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A propos des listes retenues pour les élections législatives de 2023
Les partis accompagnateurs de l’autocrate Talon


Les partis retenus par les structures du pouvoir autocratique pour les législatives du 08 janvier 2023 sont désormais connus. Il s’agit de l’UPR, du BR, de l’UDBN, de MOELE-Bénin, de FCBE, du MPL et de LD. N’aura été finalement recalé que le parti NFN (Nouvelle Force Nationale) peu connu auparavant.
Mais ce qui fait l’originalité et la nouveauté du choix de la liste des partis, c’est que ce choix s’est opéré en deux temps et en faveur du parti "Les Démocrates". .


Le premier temps, c’est le 15 novembre, correspondant à la fin du délai donné à la CENA pour publier les listes retenues. Et le mercredi 16 novembre 2022 sur les huit partis ayant déposé leur liste, six ont été retenus tandis que deux ont été recalés. Quant aux six retenus, on compte les deux partis jumeaux du président Talon, l’Union Progressiste Le Renouveau de Joseph DJOGBENOU qui, il y a trois mois encore était président de la Cour Constitutionnelle et le Bloc Républicain du ministre d’Etat Abdoulaye Bio TCHANE. Deux partis, l’UDBN et le MOELE-Bénin se réclament de la majorité présidentielle. Quant aux deux autres partis qui se réclament de l’opposition au régime, à savoir, les FCBE et le MPL, ils sont de notoriété publique, des fabrications du pouvoir. Le parti LD ("Les Démocrates") dont l’ancien président Yayi BONI est le Président d’honneur n’était pas retenu.


Le second temps, c’est la décision en date du 17 novembre 2022 de la Cour Constitutionnelle, saisie par le parti LD (Les démocrates), qui « ordonne à la CENA de prendre en considération la liste déposée par le mandataire du parti "Les Démocrates" le mardi 15 novembre 2022 » (Cf. La Nation n° 8121 du 18 novembre 2022).


Rappelons que la liste déposée le 15 novembre ne correspond pas à la liste initiale du 02 novembre 2022. Et ce qu’ordonne la Cour Constitutionnelle est interdit formellement par le Code électoral du pouvoir autocratique.
Que recèle et révèle donc ce parcours du choix des partis avec notamment le repêchage du parti "Les Démocrates" ?
Suivons de près les événements. Dès l’impasse dans laquelle se trouvait le parti "Les Démocrates" du fait du défaut du quitus fiscal, son vice-président, Basile Ahossi dans une interview à Rfi avouait publiquement qu’il fallait un compromis politique avec le pouvoir de Talon pour leur permettre d’aller aux élections. Ensuite, il a été annoncé une audience des dirigeants du parti "Les Démocrates" avec Talon qui devait se tenir le mardi 15 novembre 2022.
La décision de la Cour constitutionnelle apparaît par conséquent résulter du deal conclu, de ce compromis politique ouvertement sollicité par le parti " Les Démocrates" avec Talon. Sa mise en pratique a consisté à une mise entre parenthèse du Code électoral en vigueur, pour repêcher le parti "Les Démocrates". Sachant que cette Cour, composée entièrement de fidèles les plus dévoués depuis plus de quatre ans à Talon a toujours servi toutes ses volontés autocratiques et liberticides, cette décision apparaît aussi comme une instruction de l’autocrate Talon, toujours à la manœuvre.


Il suffit de lire le fondement de la décision pour s’apercevoir qu’elle ne se base sur aucun argument juridique. « Considérant les difficultés auxquelles a dû faire face la DGI telles que soulignées par elle-même et en vertu d’une part de l’adage suivant lequel la prescription ne court pas contre qui n’a pas pu agir et d’autre part, du rôle de régulation de la Cour Constitutionnelle, il convient de juger que doit être prise en compte dans le cadre de l’organisation des élections législatives du 8 janvier 2023, la liste déposée par le mandataire du parti "Les Démocrates" le mardi 15 novembre 2022 » (Op.cit). Un adage n’est pas un argument juridique et le rôle de régulation est un argument d’autorité. La décision se place au-dessus et en dehors du Code électoral en vigueur. Tout comme le Directeur Général des Impôts, la Cour Constitutionnelle a dû agir également sur instruction. Talon, après les avoir trainés pour mieux les asservir, a repêché les dirigeants du parti de Boni Yayi et d’Eric Houndété pour l’accompagner et servir de caution d’élections inclusives et de « preuve supplémentaire de la vitalité de la démocratie béninoise », comme le clame le porte-parole du gouvernement.
Or, tout le monde sait que rien n’a fondamentalement changé au niveau du système autocratique en cours depuis 2019. Au contraire, les lois liberticides se suivent et se renforcent. L’une des dernières est par exemple la loi pénalisant la grève comme un crime qui conduit à l’emprisonnement. Talon n’entend rien relâcher en ce qui concerne les victimes de son système autocratique: les détenus politiques, les exilés politiques, les travailleurs arbitrairement radiés, etc.


En ce qui concerne les élections, les lois d’exclusion sont toujours en place. Les partis en lice pour les prochaines élections sont ceux à qui le pouvoir de Talon a bien voulu délivrer le certificat d’existence, le fameux certificat de conformité instauré en 2019. Il est par exemple de notoriété publique que le récépissé du PCB (qui a rempli toutes les formalités exigées à cet effet) est toujours confisqué par le pouvoir de Talon. En plus des barrières politiques, le pouvoir a instauré des barrières financières et administratives toujours en vigueur. La caution d’un candidat (1,5 millions) correspond à plus de 37 fois le SMIG, excluant l’ouvrier.


En ce qui concerne les structures organisant les élections, depuis l’établissement des listes électorales, la définition des centres de vote, la désignation des membres des bureaux de vote, jusqu’à la proclamation des résultats définitifs, elles sont toutes à la dévotion de Talon. Et ce dernier fera tout, dans le cadre des élections pour faire proclamer les partis de sa mouvance gagnants.


Car, tout le monde le sait, les législatives de 2023, sont cruciales pour le maintien du système autocratique après la fin du deuxième mandat de Talon en 2026. Il faut à Talon un parlement encore plus docile pour effectuer les tripatouillages constitutionnels nécessaires. Ces tripatouillages auront davantage de vernis "démocratique" s’il existait au sein de ce parlement docile et acquis à lui, quelques accompagnateurs se réclamant de "l’opposition". N’oublions pas que la plupart des lois crisogènes ont été votées sous la 7ème législature où siégeaient des députés FCBE de Boni Yayi.


Contrôlant seul toutes les structures organisant les élections, du début jusqu’à la proclamation des résultats, Talon a besoin seulement d’accompagnateurs pour lui servir de caution " démocratique" à l’international, comme cela se fait par tous les autocrates africains, comme au Cameroun, au Togo, etc. Le parti "Les Démocrates" fait ce jeu, pour renforcer le camp de tous les engagés et enragés de la FrançAfrique au service de la France coloniale à laquelle Talon s’est complètement asservi et a livré notre pays.


A-t-on besoin de parler des autres partis retenus pour ces élections de janvier 2023, tous, fabrications de Talon ? Le rôle de l’Assemblée qui sortira des urnes le 8 janvier prochain, c’est de maintenir le système de famine, de ruine et d’appauvrissement, le système de destruction des libertés démocratiques ; maintenir l’occupation des forces militaires françaises (Barkhane) sur notre Sol. Et pour cet objectif, tout est déjà ficelé. Tout le reste, c’est du cinéma.
Le peuple n’a rien à gagner à ces prochaines élections.


F. Rémy

téléchargez le N°476 de La flamme