’hésitent pas à affirmer qu’il faut jeter les Palestiniens à la mer. C’est à vrai dire la chape de plomb installée par l’Occident impérialiste qui est secouée avec la crise d’un système utilisé jusqu’à l’usure par Netanyahou et qui est contesté aujourd’hui par les supposés bénéficiaires que sont les Juifs. Ainsi, la crise de la réforme judiciaire, met à nu un régime d’apartheid qui réserve tous les droits aux Juifs et l’arbitraire et la violence pour les autres peuples, Arabes notamment.

Tossa D.

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