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PH.

Cotonou le 26 Février 2011

Philippe T. NOUDJENOUME

Candidat aux Elections présidentielles 2011.

 

AUX RESPONSABLES DU COMITE DE DEFENSE DES ACQUIS DEMOCRATIQUES DE L’ARMEE BENINOISE « SOLDATS DE LA PAIX » (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)

 

Vous avez fait une Adresse à son Excellence Thomas YAYI Boni Président de la République en date de 22 février 2011 dans laquelle vous avez fait l’état des lieux de l’armée béninoise : « Cinq ans après (son) accession à la magistrature suprême ». Cette adresse est parvenue au siège de ma campagne et de mon Parti, le PCB et je me sens le devoir de vous dire en retour mes observations et appréciations.

 

Le tableau que vous avez décrit n’est pas des plus reluisants. Je m’en vais, si vous voulez bien, reprendre certains passages « Le statut régissant le personnel des FAB, est un outil traduisant les aspirations égoïstes de la haute hiérarchie et est donc antinomique aux intérêts et à l’épanouissement de la grande masse que nous sommes, nous hommes de rang et sous-officiers…Aucun sous-officier, aucun officier n’a un profit de carrière rigoureusement tracé en rapport avec ses qualités, sa valeur militaire et ses diplômes…Pendant que des militaires du rang et sous-officiers sont contraints à gravir les échelons, grade par grade, malgré le niveau intellectuel relevé, nos supérieurs procèdent à des enrôlements de civils au rang d’officiers sur titre. Tout simplement parce qu’on ne veut pas accorder la promotion des ressortissants d’une partie de notre pays…Les conditions de vie et de travail se dégradent de jour en jour et sont de plus en plus exécrables…La troupe n’a perçu ces cinq dernières années aucune tenue de treillis…Pendant cinq années, le soldat est contraint à être nourri pour pouvoir permettre des détournements sous son couvert…A titre illustratif, dans quel compte passent les primes  alimentaires de la grande masse des soldats envoyés en mission de la paix et ceux déployés pour des servitudes nationales (sécurité et hors des casernes) ?...Le soldat de nos jours est surexploité pour des missions de sécurisation…Les soldats sont déployés devant les banques, les services publics et servent même de garde du corps à des hommes d’affaires…Malgré tous ces sacrifices, les primes allouées et payées ne leur sont  pas versées intégralement ; des arriérés de plus de deux ans existent…»

Vous avez ensuite énuméré vos exigences dont entre autres « la révision du Statut régissant les Forces Armées Béninoises dans le sens d’une justice sociale- le paiement intégral des primes de missions conformément au M.O.U- la revalorisation de la fonction du militaire (primes de logement et soldes- l’amélioration des conditions de vie du militaire… »

J’ai lu votre lettre et cela m’a beaucoup ému. Je vous ai entendu. J’ai entendu vos doléances. Elles sont justes, légitimes. Et vous avez tout mon soutien.

Les conditions décrites et qui sont les vôtres sont écœurantes pour des hommes soumis au dur métier de la défense du territoire, de la sécurité des personnes et des biens. Sous le soleil, sous la pluie, sous toutes intempéries, la nuit comme le jour, souvent loin de vos familles. Cela est inadmissible. Jusque-là de l’extérieur, l’observateur a une vue trompeuse sur l’armée et les hommes qui la composent. Pour le citoyen ordinaire, on vit bien dans l’armée. Comme on le constate, les clivages de l’ensemble de notre société se retrouvent au sein de l’armée : une minorité de riches, au service des intérêts étrangers, vit bien et même grassement en pillant les ressources nationales et le bien public au détriment de la grande majorité pauvre. Les pratiques de favoritisme, de piétinement des textes, de mépris des plus humbles se retrouvent dans votre corporation. La misère sévit partout.

Le Parti Communiste du Bénin et toute la démocratie révolutionnaire dont je suis le Candidat aux Elections de 2011 préconise une autre gouvernance qui a pour mission la levée des entraves pour le développement accéléré du capitalisme dans notre pays et son industrialisation rapide pour l’amélioration du sort des populations et des soldats. Cette gouvernance met en avant la probité, l’honneur, la dignité, le patriotisme et la justice sociale. C’est dans ce sens que je préconise le gouvernement des travailleurs et des peuples dont le programme porte entre autres :

« - Libérer la production en appuyant fortement les producteurs et opérateurs économiques nationaux

- Accroître la productivité par l’instruction de tous les citoyens, notamment à travers leurs langues maternelles

- Faire de tous les Béninois des citoyens fiers, empreints de leurs cultures et ouverts au monde ».

Pour ce qui concerne les militaires, outre les mesures générales qui les concernent en tant que citoyens :

« -La création d’une Académie des Lettres, Sciences et Arts avec en son sein une section de médecine traditionnelle ». L’Académie Militaire en est naturellement une des composantes importantes.

-La fixation de la rémunération des ministres au niveau du salaire des enseignants du supérieur » avec la détermination du rapport de 1/10ème entre les salaires les plus élevés et le salaire le plus bas des agents publics.

Le pouvoir de YAYI Boni a aggravé tous les maux de notre société. Il a exacerbé les contradictions au sein de notre société par l’exacerbation des conflits au sein des institutions de l’Etat, les scandales les plus innommables, l’insécurité pour les citoyens. Face à l’échec de toute cette politique vous avez écrit « l’armée saura prendre ses responsabilités … En tout état de cause, nous disons non à une LEPI d’exclusion sous toutes ses formes, car sources de tension aux lendemains incertains».

Oui, votre colère contre le pouvoir de YAYI Boni, un pouvoir de fraudeurs, de tricheurs et de menteurs est noble. Le Parti Communiste du Bénin, les Centrales syndicales, les jeunes, les femmes, bref les travailleurs et les peuples rejettent ce pouvoir et tous les jours se battent contre lui. YAYI Boni a mis en œuvre plusieurs méthodes de fraudes : la LEPI-BAKO en est une. Vous avez dû apprendre que ma candidature aux élections présidentielles 2011 a été invalidée sans aucune raison valable par la Cour Constitutionnelle. C’est encore une fraude et c’est inacceptable. Vous devez combattre cette fraude aussi et exiger que je sois rétabli dans mes droits en tant que candidat pour les élections actuelles.

Vous êtes allés jusqu’à donner un ultimatum aux « acteurs politiques » en ces termes : « Nous donnons jusqu’au 27 février 2011 à tous les acteurs politiques de s’entendre. A défaut, nous prendrons nos responsabilités » J’ai entendu votre résolution. Décodé en langue militaire cela veut dire que vous dites ouvertement que vous ferez un coup d’Etat.

Mais je veux, à ce sujet,  vous faire voir trois choses :

La première : Toute entente entre « acteurs politiques » au sommet n’est pas nécessairement favorable au peuple. Cela dépend de quels types d’acteurs politiques et des programmes qu’ils portent. L’entente entre mafieux et apatrides se fait toujours sur le dos du peuple. Il n’est pas difficile aujourd’hui de constater que le consensus de la Conférence Nationale s’est fait par les pilleurs sur le dos des travailleurs et des peuples.

Deuxièmement : Nous avons fait dans ce pays beaucoup d’expériences de coups d’Etat militaires qui n’ont jamais contribué à améliorer les conditions de vie des citoyens et à transformer les choses dans le sens des intérêts du peuple. Les coups d’Etat portent le germe de la dictature de personnes voulant remplacer la souveraineté du peuple.

Troisièmement : Les conditions que vous vivez ne sont que celles que vivent l’ensemble des travailleurs et des peuples de notre pays. Les travailleurs et les peuples tous les jours se battent dans le même sens que vous contre l’exploitation, le pillage des ressources nationales, contre le vol du fruit du travail des autres. Une action faite en dehors du peuple serait instrumentalisée et tournée contre les intérêts de notre peuple.

C’est pourquoi, dans mon Adresse au peuple à se lever pour sauver la patrie en date du 04 août 2010, je me suis adressé à vous en ces termes.

« Aux soldats et aux officiers patriotes, sachez que vous êtes fils de ce peuple qui aspire à son émancipation, que vous avez le devoir de vous associer à lui et non de défendre un autocrate mafieux en perdition. Par ailleurs, je vous demande de rejeter toute aventure putschiste dans laquelle certains voudraient vous entraîner, car autrement vous vous mettriez au travers de la voie de l’émancipation de notre pays et serez combattus comme tels

C’est avec ces conseils et l’espoir qu’ils recevront auprès de vous l’écho favorable escompté que je vous prie de recevoir mes salutations patriotiques.

 

Signature illisible

Philippe NOUDJENOUMECandidat aux élections présidentielles 2011.